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Définition
Le suicide (du latin sui cadere, se tuer soi-même) est l'acte délibéré
d'en finir avec sa propre vie.
- Dans le domaine médical, on parle aussi d'autolyse
(destruction — suffixe -lyse — appliquée à soi-même — préfixe auto).
Pour considérer qu'on est en présence d'un suicide, la
mort doit être
l'intention de l'acte et non simplement une de ses conséquences. Un
attentat-suicide, par exemple, sera considéré comme relevant plus d'une
action
terroriste que du suicide.
Si le suicide a des conséquences légales, il doit être généralement prouvé
qu'il y a eu intention et mort pour que l'acte soit qualifié de suicide selon la
loi.
Religion et société face au suicide
Généralités
Il est considéré comme un
péché dans
beaucoup de religions et comme un
crime selon
certaines législations. La raison est la même dans les deux cas : on sanctionne
une personne pour avoir voulu disposer de sa vie alors que cette dernière est
censée appartenir à quelqu'un d'autre, Dieu ou souverain.
Asie
Dans d'autres cultures, le suicide peut être accepté socialement. En Asie, il
existe des formes de suicide ritualisé comme les
jauhâr et
satî indiens. Le
seppuku
japonais quant à lui est un suicide vu comme une issue honorable face à
certaines situations perçues comme trop honteuses ou sans espoir.
Selon les enseignements de
Bouddha,
notre passé influence notre présent et ce qu'un individu fait à ce moment
présent a une conséquence sur son avenir, dans cette vie ou dans la suivante. Il
y a un lien de cause à effet. C'est le
karma, toute
action intentionnelle du corps, de l'esprit ou de la parole a une réaction et sa
répercussion est la raison des différences et conditions de notre existence à
travers le monde.
La souffrance de quelqu'un est donc la conséquence d'actions négatives du
passé ou simplement le fait d'être dans le
sams_ra (le cycle de vie et de mort). Une autre raison de la souffrance est
le fait de vivre perpétuellement dans l'impermanence. Puisque toute chose est
dans un état constant de flux, l'individu souffre d'insatisfaction face au flux
des évènements de la vie. Pour sortir du sams_ra, il suffit de réaliser sa
« nature vraie » à travers le
Bodhi (l'éveil) dans le moment présent : c'est le
Nirv_na.
Pour les Bouddhistes, étant donné que le premier précepte est d'empêcher la
destruction de la vie (y compris soi-même), le suicide est clairement considéré
comme une forme d'action négative. Malgré ce point de vue, une ancienne pratique
asiatique semblable au seppuku se maintient et les Bouddhistes peuvent commettre
un acte d'« honorable » suicide en cas d'oppression. Ainsi, les moines tibétains
ont utilisé cette idéologie pour protester contre l'occupation chinoise du
Tibet et les
violations des droits de l'homme envers les Tibétains par la
Chine.
Chez les hindous et les jaïns, se suicider est considéré comme un péché aussi
grave que tuer autrui. Cependant, dans certaines circonstances, il est considéré
comme acceptable d'en finir avec la vie en
jeûnant. Cette
pratique, appelée prayopavesha, nécessite tant de temps et de volonté
qu'il n'y a aucun risque que cela soit fait impulsivement. Cela laisse aussi le
temps à l'individu de régler ses affaires, de réfléchir à la vie et de se
rapprocher de Dieu.
Un cas historique et célèbre est celui de
Chandragupta Maurya qui renonça au trône, se rendit dans le
Karnataka,
se fit moine jaina à
Shravana-Belgola et mit fin à ses jours en commettant le suicide rituel par
inanition.
Monde occidental
Le suicide est perçu assez différemment selon les cultures et si dans les
sociétés occidentales il a longtemps été considéré pour immoral et déshonorant,
il est dans d'autres sociétés justement le moyen de recouvrir un honneur perdu.
Paganisme antique
Dans l'empire romain, il était d'usage qu'un proche de l'empereur désirant
mettre fin à ses jours en demande au préalable l'autorisation à ce dernier. On
en trouve l'illustration par exemple dans les
Mémoires d'Hadrien.
Le christianisme est traditionnellement opposé au suicide ainsi qu'au suicide
assisté. Ceci permet de comprendre en partie le débat sur l'euthanasie
Dans le
catholicisme en particulier, le suicide a été considéré comme un
péché grave.
L'argument principal est que la vie de tout un chacun est la propriété de
Dieu et que la
détruire est donc interprétable comme un signe d'affirmation de domination sur
ce qui appartient à Dieu. Cette idée a été illustrée par le suicide de
Judas après qu'il
ait dénoncé Jésus.
Cet argument a donné suite au fameux contre-argument de
David Hume
en faisant remarquer que s'il était mal de prendre la vie quand une personne
devrait naturellement vivre, cela devrait être aussi mal de sauver la vie quand
une personne devrait normalement naturellement mourir, comme il semblerait que
cela contrevienne à la volonté de Dieu.
Beaucoup de chrétiens croient en la sainteté de la vie humaine, ce qui
signifie que toute vie humaine est sacrée (une création magnifique, voire
miraculeuse de Dieu) et qu'il faut donc faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour la préserver et la sauver.
Néanmoins, même si le suicide est généralement condamné (les âmes perdues
n'accèdent pas au
paradis), les chrétiens « libéraux » reconnaissent que les personnes qui se
suicident sont dans un état de détresse et de déprime et pensent donc que Dieu,
dans sa grande générosité et son amour, pardonne un tel acte.
Autres sociétés
Comme les autres religions abrahamiques, l'Islam voit le suicide comme un
péché et un obstacle à l'évolution spirituelle. Cependant, les êtres humains ne
sont pas infaillibles et peuvent commettre des erreurs.
Allah leur
pardonne les péchés s'ils sont sincères dans leur
repentir.
Pour ceux qui renoncent à croire en Dieu, les conséquences sont mauvaises. En
effet, dans le Coran,
le livre saint des
musulmans,
si Allah est infiniment grand et miséricordieux, pardonnant tous les péchés, il
en est cependant un qui est impardonnable : l'incroyance. Selon la
Sunnah (livre
sur la vie du prophète
Mahomet),
celui qui se suicide et n'en montre aucun regret passera une éternité en
enfer, effectuant
sans cesse l'acte par lequel il s'ôta la vie.
En dépit de ce fait, il existe une croyance selon laquelle les actions
commises dans le cadre du
Jihad menant à sa
propre mort ne sont pas considérées comme un suicide même si l'acte en soi ne
peut qu'entraîner sa propre mort (comme dans les attaques suicides). Ces actes
sont considérés au contraire comme une forme de
martyre et
ceci bien que dans le Coran il soit expressément écrit que ceux qui tuent des
innocents sont des pécheurs et transgressent la loi de Dieu. Néanmoins, beaucoup
affirment que l'Islam permet d'utiliser le suicide pour lutter contre
l'injustice et les oppresseurs s'il n'existe absolument pas d'autre option
possible et que sinon la vie se terminerait de toute façon en mort.
Le judaïsme voit dans le suicide un des péchés les plus graves. Le suicide a
toujours été interdit par la loi juive à l'exception de trois cas bien précis :
si quelqu'un est forcé par autrui à commettre un meurtre, s'il est forcé à
commettre un acte d'idolâtrie, ou s'il est forcé à commettre un adultère ou un
inceste. Dans ces trois cas seulement, le suicide est permis. Dans tous les
autres cas, le suicide est interdit et cette interdiction comprend la
participation à un suicide assisté. D'ailleurs, personne ne devrait demander à
quelqu'un d'autre de l'aider à se suicider puisque d'une part le suicide est
strictement interdit et d'autre part il ou elle pousserait l'autre à commettre
un péché.
Autres traditions
Dans la culture
Inuit traditionnelle, les vieilles personnes se laissaient mourir de froid
quand elles devenaient une charge trop importante pour leur proches.
Le suicide dans l'histoire
Suicides célèbres
-
Cléopâtre
-
Hannibal
- Néron,
empereur,
poète,
comédien
et musicien
romain. Selon
certains, il n'aurait pas osé se suicider tout seul et aurait demandé à un
proche de lui enfoncer la lame dans le coeur.
-
François Vatel, intendant aux fêtes du
Grand Condé
-
Paul Lafargue, homme politique français, avec son épouse, par refus de la
vieillesse
-
Yukio Mishima, écrivain japonais par
seppuku
-
Adolf Hitler, dictateur allemand qui s'est donné la mort pour éviter de
capituler
-
Pierre Bérégovoy, homme politique français
-
Walter Benjamin, théoricien de l'art
-
Ernest Hemingway
-
Marilyn Monroe se serait apparemment suicidé
- Primo
Levi
-
Romain Gary
- Kurt
Cobain.
Voir aussi :
Liste de suicidés célèbres
Dans l'Antiquité,
le suicide était commis après une défaite dans une bataille afin d'éviter la
capture et les possibles tortures, mutilations ou la mise en
esclavage
par l'ennemi. Ainsi,
Brutus et
Cassius, les
assassins de
Jules
César, se suicidèrent suite à la défaite de la
bataille de Philippes. Les
Juifs de
Massada
offrent un autre exemple en se suicidant massivement en
74 av. J.C. pour
échapper à la mise en esclavage par les
Romains.
Dans la société romaine, le suicide était un moyen accepté par lequel on
pouvait préserver son honneur. Ceux qui étaient jugés pour des crimes capitaux
par exemple pouvaient empêcher la confiscation des biens et propriétés familiaux
en se suicidant avant la condamnation par le tribunal. On soulignait alors
ironiquement que
Domitien,
l'empereur romain, montrait sa pitié et miséricorde en permettant à un homme
condamné de se suicider.
À la fin du
XVIIIe siècle,
Goethe publie
« Les
Souffrances du jeune Werther » (Die Leiden des jungen Werther), une
histoire romantique où le jeune Werther se suicide parce que son amour est
inaccessible. Le roman connaît un réel succès et cause une vague de suicides en
Allemagne.
Émile Durkheim, fondateur de la
sociologie,
publie en 1897 son
fameux livre Le suicide où il analyse ce phénomène sous un angle social.
Il distingue trois sortes de suicides : le suicide égoïste, le suicide altruiste
et le suicide
anomiste. Dans chaque cas, la désintégration sociale est la cause première
véritable:
- le suicide altruiste est particulièrement développé dans les sociétés où
l'intégration est suffisamment forte pour nier l'individualité de ses membres ;
- le suicide égoïste est au contraire le signe d'une société trop
destructurée pour fournir un motif valable d'existence à certains de ses
individus ;
- le suicide anomique est dû à des changements sociaux trop rapides pour que
les individus puissent adapter leurs repères moraux.
Le poète
Alfred Alvarez publie une étude sur le suicide en littérature intitulée
Le dieu sauvage ; essai sur le suicide.
Jean Améry publie en 1976 un livre sur le suicide où il défend la thèse
selon laquelle le suicide représente l'ultime liberté de l'humanité. Il se
suicide deux ans plus tard.
Politique et suicide
Le suicide a été utilisé dans l’histoire comme un acte politique d’opposition
et de contestations. Nous ne traiterons pas de l’attentat-suicide,
Le suicide peut être un acte politique, proche du
martyr. Dans le
japon médiéval toute critique du
Shogun
s'accompagnait d'un
seppuku de
l'accusateur. Plus récemment
Jan Palach
et de
Jan Zajíc se sont immolés en
1969 pour protester
contre la répression soviétique du
printemps de Prague, tout comme trois membres des
moudjahidines du peuple iranien l'ont fait en
2003 pour dénoncer
l'arrestation de
Maryam Radjavi par la police française.
Le suicide et la loi
Il fut des États où, ironiquement, le suicide pouvait être condamné par la
peine de mort, ce qui permettait au candidat au suicide d'atteindre son but
légalement s'il échouait !
En France, le suicide est une liberté civile, c'est-à-dire qu'il est permis
au sens où la loi ne le réprime pas. En revanche, la loi entérine la réprobation
sociale dont le suicide est entaché : l'aide au suicide est prohibée pour
« abstention volontaire de porter assistance à personne en péril » (article
223-6 du
Code pénal, concept plus connu sous le nom de « non-assistance
à personne en danger »). Elle peut même être qualifiée de « provocation au
suicide » (art. 223-13).
La
Cour européenne des droits de l'homme, dans son arrêt Pretty c.
Royaume-Uni du
29 avril
2002, a déclaré à
l'unanimité que le suicide n'entrait dans le champ d'aucun
droit de l'homme, ni de l'article
2 de la
Convention protégeant le
droit à la vie :
- « En conséquence, la Cour estime qu’il n’est pas possible de déduire de
l’article 2 de la Convention un droit à mourir, que ce soit de la main d’un
tiers ou avec l’assistance d’une autorité publique. »
Le suicide assisté ou
euthanasie
fait l'objet de débats. En
France, il est
actuellement condamné comme
homicide.
Il est autorisé dans des pays comme les
Pays-Bas et
la Belgique.
L'assistance au suicide
- Dans certain pays, l'assistance au suicide est autorisée,
Suicide et assurances
En France,
l'article L132-7 du Code des assurances dispose:
L'assurance en cas de décès est de nul effet si l'assuré se donne
volontairement la mort au cours de la première année du contrat.
L'assurance en cas de décès doit couvrir le risque de suicide à compter de la
deuxième année du contrat. En cas d'augmentation des garanties en cours de
contrat, le risque de suicide, pour les garanties supplémentaires, est couvert à
compter de la deuxième année qui suit cette augmentation.
Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables aux contrats
mentionnés à l'article L. 140-1 souscrits par les organismes mentionnés au
dernier alinéa de l'article L. 140-6.
L'assurance en cas de décès doit couvrir dès la souscription, dans la limite
d'un plafond qui sera défini par décret, les contrats mentionnés à l'article L.
140-1 souscrits par les organismes mentionnés à la dernière phrase du dernier
alinéa de l'article L. 140-6, pour garantir le remboursement d'un prêt contracté
pour financer l'acquisition du logement principal de l'assuré.
Le suicide pays par pays
Généralités
Dans le monde, 815 000 personnes se sont suicidées en
2000, soit 14,5
décès pour 100 000 habitants (un décès toutes les 40 secondes) -
source OMS (PDF).
Le suicide touche davantage les hommes que les femmes. En fait, le nombre de
tentatives réussies est plus important chez les hommes que chez les femmes, sans
doute parce que les hommes choisissent plus souvent des moyens violents
(pendaison ou arme à feu contre intoxication médicamenteuse). De plus, ils sont
très isolés et il est donc souvent difficile d’observer leur trouble.
Contrairement aux femmes, ils n’ont pas l’intention de changer leur milieu, mais
ils désirent seulement mettre fin à leur souffrance. Par rapport à l'âge, si les
jeunes sont particulièrement concernés par ce problème, le nombre de suicides
est plus important encore plus tard et la courbe des suicides chez les hommes a
la forme d'un n avec un pic vers 50-60 ans.
Le suicide touche tout le monde, sans distinction de « classe ». Il
semblerait que les cultures influencent le taux de suicide. De hauts niveaux de
cohésion sociale et nationale réduisent les taux de suicide. Les niveaux de
suicide sont plus élevés chez les personnes à la retraite, au chômage,
divorcées, sans enfants, citadines, vivant seules. Les taux augmentent dans les
périodes d'incertitude économique (bien que la pauvreté ne soit pas une cause
directe). La plupart des suicidés souffrent de désordres psychologiques. La
dépression est une cause fréquente. Des maladies physiques graves ou des
infirmités peuvent aussi être la cause de suicides.
Du point de vue de l'individu, le suicide est rarement perçu comme une fin en
soi, c'est plutôt considéré comme l'unique voie possible pour échapper à une
situation devenue insupportable. D'autres motifs existent : rejoindre un proche
décédé, faire souffrir en causant du remords... De nombreuses raisons sont
possibles.
Enfin, le taux de suicide est aussi influencé avec le tapage médiatique fait
autour du suicide de célébrités et même le suicide fictionnel d'un personnage
dans un drame populaire peut conduire à une hausse temporaire du taux de
suicides.
Japon
Le Japon a l'un des plus forts taux de suicide du monde industrialisé (24,1
pour 100 000 habitants). Les suicides ont atteint le nombre record de 34 427 en
2003 (+ 7,1 % par rapport à 2002)(source : AFP 22/11/2004). / Le taux de
suicide pour 100 000 habitants était de 26,1 en 1998, légèrement derrière celui
des trois pays baltes et de la Russie, Hongrie et Slovénie où le taux avoisine
30 personnes pour 100 000 (sources diverses).
Suisse
Chaque année en Suisse, on compte 1300 à 1400 suicides. C'est la cause de
décès la plus importante chez les hommes de 15 à 44 ans. Environ 1000 hommes et
400 femmes se suicident chaque année en Suisse, ce qui représente quatre décès
par jour, soit un taux de suicide de 19,1 pour 100’000 habitants.
France
En 1996, la
France compte
12 000 suicides pour 160 000 tentatives (chiffres de l'Inserm) ;
avec 62 millions d'habitants en France, ces nombres représentent à peu près 19
suicides pour 100 000 habitants, soit un suicide pour 5 000 personnes, et une
tentative pour 400 personnes. La France est au quatrième rang des pays
développés. Les chiffres sont à peu près stables depuis
1980. Le suicide
est une cause de décès plus importante que les accidents de la route. Il touche
particulièrement les jeunes, chez qui le suicide est la deuxième cause de décès.
Toujours selon l'INSERM, 650 décès environ ont lieu chaque année chez les
15-24 ans en France. Parmi ces jeunes, deux tiers sont des garçons. Le taux de
suicide a chuté depuis
1985, mais les tentatives de suicide des 15-19 ans ont augmenté (4,3 % en
1999).
Québec
En 2001, 1 334
Québécois se sont donnés la mort, dont 1 055 hommes. Le taux de suicide chez les
jeunes hommes est parmi les plus élevés du monde, à 30,7 pour 100 000 habitants.
Les hommes se suicident huit fois plus que les femmes. Quelques rares pays
dépassent le Québec à ce niveau : la
Russie, la
Lituanie et
le
Kazakhstan. La situation s'est beaucoup aggravée depuis
1965, époque de la
Révolution tranquille. Les prisonniers québécois suicidés comptent pour 60 %
des suicides en milieu carcéral au Canada, alors qu'ils ne devraient en
représenter démographiquement que 23 %. Les jeunes Autochtones forment
l'échantillon le plus gravement touché : leur taux atteint de 3,3 à 3,9 fois la
moyenne nationale. Cela représente 211
Inuits du
Nunavik
suicidés pour 100 000 habitants.
Certains sociologues ont théorisé les facteurs urbains, la perte du
cléricalisme social, la pauvreté et les dépendances psychologiques et physiques
comme la drogue,
l'alcool et le jeu pour expliquer toutes ces pertes de vie. Les médias ont
souvent montré des reportages de jeunes Indiens inhalant du gaz, se piquant à l'héroïne
ou encore abusant d'appareils
de loterie vidéo de
Loto-Québec.
Comprendre et combattre le suicide
La psychiatrie, la psychologie, la sociologie, la philosophie, la théologie
et le droit s'intéressent dans leurs domaines respectifs à la question du
suicide. À côté de ces études théoriques, il existe des mesures pratiques pour
la prévention du suicide et l'accompagnement de ceux qui commettent une
tentative de suicide.
Causes du suicide
Le suicide peut être dû à des difficultés psychologiques, notamment
dépression nerveuse. Les autres cas (suicide suite à un déshonneur par
exemple) sont plus rares dans les cultures occidentales. On a observé des cas où
un suicide s'accompagnait du meurtres d'autres personnes (souvent le compagnon,
les enfants), on parle dans ces cas de suicide étendu ou élargi.
Facteurs de risque du suicide
Le suicide a en général des causes multiples. On peut classer les facteurs
menant au suicide en trois catégories :
Les facteurs primaires
Les facteurs primaires sont des facteurs sur lesquels on peut agir, ils ont
une valeur d'« alerte ». Ce sont les antécédents personnels (tentatives de
suicide précédentes, troubles de l'humeur), les antécédents familiaux (si des
proches se sont suicidés, cela peut prendre une valeur d'« exemple ») et les
troubles
psychiatriques avérés (schizophrénie,
toxicomanie,
alcoolisme...).
Conseiller à un dépressif de se débarasser des armes à feu qu'il possède chez
lui fait statistiquement baisser ses réussites de suicide, car l'usage d'une
arme à feu est simple et rapide, ce qui peut conduire au geste fatal pendant un
court moment d'égarement.
Les facteurs secondaires
Les facteurs secondaires sont des facteurs sur lesquels on peut faiblement
agir, et qui n'ont en soi qu'une faible valeur prédictive, sauf associés à des
facteurs primaires. Il s'agit essentiellement de la situation sociale
(isolement,
solitude,
chômage) et d'événements passés traumatisants (deuil,
abus sexuels, séparation,
maltraitance).
Les maladies chroniques sont peu suicidogènes, mise à part pour les persones
âgées.
Les facteurs tertiaires
Ce sont des facteurs sur lesquels on ne peut pas agir, et qui n'ont de valeur
prédictive qu'en présence de facteurs primaires ou secondaires. C'est par
exemple l'âge (la probabilité la plus forte est entre 35 et 54 ans, et au-delà
de 70 ans), l'appartenance au sexe masculin (cf. la section
Statistiques) ou encore l'homosexualité.
Il est notable, par exemple, que le suicide, une des deux premières causes de
mortalité chez les jeunes Français de 15 à 34 ans, soit accru chez les jeunes
homosexuels : d'après Homosexualité et suicide, d'Éric Verdier et
Jean-Marie Firdion (H&O éditions, Paris, 2003), un jeune homosexuel aurait entre
quatre et sept fois plus de risque d'attenter à sa vie, chiffre à augmenter de
40% pour les jeunes filles. Les principales raisons sont imputables à l'homophobie
dont ces personnes sont victimes, facteur secondaire principalement social. Ce
n'est donc pas l'homosexualité en soi qui s'avère suicidogène mais
l'impossibilité pour certains de la vivre et l'image négative (voire l'absence
d'image) de soi que la société, fortement
hétérocentriste, renvoie. D'autres études pour des pays différents (surtout
pour les États-Unis) montrent des taux similaires.
L'époque de l'année a également une influence. On remarque un pic de suicides
durant les fêtes de
Noël, a priori en raison d'un sentiment de solitude renforcé par la
vue de retrouvailles familiales, un sentiment de tristesse renforcé par les
manifestations (et les publicités) de joie.
Dans les deux derniers cas, ce n'est pas le phénomène lui-même qui est
suicidogène, mais son écho social.
Certaines études tentent d'établir une corrélation entre le nombre de
suicides et la longueur des jours pendant la période hivernale, ce qui
expliquerait que les suicides soient si fréquents dans les pays les plus au nord
tels que le canada ou les pays scandinaves.
Facteurs de protection
On note plusieurs facteurs de protection qui permettent de contrebalancer
certains effets négatifs des facteurs de risque associés au suicide. Voici
quelques exemples:
- Stratégies de gestion du stress adéquates
- Réseau social disponible et significatif
- Ouverture à recevoir de l'aide
- Estime de soi et confiance en soi élevées
- Support des enseignants et d'autres adultes en milieu scolaire
- Vision de l'école comme un lieu d'investissement
- Confiance en ses capacités à faire face aux obstacles de la vie
Processus suicidaire
Il est possible d’observer un processus suicidaire chez l’individu avant le
passage à l’acte. Les personnes suicidaires présentent une fragilité (facteurs
de risque accumulés) qui les prédisposerait à réagir de façon inadaptée lors de
situations stressantes. Une perte quelconque (ex : perte d’un(e) ami(e) ou deuil
d'un proche) entraîne l’enclenchement du processus. Une période dépressive suit
la perte puis l’étape de la crise s’installe. L’état de crise peut être
accompagné d’idéations passagères qui se transformeront en rumination, puis en
cristallisation (formation d’un plan précis pour passer à l'acte : où ?,
quand ?, comment ?) pour aboutir à la tentative planifiée. Dans la majorité des
cas, le suicide n’est donc pas un acte impulsif, mais plutôt une action prévue
qui découle d'un processus bien défini. Ceci permet de réaliser qu'une
intervention spécifique est possible à chacune des étapes. La personne
intervenant auprès d'un individu suicidaire doit être attentive aux signes
associés à chaque phase du processus.
Prévention du suicide
Le suicide est généralement annoncé, beaucoup de suicidés essayent de
prévenir leurs proches et laissent une lettre d'adieu afin d'expliquer leur
geste. Ces pensées sont à prendre au sérieux et s'il y a un risque de tentative
de suicide, il faut en parler avec la personne ouvertement afin de pouvoir
l'éviter. L'évocation de la mort avec une personne, poser la question
« avez-vous pensé à la mort ? » n'est pas suicidogène, mais permet au contraire
de montrer que l'on comprend la souffrance. Lorsque l'on discute, il ne faut pas
porter de jugement ; on peut tenter de lui faire se remémorer d'anciens
problèmes et les stratégies qu'elle avait mises en en œuvre pour les résoudre.
Selon le professeur Michel Debout
[1]
« Lorsqu’on pense qu’une personne va mal, il ne faut pas hésiter à lui dire
ce que l’on ressent. Et la manière dont on lui dit est importante. Si vous lui
demandez : « ça ne va pas ? », elle risque de se renfermer dans une réponse de
type : « Mais si ça va très bien. » Alors que si vous dites « je te sens mal »,
vous vous impliquez personnellement, et vous montrez que non seulement vous
offrez une écoute, mais même un véritable dialogue. À partir de là, tout dépend
de la situation et de votre lien avec elle. Mais vous pouvez essayer de
l’orienter vers un soutien, un spécialiste ou une association qui pourront
l’aider. »
Les personnes qui ont fait une tentative de suicide sont en général prises en
charge en service de soins aigus à l'hôpital (suite à un empoisonnement ou à des
blessures nécessitant souvent une réanimation). Une fois l'épisode critique
surmonté et l'éloignement de tout danger vital, le patient est orienté vers un
service de psychiatrie. L'hospitalisation est volontaire dans la grande majorité
des cas, mais certaines dépressions sévères (mélancolie, dépression délirante)
peuvent entraîner une hospitalisation à la demande d'un tiers, voir une
hospitalisation d'office. Dans tous les cas, les sujets ayant fait une tentative
de suicides doivent être évalués par un psychiatre, et souvent orientés vers une
structure adaptée à la prise en charge d'une cause curable de suicide
(dépression très souvent, mais aussi psychose, alcoolisme, etc.). Dans le cas
d'un séjour en psychiatrie, il est proposé un suivi ultérieur en consultation
psychiatrique (hospitalière ou avec un psychiatre libéral). Malgré ces efforts
de prise en charge et la possibilité d'hospitalisation contre le gré du
suicidant, en France, un quart des adolescents mineurs suicidants sortent de
l'hôpital sans avoir eu de consultation psychiatrique.
Cette prise en charge des personnes qui tentent de se suicider est importante
car les risques d'une nouvelle tentative sont grands (75 % dans les deux ans).
Il est cependant aussi nécessaire de faire une prévention du suicide en amont.
Cela passe par l'explication de ce qu'est la
dépression.
Il serait souhaitable que
médecins (60 à 70 % des suicidants consultent un médecin dans le mois qui
précède le passage à l'acte, dont 36 % dans la semaine qui précède), enseignants
et de manière générale toute personne en contact avec des
adolescents
ou des personnes en détresse sociale soient formés, des campagnes publicitaires
soient menées afin de sensibiliser l'ensemble de la population à ce problème et
d'aider les personnes susceptibles de se suicider à abandonner cette idée en
leur ouvrant la voie à d'autres alternatives.
L'idéal serait de convaincre la personne de consulter un médecin ou de
contacter une association spécialisée. Si l'on sent que le passage à l'acte est
imminent, il faut
prévenir les secours (en priorité la
régulation médicale, le « 15 » en France, le «112»
en Europe pour les urgences diverses )).
Cependant, l'écoute dans le but de faire exprimer à la personne ses
difficultés ne constitue qu'un premier stade de la prévention.
Tentatives de suicide
Un acte de suicide qui ne se termine pas par la mort de la personne est
appelé « tentative de suicide ». Les tentatives de suicide sont beaucoup plus
nombreuses que les suicides. Elles concernent davantage les femmes que les
hommes et une tranche d'âge plus jeune : les moins de 35 ans. Dans les
tentatives de suicide, on retrouve surtout des filles d’environ 15-16 ans qui
vivent des problèmes psychosociaux depuis un certain temps et elles présentent
une détresse apparente. Elles ne cherchent pas à mourir, mais plutôt à modifier
leur milieu socio-affectif. C’est pour cette raison qu’elles choisissent
généralement des moyens non-violents, comme l’« overdose » lorsqu’elles passent
à l’acte. Les personnes qui tentent de se suicider ne sont généralement pas
atteintes de maladies physiques graves ou de graves dépressions même si les
facteurs psychologiques y sont particulièrement importants.
Les problèmes sociaux sont les causes les plus fréquentes : conflit avec la
famille, enfance difficile, problème avec l'alcool, comportement violent. Les
personnes devant faire face à ce type de problèmes deviennent anxieuses et
déprimées et en réaction à une nouvelle situation de crise particulière, elles
craquent et tentent de se suicider. Les motivations sont assez complexes, un
désir de soulager une souffrance émotionnelle trop forte, le besoin de
communiquer ses sentiments. Les tentatives de suicide peuvent aussi résulter
d'un conflit interne entre le désir d'en finir avec la vie et celui de continuer
à vivre.
Aide téléphonique
Ce premier stade est généralement pris en charge téléphoniquement par des
associations de type:
1-418-683-4588 ou 1-866-APPELLE ( 1-866-277-3553 Centre de Prévention du
suicide Québec/Canada)
Tous ces services se cantonnent exclusivement à l'écoute et
n'interviennent pas même sur demande expresse de la personne en détresse.
Sauf pour les anglophones où le service de SOS Amitié spécialisé peut
orienter vers un psychiatre anglophone voire appeler les pompiers à la
demande expresse de la personne.
SOS Amitié a aussi un service d'écoute par courriel mais avec des délais de
48h pour les réponses.
Aide internet
Des forums francophones affirmant procurer un soutien psychologique existent
actuellement sur l'internet :
Il convient d'aborder ces sites avec circonspection en raison de :
- l'impossibilité de contrôler la compétence des interlocuteurs : un site
internet étant facile à créer, il n'apporte pas le gage d'une structure
pratiquant la formation interne et l'évaluation de ses personnels ;
- le décalage culturel pouvant exister entre les personnes parlant la même
langue mais pouvant être de culture très différente.
Ces deux facteurs peuvent mener à une aide inadaptée, qui peut même être
suicidogène.
Intervention active auprès d'une personne en état d'urgence élevée
Actuellement, il n'existe pas de graduation entre la démarche d'écoute (Aide
téléphonique et Aide internet) et l'intervention des services d'urgences sur un
cas déjà passé à l'acte.
La prévention des cas d'urgence élevée devant donc être effectuée par
l'entourage ou le médecin traitant. Ce qui pose les problèmes suivants:
- la formation
- création de structures d'interventions à même de compenser leurs absences.
TABLE DES MATIERES
Introduction
Buts de la recherche
Partie descriptive
1. Descriptifs des centres et unités daccompagnement
psychiatrique des adolescents suicidants dans le canton de Vaud
1. La
répartition de la psychiatrie pour adolescents dans le canton de Vaud
2. Service
Universitaire de Psychiatrie de lenfant et de lAdolescent (SUPEA)
à Lausanne
3. Centre Thérapeutique
de Jour pour Adolescents (CTJA) à Lausanne
4. Unité
dHospitalisation Psychiatrique pour Adolescents (UHPA) à Lausanne
5. Service
Médico-Pédagogique (SMP) à Yverdon
6. Service de
psychiatrie et psychothérapie denfants et dadolescents à Vevey
7.
Service de Psychiatrie de lEnfant et de lAdolescent (SPEA)
à Nyon et Morges
2. Etude comparative des centres et unités daccompagnement psychiatrique des
adolescents suicidants
dans le canton de Vaud
1. Les cadres institutionnelles
2. Les patients
3. Les prises en charge
Partie théorique
3. Le suicide
1. Genèse du suicide et définitions des termes spécifiques
2. Différents référentiels théoriques
4. Ladolescence
1. Définitions
2. Le développement pubertaire
3. Le développement psychologique
4. Lautonomie
5. Les conduites suicidaires chez ladolescent
1. Quelques statistiques
2. Les facteurs pouvant entraîner des conduites suicidaires
3. Des idées suicidaires au passage à lacte
Partie pratique
6. Intervention psychodynamique adaptée à des personnes
suicidaires
1. La composition dun cycle de réactions
2. Les niveaux de détresse
3. Le programme dintervention
4. Réflexions personnelles sur ce modèle
7. Réflexions sur lapproche éducative des adolescents à
conduites suicidaires
1. Situation dAlexandre
2. Prise en charge
3. Lobservation
4. Reconnaître la souffrance
5. Projet éducatif
6. Bilan de la prise en charge
7. Le besoin daide de laidant
Conclusion
Bibliographie
Annexes
__________________________
Introduction
Plusieurs raisons motivent le choix de ce sujet de mémoire, elles sont
dordre social, personnel et professionnel.
La raison dordre social sexplique par le fait que jai
vécu mon enfance et mon adolescence dans un village de montagne denviron 2'800
habitants. La petitesse de ce dernier permet dêtre facilement au courant de la vie
des habitants. Les mariages, les naissances ou les décès sont généralement connus par
les villageois, contrairement aux milieux citadins où la population vit plus anonymement.
Pendant mon adolescence, jai été sensible et interpellée du
nombre de décès par suicide. Je me suis demandée, pourquoi ces personnes avaient commis
cet acte ? Et pourquoi elles avaient préféré la mort à la vie ? Ces
interrogations sont restées sans réponse, camouflées par le silence régnant dans la
famille et les proches.
La raison dordre personnel rentre en ligne de compte par le fait
que jai côtoyé des jeunes adultes dont la vie navait plus raison
dêtre, ces conversations mont rendues perplexe, car cesser de vivre signifie
mourir. La mort est un sujet peu abordé dans notre société ; elle est probablement
appréhendée en raison des souffrances précédant la mort, du deuil traversé par les
personnes vivant la séparation de lêtre aimé, et des interrogations
philosophiques portant sur limmortalité de lâme. Le mal-être de ces jeunes
adultes a suscité mes interrogations sur le suicide et les tentatives de suicide.
La raison dordre professionnel découle des stages pratiques
effectués pendant ma formation déducatrice spécialisée, où jai rencontré
des adolescents parlant de leurs souffrances, de leur solitude et de leur désir de mort.
Mise à part mon écoute, je ne savais pas quelle démarche entreprendre avec eux.
Jai trouvé un bon écho auprès de mes collègues dans les institutions de stage,
toutefois je les ai sentis aussi démunis que moi. Les deux points suivants abordent les
buts de la recherche et la méthode de travail.
1. Buts de la recherche
La tentative de suicide dun adolescent démontre un refus de
vivre dans les conditions actuelles de sa vie. Sa souffrance est aux limites de
linsupportable. La mort est pour lui plus intéressante que la vie. Quest-ce
que le canton de Vaud met en place comme infrastructure pour le suivi de ces jeunes ?
Comment en est-il arrivé là ? Quel est le rôle de léducateur dans
laccompagnement ? Voilà trois questions qui minterpellent et guident
cette recherche.
Jai désiré choisir un sujet de mémoire utile pour la suite de
mon parcours professionnel en tant quéducatrice travaillant avec des adolescents.
Utile, dans le sens que lélaboration de ce travail de diplôme permette
dapprofondir mes connaissances : des services disponibles dans le canton de
Vaud, des adolescents , de moi-même et moffre des pistes de travail. Concrètement,
que puis-je faire pour éviter des conduites suicidaires ?
Cette recherche a aussi pour but de sensibiliser les familles et les
professionnels sur la problématique des tentatives de suicide. Chacun dentre nous
peut être confronté à des adolescents à conduites suicidaires.
Jai intitulé ce travail de recherche : Prises en charge
des adolescents suicidants dans le canton de Vaud : descriptifs des centres et
unités daccompagnement psychiatriques et réflexions sur lapproche
éducative. Je tiens à préciser que ce mémoire traite seulement les tentatives de
suicide visibles, cest-à-dire non déguisées au contraire de la prise de drogues,
du manque de soin de sa personne ou encore de la prise de hauts risques mettant en danger
la vie de ladolescent.
2. Méthode de travail
Ce travail comporte trois parties. La première est descriptive, elle
présente tout dabord les services psychiatriques du canton de Vaud, puis
létude comparative de ces derniers. Une deuxième partie, dite théorique, offre
des informations sur le suicide, les tentatives de suicide, ladolescence et les
conduites suicidaires chez ladolescent. Pour finir, je développe dans la partie
pratique des pistes de travail concrètes pour léducateur.
Voici encore quelques données sur la présentation de ce travail.
Premièrement, jai décidé dutiliser le masculin pour parler des
adolescent(e)s à conduites suicidaires, même si ce comportement concerne davantage de
filles. Deuxièmement, plusieurs tableaux sont présentés dans cette recherche ; si
leur provenance nest pas citée, ils sont de ma création. Et troisièmement, je
tiens à préciser quà des fins pratiques, jutilise des abréviations à la
place de dénominations complètes. Pour plus de clarté, Voici une liste des
abréviations avec leur signification :
AEMO : Action Educative en Milieu Ouvert
AI : Assurance Invalidité
ATEMA : Accueil et Traitement de lEnfant Maltraité
et Abusé
CHUV : Centre Hospitalier Universitaire Vaudois
CPDJ : Centre Psychothérapeutique de Jour pour Enfants
CTJA : Centre Thérapeutique de Jour pour Adolescents
DAMPS : Division Autonome de Médecine Psychosociale
DPP : Division de Pédopsychiatrie
DSAS : Département de la Santé et de lAction
Sociale
DUPA : Département Universitaire de Psychiatrie Adulte
GHRV : Groupement des Hôpitaux Régionaux Vaudois
HEL : Hôpital de lEnfance de Lausanne
PPP : Policlinique de Pédopsychiatrie
SEI : Service Educatif Itinérant
SES : Service dEnseignement Spécialisé
SMP : Service Médico-Pédagogique
SPC : Service Psychiatrique Centre
SPEA : Service de Psychiatrie de lEnfant et de
lAdolescent
SPJ : Service de Protection de la Jeunesse
SUPEA : Service Universitaire de Psychiatrie de
lEnfant et de lAdolescent
SUPG : Service Universitaire de Psychogériatrie
UHPA : Unité dHospitalisation Psychiatrique pour
Adolescents
UMSA : Unité Multidisciplinaire de Santé des Adolescents
Partie descriptive
Elle comprend la présentation des centres et unités
daccompagnement psychiatrique du canton de Vaud et leur étude comparative.
Jai choisi ce canton car cest mon lieu de vie et de formation. En outre, il me
semble important, en tant que future professionnelle, de connaître les services avec
lesquels je serai amenée à collaborer. Ils offrent tous une prise en charge
psychiatrique. Il en existe sûrement dautres, mais je me suis basée uniquement sur
les services qui organisent la psychiatrie vaudoise et dépendent du Département de la
Santé et de lAction Sociale (DSAS).
Pour permettre ces descriptifs, jai constitué un questionnaire
(cf. annexe 1) interrogeant les services sur le cadre institutionnel, les patients et
les prises en charge. Jai chois ces trois points afin de découvrir au mieux les
structures et leurs prestations.
Le canton de Vaud est divisé en quatre secteurs psychiatriques,
jai donc envoyé un questionnaire aux responsables de chaque secteur. Après une
analyse des réponses obtenues, jai organisé un entretien avec ces différentes
personnes pour compléter les informations. Une copie du descriptif leur a été envoyée
par la suite, pour leur permettre dapporter leurs corrections.
A la suite des descriptifs, jai élaboré une étude comparative
en reprenant chaque élément décrit. Elle permet dune part, une analyse des
services afin de mettre en évidence les différences et les similitudes, et dautre
part de réfléchir sur les prises en charge médicales.
Partie théorique
La partie descriptive a entraîné quelques interrogations. Pour
comprendre au mieux les conduites suicidaires et le travail effectué par les services
présentés, jai décidé de mappuyer sur une littérature spécifique à ces
comportements. Cette partie théorique comporte le suicide, ladolescence et les
conduites suicidaires chez ladolescent.
Tout dabord je présente quelques référentiels théoriques sur
le suicide. Il me semble important de rappeler divers points de vue ayant traversé notre
siècle. Ensuite, je mattache à développer ladolescence et toutes les
modifications que cette période implique chez lindividu. Nous ne pouvons pas
appréhender les tentatives de suicide sans prendre en compte le processus
développemental de cette période de la vie. Pour finir, jaborde les conduites
suicidaires chez les adolescents.
La partie pratique
Cette dernière partie a pour but doffrir des pistes de travail
aux éducateurs. A la suite de lapport théorique, je me suis demandée quel était
le rôle des éducateurs ? Jai don cherché une littérature spécifique à
lapproche éducative. Comme je nai pas trouvé douvrage écrit par des
éducateurs sur laccompagnement dadolescents suicidaires, jai décidé
de présenter le modèle dintervention psychodynamique de J. Mercier. Les propos
sont adressés à tous ceux qui se préoccupent des personnes présentant des
comportements violents et suicidaires. En plus, lélaboration de cette recherche, a
affiné mes positions sur laccompagnement dadolescents suicidaires ;
cest pourquoi je termine ce travail en développant quelques réflexions
personnelles sur lapproche éducative.
1
________________________
Descriptifs
des centres et unités daccompagnement psychiatrique des adolescents suicidants
dans le canton de Vaud
Introduction
Ce chapitre décrit les centres et unités daccompagnement
psychiatrique des adolescents suicidants dans le canton de Vaud. Ce travail permet de
relever les possibilités de prises en charge, dès quils ont reçu les soins
somatiques par un hôpital après leur passage à lacte. Nous verrons ensuite les
services et leurs prestations. Une liste dadresses des différentes structures se
trouve en annexe (cf. annexe 2, 3).
Les centres et unités présentés sont : Le Service Universitaire
de Psychiatrie de lEnfant et de lAdolescent (SUPEA), lUnité
dHospitalisation Psychiatrique pour Adolescents (UHPA), le Centre Thérapeutique de
Jour pour Adolescents (CTJA), le service de psychiatrie et de psychothérapie
denfants et dadolescents à Vevey, le Service Médico-Pédagogique (SMP) et le
Service de Psychiatrie de lEnfant et de lAdolescent (SPEA).
Chaque structure, mis à part le SUPEA, est présentée en trois
points : le cadre institutionnel, les patients et la prise en charge. Je tiens aussi
à préciser que seulement le troisième point est spécifique aux adolescents suicidants.
Le SUPEA, quant à lui, est uniquement lorgane dirigeant dune quinzaine de
services qui soccupent denfants et dadolescents, dont le CTJA et
lUHPA. De ce fait, la présentation de ce service diffère, elle comporte : le
cadre institutionnel, les buts des services et la prise en charge. Les informations sur le
SUPEA sont tirées, non seulement des réponses du questionnaire mais aussi dun
document écrit par O. Halfon et F. Ansermet, qui sintitule :
" Projet de service SUPEA-DPP "
Ce chapitre est introduit par quelques informations sur la répartition
de la psychiatrie pour adolescents dans le canton de Vaud, ensuite les services sont
présentés individuellement. Je nai pas écrit de conclusion à la fin de ces
descriptifs, afin déviter une répétition des éléments cités dans létude
comparative qui forme le chapitre suivant.
1. La répartition
de la psychiatrie pour adolescents dans
le canton de Vaud.
Le canton de Vaud est divisé en quatre secteurs psychiatriques (cf.
annexe 4) : les secteurs Centre, Nord, Est et Ouest.
- Le secteur Centre
soccupe de la région lausannoise, ainsi que des
petits villages avoisinants. Lorgane principal se trouve à Lausanne. Ce secteur est
divisé en trois services : le Département Universitaire de Psychiatrie Adulte
(DUPA), le SUPEA et le Service Universitaire de Psychogériatrie (SUPG).
- Le secteur Nord
sétend de la Vallée de Joux jusquau lac de Morat sans
oublier tous les petits villages avoisinants. Lorgane principal se trouve à
Yverdon. Ce secteur est divisé en deux services : la psychiatrie adulte et
psychogériatrie, et le SMP.
- Le secteur Est
regroupe la Riviéra, le Pays-dEnhaut et tous les petits
villages avoisinants. Lorgane principal se trouve à Vevey. Ce secteur est divisé
en trois services : la psychiatrie adulte, la pédopsychiatrie et la
psychogériatrie.
- Le secteur Ouest
sétend dEcublens jusquà Nyon. Lorgane
principal se trouve à Nyon. Ce secteur est divisé en trois services : le SPEA, la
psychiatrie adulte et la psychogériatrie.
Tous les centres dutilité publique en matière de prise en
charge dadolescents sont sous lautorité du DSAS. Les secteurs psychiatriques
Centre, Nord et Ouest sont sous la direction des institutions, elle-même dirigée par les
Hospices Cantonaux qui dépendent du DSAS. Par contre, le secteur psychiatrique Est
dépend du Groupement des Hôpitaux Régionaux Vaudois (GHRV). Toutefois, il a été
mandaté par le DSAS pour soccuper de cette partie du canton de Vaud. Jai
crée cet organigramme à partir des données de chaque service
Tableau 1 : Organigramme des secteurs psychiatriques du
canton de Vaud
1.1 Possibilités de prise en charge
Il existe plusieurs possibilités de prise en charge des adolescents
suicidants dans le canton de Vaud, à partir des soins somatiques administrés aux
urgences des hôpitaux ; lhospitalisation, le placement non médical avec ou
sans suivi thérapeutique, et le retour à domicile avec ou sans suivi thérapeutique.
Afin dêtre plus explicite, le graphique ci-dessous illustre ces trois
possibilités. Volontairement, je ne cite pas tous les médecins et foyers susceptibles de
les prendre en charge, mais uniquement les services psychiatriques ; afin de les
faire connaître.
Tableau 2: Possibilités de prise en charge des adolescents
suicidants dans le canton
de Vaud.
FOYERS MAISON
UHPA (Secteur Centre) SUPEA (Secteur centre)
Hôpital de Cery (Secteur Centre) CTJA (Secteur centre)
Hôpital de Bellevue(Secteur Nord) PPP (Secteur Est)
Hôpital de Nant (Secteur Est) SPEA (Secteur Ouest)
Hôpital de Prangins (Secteur Ouest) SMP (Secteur Nord)
Médecins traitants
Lorsque ladolescent présente des troubles psychiatriques
sévères, une hospitalisation est organisée avec ou contre son gré. La seule structure
fermée spécifique pour les adolescents en état de crise dans le canton de Vaud est
lUHPA, située à Lausanne. Etant donné la capacité daccueil restreinte de
lUHPA et du nombre de demandes, ladolescent peut être accueilli dans un
hôpital psychiatrique de sa région, cest-à-dire : lhôpital
psychiatrique de Cery (secteur centre), lhôpital psychiatrique de Bellevue (secteur
Nord), lhôpital psychiatrique de Nant (secteur Est) et lhôpital
psychiatrique de Prangins (secteur Ouest). Ce dernier cas de figure reste tout de même
peu fréquent. Les quatre hôpitaux interrogés ont estimé laccueil
dadolescents, tous diagnostics confondus, entre cinq et dix par année.
Une tentative de suicide dénote une souffrance chez ladolescent
qui peut être liée à des problèmes familiaux. Dans ces cas-là, le Service de
Protection de la Jeunesse (SPJ) est informé et organise avec le médecin de
lhôpital un placement dans un foyer éducatif.
Parfois, un placement suffit à répondre à la tentative de suicide.
Toutefois, il peut savérer judicieux dorganiser un accompagnement
thérapeutique. Dans ce cas, les structures susceptibles de suivre ladolescent
sont : le SUPEA et le CTJA (secteur Centre), le SMP (secteur Nord), la Policlinique
de Pédopsychiatrie (PPP) (secteur Est) et le SPEA (secteur Ouest). Ladolescent peut
aussi être suivi par un médecin traitant privé.
La troisième possibilité est le retour à domicile avec ou sans suivi
thérapeutique, cependant cet accompagnement est ardemment conseillé par les médecins
ayant suivi ladolescent à lhôpital. Les structures susceptibles
doffrir ce suivi thérapeutique sont les mêmes que pour le placement non médical.
2. Service
Universitaire de Psychiatrie de lEnfant et de
lAdolescent (SUPEA) à Lausanne
2.1 Le cadre institutionnel
Le SUPEA et la Division de Pédopsychiatrie de lHôpital de
lEnfance (DPP) organisent la pédopsychiatrie publique du secteur centre. De ce
fait, ils font partie du Service Psychiatrique Centre (SPC).
Ces deux services, distincts sur le plan administratif et qui
travaillent en coordination sur le plan clinique, sont divisés en trois unités,
présentées ci-dessous : les unités A, B et unités transverses (cf. annexe 3).
Chaque unité est sous la responsabilité dun professeur. Environ 180 personnes
travaillent, à temps complet ou partiel, dans ces trois services.
Lunité A
Cette unité regroupe les services suivants :
- Consultation du Bugnon
- Consultation des Jeunes ; possibilités de venir faire des consultations les lundi
et Jeudi sans rendez-vous de 16h00 à 19h00, il est quand même conseillé de fixer un
rendez-vous pour éviter une trop longue attente.
- Consultation Passerelle
- Centre Thérapeutique de Jour pour Enfants
- CTJA
- UHPA
- Atelier Thérapeutique du Soir pour Enfants
- Jardin dEnfants Thérapeutique " Marcotte "
Jai choisi de décrire spécialement dans cette recherche le CTJA
et lUHPA, car ils accueillent spécifiquement des adolescents.
Lunité B
Lunité B regroupe les services suivants :
- Service de Pédopsychiatrie de Liaison, site Centre Hospitalier Universitaire Vaudois
(CHUV)
- Service de Consultation et de Liaison, site de lHôpital de lEnfance de
Lausanne (HEL)
- Centre de Soins HEL
- Centre Psychothérapeutique de Jour HEL
- Centre Psychothérapeutique " Le Bercail "
Les unités transverses
Les unités transverses regroupent les services suivants :
- Recherche et bibliothèque
- Accueil et Traitement de lEnfant Maltraité et Abusé (ATEMA)
- Unité de Thérapie Familiale
2.2 Les buts des services
Les buts du SUPEA et de la DPP sont doffrir des soins de
pédopsychiatrie pour le secteur centre du canton de Vaud, de former des professionnels et
de faire de la recherche. Ces soins peuvent être offerts au travers de consultations
ambulatoires, dhospitalisations et du service de garde.
- Le service ambulatoire
englobe les consultations, les centres de jour, le Service de
Pédopsychiatrie de liaison du CHUV, latelier Thérapeutique du Soir pour Enfants et
le jardin dEnfants Thérapeutique " Marcotte ". Le service des
consultations ambulatoires est réparti en trois sites pour faciliter
laccessibilité géographique. Il y a les consultations du Bugnon et consultations
des Jeunes (pour lEst lausannois), les consultations Passerelle et le service de
consultation et de liaison, site HEL (pour lOuest lausannois). Les centres de Jour
sont les suivants : le Centre Thérapeutique de Jour pour Enfants, le Centre de Soins
HEL, le CTJA et le Centre Psychothérapeutique de Jour HEL.
- Les consultations du Bugnon sont spécialisées pour les adolescents. Passerelle
soccupe plus de la psychiatrie sociale et dans la communauté. Quant à la
Pédopsychiatrie de liaison, elle travaille au CHUV et à lhôpital de
lEnfance. En outre, elle travaille en collaboration avec différents services du
CHUV qui soccupent de la petite enfance.
- Lhospitalisation
en pédopsychiatrie est prise en charge par le HEL et le
Centre Psychothérapeutique " Le Bercail " pour les enfants à
troubles psychiatriques graves. Quant aux adolescents, lhospitalisation
psychiatrique est prise en charge par lUHPA.
-
- Le service de garde
est pris en charge par un médecin responsable et un assistant.
Ils sont appelés en cas durgence et spécialement en dehors des heures de
consultation du service de pédopsychiatrie de liaison du CHUV.
La formation des professionnels est diverse. Il existe une formation
prégraduée et une formation postgraduée. La formation prégraduée, comme
lintitule le SUPEA, se déroule sur deux jours et met laccent sur les
présentations cliniques de patients. En ce qui concerne la formation postgraduée, elle
regroupe les formations clinique, didactique et personnelle. La formation clinique se
donne au travers du travail clinique direct et des supervisions par le chef de clinique et
le médecin-cadre. La formation didactique se passe sur deux ans, à raison de deux heures
par semaine. Les thèmes des cours sont spécifiques à la psychiatrie et la
psychothérapie denfants et dadolescents. La formation personnelle regroupe
les thèses, travaux de synthèse clinique théorique et de recherche et les supervisions
individuelles de psychothérapies.
Les recherches font partie des buts des deux services. Elles sont
nombreuses et se basent essentiellement sur des problèmes liés au développement de
lenfant et de ladolescent.
2.3 La prise en charge
Etant donné le nombre important des prises en charge de tous les
services, dirigés par le SUPEA, je me suis attachée à décrire uniquement les
possibilités de prise en charge dun adolescent suicidant à la suite des soins
somatiques offerts par le service des urgences du CHUV.
Lors dune tentative de suicide, le service des urgences du CHUV
appelle pour les 13 à 16 ans, soit le service de pédopsychiatrie de liaison du CHUV ou
le service de garde du SUPEA et de la DPP. Pour les adolescents de 16 à 18 ans, les
urgences contactent la Division Autonome de Médecine Psychosociale (DAMPS). Le service
appelé se déplace, et fait une évaluation de la situation avec le patient, et si
possible ses parents. Il apprécie si le désir de mort est présent ou si la situation
sest momentanément calmée. Ensuite, le médecin de lhôpital tient compte de
lavis du consultant du service pour mettre en place la suite de la prise en charge.
Elle peut différer dun adolescent à lautre ; elle dépend des risques
suicidaires, de leur contexte social et des facteurs déclenchants de la tentative de
suicide. Par exemple, si ladolescent refuse un accompagnement thérapeutique et
présente des risques de récidive, lhôpital se doit dorganiser une
hospitalisation en milieu psychiatrique contre son gré. En définitive, les possibilités
de prises en charge de ces adolescents sont nombreuses, nous pouvons cependant les
regrouper en trois catégories : suivi des adolescents au domicile, hospitalisés, ou
placés dans un foyer.
Le retour à domicile est accordé lorsque le contexte familial
nest pas pathogène, que ladolescent ne présente pas de signe de récidive et
de psychopathologie sévère. Si un de ces critères nest pas rempli,
ladolescent peut être placé dans un foyer. Toutefois, une hospitalisation est
possible pour les adolescents à risque de récidive et dotés dune psychopathologie
sévère.
Voici les diverses prises en charge possibles (cf. tableau 3, p.
13) :
- avec un suivi thérapeutique par un des services du SUPEA,
cest-à-dire les consultations du
Bugnon, de la Passerelle ou du service de Pédopsychiatrie de liaison
du CHUV pour une
continuité de la prise en charge après lévaluation ;
- avec un suivi thérapeutique par la DAMPS ;
- avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant ;
- et prise en charge journalière par le CTJA ;
- sans suivi thérapeutique ;
- Prise en charge dans un foyer :
- avec un suivi thérapeutique par un des services du SUPEA ;
- avec un suivi thérapeutique par la DAMPS ;
- avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant ;
- et prise en charge journalière par le CTJA ;
- sans suivi thérapeutique ;
- à lUHPA ;
- à lhôpital de Cery, si plus de place à lUHPA.
Lapproche théorique
Généralement, les services du SUPEA prennent les patients en charge
selon le modèle théorique psychodynamique de type psychanalytique, afin de comprendre la
personne et agir au niveau des forces inconscientes. Toutefois, chaque service peut aussi
se référer à dautres référentiels théoriques.
Tableau 3: Possibilités de prises en charge dun adolescent suicidant
dans le secteur Centre
3. Centre Thérapeutique de
Jour pour Adolescents
(CTJA) à Lausanne
3.1 Le cadre institutionnel
Les locaux du CTJA se trouvent au sein de lhôpital psychiatrique
de Cery à Prilly. Dans le courant de lannée 1998, il devrait déménager dans des
locaux au centre de la ville de Lausanne pour en faciliter laccès. Le CTJA est un
centre dutilité public dépendant des Hospices cantonaux, eux-mêmes dirigés par
le DSAS.
Le centre est ouvert cinq jours par semaine uniquement la journée. De
ce fait, les adolescents rentrent à leur domicile pour la nuit et les week-ends.
LUHPA assure les urgences en cas dappel en dehors de heures douverture
du centre.
Buts du centre
Une des missions du centre est doffrir des soins de
pédopsychiatrie au travers dun traitement et de lélaboration dun
projet individuel avec ladolescent et, si possible sa famille. La prise en charge
permet de dégager des hypothèses psychodynamiques et dévaluer le contexte
familial, psychosocial et scolaire. Lunité a aussi pour but de former des
professionnels, tels que médecins, infirmiers, éducateurs, etc.
Financement
Lunité est entièrement financée par lEtat de Vaud et la
Confédération. Les factures pour les prestations au client sont envoyées à la caisse
maladie ou lAssurance Invalidité (AI), qui les prend en charge. Une participation
de 10%, plus éventuellement la franchise sont facturées par la caisse aux parents.
LAI prend en charge les psychothérapies des personnes dont les séquelles
gêneraient considérablement ou rendraient impossibles la formation ultérieure et
lexercice dune activité lucrative. En outre, pour bénéficier de cette aide
financière, un traitement spécialisé intensif a dû être appliqué pendant une année,
sans apporter damélioration suffisante.
Léquipe pluridisciplinaire
Léquipe pluridisciplinaire est composée de treize
collaborateurs à temps partiel ou complet : un chef de clinique adjoint, un médecin
chef, un médecin associé, deux psychologues, une infirmière, un assistant social, deux
éducateurs, un stagiaire éducateur, deux enseignants spécialisés et une secrétaire.
Fonctionnement du centre
Le fonctionnement du centre comprend les colloques entre
collaborateurs, le travail en réseau, lencadrement des personnes en formation, les
supervisions et le règlement de base pour les patients.
Léquipe des collaborateurs se retrouve une fois par semaine pour
un colloque. Cette rencontre pluridisciplinaire fait partie du système de communication.
Elle permet tout dabord des discussions dordre administrative, la
présentation des nouvelles situations ou demandes en cours et le choix des admissions. En
plus, le colloque est utilisé pour transmettre des informations au reste de
léquipe des événements marquants concernant un adolescent, et les comptes rendus
des différents entretiens individuels ou en famille. Si nécessaire, les collaborateurs
ont à disposition, un espace de réflexions cliniques à partir dune situation
dun adolescent, présentée par un collègue et un espace de réflexions
théoriques. Les synthèses (bilan des patients) peuvent être aussi organisées au sein
des colloques. Par ailleurs, les informations circulent au travers de documents écrits,
ou oralement, de manière formelle et/ou informelle.
Le CTJA travaille en réseau afin de regrouper des professionnels pour
débattre un thème précis rencontré dans leur pratique professionnelle et pour
regrouper des personnes en liaison autour dun patient.
Lencadrement des personnes en formation se fait au travers
dentretiens avec un référent de léquipe du même corps de métier, de
séminaires, de vidéos, de psychodrames individuels et de supervisions.
- Les supervisions déquipe
Le CTJA fixe doffice une supervision pour léquipe
pluridisciplinaire tous les quinze jours.
- Les moyens dévaluation du travail
Les moyens pour évaluer et mesurer le travail des collaborateurs sont
les supervisions et les fiches dévaluation. Lors des supervisions, les thérapeutes
peuvent analyser, avec laide dune personne extérieure, la prise en charge
thérapeutique. Cet éclairage permet de réajuster éventuellement la prise en charge.
Les fiches dévaluation permettent de suivre lévolution du patient.
- Règlement de base au CTJA
Le centre est un lieu où les patients vivent, mangent, jouent et
suivent des activités ; cest pourquoi ils sont soumis à un règlement de base
pour le bon fonctionnement du centre.
1. Lintroduction et la consommation de drogue, dalcool ou
de médicament est strictement interdite (les traitements médicamenteux sont décidés
exclusivement par les médecins du
CTJA).
2. La violence physique nest pas tolérée.
3. La possession dobjets dangereux est interdite (léquipe
se réserve le droit de juger quels
objets sont dangereux).
4. Léquipe se réserve en tout temps le droit de prendre des
mesures quelle juge nécessaires à la sécurité dun adolescent et/ou au bon
fonctionnement de lunité (fouille, tests sanguins ou
urinaires, confiscation dobjets, autorisation de sortie).
5. La présence au CTJA est obligatoire dans le cadre de lhoraire
défini pour chaque
adolescent.
3.2 Les patients
Le CTJA accueille des adolescents de 13 à 18 ans. La clientèle est
composée dun plus grand nombre de filles que de garçons ; environ deux tiers
de filles pour un tiers de garçons. Comme le centre a ouvert ses portes lannée
précédente, nous ne pouvons pas donner le nombre dadolescents suivis par année.
Toutefois, de juin à décembre 1997, le nombre de patients pris en charge sélève
à 16 adolescents. La capacité daccueil du CTJA est dune quinzaine
dadolescents par jour.
Les patients accueillis sont des adolescents souffrant de syndromes
psychiatriques aigus et de divers problèmes psychologiques. Les syndromes psychiatriques
aigus survenant à ladolescence sont des troubles graves de lhumeur, des
épisodes dépressifs majeurs, des décompensations psychotiques, des tentatives de
suicide, des anorexies mentales stabilisées, des états limites, des décompensations
névrotiques sévères, etc.
Les troubles psychologiques sont des troubles du comportement, des
problèmes scolaires, des conflits familiaux, des troubles fonctionnels, etc. La prise en
charge par le CTJA est demandée lorsque les troubles de ladolescent justifient un
encadrement spécialisé en institution.
Les patients sont toujours adressés sur indication médicale. Elle
peut provenir des médecins traitants, des hôpitaux, du SUPEA, de lUHPA, du SMP, de
la Policlinique de Pédopsychiatrie (PPP) ou du SUPEA. Dans le secteur centre, si
ladolescent suicidant est pris en charge par le CHUV pour les soins somatiques, il
peut être adressé au CTJA par le service de Pédopsychiatrie de liaison ou la DAMPS, qui
aura effectué une consultation à lhôpital.
3.3 La prise en charge
Les procédures dadmission des adolescents ayant fait une
tentative de suicide ne diffèrent pas des autres demandes de prise en charge. Voici la
procédure dadmission pour le CTJA.
Procédure dadmission
1. Une demande est faite après indication médicale.
2. Létude de la demande est faite en colloque, léquipe
prend la décision daccepter ou de ne pas accepter la demande en fonction des places
disponibles et de la situation.
3. Un premier entretien a lieu avec un médecin.
4. Un deuxième entretien a lieu avec le médecin, le ou la
référent(e) et un autre collaborateur par exemple : éducateur, infirmier ou
ergothérapeute. Lors de cet entretien, il est décidé si oui ou non ladolescent
viendra quinze jours à lessai.
5. Durant ce temps dessai, le jeune peut découvrir le centre, et
léquipe peut faire une
évaluation de son état psychique, de ses capacités évolutives, de
son mode de
fonctionnement et des possibilités de mobiliser la famille.
Les moyens de prise en charge
Les moyens utilisés pour le suivi des adolescents sont résumés en
huit points :
1. Des entretiens individuels et familiaux en présence du médecin et
du référent.
Pendant ces moments-là, des projets de soins sont établis avec le
patient et ses proches si cela est possible. Ce projet est individuel et propre à chaque
patient. Il permet délaborer un programme pour ladolescent comprenant une
psychothérapie et différentes activités du centre.
2. Une psychothérapie individuelle dinspiration psychanalytique
prise en charge par les
médecins et les psychologues.
3. Un support médicamenteux peut être offert pour diminuer certains
symptômes
de la psychopathologie.
4. Des réunions collectives entre les adolescents et les soignants
permettent dapprofondir des questions liées à la vie de groupe. Ces réunions ont
lieu une fois par semaine.
5. Des psychodrames de groupe ont lieu une fois par semaine. Ils sont
utilisés par les
thérapeutes pour permettre aux patients de faire un lien entre les
difficultés ressenties dans
les scènes jouées et les difficultés quils rencontrent dans
leur vie.
6. Des ateliers proposant des activités manuelles ou socioculturelles.
Ces activités ont pour but de structurer les journées, de motiver les adolescents à
sinvestir et à découvrir une activité dans le but dune réadaptation
sociale.
7. Une évaluation pédagogique et scolaire faite par lenseignant
de lunité en coordination avec les référents de ladolescent. Le but de
cette évaluation est de favoriser une intégration scolaire ou professionnelle dans les
meilleures conditions possibles.
8. Un bilan socio-familial fait par lassistant social permet
dévaluer les ressources de
lentourage et de la famille.
La durée moyenne dun traitement est dune année. Elle
dépend de la sévérité de la pathologie. A la suite de son séjour au CTJA,
ladolescent peut être suivi par un des thérapeutes du CTJA, par son médecin
traitant ou un autre thérapeute, selon son libre choix.
Lapproche théorique
Le CTJA prend en charge les patients selon le modèle théorique
psychodynamique. Mais une collaboration est aussi recherchée avec les familles et une
intervenante extérieure au CTJA, dont le référentiel théorique est le modèle
systémique.
Le réseau de collaboration du CTJA
Les relations du centre avec lextérieur sont nombreuses :
le CTJA travaille avec le service de Pédopsychiatrie de liaison, la DAMPS, le SUPEA, les
hôpitaux, et le secteur privé des professions médicales et sociales. En outre, il
collabore avec le SPJ, lUnité Multidisciplinaire de Santé des Adolescents (UMSA),
lAction Educative en Milieu Ouvert (AEMO), les institutions spécialisées
accueillant des adolescents, les écoles, les gymnases, le Service dEnseignement
Spécialisé (SES), le tribunal des mineurs, les personnes faisant partie de
lentourage du patient, les sociétés sportives, musicales et artistiques, etc.
En ce qui concerne les adolescents suicidants pris en charge dans des
foyers, une collaboration est recherchée entre le milieu socio-éducatif et le CTJA pour
lélaboration dun projet de soins commun. Le CTJA a besoin des foyers pour
certaines situations et les foyers sollicitent le CTJA pour des prises en charge.
4. Unité
dHospitalisation Psychiatrique pour
Adolescents (UHPA) à Lausanne
4.1 Le cadre institutionnel
LUHPA est une structure de soins de pédopsychiatrie à temps
complet pour les adolescents en état de crise. Elle est située dans le bâtiment
hospitalier du CHUV. Cette unité récente date de 1997. LUHPA est un centre public
dépendant des Hospices cantonaux, eux-mêmes dirigés par le DSAS.
Le service est ouvert 24h/24h, toute lannée. Cependant, pour des
raisons de sécurité, le libre accès des adolescents à lextérieur peut être
autorisé ou interdit par léquipe pluridisciplinaire.
Buts du service
Une des missions du service est doffrir des soins de
pédopsychiatrie au travers de traitement et délaboration dun projet
individuel avec ladolescent et si possible sa famille. La prise en charge permet
entre autre de contenir ladolescent de dégager des hypothèses psycho-dynamiques et
dévaluer le contexte familial, psychosocial et scolaire. Lunité a aussi pour
but de former des professionnels, tels que médecins, infirmiers, éducateurs, etc.
Financement
Lunité est entièrement financée par lEtat de Vaud et la
Confédération. Les factures pour les prestations au client sont envoyées à la caisse
maladie.
Léquipe pluridisciplinaire
Léquipe pluridisciplinaire est composée de quatorze
collaborateurs à temps partiel ou complet : un chef de clinique, un médecin
associé, un médecin assistant, une psychologue, cinq infirmiers, un assistant social, un
éducateur, un enseignant spécialisé, une ergothérapeute et une secrétaire, dont la
plupart travaille à temps partiel.
Fonctionnement du service
Le fonctionnement du service comprend les colloques entre
collaborateurs, le travail en réseau, lencadrement des personnes en formation, les
supervisions, les moyens dévaluation et le règlement de base pour les patients.
Léquipe des collaborateurs se retrouve une fois par semaine pour
un colloque. Cette rencontre pluridisciplinaire fait partie du système de communication.
Elle permet tout dabord des discussions dordre administrative, la
présentation des nouvelles situations ou demandes en cours et le choix des admissions. En
plus, le colloque est utilisé pour transmettre les informations au reste de
léquipe des événements marquants concernant un adolescent, et les comptes rendus
des différents entretiens individuels ou en famille. Si nécessaire, les collaborateurs
ont à disposition, un espace de réflexions cliniques à partir dune situation
dun adolescent et un espace de réflexions théoriques. Les synthèses (bilan des
patients) peuvent être aussi organisées au sein des colloques. Par ailleurs, les
informations circulent aussi au travers de documents écrits ou oralement de manière
formelle ou informelle.
LUHPA travaille en réseau afin de regrouper des professionnels
pour débattre un thème précis rencontré dans leur pratique professionnelle et pour
regrouper des personnes en liaison autour dun patient.
Lencadrement des personnes en formation se fait au travers
dentretiens avec un référent de léquipe du même corps de métier, de
séminaires, de vidéos, de psychodrames individuels et de supervisions.
- Les supervisions déquipe
LUHPA fixe doffice une supervision pour léquipe
pluridisciplinaire tous les quinze jours.
- Les moyens dévaluation du travail
Les moyens pour évaluer et mesurer le travail des collaborateurs sont
les supervisions et les fiches dévaluation. Lors des supervisions, les thérapeutes
peuvent analyser, avec laide dune personne extérieure, la prise en charge
thérapeutique. Cet éclairage permet de réajuster éventuellement la prise en charge.
Les fiches dévaluation permettent de suivre lévolution du patient.
- Règlement de base à lUHPA
Lunité est un lieu de vie où les patients vivent, mangent,
jouent, dorment et suivent des activités ; cest pourquoi ils sont soumis à un
règlement de base pour le bon fonctionnement du service.
1. Les sorties et visites sont accordées en fonction de la situation
individuelle de chacun.
2. Les adolescents ne quittent pas lUHPA sans lautorisation
des soignants. Ils indiquent lheure de retour.
3. Lintroduction et la consommation de drogue, dalcool ou
de médicament est strictement interdite dans lunité (les traitements
médicamenteux sont décidés exclusivement par les médecins de lUHPA).
4. La violence physique nest pas tolérée.
5. La possession dobjets dangereux est interdite (les soignants
se réservent le droit de juger quels objets sont dangereux et pour qui).
6. Les relations sexuelles sont interdites.
7. Léquipe soignante se réserve en tout temps le droit de
prendre des mesures quelle juge nécessaires à la sécurité dun adolescent
et/ou au bon fonctionnement (fouilles, tests sanguins ou urinaires, confiscation
dobjets, autorisation de sortie ou de week-end).
Lunité a planifié un horaire dheures de visite : du
lundi au vendredi deux fois une heure par jour, le samedi pendant huit heures et le
dimanche pendant six heures. Les heures peuvent être modifiées selon prescription du
médecin.
4.2 Les patients
LUHPA accueille des adolescents de 13 à 18 ans. La clientèle
est composée dun plus grand nombre de filles que de garçons ; environ deux
tiers de filles pour un tiers de garçons. Comme lunité a ouvert ses portes
lannée précédente, nous ne pouvons pas donner le nombre dadolescents suivis
par année. Toutefois, de juin à décembre 1997, le nombre de patients sélève à
35 adolescents, correspondant à 43 séjours. Lunité dispose de sept lits, de ce
fait un maximum de sept adolescents peuvent être accueillis chaque jour.
Les patients accueillis sont des adolescents en état de crise
souffrant de syndromes psychiatriques aigus et de divers problèmes psychologiques. Les
syndromes psychiatriques aigus survenant à ladolescence sont des troubles graves de
lhumeur, des épisodes dépressifs majeurs, des bouffées délirantes, des
décompensations psychotiques, des tentatives de suicide, des anorexies mentales, des
états limites, des décompensations névrotiques sévères, etc. Les troubles
psychologiques sont des troubles du comportement, des problèmes scolaires, des conflits
familiaux, des troubles fonctionnels, etc.
La prise en charge par lUHPA est demandée lorsque les
adolescents sont en état de crise et nécessitent une hospitalisation.
Les patients sont toujours adressés sur indication médicale. Elle
peut provenir des médecins traitants, des hôpitaux, du SUPEA, du SMP, de la PPP ou du
SPEA. Dans le secteur centre, si ladolescent suicidant est pris en charge par le
CHUV pour les soins somatiques, il peut être adressé à lUHPA par le service de
Pédopsychiatrie de liaison ou la DAMPS, qui aura effectué une consultation à
lhôpital.
4.3 La prise en charge
Les procédures dadmission des adolescents ayant fait une
tentative de suicide ne diffèrent pas des autres demandes de prise en charge. Voici la
procédure dadmission pour le CTJA.
Procédure dadmission
1. Une demande est faite après indication médicale.
2. Si la demande est urgente, en fonction des places disponibles, le
médecin peut prendre seul
la décision daccepter ou de ne pas accepter la demande. En
général, les demandes dadmission sont présentées en colloque et léquipe
prend la décision daccepter ou de refuser la demande.
3. Un entretien est organisé entre le médecin et les demandeurs.
4. Accueil du jeune au centre. Dès son arrivée, un médecin et un
soignant seront ses référents.
Les moyens de prise en charge
Les moyens utilisés pour le suivi des adolescents sont résumés en
neuf points :
1. Des entretiens individuels et familiaux en présence généralement
du médecin psychiatre et
du référent. Pendant ces moments-là, des projets de soins sont
établis avec le patient et ses
proches si cela est possible. Ce projet est individuel et propre à
chaque patient. Il permet
délaborer un programme pour ladolescent comprenant une
psychothérapie, différentes
activités, un planning des éventuelles visites, sorties, week-ends à
lintérieur ou à
lextérieur de lUHPA, autorisations de téléphone, etc.
2. Une psychothérapie individuelle dinspiration psychanalytique
donnée par les médecins
et les psychologues.
- Un support médicamenteux peut être offert pour diminuer certains symptômes
de la psychopathologie.
4. Des réunions collectives entre les adolescents et les soignants
permettent dapprofondir des questions liées à la vie de groupe. Ces réunions ont
lieu deux fois par semaine.
5. Des ateliers encadrés par léquipe soignante et
lergothérapeute à travers des activités de médiations diverses, telles que des
activités créatrices, atelier de contes, théâtre, sports,
sorties.
6. Une évaluation pédagogique et scolaire faite par lenseignant
de lunité en coordination avec les référents de ladolescent. Le but de
cette évaluation est de favoriser une intégration scolaire ou professionnelle dans les
meilleures conditions possibles.
7. Un bilan socio-familial fait par lassistant social, concernant
des activités à lextérieur avec dautres adolescents ou son lieu de vie hors
de lunité. Ce bilan permet aussi dévaluer les
ressources de lentourage et de la famille.
8. Des activités sportives à lextérieur de lUHPA sont
exigées au moins une fois par semaine.
9. Des activités de jeux ou de loisirs sont mises en place en accord
avec léquipe soignante.
La durée moyenne dun traitement varie de deux semaines à six
mois. Elle dépend de la sévérité de la pathologie. A la suite de
lhospitalisation, ladolescent peut être suivi par un des médecins de
lUHPA, par son médecin traitant ou par un autre thérapeute, selon son libre choix.
Lassistant social organise son retour à domicile ;
cependant si ladolescent ne peut pas retourner vivre chez lui pour des raisons
familiales, lassistant social met en place une procédure dadmission dans un
foyer pour adolescents. Tout placement est organisé avec le SPJ.
Lapproche théorique
LUHPA prend en charge les patients selon le modèle théorique
psychodynamique. Mais une collaboration est aussi recherchée avec les familles et une
intervenante extérieure au CTJA, dont le référentiel théorique est le modèle
systémique.
Le réseau de collaboration de lUHPA
Les relations de lunité avec lextérieur sont nombreuses,
lUHPA collabore avec le service de Pédopsychiatrie de liaison, la DAMPS, le SUPEA,
les hôpitaux, le secteur privé des professions médicales et sociales, le SPJ,
lUMSA, lAEMO, les institutions spécialisées accueillant des adolescents, les
écoles, les gymnases, le SES, le tribunal des mineurs, les personnes faisant partie de
lentourage du patient, les sociétés sportives, musicales et artistiques, etc.
En ce qui concerne les adolescents suicidants pris en charge dans des
foyers, une collaboration est recherchée entre le milieu socio-éducatif et lUHPA
pour lélaboration dun projet de soins commun. LUHPA a besoin des foyers
pour certaines situations et les foyers sollicitent lUHPA pour des hospitalisations.
5. Service
Médico-Pédagogique (SMP) à Yverdon
5.1 Le cadre institutionnel
Le SMP est un centre public situé au coeur dYverdon. Il est le
service de pédopsychiatrie de la partie Nord du canton de Vaud. Le secteur
dactivité du SMP recouvre 48% du canton de Vaud cest pourquoi les antennes de
Payerne, Orbe, St-Croix et le Sentier à la Vallée de Joux se sont créées afin de mieux
desservir la population. Toutes les demandes de consultation ou de traitement pour le Nord
vaudois sont centralisées à Yverdon, car les différentes antennes dépendantes du SMP
nont pas de secrétaire, mais sont uniquement des lieux de consultations. De ce
fait, je décris principalement le service dYverdon. Le SMP est un centre public
dépendant des Hospices cantonaux, eux-mêmes dirigés par le DSAS.
Le SMP est ouvert du lundi au vendredi aux heures de bureau. Le service
de garde médicale de la région assure les urgences lors dappel en dehors des
heures douverture du service.
Buts du service
Une des missions du service est doffrir des soins de
pédopsychiatrie au travers de consultations : dinvestigation pour les parents
et les enfants confrontés à des difficultés psychologiques chez lenfant, de
guidance (conseil) pour les parents, et en pédiatrie aux hôpitaux de la région sur
demande du médecin de lhôpital. En outre, le service fait des bilans
psychologiques, offre des traitements logopédiques et différentes formes de prises en
charge thérapeutiques.
Les consultations permettent de dégager des hypothèses
psychodynamiques et dévaluer le contexte familial, psychosocial et scolaire, afin
de mettre en place une prise en charge thérapeutique individuelle et/ou familiale. Le
service a aussi pour but de former des professionnels, tels que médecins, chefs de
clinique et psychologues.
Financement
Lunité est entièrement financée par lEtat de Vaud et la
Confédération. Les factures pour les prestations au client sont envoyées à la caisse
maladie ou lAI, qui les prend en charge. Une participation de 10%, plus
éventuellement la franchise sont facturées par la caisse aux parents. LAI prend en
charge les psychothérapies des personnes dont les séquelles gêneraient
considérablement ou rendraient impossibles la formation ultérieure et lexercice
dune activité lucrative. En outre, pour bénéficier de cette aide financière, un
traitement spécialisé intensif a dû être appliqué pendant une année, sans apporter
damélioration suffisante.
Lorsque les adolescents demandeurs dune prise en charge refusent
davertir leurs parents de leur démarche, des modalités de facturation sont
négociées avec ladolescent en attendant une modification de la situation.
Léquipe pluridisciplinaire
Léquipe pluridisciplinaire est composée de vingt collaborateurs
à temps partiel ou complet pour tout le secteur Nord: deux chefs de clinique,
quatre médecins assistants, un médecin adjoint, cinq psychologues, quatre psychologues
assistants, une logopédiste et trois secrétaires.
Fonctionnement du service
Le fonctionnement du service comprend les colloques entre
collaborateurs, le travail en réseau, lencadrement des personnes en formation et
les moyens dévaluation du travail.
Léquipe des collaborateurs se retrouve une fois par semaine pour
un colloque. Cette rencontre pluridisciplinaire fait partie du système de communication.
Elle permet tout dabord des discussions dordre administrative, la répartition
des demandes de consultation, un espace de réflexions cliniques à partir dune
situation dun adolescent et un espace de réflexions théoriques. Les synthèses
peuvent être aussi organisées au sein des colloques. Elles nont pas lieu
systématiquement pour chaque patient. Par ailleurs, les informations circulent oralement
de manière formelle.
Le SMP travaille en réseau afin de regrouper des professionnels pour
débattre un thème précis rencontré dans leur pratique professionnelle et pour
regrouper des personnes en liaison autour dun patient.
Lencadrement des personnes en formation se fait au travers de
séminaires et dentretiens avec un supérieur hiérarchique. En outre, les
collaborateurs en formation suivent une heure de supervision par semaine à
lextérieur et une à deux heures dencadrement avec une personne
hiérarchiquement supérieure, à lintérieur du service.
- Les moyens dévaluation du travail
Les moyens pour évaluer et mesurer le travail des collaborateurs sont
les supervisions individuelles. Lors des supervisions, les thérapeutes peuvent analyser,
avec laide dune personne extérieure, la prise en charge thérapeutique. Cet
éclairage permet de réajuster éventuellement la prise en charge.
5.2 Les patients
Le SMP accueille des enfants et des adolescents de 0 à 18 ans. Environ
1000 patients sont suivis chaque année, dont 500 sont des nouvelles prises en charge. Les
adolescents représentent environ le 25% des patients, cest-à-dire
approximativement 250 personnes par année. La clientèle est composée dun plus
grand nombre de garçons et ceci jusquà la pré-adolescence. Par contre, dès
ladolescence, les tendances se renversent : plus de femmes que dhommes
sont suivis.
Les patients accueillis sont des enfants et des adolescents souffrant
de problèmes psychologiques et/ou de syndromes psychiatriques aigus. Les problèmes
psychologiques sont des troubles psychiques, des troubles du comportement, des problèmes
scolaires, des conflits familiaux, des troubles fonctionnels, etc. Les syndromes
psychiatriques aigus survenant à ladolescence sont des troubles graves de
lhumeur, des épisodes dépressifs majeurs, des bouffées délirantes, des
décompensations psychotiques, des tentatives de suicide, des anorexies mentales, des
états limites, des décompensations névrotiques sévères, etc. Si ladolescent
souffrant de syndromes psychiatriques aigus a une demande daide suffisante, et que
lencadrement familial est stable et soutenant, le SMP peut prendre en charge
ladolescent. Toutefois, si ces conditions ne sont pas remplies, ladolescent
sera hospitalisé à lUHPA.
Les patients sont adressés au SMP par les médecins traitants, les
hôpitaux, les parents, les adolescents eux-mêmes, les psychologues, le SPJ, les
pédiatres, les enseignants, etc.
Lorsque les adolescents demandeurs dune prise en charge refusent
davertir leurs parents de leur démarche, le service entre en matière également
pour ces situations. Lun des objectifs de la prise en charge sera daider
ladolescent à informer ses parents, afin de les intégrer au processus
thérapeutique. Laccès aux soins reste prioritaire pour le service.
5.3 La prise en charge
Tout dabord, je décris la procédure dadmission habituelle
et dans un deuxième temps, je spécifie la procédure dadmission et les diverses
prises en charge dadolescents suicidants. La présentation de ces diverses prises en
charge débute à partir des soins somatiques administrés aux urgences de
lhôpital.
Procédure dadmission habituelle
1. La demande est enregistrée au secrétariat par téléphone ou
visite du demandeur.
2. Lors dun colloque, un thérapeute est nommé en fonction des
spécificités de la demande et du lieu dhabitation du futur patient. Car si ce
dernier est dans le secteur de Payerne, Orbe,
St-Croix ou de la Vallée de Joux, la demande est transmise à
lantenne régionale.
3. Le thérapeute désigné contacte le patient et/ou ses parents.
4. Une démarche de prise en charge thérapeutique est proposée au
demandeur.
Lorsquune situation urgente ne peut attendre le jour du colloque,
lappel est transmis par le secrétariat au thérapeute de garde qui fixe le premier
rendez-vous.
Procédure dadmission et diverses prises en charge dun adolescent suicidant
Lors dune tentative de suicide, lhôpital de soins
généraux, qui a soigné ladolescent sur le plan somatique appelle généralement
le SMP pour consulter le patient avant sa sortie. Dans les 24 heures qui suivent, une
personne du SMP (chef de clinique, médecin ou psychologue) se déplace et fait une
évaluation de la situation. Dans ces cas-là, le déroulement de ladmission
diffère de la procédure habituelle ; cest le thérapeute sur place qui
évalue avec le patient, et si possible ses parents, les mesures de prise en charge
adaptées. Il apprécie si le désir de mort est présent ou si la situation sest
momentanément calmée. Ensuite, le médecin de lhôpital tient compte de
lavis du consultant du SMP pour mettre en place la suite de la prise en charge de
ladolescent. Les prises en charge diffèrent dun adolescent à
lautre ; elles dépendent aussi des risques suicidaires des adolescents, de
leur contexte social et des facteurs déclenchant la tentative de suicide. Par exemple, si
ladolescent refuse un accompagnement thérapeutique et présente des risques de
récidive, lhôpital se doit dorganiser une hospitalisation en milieu
psychiatrique contre son gré. En définitive, les possibilités de prise en charge de ces
adolescents sont nombreuses, nous pouvons cependant les regrouper en trois
catégories : suivi des adolescents vivant au domicile, hospitalisés, ou placés
dans un foyer.
Le retour à domicile est accordé lorsque le contexte familial
nest pas pathogène, que ladolescent ne présente pas de signe de récidive et
de psychopathologie sévère. Si un de ces critères nest pas rempli,
ladolescent peut être placé dans un foyer. Toutefois, une hospitalisation est
possible pour les adolescents à risque de récidive et souffrant dune
psychopathologie sévère.
Voici en dix points les diverses prises en charge possibles dun
adolescent ayant fait une tentative de suicide (cf. tableau 4, p. 30):
- Retour au domicile avec un suivi par une des antennes du SMP.
- Retour au domicile avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Retour au domicile et prise en charge journalière par le CTJA.
- Retour au domicile sans suivi thérapeutique.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par une des antennes du SMP.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Prise en charge dans un foyer et suivi journalier par le CTJA.
- Prise en charge dans un foyer sans suivi thérapeutique.
- Hospitalisation à lUHPA.
- Hospitalisation à lhôpital psychiatrique de Bellevue lorsquil ny a
plus de place disponible à lUHPA.
Les moyens de prise en charge
Les moyens professionnels utilisés, pour le suivi des adolescents,
sont une psychothérapie individuelle, les entretiens de famille organisés par les
médecins ou les psychologues prenant en charge ladolescent, et le support
médicamenteux.
Les thérapeutes tentent, au travers dune psychothérapie,
déclaircir avec ladolescent les circonstances de sa vie qui lont amené
au passage à lacte. Ces réflexions doivent permettre à ladolescent de
trouver des moyens autres que le suicide pour apaiser sa souffrance.
Les entretiens de famille sont très importants, car la tentative de
suicide ébranle, touche lentourage et provoque souvent une mobilisation de
celui-ci. La famille peut réagir soit par un recouvrement du problème en niant la
gravité de lacte, soit par un mouvement de rejet envers ladolescent, ou par
une prise de conscience du problème et un désir de tout mettre en place, tel quun
traitement en famille pour trouver des solutions. Quant au support médicamenteux, il peut
être offert pour diminuer certains symptômes de la psychopathologie.
La durée moyenne dun traitement varie de quelques consultations
à une psychothérapie pendant plusieurs années. Certains adolescents abandonnent le
traitement après quelques consultations, dautres profitent des soins donnés
pendant plusieurs années. La durée du traitement dépend de la sévérité de la
pathologie.
Tableau 4: Possibilités de prises en charge dun adolescent
suicidant
dans le secteur Nord
Lapproche théorique
Le SMP prend en charge les patients selon le modèle théorique
psychodynamique. Une collaboration est aussi recherchée avec les familles dans la prise
en charge des adolescents. Des collaborateurs, ayant suivi des cours systémiques, offrent
à léquipe leur regard sur les situations.
Le réseau de collaboration du SMP
Les relations du SMP avec lextérieur sont nombreuses : le
service collabore avec les hôpitaux, le secteur privé des professions médicales et
sociales, le SPJ, lAEMO, les institutions spécialisées accueillant des
enfants et des adolescents, les écoles, les gymnases, le SES, le tribunal des mineurs,
les personnes faisant partie de lentourage du patient, le Service Educatif
Itinérant (SEI), les infirmières de santé publique, etc.
En ce qui concerne les adolescents suicidants pris en charge dans des
foyers, une collaboration est recherchée entre le milieu socio-éducatif et le SMP pour
lélaboration dun projet de soins commun. Le SMP a besoin des foyers pour
certaines situations et les foyers sollicitent le SMP pour des consultations.
6. Service de
psychiatrie et psychothérapie denfants et dadolescents à Vevey
6.1 Le cadre institutionnel
Le service de psychiatrie et psychothérapie denfants et
dadolescents fait partie de la fondation de Nant à Corsier sur Vevey, qui constitue
le secteur psychiatrique de lEst vaudois. Ce secteur est donc privé, mais sa
mission est publique. Cest pour des raisons historiques quil fait partie
dune fondation privée. En effet, en 1968 la fondation de Nant devient, par
convention signée avec lEtat, lhôpital psychiatrique de lEst vaudois.
Plus tard, en 1985, elle reçoit la mission dorganiser la psychiatrie publique du
secteur Est du canton de Vaud. Afin daméliorer laccessibilité du service aux
patients, celui-ci dispose de trois lieux de consultations ambulatoires : à Vevey,
Montreux et Aigle. Les trois lieux de consultations sont sous la responsabilité du
médecin chef de Vevey et fonctionnent de la même manière, cest pourquoi je
décris uniquement le service de Vevey.
Le service se compose de deux structures : La PPP et le Centre
psychothérapeutique de Jour pour Enfants (CPDJ). La PPP offre une prise en charge
ambulatoire, par contre le CPDJ est un hôpital de jour pour enfants. De ce fait, dans la
présentation de ce service, je développe uniquement la première structure,
cest-à-dire la PPP car le CPDJ prend en charge uniquement des enfants et cette
population nest pas prise en compte dans cette recherche.
La PPP est ouverte du lundi au vendredi aux heures de bureau. Le
service de garde médicale de la région assure les urgences lors dappel en dehors
des heures douverture du service.
Buts du service
Une des missions du service est doffrir des soins de
pédopsychiatrie au travers de consultations : dinvestigation pour les parents
et les enfants confrontés à des difficultés psychologiques chez lenfant, de
guidance (conseil) pour les parents, pendant la grossesse, et en pédiatrie aux hôpitaux
de la région sur demande du médecin de lhôpital. En outre, le service fait des
bilans psychologiques et différentes formes de prises en charge thérapeutiques.
Les consultations permettent de dégager des hypothèses
psychodynamiques et dévaluer le contexte familial, psychosocial et scolaire, afin
de mettre en place une prise en charge thérapeutique individuelle et/ou familiale. Le
service a aussi pour but de former des professionnels tels que médecins, chefs de
clinique et psychologues.
Financement
Lunité est entièrement financée par lEtat de Vaud et la
Confédération. Les factures pour les prestations au client sont envoyées à la caisse
maladie ou lAI, qui les prend en charge. Une participation de 10%, plus
éventuellement la franchise sont facturées par la caisse aux parents. LAI prend en
charge les psychothérapies des personnes dont les séquelles gêneraient
considérablement ou rendraient impossibles la formation ultérieure et lexercice
dune activité lucrative. En outre, pour bénéficier de cette aide financière, un
traitement spécialisé intensif a dû être appliqué pendant une année, sans apporter
damélioration suffisante.
Lorsque les adolescents demandeurs dune prise en charge refusent
davertir leurs parents de leur démarche, des modalités de facturation sont
négociées avec ladolescent en attendant une modification de la situation.
Léquipe pluridisciplinaire
Léquipe pluridisciplinaire est composée de huit collaborateurs
à temps partiel ou complet : un chef de clinique, un médecin chef, un médecin
assistant, une psychologue, deux psychologues assistants, une psychologue stagiaire et une
secrétaire.
Fonctionnement du service
Le fonctionnement du service comprend les colloques entre
collaborateurs, le travail en réseau, les supervisions, lencadrement des personnes
en formation et les moyens dévaluation du travail.
Léquipe des collaborateurs se retrouve une fois par semaine pour
un colloque. Cette rencontre pluridisciplinaire fait partie du système de communication.
Elle permet tout dabord des discussions dordre administrative, la répartition
des demandes de consultation, un espace de réflexions cliniques à partir dune
situation dun adolescent et un espace de réflexions théoriques. Les synthèses
peuvent être aussi organisées au sein des colloques. Par ailleurs les informations
circulent aussi au travers de documents écrits ou oralement de manière formelle.
La PPP travaille en réseau afin de regrouper des professionnels pour
débattre un thème précis rencontré dans leur pratique professionnelle et pour
regrouper des personnes en liaison autour dun patient.
Lencadrement des personnes en formation se fait au travers de
séminaires, de vidéos, de psychodrames individuels, de supervisions et dentretiens
avec un supérieur hiérarchique.
- Les supervisions déquipe
Des supervisions ont lieu selon les besoins de léquipe.
- Les moyens dévaluation du travail
Les moyens pour évaluer et mesurer le travail des collaborateurs sont
les supervisions et les fiches dévaluation des prises en charge. Lors des
supervisions, les thérapeutes peuvent analyser, avec laide dune personne
extérieure, la prise en charge thérapeutique. Cet éclairage permet de réajuster
éventuellement la prise en charge.
6.2 Les patients
La PPP accueille des enfants et des adolescents de 0 à 18 ans. Environ
560 personnes sont suivies par année. Les adolescents en représentent environ le 16%,
cest-à-dire approximativement 90 personnes par année. La clientèle est composée
dun plus grand nombre de garçons et ceci jusquà la pré-adolescence. Par
contre, dès ladolescence les tendances se renversent, plus de femmes que
dhommes sont suivis.
Les patients accueillis sont des enfants et des adolescents souffrant
de problèmes psychologiques et/ou de syndromes psychiatriques aigus. Les problèmes
psychologiques sont des troubles psychiques, des troubles du comportement, des problèmes
scolaires, des conflits familiaux, des troubles fonctionnels, etc. Les syndromes
psychiatriques aigus survenant à ladolescence sont des troubles graves de
lhumeur, des épisodes dépressifs majeurs, des bouffées délirantes, des
décompensations psychotiques, des tentatives de suicide, des anorexies mentales, des
états limites, des décompensations névrotiques sévères, etc. Si ladolescent
souffrant de syndromes psychiatriques aigus a une demande daide suffisante, et que
lencadrement familial est stable et soutenant, le SMP peut prendre en charge
ladolescent. Toutefois, si ces conditions ne sont pas remplies, ladolescent
sera hospitalisé à lUHPA.
Les patients sont adressés à la policlinique par les médecins
traitants, les hôpitaux, les parents, les adolescents eux-mêmes, les psychologues, le
SPJ, les pédiatres, les enseignants, etc.
Lorsque certains adolescents demandent de laide mais ne désirent
pas informer leurs parents de cette démarche, le service entre en matière également
pour ces situations. Lun des objectifs de la prise en charge sera daider
ladolescent à mettre ses parents au courant, afin de les intégrer au processus
thérapeutique. Laccès aux soins reste prioritaire pour le service.
6.3 La prise en charge
Tout dabord, je décris la procédure dadmission habituelle
et dans un deuxième temps, je spécifie la procédure dadmission et les diverses
prises en charge dadolescents suicidants. La présentation de ces diverses prises en
charge débute à partir des soins somatiques administrés aux urgences de
lhôpital.
Procédure dadmission habituelle
1. La demande est enregistrée au secrétariat par téléphone ou
visite du demandeur.
2. Lors dun colloque, un thérapeute est nommé en fonction des
spécificités de la demande.
3. Le thérapeute désigné contacte le patient et/ou ses parents.
4. Une démarche de prise en charge thérapeutique est proposée au
demandeur.
Lorsquune situation urgente ne peut attendre le jour du colloque,
le chef de clinique soccupe de trouver dans les huit heures qui suivent un
thérapeute disponible.
Procédure dadmission et diverses prises en charge dun adolescent suicidant
Lors dune tentative de suicide, lhôpital de soins
généraux qui a soigné ladolescent sur le plan somatique appelle généralement la
PPP pour consulter le patient avant sa sortie. Dans les 12 heures qui suivent, une
personne de la PPP (chef de clinique, médecins ou psychologues) se déplace et fait une
évaluation de la situation. Dans ces cas-là, le déroulement de ladmission
diffère de la procédure habituelle ; cest le thérapeute sur place qui
évalue avec le patient, et si possible ses parents, les mesures de prise en charge
adaptées. Il apprécie si le désir de mort est présent ou si la situation sest
momentanément calmée. Ensuite, le médecin de lhôpital tient compte de
lavis du consultant de la PPP pour mettre en place la suite de la prise en charge de
ladolescent. Les prises en charge diffèrent dun adolescent à
lautre ; elles dépendent aussi des risques suicidaires des adolescents, de
leur contexte social et des facteurs déclenchants la tentative de suicide. Par exemple,
si ladolescent refuse un accompagnement thérapeutique et présente des risques de
récidive, lhôpital se doit dorganiser une hospitalisation en milieu
psychiatrique contre son gré. En définitive, les possibilités de prises en charge de
ces adolescents sont nombreuses, nous pouvons cependant les regrouper en trois
catégories : suivi des adolescents vivant au domicile, hospitalisés ou placés dans
un foyer.
Le retour à domicile est accordé lorsque le contexte familial
nest pas pathogène, que ladolescent ne présente pas de signe de récidive et
de psychopathologie sévère. Si un de ces critères nest pas rempli,
ladolescent peut être placé dans un foyer. Toutefois, une hospitalisation est
possible pour les adolescents à risque de récidive et dotés dune psychopathologie
sévère.
Voici en dix points les diverses prises en charge possibles dun
adolescent ayant fait une tentative de suicide (cf. tableau 5, p. 37) :
- Retour au domicile avec un suivi par la PPP.
- Retour au domicile avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Retour au domicile et prise en charge journalière par le CTJA.
- Retour au domicile sans suivi thérapeutique.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par la PPP.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Prise en charge dans un foyer et suivi journalier par le CTJA.
- Prise en charge dans un foyer sans suivi thérapeutique.
- Proposition dune prise en charge au CTJA.
- Hospitalisation à lUHPA.
- Hospitalisation à lhôpital psychiatrique de Nant lorsquil ny a plus
de place disponible à lUHPA.
Les moyens de prise en charge
Les outils utilisés pour le suivi des adolescents sont une
psychothérapie individuelle, les entretiens de famille, les psychodrames psychanalytiques
individuels et/ou de groupe et le support médicamenteux.
Les médecins ou psychologues tentent, au travers dune
psychothérapie, déclaircir avec ladolescent les circonstances de sa vie qui
lont amené au passage à lacte. Ces réflexions doivent permettre à
ladolescent de trouver des moyens autres que le suicide pour apaiser sa souffrance.
Les psychodrames sont des moyens utilisés par les thérapeutes pour permettre aux
patients de faire un lien entre les difficultés ressenties dans les scènes jouées et
les difficultés quils rencontrent dans leur vie.
Les entretiens de famille sont très importants, car la tentative de
suicide ébranle, touche lentourage et provoque souvent une mobilisation de
celui-ci. La famille peut réagir soit par un recouvrement du problème en niant la
gravité de lacte, soit par un mouvement de rejet envers ladolescent, ou par
une prise de conscience du problème et un désir de tout mettre en place, tel quun
traitement en famille pour trouver des solutions. Quant au support médicamenteux, il peut
être offert pour diminuer certains symptômes de la psychopathologie.
La durée moyenne dun traitement varie de quelques consultations
à une psychothérapie pendant plusieurs années. Certains adolescents abandonnent le
traitement après quelques consultations et dautres profitent des soins donnés
pendant plusieurs années. La durée du traitement dépend de la sévérité de la
pathologie.
Tableau 5: Possibilités de prises en charge dun adolescent
suicidant
dans le secteur Est
Lapproche théorique
La PPP prend en charge les patients selon le modèle théorique
psychodynamique.
Le réseau de collaboration de la PPP
Les relations de la PPP avec lextérieur sont nombreuses :
la policlinique collabore avec les hôpitaux, le secteur privé des professions médicales
et sociales, le SPJ, lAEMO, les institutions spécialisées accueillant des
enfants et des adolescents, les écoles, les gymnases, le SES, le tribunal des mineurs,
les personnes faisant partie de lentourage du patient, le SEI, les infirmières de
santé publique, etc.
En ce qui concerne les adolescents suicidants pris en charge dans des
foyers, une collaboration est recherchée entre le milieu socio-éducatif et la PPP pour
lélaboration dun projet de soins commun. La PPP a besoin des foyers pour
certaines situations et les foyers sollicitent la PPP pour des consultations
7. Service
de Psychiatrie de lEnfant et de lAdolescent
(SPEA) à Nyon et Morges
7.1 Le cadre institutionnel
Le SPEA est un service public couvrant deux sous-secteurs, Nyon et
Morges. Il est le service de pédopsychiatrie de la partie Ouest du canton de Vaud. Les
bureaux de la direction du service sont à Nyon. Afin de mieux desservir la population, le
SPEA a crée par la suite un sous-secteur à Morges. Le SPEA est un centre public
dépendant des Hospices cantonaux, eux-mêmes dirigés par le DSAS. A Nyon, un centre
thérapeutique de jour sest créé, il est pris en charge par deux structures
différentes ; dune part léquipe thérapeutique dépend du SPEA, et
dautre part léquipe pédago-éducative et ladministration dépendent de
la Fondation de Vernand. Je décris principalement le service de Nyon.
Le SPEA est ouvert du lundi au vendredi aux heures de bureau, ainsi que
le samedi matin. Le service de garde médicale de la région assure les urgences lors
dappel en dehors des heures douverture du service.
Buts du service
Une des missions du SPEA est doffrir des soins de
pédopsychiatrie au travers de consultations : dinvestigation pour les parents
et les enfants confrontés à des difficultés psychologiques chez lenfant, de
guidance (conseil) pour les parents, pendant la grossesse, et en pédiatrie aux hôpitaux
de Nyon et Morges sur demande du médecin de lhôpital. En outre, le SPEA fait des
bilans psychologiques, offre des traitements logopédiques et différentes formes de
prises en charge thérapeutiques.
Les consultations permettent de dégager des hypothèses
psychodynamiques et dévaluer le contexte familial, psychosocial et scolaire, afin
de mettre en place une prise en charge thérapeutique individuelle et/ou familiale. Le
service a aussi pour but de former des professionnels, tels que médecins, chefs de
clinique et psychologues.
Financement
Lunité est entièrement financée par lEtat de Vaud et la
Confédération. Les factures pour les prestations au client sont envoyées à la caisse
maladie ou lAI, qui les prend en charge. Une participation de 10%, plus
éventuellement la franchise sont facturées par la caisse aux parents. LAI prend en
charge les psychothérapies des personnes dont les séquelles gêneraient
considérablement ou rendraient impossibles la formation ultérieure et lexercice
dune activité lucrative. En outre, pour bénéficier de cette aide financière, un
traitement spécialisé intensif a dû être appliqué pendant une année, sans apporter
damélioration suffisante.
Lorsque les adolescents demandeurs dune prise en charge refusent
davertir leurs parents de leur démarche, des modalités de facturation sont
négociées avec ladolescent en attendant une modification de la situation.
Léquipe pluridisciplinaire
Léquipe pluridisciplinaire est composée de seize personnes à
temps partiel ou complet : un chef de clinique, un chef de clinique adjoint, un
médecin chef, un médecin associé, deux médecins assistants, cinq psychologues, un
assistant social, une logopédiste et trois secrétaires. Certains postes sont partagés
avec le service de Morges.
Fonctionnement du service
Le fonctionnement du service comprend les colloques entre
collaborateurs, le travail en réseau, lencadrement pour les personnes en formation,
les supervisions et les moyens dévaluation du travail.
Léquipe des collaborateurs se retrouve une fois par semaine pour
un colloque. Cette rencontre pluridisciplinaire fait partie du système de communication.
Elle permet tout dabord des discussions dordre administrative, la répartition
des demandes de consultation, un espace de réflexions cliniques à partir dune
situation dun adolescent et un espace de réflexions théoriques. Par ailleurs, les
informations circulent oralement de manière formelle.
Le SPEA travaille en réseau afin de regrouper des professionnels pour
débattre un thème précis rencontré dans leur pratique professionnelle et pour
regrouper des personnes en liaison autour dun patient.
Lencadrement des personnes en formation se fait au travers de
séminaires, de vidéos, de suivi par un supérieur hiérarchique et de supervisions
individuelles.
- Les supervisions déquipe
Des supervisions déquipe ont lieu deux à quatre fois par an.
Les supervisions permettent aussi la présentation de synthèse, cest-à-dire le
bilan dun patient. Les synthèses ont lieu en fonction de la demande du thérapeute,
en moyenne une à deux fois par an.
- Les moyens dévaluation du travail
Les moyens pour évaluer et mesurer le travail des collaborateurs sont
les supervisions. Lors des supervisions, les thérapeutes peuvent analyser, avec
laide dune personne extérieur, la prise en charge thérapeutique. Cet
éclairage permet de réajuster éventuellement la prise en charge.
7.2 Les patients
Le SPEA accueille des enfants et des adolescents de 0 à 18 ans.
Environ 550 patients sont suivis chaque année, dont plus de la moitié sont des nouveaux
cas. Les adolescents représentent environ 15% à 20% des patients, cest-à-dire
approximativement 90 personnes par année. La clientèle est composée dun plus
grand nombre de garçons et ceci jusquà la pré-adolescence. Par contre, dès
ladolescence, les tendances se renversent, plus de femmes que dhommes sont
suivis. Le SPEA émet cette constatation, mais nécessite, de leur point de vue, une
vérification des statistiques.
Les patients accueillis sont des enfants et des adolescents souffrant
de problèmes psychologiques et/ou de syndromes psychiatriques aigus. Les problèmes
psychologiques sont des troubles psychiques, des troubles du comportement, des problèmes
scolaires, des conflits familiaux, des troubles fonctionnels, etc. Les syndromes
psychiatriques aigus survenant à ladolescence sont des troubles graves de
lhumeur, des épisodes dépressifs majeurs, des bouffées délirantes, des
décompensations psychotiques, des tentatives de suicide, des anorexies mentales, des
états limites, des décompensations névrotiques sévères, etc. Si ladolescent
souffrant de syndromes psychiatriques aigus a une demande daide suffisante, et que
lencadrement familial est stable et soutenant, le SMP peut prendre en charge
ladolescent. Toutefois, si ces conditions ne sont pas remplies, ladolescent
sera hospitalisé à lUHPA.
Les patients sont adressés au SPEA par les médecins traitants, les
hôpitaux, les parents, les adolescents eux-mêmes, les psychologues, le SPJ, les
pédiatres, les enseignants, etc.
Lorsque certains adolescents demandent de laide mais ne désirent
pas informer leurs parents de cette démarche, le service entre en matière également
pour ces situations. Lun des objectifs de la prise en charge sera daider
ladolescent à mettre ses parents au courant, afin de les intégrer au processus
thérapeutique. Laccès aux soins reste prioritaire pour le service.
7.3 La prise en charge
Tout dabord, je décris la procédure dadmission habituelle
et dans un deuxième temps, je spécifie la procédure dadmission et les diverses
prises en charge dadolescents suicidants. La présentation de ces diverses prises en
charge débute à partir des soins somatiques administrés aux urgences de
lhôpital.
Procédure dadmission habituelle
1. Le demandeur est enregistré au secrétariat par téléphone ou
visite.
2. La secrétaire avise un des collaborateurs qui téléphone au client
pour prendre note de la
demande.
3. Le collaborateur transmet la demande au colloque, un thérapeute est
nommé en fonction
de la demande.
4. Le thérapeute désigné contacte le patient et/ou ses parents.
5. Une démarche de prise en charge thérapeutique est proposée au
demandeur.
Procédure dadmission et diverses prises en charge dun adolescent suicidant
Lors dune tentative de suicide, lhôpital de soins
généraux qui a soigné ladolescent sur le plan somatique appelle généralement le
SPEA pour consulter le patient avant sa sortie. Dans les 12 heures qui suivent, le chef de
clinique adjoint du SPEA (si absent, médecins ou psychologues) se déplace et fait une
évaluation de la situation. Dans ces cas-là, le déroulement de ladmission
diffère de la procédure habituelle ; cest le thérapeute sur place qui
évalue avec le patient, et si possible ses parents, les mesures de prise en charge
adaptées. Il apprécie si le désir de mort est présent ou si la situation sest
momentanément calmée. Ensuite, le médecin de lhôpital tient compte de
lavis du consultant du SPEA pour mettre en place la suite de la prise en charge de
ladolescent. Les prises en charge diffèrent dun adolescent à
lautre ; elles dépendent aussi des risques suicidaires des adolescents, de
leur contexte social et des facteurs déclenchants la tentative de suicide. Par exemple,
si ladolescent refuse un accompagnement thérapeutique et présente des risques de
récidive, lhôpital se doit dorganiser une hospitalisation en milieu
psychiatrique contre son gré. En définitive, les possibilités de prise en charge de ces
adolescents sont nombreuses, nous pouvons cependant les regrouper en trois
catégories : suivi des adolescents vivant au domicile, hospitalisés ou placés dans
un foyer.
Le retour à domicile est accordé lorsque le contexte familial
nest pas pathogène, que ladolescent ne présente pas de signe de récidive et
de psychopathologie sévère. Si un de ces critères nest pas rempli,
ladolescent peut être placé dans un foyer. Toutefois, une hospitalisation est
possible pour les adolescents à risque de récidive et dotés dune psychopathologie
sévère.
Voici en dix points les diverses prises en charge possibles dun
adolescent ayant fait une tentative de suicide (cf. tableau 6, p. 44) :
- Retour au domicile avec un suivi par le SPEA.
- Retour au domicile avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Retour au domicile et prise en charge journalière par le CTJA.
- Retour au domicile sans suivi thérapeutique.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par le SPEA.
- Prise en charge dans un foyer avec un suivi thérapeutique par un médecin traitant.
- Prise en charge dans un foyer et suivi journalier par le CTJA.
- Prise en charge dans un foyer sans suivi thérapeutique.
- Proposition dune prise en charge au CTJA.
- Hospitalisation à lUHPA.
- Hospitalisation à lhôpital psychiatrique de Prangins lorsquil ny a
plus de place disponible à lUHPA.
Les moyens de prise en charge
Les outils professionnels utilisés pour le suivi des adolescents, sont
la psychothérapie individuelle, les entretiens de famille et le support médicamenteux.
Les médecins ou psychologues prenant en charge ladolescent ont pour but la
restauration des aménagements psychiques de ladolescent, latténuation de la
symptomatologie et une meilleure utilisation des potentialités.
Les entretiens de famille sont très importants, car la tentative de
suicide ébranle, touche lentourage et provoque souvent une mobilisation de
celui-ci. La famille peut réagir soit par un recouvrement du problème en niant la
gravité de lacte, soit par un mouvement de rejet envers ladolescent ou par
une prise de conscience du problème et un désir de tout mettre en place, tel quun
traitement en famille pour trouver des solutions. En général, cest le thérapeute
de ladolescent ou parfois un autre collègue qui guide les entretiens de famille.
Quant au support médicamenteux, il peut être offert pour diminuer certains symptômes de
la psychopathologie.
La durée moyenne dun traitement varie de quelques consultations
à une psychothérapie pendant plusieurs années. Certains adolescents abandonnent le
traitement après quelques consultations et dautres profitent des soins donnés
pendant plusieurs années. La durée du traitement dépend de la sévérité de la
pathologie.
Tableau 6: Possibilités de prises en charge dun adolescent suicidant
dans le secteur Ouest
Lapproche théorique
Le SPEA prend en charge les patients selon le modèle psychodynamique.
En outre, une collaboration est recherchée avec les familles dans la prise en charge des
adolescents ; des collaborateurs ayant suivi des cours systémiques, offrent à
léquipe leur regard sur les situations.
Le réseau de collaboration du SPEA
Les relations du SPEA avec lextérieur sont nombreuses : le
service collabore avec les hôpitaux, le secteur privé des professions médicales et
sociales, le SPJ, lAEMO, les institutions spécialisées accueillant des
enfants et des adolescents, les écoles, les gymnases, le SES, le tribunal des mineurs,
les personnes faisant partie de lentourage du patient, le SEI, les infirmières de
santé publique, etc.
En ce qui concerne les adolescents suicidants pris en charge dans des
foyers, une collaboration est recherchée entre le milieu socio-éducatif et le SPEA pour
lélaboration dun projet de soins commun. Le SPEA a besoin des foyers pour
certaines situations et les foyers sollicitent le SPEA pour des consultations.
2
_______________________________
Etude comparative des
centres et unités daccompagnement psychiatrique des adolescents suicidants
dans le canton de Vaud
Introduction
Ce chapitre tente de comparer les centres et unités
daccompagnement psychiatrique des adolescents suicidants décrits précédemment,
afin de relever les similitudes et les différences entre les services. Il faut toutefois
prendre ces constatations avec une certaine réserve, étant donné que le questionnaire
de base était sous forme de questions ouvertes.
Jai procédé de la manière suivante : tout dabord,
jai confronté chaque point traité lors des descriptifs des centres pour en faire
ressortir les similitudes et différences, et ensuite jémets quelques constatations
personnelles. Afin de faciliter la lecture de certaines données, jai créé des
tableaux. Les initiales et les lieux géographiques désignent les services. Les points
abordés sont les suivants : les cadres institutionnels, les patients et les prises
en charge. Ils sont cités dans le même ordre que les descriptifs des services. Les items
ne sont pas écrits par ordre alphabétique mais respectent lordre des descriptifs.
Je tiens aussi à préciser que le SUPEA nest pas pris en compte
dans cette étude comparative, car il est un organe dirigeant et chacun de ses services a
une spécificité. Cest pourquoi, en ce qui concerne le SUPEA, jaborde
uniquement le CTJA et lUHPA qui soccupent essentiellement des adolescents.
1. Les cadres institutionnels
Les points suivants permettent de comparer les statuts, les structures,
les buts, les financements, les équipes pluridisciplinaires et les fonctionnements des
services.
1.1 Les statuts
LUHPA, le CTJA, le SPEA et le SMP sont des centres publics,
cest-à-dire quils dépendent des Hospices cantonaux, eux-mêmes dirigés par
le DSAS. Par contre, le service de psychiatrie et psychothérapie denfants et
dadolescents à Vevey fait partie dune fondation privée dont la mission est
publique. Cette dernière dépend du GHRV et reçoit, aussi, des subventions de
lEtat.
1.2 Les structures
La structure de chaque service est très spécifique. LUHPA et le
CTJA prennent en charge uniquement des adolescents alors que le SMP, le service de
psychiatrie et psychothérapie denfants et dadolescents à Vevey et le SPEA
prennent en charge des enfants et des adolescents. LUHPA et le CTJA sont des lieux
de vie où les adolescents passent leurs journées. LUHPA se distingue des autres
structures par une prise en charge à temps complet. Par contre, les trois autres sont des
centres de consultations.
Le SPEA et le service de psychiatrie et psychothérapie denfants
et dadolescents à Vevey ont une particularité commune, ils offrent aussi des
prestations pédago-thérapeutiques au sein dun centre thérapeutique de Jour pour
enfants. Etant donné que le service de psychiatrie et psychothérapie denfants et
dadolescents à Vevey se compose de deux structures distinctes (la PPP et le CPDJ),
cette étude comparative prend en compte uniquement la PPP, car le CPDJ concerne
uniquement les enfants.
Même si le SMP, la PPP et le SPEA offrent des prestations ambulatoires
aux clients, des différences existent au sein de chaque service. En ce qui concerne le
SMP, il est lorgane principal du secteur Nord. Ce dernier dispose de cinq antennes,
toutefois les demandes de consultations sont centralisées à Yverdon. Le service de
psychiatrie et psychothérapie denfants et dadolescents à Vevey, quant à
lui, dispose aussi de trois lieux de consultations, mais contrairement au SMP, chaque lieu
de consultations est plus ou moins autonome et gère les demandes. En ce qui concerne le
SPEA, qui a aussi un sous-secteur à Morges, fonctionne de la même manière que le
service de Vevey, cest-à-dire que les deux secteurs sont autonomes.
Je peux constater, en analysant la structure des services, quil
en existe uniquement deux (CTJA et UHPA), créés spécifiquement pour la prise en charge
des adolescents dans le canton de Vaud. En plus, ces deux derniers offrent des lieux de
vie pour les adolescents. Cette prestation nest pas retrouvée dans les autres
services.
Le traitement des données concernant les structures des services est
divisé en deux points : les heures douverture et les appels urgents.
Les heures douverture
Les réponses correspondent à la question posée, lors des entretiens,
suite au questionnaire : " quelles sont les heures douverture de
votre service ? ".
Tableau 7 : Heures douverture
HEURES DOUVERTURE |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Lundi au vendredi, heures de bureau |
|
|
7 |
7 |
7 |
Lundi au vendredi toute la journée |
7 |
|
|
|
|
Le samedi matin |
|
|
|
|
7 |
24h/24h |
|
7 |
|
|
|
LUHPA est ouverte 24h/24h, tandis que le CTJA est ouvert toute la
journée du lundi au vendredi, de ce fait les adolescents peuvent prendre leurs repas sur
place. Le SMP et la PPP sont ouverts du lundi au vendredi aux heures de bureau. Par
contre, le SPEA est aussi ouvert le samedi matin.
LUHPA est donc la seule unité prenant en charge les adolescents
à temps complet. Le suivi offert par tous les autres services requière forcément une
prise en charge par la famille ou par un foyer. Il me semble, en effet, que la
possibilité daccueillir des adolescents à temps complet est faible dans le canton
de Vaud. Est-ce dû aux problèmes financiers du canton ou aux professionnels de la santé
qui désirent favoriser les prises en charge ambulatoires ? A mon avis, il est
préférable pour les adolescents de retourner dans leur famille, si cette dernière peut
offrir un soutien. Dans les cas contraires, il me semble important de pouvoir disposer
pour ladolescent dun lieu transitoire, sécurisant et permettant ainsi de
faire le point de la situation avec sa famille ; car la tentative de suicide ébranle
toujours cette dernière.
Les appels urgents
Les réponses correspondent à la question posée, lors des entretiens,
suite au questionnaire : " Qui reçoit les appels urgents en dehors des
heures douverture du service ? ".
Tableau 8 : Appels urgents
APPELS URGENTS |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Permanence de lUHPA |
7 |
7 |
|
|
|
Service de garde médicale régional |
|
|
7 |
7 |
7 |
Le CTJA bénéficie de la permanence de lUHPA, étant donné que
cette dernière est ouverte 24h/24h. Le SMP, la PPP et le SPEA bénéficient du service de
garde médicale de la région qui assure les urgences en cas dappel.
Nous pouvons donc en déduire que si un adolescent nécessite une prise
en charge urgente en dehors des heures douverture du service, il est orienté à
lhôpital. Cette constatation exige, à mon avis, une préparation du personnel des
urgences à recevoir au mieux ladolescent.
1.3 Les buts des services
Pour présenter les buts, jai tout dabord posé la question
suivante : " quels sont les buts de votre service ? ". Comme
la question était ouverte, les réponses le furent aussi, de ce fait, jai par la
suite interrogé chaque service, à partir du prospectus de présentation du SPEA, lequel
les décrit concrètement.
Tableau 9 : Buts des services
BUTS |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Soins de pédopsychiatrie |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Projets individuels adolescents, familles |
7 |
7 |
|
|
|
Prises en charge individu, et/ou famille |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Dégager hypothèses psycho- dynamiques |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Evaluer contexte familial, psychosocial et scolaire |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Formations professionnelles |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Contenir |
|
7 |
|
|
|
Investigations parents et enfants |
|
|
7 |
7 |
7 |
Guidances conseils parents |
|
|
7 |
7 |
7 |
Consultations pédiatriques sur demande médicale |
|
|
7 |
7 |
7 |
Bilans psychologiques |
|
|
7 |
7 |
7 |
Traitements logopédiques |
|
|
7 |
|
7 |
Consultations grossesse |
|
|
|
7 |
7 |
Tous les services offrent des soins de pédopsychiatrie, des prises en
charge individuelles et/ou familiales, des dégagements des hypothèses psychodynamiques,
des évaluations de contexte familial, psychosocial et scolaire et des formations
professionnelles. Par contre, en ce qui concerne les autres buts des services, deux
groupes se distinguent : le premier est composé du CTJA et de lUHPA, le
deuxième est composé du SMP, de la PPP et du SPEA.
Le premier groupe noffre pas de consultation ou de traitement
logopédique. En revanche, il offre la possibilité délaborer un projet individuel
et/ou familial pour ladolescent. Cette mission est très importante, car elle permet
la prise en charge de ladolescent dans sa globalité, cest-à-dire son école,
ses activités, ses thérapies, ses loisirs, sa famille, sa santé, etc. En plus,
lUHPA tente aussi de contenir les adolescents en état de crise, cest-à-dire
physiquement au travers dun cadre solide et chimiquement au travers des
médicaments. Ce dernier point montre la spécificité de la prise en charge faite par
lUHPA.
Le deuxième groupe, quant à lui, est spécialisé pour les
consultations, telles que : des investigations pour parents et enfants confrontés à
des difficultés chez lenfant, des conseils pour les parents, des consultations en
pédiatrie sur demande médicale et des bilans psychologiques. Il existe aussi les
consultations pendant la grossesse, mais elles concernent uniquement la PPP et le SPEA. En
outre, le SMP et le SPEA offrent des traitements logopédiques.
A la suite de cette lecture, je remarque une similitude au niveau de la
première prestation offerte par les services : tous offrent des soins de
pédopsychiatrie. Par conséquent, les prises en charge proposées par le canton de Vaud
pour pallier aux difficultés rencontrées chez les enfants et les adolescents sont, en
partie, de lordre de la thérapie. Cette constatation signifie, lorsque le patient
est suivi en ambulatoire, quil vit avec sa famille ou dans un foyer. Si son lieu de
vie est pathogène, la prise en charge thérapeutique risque de ne pas être suffisante
pour venir en aide à lenfant ou ladolescent. Cest pourquoi je trouve
important, non seulement doffrir des soins de pédopsychiatrie, mais
dimpliquer également la famille dans ce processus thérapeutique. Il est vrai que
tous les services travaillent en collaboration avec les familles, cependant cette
collaboration ne doit pas, à mon avis, sarrêter à quelques minutes de discussion,
mais doit être tout aussi importante que les psychothérapies individuelles vécues par
les enfants et les adolescents.
1.4 Les financements
Voici un tableau mettant en évidence les moyens permettant le
financement des services et des prestations diverses facturées aux clients. Les réponses
correspondent dune part à la question posée, lors des entretiens suite au
questionnaire : " comment votre service est-il financé ? ",
et dautre part, à la suite de lentretien téléphonique avec un agent de
lAI.
Tableau 10 : Financement
FINANCEMENT |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Financé par Etat de Vaud et Confédération |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Prestations payées par caisse maladie |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Prestations payées par lAI |
7 |
|
7 |
7 |
7 |
Facturation repas au patient |
7 |
|
|
|
|
Négociations modalités factures adolescents |
|
|
7 |
7 |
7 |
Les cinq services sont financés par lEtat de Vaud et la
Confédération. Tous les services, sauf lUHPA, envoient les factures des
prestations aux clients à la caisse maladie ou lAI qui les prennent en charge. En
ce qui concerne lUHPA, cest seulement la caisse maladie qui prend en charge
les prestations, car la durée des traitements nest pas assez longue. En effet,
lAI prend en charge uniquement les soins à partir dune année de traitement
intensif nayant pas apporté damélioration.
Le SMP, la PPP et le SPEA offrent une certaine souplesse lors de la
facturation des prestations des prises en charge des adolescents qui ne désirent pas
avertir tout de suite leurs parents. Ils négocient les modalités de facturation avec le
client lui-même. Si cette souplesse se retrouve chez ces trois derniers, cest aussi
parce que laccessibilité de ces services est facile, alors que pour être admis au
CTJA ou à lUHPA, une demande ne peut se faire sans indication médicale. En effet,
les adolescents pris en charge par le CTJA ou lUHPA souffrent de syndromes
psychiatriques qui nécessitent une collaboration rapide avec les parents.
Le CTJA est le seul centre à demander une contribution de Fr. 13.50
pour le repas de midi. En tant que centre de jour, le forfait pour la prise en charge
ambulatoire ne comprend pas les repas, cest pourquoi les parents se doivent de
participer financièrement. Toutefois, nous ne pouvons pas comparer cet élément avec les
autres services, car, mise à part lUHPA, ces derniers noffrent pas la
possibilité de manger. Je ne remets pas en cause cette participation, car si
ladolescent devait se nourrir dans une cantine scolaire, les parents devraient aussi
débourser. Par contre, je trouve le prix du repas élevé. Ce prix correspond presque au
menu du jour dun restaurant, alors que dans une cantine scolaire, le prix du menu du
jour est de Fr. 8.--environ.
1.5 Les équipes pluridisciplinaires
Les réponses correspondent à deux demandes du questionnaire :
" combien de collaborateurs êtes-vous ? " et " quelles
sont les professions exercées dans votre établissement ? "
Les renseignements sur le nombre de collaborateurs sont peu
significatifs, car dune part les personnes travaillent à temps complet ou partiel,
et dautre part je nai pas pu obtenir des chiffres sur le nombre de postes de
travail. Par contre, il est intéressant danalyser les professions exercées dans
les différents services.
Tableau 11 : Collaborateurs
COLLABORATEURS |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Chef(s) de clinique |
|
1 |
2 |
1 |
1 |
Chef de clinique adjoint |
1 |
|
|
|
1 |
Médecin chef |
1 |
|
|
1 |
1 |
Médecin associé |
1 |
1 |
|
|
1 |
Médecin(s) assistant(s) |
|
1 |
4 |
1 |
2 |
Médecin adjoint |
|
|
1 |
|
|
Psychologue(s) |
2 |
1 |
5 |
1 |
5 |
Psychologue(s) assistant(s) en formation |
|
|
4 |
2 |
|
Psychologue stagiaire |
|
|
|
1 |
|
Infirmier(s), infirmière (s) |
1 |
5 |
|
|
|
Assistant social |
1 |
1 |
|
|
1 |
Educateur(s) |
2 |
1 |
|
|
|
Stagiaire éducateur |
1 |
|
|
|
|
Enseignant(s) spécialisé(s) |
2 |
1 |
|
|
|
... suite |
CTJA |
UHPA |
SMP |
PPP |
SPEA |
Ergothérapeute |
|
1 |
|
|
|
Logopédiste |
|
|
1 |
|
1 |
Secrétaire(s) |
1 |
1 |
3 |
1 |
3 |
Total des collaborateurs |
13 |
14 |
20 |
8 |
16 |
Quatre professions se retrouvent dans chaque service, il sagit de
chef de clinique, médecins (adjoint, chef, assistant ou associé), psychologue et
secrétaire. Ceci sexplique par le fait quune des missions est doffrir
des soins de pédopsychiatrie. La profession de logopédiste est spécifique au SMP et au
SPEA. Toutes les autres professions telles que : assistant social, éducateur,
enseignant spécialisé, infirmier, etc. sont spécifiques au CTJA et à lUHPA.
Toutefois, le SPEA compte parmi ses collaborateurs un assistant social comme le CTJA et
lUHPA. La seule unité qui comporte une ergothérapeute est lUHPA.
A nouveau, des différences existent entre les deux services
spécifiques aux adolescents (CTJA et UHPA) et les trois autres (SMP, PPP et SPEA). Pour
les deux premiers, accueillir des adolescents pendant une journée et plus, implique une
infrastructure différente. De ce fait, des professionnels tels quéducateur,
enseignant spécialisé, assistant social et infirmier sont importants pour le suivi au
quotidien. LUHPA, de par sa spécificité daccueillir des adolescents en état
de crise et de les contenir, demande une présence plus importante des infirmiers que dans
les autres services.
Par ailleurs, il est intéressant de noter quil ny a pas de
psychologues au niveau des cadres, il sagit uniquement de médecins.
1.6 Les fonctionnements des services
Pour présenter les fonctionnements, jai tout dabord posé
la question suivante : " quel est votre système de
communication ? " et " avez-vous des moyens pour évaluer et
mesurer votre travail ? " Comme les réponses ne furent pas assez
précises, jai interrogé chaque service à partir du total de toutes les réponses.
Les points abordés lors des entretiens étaient les colloques, le travail en réseau,
lencadrement des personnes en formation, les supervisions déquipe, les moyens
dévaluation et les règlements de base.
Tableau 12 : Fonctionnement
FONCTIONNEMENT |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
|
|
|
|
|
|
COLLOQUE |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
1x/semaine |
7 |
7 |
7 |
7 |
|
2x/semaine |
|
|
|
|
7 |
Points administratifs |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Présentation demandes en cours |
7 |
7 |
|
|
|
Choix admissions |
7 |
7 |
|
|
|
Transmission informations sur patients |
7 |
7 |
|
|
|
Compte rendu entretiens |
7 |
7 |
|
|
|
Réflexions cliniques |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Réflexions théoriques |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Synthèses |
7 |
7 |
7 |
7 |
|
Répartition des demandes |
|
|
7 |
7 |
7 |
Circulation informations écrites |
7 |
7 |
|
7 |
|
Circulation informations orales formelles |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Circulation informations orales informelles |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TRAVAIL EN RESEAU |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Thème pour professionnels |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Patient |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
ENCADREMENT PERSONNES EN FORMATION |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Suivi dun référent (même profession) |
7 |
7 |
|
|
|
Entretiens avec supérieur hiérarchique |
|
|
7 |
7 |
7 |
Séminaires |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Vidéos |
7 |
7 |
|
7 |
7 |
Psychodrames individuels |
7 |
7 |
|
7 |
|
Supervisions |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
SUPERVISION DEQUIPE |
7 |
7 |
|
7 |
7 |
1x/toutes les deux semaines |
7 |
7 |
|
|
|
Selon demande déquipe |
|
|
|
7 |
|
2 à 4x/an |
|
|
|
|
7 |
Synthèses |
|
|
|
|
7 |
|
|
|
|
|
|
MOYENS DEVALUATION |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Supervisions |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Fiches dévaluation |
7 |
7 |
|
7 |
|
|
|
|
|
|
|
REGLEMENT DE BASE |
7 |
7 |
|
|
|
Le CTJA, lUHPA, le SMP et la PPP organisent des colloques une
fois par semaine, tandis que le SPEA les organise deux fois par semaine. Ils sont utiles
au fonctionnement de chaque service. Toutefois, des similitudes et des différences
existent au niveau de lutilisation du colloque. Tous utilisent le colloque
pour : débattre des points administratifs, un espace de réflexions cliniques et
théoriques, la répartition ou présentation des demandes.
Le CTJA et lUHPA utilisent aussi les colloques pour choisir les
admissions, transmettre aux collègues les informations sur les patients et donner des
comptes rendus des entretiens individuels ou familiaux. Ces derniers points ne sont pas
partagés par le SMP, la PPP et le SPEA, car les prises en charge des patients sont plus
individuelles. Comme les patients du CTJA et de lUHPA peuvent être pris en charge
par plusieurs personnes, il est important lorsquil y une rocade des collaborateurs,
dinformer chacun sur lévolution des patients. Quant aux synthèses, elles
sont aussi présentées en colloque, mis à part le SPEA, qui les présente lors des
supervisions déquipe.
En ce qui concerne la circulation des informations, tous utilisent le
colloque pour informer oralement de manière formelle. Linformation écrite est
utilisée par le CTJA, lUHPA et la PPP. Par ailleurs, le CTJA et lUHPA
informent aussi oralement de manière informelle. Ce dernier point mincite à faire
un lien avec ma pratique professionnelle. Lorsque le service est un lieu de vie pour les
patients, plusieurs collaborateurs travaillent en même temps, de ce fait,
linformation circule souvent oralement, de manière informelle.
Tous les services travaillent en réseau, soit pour débattre un thème
précis entre professionnels, ou soit pour regrouper les personnes en liaison autour
dun patient. Cet élément semble important dans la prise en charge des patients. Il
me semble que dune part lavis dautres professionnels est constructif, et
que dautre part la rencontre de lentourage du patient permet de découvrir son
réseau relationnel et son système de fonctionnement.
- Lencadrement des personnes en formation
Tous les services offrent un encadrement pour les personnes en
formation au travers des supervisions, des séminaires et du suivi dun référent de
même profession pour le CTJA et lUHPA, ou dun supérieur hiérarchique pour
le SMP, la PPP et le SPEA.
Des moyens de formation peuvent être proposés, tels que des vidéos
et des psychodrames individuels. Le CTJA, lUHPA et la PPP utilisent ces deux moyens.
Le SPEA utilise principalement les vidéos, tandis que le SMP nutilise aucun de ces
deux moyens.
- Les supervisions déquipe
Tous les services, hormis le SMP, organisent des supervisions
déquipe. Pour le CTJA et lUHPA, elles ont lieu une fois toutes les deux
semaines. La PPP organise des supervisions déquipe uniquement sur demande de cette
dernière. En ce qui concerne le SPEA, elles ont lieu deux à quatre fois par an.
En analysant la fréquence des supervisions, je constate que le CTJA et
lUHPA sont les services qui organisent le plus de supervisions. Est-ce dû à la
gravité des psychopathologies de leurs patients ou à une exigence professionnelle du
SUPEA ?
Tous les services utilisent la supervision comme moyen
dévaluation. Quant aux fiches dévaluation, uniquement le CTJA, lUHPA
et la PPP les utilisent. Nous constatons que chaque service emploie un moyen ou plus dans
la pratique professionnelle.
Les patients sont soumis au règlement de base du CTJA et de
lUHPA. Il concerne uniquement ces deux services, car ils sont des lieux de vie. De
ce fait, pour le bon fonctionnement du service, chacun est soumis à ce règlement.
2. Les patients
Les points suivants permettent de comparer les patients pris en charge,
leurs troubles et leurs provenances.
2.1 Patients pris en charge
Pour présenter ces populations, jai posé les questions
suivantes : " quelle est la tranche dâge des patients que vous
accueillez ? ", " la clientèle est-elle plus féminine,
masculine ou équivalente pour les deux sexes ? ", " quel est le
total des patients suivis ? " et " combien dadolescents
avez-vous pris en charge en 1997 ".
Il est difficile de comparer le nombre de patients accueillis chaque
année, car dune part je nai pas reçu de réponses précises, et dautre
part le CTJA et lUHPA ont ouvert leurs portes uniquement en juin 1997. Par ailleurs,
je nai pas dinformation supplémentaire concernant le nombre de patients par
catégorie de psychopathologie. Ce tableau permet uniquement de prendre conscience du
nombre denfants et dadolescents suivis lannée précédente par ces
services.
Tableau 13 : Patients pris en charge
POPULATION |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Age des patients |
13 à 18 ans |
13 à 18 ans |
0 à 18 ans |
0 à 18 ans |
0 à 18 ans |
Patients suivis en 1997 |
16 (juin à décembre) |
35 ( juin à décembre) |
1'000 env. |
560 env. |
550 env. |
Adolescents (13 à 18 ans) suivis en 1997 |
16 |
35 |
250 env. |
90 env. |
90 env. |
A ladolescence, plus de filles ou de garçons
suivis ? |
filles |
filles |
filles |
filles |
filles |
Le CTJA et lUHPA accueillent uniquement des adolescents, alors
que le SMP, la PPP et le SPEA accueillent des enfants et des adolescents. Le nombre de
patients pris en charge en 1997 pour une période de six mois, sélève à 16
adolescents pour le CTJA et 35 adolescents pour lUHPA. Le SMP a consulté environ
1000 patients en 1997, la PPP environ 560 patients et le SPEA environ 550 patients. Si le
nombre de patients du SMP est élevé, cest aussi parce que le secteur Nord recouvre
le 48% du canton de Vaud.
En ce qui concerne les adolescents pris en charge en 1997, le SMP
évalue le nombre à environ 250. La PPP et le SPEA comptent avoir pris en charge environ
90 adolescents.
Tous les services affirment quà ladolescence, il y a plus
de filles que de garçons suivis ; ceci semble propre à cette période car pendant
lenfance, il y a plus de garçons que de filles accompagnés.
2.2 De quels troubles
souffrent-ils ?
Pour présenter les troubles dont souffrent les patients, jai
tout dabord posé la question suivante : " quels sont les motifs de
la prise en charge ? ". Comme les réponses furent incomplètes, jai
créé une liste en additionnant toutes les réponses pour interroger chaque service. Les
items sont classés en deux catégories : " les syndromes psychiatriques
aigus " et " les problèmes psychologiques ". Le terme
utilisé pour la première catégorie est emprunté à lUHPA. Quant à la deuxième
catégorie, je lai intitulée "les problèmes psychologiques ",
car pour ma part, et à la suite dune lecture de divers dictionnaires, je constate
quils sont moins inscrits, que les troubles psychiatriques dans une psychopathologie
sévère. Le signe des croix en gras, met en évidence le type de troubles spécifiquement
pris en charge.
Tableau 14 : Troubles chez les patients
TROUBLES CHEZ LES PATIENTS |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
SYNDROMES PSYCHIATRIQUES AIGUS |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Troubles graves de lhumeur |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Episodes dépressifs majeurs |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Bouffées délirantes |
|
7 |
7 |
7 |
7 |
Décompensations psychotiques |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Tentatives de suicide |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Anorexies mentales |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Etats-limites |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Décompensations névrotiques sévères |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
PROBLEMES PSYCHOLOGIQUES |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Troubles psychiques |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Troubles du comportement |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Problèmes scolaires |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Conflits familiaux |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Troubles fonctionnels |
7 |
7 |
7 |
7
|
7 |
Tous, excepté le CTJA qui ne prend pas en charge dadolescent à
bouffées délirantes, traitent les syndromes psychiatriques aigus (troubles graves de
lhumeur, épisodes dépressifs majeurs, bouffées délirantes, décompensations
psychotiques, tentatives de suicide, anorexies mentales, états limites, décompensations
névrotiques sévères) et les problèmes psychologiques (troubles psychiques, du
comportement, scolaires, fonctionnels, conflits familiaux).
Le CTJA a répondu négativement au suivi des adolescents à bouffées
délirantes. Pour léquipe, il lui semble plus judicieux de les hospitaliser à
lUHPA.
Je tiens à préciser que le CTJA et lUHPA sont spécialisés
pour accueillir des adolescents à syndromes psychiatriques aigus. Les situations graves
sont généralement prises en charge par lUHPA et lorsque la situation est
stabilisée, la personne peut être accueillie au CTJA. Les troubles psychologiques ne
font, peut-être, pas partie des motifs de prise en charge de ces deux derniers, cependant
ils sont souvent présents chez les patients.
En ce qui concerne le SMP, la PPP et le SPEA, les motifs de prises en
charge cités lors de la demande, sont le plus souvent des problèmes psychologiques.
Selon les responsables des services, les adolescents à syndromes psychiatriques aigus
peuvent être pris en charge, seulement si leur demande daide est suffisante, que
lencadrement familial est stable et soutenant.
2.3 Provenance des prises en charge
Pour présenter les provenances des prises en charge, jai posé
la question suivante : " qui vous a adressé le patient ? ".
Toutefois, cette liste nest pas exhaustive. Il nest pas possible de détailler
toutes les provenances.
Tableau 15 : Provenances des prises en charge
PROVENANCE DES PRISES EN CHARGE |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Médecins traitants |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Hôpitaux |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
SUPEA |
7 |
7 |
|
|
|
UHPA |
7 |
|
|
|
|
SMP |
7 |
7 |
|
|
|
PPP |
7 |
7 |
|
|
|
SPEA |
7 |
7 |
|
|
|
Pédopsychiatrie liaison |
7 |
7 |
|
|
|
DAMPS |
7 |
7 |
|
|
|
CTJA |
|
7 |
|
|
|
Parents |
|
|
7 |
7 |
7 |
Adolescents |
|
|
7 |
7 |
7 |
Psychologues |
|
|
7 |
7 |
7 |
SPJ |
|
|
7 |
7 |
7 |
Pédiatres |
|
|
7 |
7 |
7 |
Enseignants |
|
|
7 |
7 |
7 |
Nous constatons que tous les services accueillent des adolescents
adressés par les médecins traitants ou les hôpitaux. Cet élément met en évidence, à
mon avis, le rôle important des médecins et des hôpitaux qui sont en général les
premiers appelés lorsquil y a des problèmes physiologiques ou psychologiques.
Mis à part les deux éléments cités auparavant, la provenance des
demandes nest pas la même pour tous les services. Je constate deux types de
provenance. Le premier concerne le CTJA et lUHPA, les demandes sont adressées
après indication médicale. De ce fait, elles proviennent spécialement des milieux
médicalisés tels que : le SMP, le SUPEA, la PPP, le SPEA, la Pédopsychiatrie de
liaison du CHUV, la DAMPS, le CTJA ou lUHPA.
Le deuxième concerne le SMP, la PPP et le SPEA, les demandes
nont pas besoin dêtre adressées après indication médicale. Elles peuvent
provenir des parents, des adolescents, des psychologues, du SPJ, des pédiatres, des
enseignants, etc. Une des particularités de ces trois services, est doffrir la
possibilité aux adolescents dêtre pris en charge, même sils nont pas
encore avertis leurs parents de cette démarche. Cette attitude des professionnels a pour
but de ne pas refuser les demandes.
3. Les prises en charge
Les points suivants permettent de comparer les procédures
dadmission, les propositions de prises en charge depuis lhôpital, les moyens
de prises en charge, qui sont les psychothérapeutes ?, la durée des traitements,
les approches théoriques et les réseaux de collaboration des service. Ce dernier point
est important, car il nous informe sur des possibilités de soins dans le canton de Vaud.
3.1 Procédures
dadmission des adolescents suicidants
Chaque centre a décrit leur procédure dadmission en quatre ou
cinq points. Jai rassemblé les réponses et donné un terme précis aux
différentes étapes de ladmission ; je les ai vérifiés auprès des instances
concernées.
Tableau 16 : Procédure dadmission
PROCEDURE |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
|
|
|
|
|
|
POINT 1 |
|
|
|
|
|
Demande après indication médicale |
7 |
7 |
|
|
|
Appel de lhôpital |
|
|
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
POINT 2 |
|
|
|
|
|
Demande traitée en colloque |
7 |
7 |
|
|
|
Evaluation à lhôpital |
|
|
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
POINT 3 |
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|
Entretien avec médecin |
7 |
7 |
|
|
|
Proposition prise en charge |
|
|
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
|
POINT 4 |
|
|
|
|
|
Prise de décision (collaborateurs, patient, parents |
7 |
|
|
|
|
Accueil au centre |
|
7 |
|
|
|
Décision du médecin |
|
|
7 |
7 |
7 |
|
|
|
|
|
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POINT 5 |
|
|
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|
|
Temps dessai |
7 |
|
|
|
|
Accompagnement ou non par thérapeute venu à
lhôpital |
|
|
7 |
7 |
7 |
Les procédures dadmission du CTJA et de lUHPA sont
identiques pour tous les patients. Par contre, les procédures dadmission pour le
SMP, la PPP et le SPEA, ne sont pas semblables pour tous les patients. En effet, la
procédure nest pas la même sil sagit dun adolescent qui a fait
une tentative de suicide ou si cest un enfant à problèmes scolaires.
Etant donné que cette recherche est spécifique aux adolescents
suicidants, je vais donc axer ma comparaison sur les procédures dadmission de ces
derniers. Pour le CTJA et lUHPA, les trois premiers points de la procédure sont
identiques : la demande est faite après indication médicale, cette dernière est
traitée en colloque et ensuite un entretien avec un médecin est planifié. Le quatrième
point pour le CTJA est dorganiser un entretien avec les collaborateurs, le patient
et les parents pour une prise de décision, et par la suite laccueil du patient pour
un temps dessai. Quant à lUHPA, après lentretien avec le médecin, le
patient est accueilli ou non à lunité.
Le SMP, la PPP et le SPEA procèdent de la même manière,
cest-à-dire : un appel est donné par lhôpital, une évaluation a lieu
sur place, une proposition de prise en charge est faite, le médecin de lhôpital
prend une décision et finalement un accompagnement ou non par le thérapeute venu à
lhôpital est organisé.
3.2 Propositions
des prises en charge depuis lhôpital
Ce point concerne uniquement le SMP, la PPP et le SPEA. Les réponses
correspondent à la question posée, lors des entretiens suite au questionnaire :
" quelles sont les possibilités de prises en charge des adolescents qui ont
fait une tentative de suicide, depuis les soins somatiques offerts à
lhôpital ? ".
Tableau 17 : Propositions de prises en charge
PROPOSITIONS |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Domicile, suivi par le service |
|
|
7 |
7 |
7 |
Domicile, suivi par un médecin traitant |
|
|
7 |
7 |
7 |
Domicile, suivi par le CTJA |
|
|
7 |
7 |
7 |
Domicile, sans suivi |
|
|
7 |
7 |
7 |
Foyer, suivi par le service |
|
|
7 |
7 |
7 |
Foyer, suivi par un médecin traitant |
|
|
7 |
7 |
7 |
Foyer, suivi par le CTJA |
|
|
7 |
7 |
7 |
Foyer sans suivi |
|
|
7 |
7 |
7 |
UHPA |
|
|
7 |
7 |
7 |
Hôpital psychiatrique (région) |
|
|
7 |
7 |
7 |
Les mesures proposées par ces trois services sont identiques,
cest-à-dire : un retour au domicile, dans un foyer, à lUHPA ou encore
à lhôpital psychiatrique de la région. Pour les deux premières propositions,
ladolescent peut être suivi ou non par un médecin traitant, une personne du
service ou pris en charge par le CTJA. Le CTJA et lUHPA ne sont pas mandatés pour
proposer à lhôpital des prises en charge, par contre ils peuvent être sollicités
à la suite de lhospitalisation, comme cité ci-dessus.
3.3 Moyens de prises en charge
Pour présenter les moyens des différents services, jai tout dabord posé
la question suivante :
" quels outils professionnels ou moyens dintervention
utilisez-vous dans la prise en charge de vos patients ? ". Comme les
réponses ne furent pas assez précises, jai interrogé, à nouveau, chaque service
à partir du total de toutes les réponses.
Tableau 18 : Moyens de prises en charge
MOYENS DE PRISES EN CHARGE |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Projets de soins (entretiens individuels, familiaux |
7 |
7 |
|
|
|
Entretiens de famille |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Psychothérapie individuelle |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Support médicamenteux |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Réunions entre patients et soignants |
7 |
7 |
|
|
|
Psychodrames de groupe |
7 |
|
|
7 |
|
Activités manuelles, socioculturelles |
7 |
7 |
|
|
|
Evaluations pédagogiques et scolaires |
7 |
7 |
|
|
|
Bilans socio-familiaux |
7 |
7 |
|
|
|
Sports |
|
7 |
|
|
|
Jeux ou loisirs |
|
7 |
|
|
|
Psychodrames individuels |
|
|
|
7 |
|
Tous les services utilisent comme moyen de prise en charge les
entretiens de famille, une psychothérapie individuelle et un support médicamenteux. Pour
le SMP et la SPEA, ces trois moyens sont les seuls utilisés. Quant à la PPP, elle
utilise aussi les psychodrames individuels et de groupe.
En ce qui concerne le CTJA et lUHPA, les moyens utilisés sont
plus nombreux. Tous les deux organisent des activités manuelles et socioculturelles, des
bilans socio-familiaux, des projets de soins, des évaluations pédagogiques et scolaires,
et des réunions entre patients et soignants. Il existe tout de même quelques
spécificités : le CTJA organise des psychodrames de groupe et lUHPA des jeux,
des loisirs et des activités sportives.
La comparaison de ces données met en évidence le nombre plus élevé
des moyens dans les services accueillant des adolescents sur une journée. Il est vrai que
les patients accueillis par le CTJA et lUHPA sont dans un état plus grave que les
autres. Je constate aussi quil existe un lien entre les moyens utilisés et les
professions des collaborateurs. En loccurrence, le CTJA et lUHPA disposent
déducateurs, denseignants spécialisés, dergothérapeutes et
dinfirmiers que lon ne retrouvent pas dans les autres services.
3.4 Qui sont les
psychothérapeutes ?
Les réponses correspondent à la question posée, lors des entretiens, suite au
questionnaire :
" qui sont les psychothérapeutes ? ".
Tableau 19 : Les psychothérapeutes
PSYCHOTHERAPEUTES |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Médecins |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Psychologues |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Chaque service fonctionne de la même manière ; toutes les
psychothérapies sont prises en charge soit par les médecins, soit par les psychologues.
3.5 Durée des traitements
Les réponses correspondent à la question posée, lors des entretiens,
suite au questionnaire :
" quelle est la durée des traitements ? ". Je
nai pas pu récolter des informations précises quant au nombre dadolescents
et la durée de leur prise en charge. Les données suivantes nous informent uniquement sur
la moyenne des durées de traitement.
Tableau 20 : Durée des traitements
DUREE TRAITEMENT |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Une année (en moyenne) |
7 |
|
|
|
|
2 semaines à 6 mois |
|
7 |
|
|
|
une consultation à plusieurs années |
|
|
7 |
7 |
7 |
La durée moyenne des traitements est évaluée à une année pour le
CTJA, de 2 semaines à 6 mois pour lUHPA et dune consultation à plusieurs
années pour le SMP, la PPP et le SPEA.
Ces renseignements sont représentatifs des missions de chaque service.
En ce qui concerne le CTJA, lélaboration dun projet individuel pour chaque
adolescent, nécessite une prise en charge claire en objectifs et en durée. LUHPA,
de par sa spécificité daccueillir des adolescents en état de crise, demande un
laps de temps restreint. Quant au SMP, à la PPP et au SPEA, de par leur large spectre de
prestations, touchent une population plus grande. De ce fait, la durée des prises en
charge est très variable.
3.6 Les approches théoriques
Les réponses correspondent à une demande du questionnaire : " est-ce
que votre service a un référentiel théorique pour prendre en charge les
patients ? ".
Tableau 21 : Approches théoriques
APPROCHES THEORIQUES |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Psychodynamique, psychanalyse |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Systémique |
7 |
7 |
7 |
|
7 |
Nous constatons que tous les services utilisent le référentiel
théorique psychodynamique. En outre, tous, sauf la PPP, disposent de collaborateurs qui
ont suivi des cours de systémique. Ces informations mettent en évidence la centration
sur le vécu subjectif dans la compréhension et laccompagnement des patients. La
systémique est aussi utilisée, mais nest pas citée en premier lieu.
3.7 Les réseaux de
collaboration des services
Les réponses correspondent à la question posée, lors des entretiens,
suite au questionnaire : " quel est votre réseau de
collaboration ? ". Comme les réponses ne furent pas précises, jai
interrogé, à nouveau, chaque service à partir du total de toutes les réponses. Je
tiens à préciser que cette liste nest pas exhaustive, mais donne tout de même une
idée des nombreuses collaborations de chaque service.
Tableau 22 : Les réseaux de collaboration
RESEAUX COLLABORATION |
CTJA LAUSANNE |
UHPA LAUSANNE |
SMP YVERDON |
PPP VEVEY |
SPEA NYON |
Pédopsychiatrie liaison |
7 |
7 |
|
|
|
DAMPS |
7 |
7 |
|
|
|
SUPEA |
7 |
7 |
|
|
|
Hôpitaux |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Secteur privé professions médicales et sociales |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
SPJ |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
UMSA |
7 |
7 |
|
|
|
AEMO |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Institutions spécialisées |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Ecoles |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Gymnases |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
SES |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Tribunal des mineurs |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Entourage du patient |
7 |
7 |
7 |
7 |
7 |
Sociétés sportives, musicales, artistiques |
7 |
7 |
|
|
|
SEI |
|
|
7 |
7 |
7 |
Infirmières santé publique |
|
|
7 |
7 |
7 |
De nombreuses relations avec lextérieur sont similaires pour
tous les services, il sagit : de lAEMO, des écoles, des gymnases, des
hôpitaux, des institutions spécialisées accueillant des enfants et des adolescents,
lentourage des patients, le secteur privé des professions médicales et sociales,
le SES, le SPJ et le tribunal des mineurs.
Par ailleurs, dautres relations sont spécifiques à certains
services. Par exemple, pour le CTJA et lUHPA, une collaboration existe avec la
DAMPS, la Pédopsychiatrie de liaison du CHUV, les sociétés sportives, musicales et
artistiques, le SUPEA, le tribunal des mineurs et lUMSA. Les relations avec certains
départements du CHUV existent de par leur situation géographique. En ce qui concerne les
différentes sociétés et le tribunal des mineurs, cest dû à leur type de prises
en charge. Pour le SMP, la PPP et le SPEA, une collaboration spécifique existe avec les
infirmières de la santé publique et le SEI. Ces relations illustrent le travail
dinvestigation fait pour les enfants confrontés à des difficultés.
Conclusion
Tous les services sont des centres publics. Il existe uniquement deux
structures créées spécifiquement pour la prise en charge des adolescents du canton de
Vaud : le CTJA et lUHPA. Le SMP, la PPP et le SPEA sont des lieux de
consultation pour enfants et adolescents.
Les professions médicales et sociales telles que : infirmier,
assistant social, éducateur, enseignant spécialisé et ergothérapeute sont exercées
spécifiquement au CTJA et à lUHPA. Nous pouvons donc faire une corrélation entre
le nombre de professions et de prestations offertes par ces deux services.
Comme chaque service offre des soins de pédopsychiatrie, un grand
nombre de médecins et psychologues font partie des équipes pluridisciplinaires.
Létude de ces services met en évidence le support psychothérapeutique pour la
prise en charge des enfants et adolescents en difficultés psychologiques et
psychiatriques.
Tous les services utilisent lapproche psychodynamique afin de
comprendre la personne et agir au niveau des forces inconscientes. La systémique est
aussi utilisée pour comprendre les situations, mais elle me semble moins importante. Or,
je trouve, quun travail effectué avec la famille doit faire partie intégrante de
la prise en charge du patient. Suite à mon expérience professionnelle et aux dires des
personnes rencontrées, les troubles psychologiques peuvent aussi être des symptômes des
problèmes familiaux. Je ne peux dire exactement quel est le travail effectué en
collaboration avec les familles, cependant nous devrions encore plus développer ces
liens.
A la suite de cette étude comparative, je prends conscience quil
existe uniquement sept lits disponibles dans le canton de Vaud pour accueillir des
adolescents en état de crise ; il sagit de lUHPA. Cette disponibilité
me paraît plutôt faible. Si je me permets ce commentaire, cest à la suite
dun entretien avec une des responsables de lUnité de crise pour adolescents
et jeunes adultes à Genève, et des expériences du Centre Abadie à Bordeaux. En ce qui
concerne les adolescents à comportements suicidaires ou en état de crise, il serait
judicieux de leur offrir un temps de transition pour faire le point de la situation ;
ceci permettrait aussi de ne pas banaliser le passage à lacte et daider le
jeune à accéder aux soins. Comme le dit une des responsables de lUnité de crise
pour adolescents et jeunes adultes à Genève, un adolescent sur dix suit réellement une
psychothérapie à la sortie de lhôpital. Il faut donc trouver dautres moyens
pour lencourager à accepter de laide.
Pour conclure, je dirais que cette étude permet de connaître,
dune part les services psychiatriques du canton de Vaud prenant en charge des
enfants et des adolescents, et dautre part les différentes prestations offertes par
chacun deux. A la suite de cette étude, nous sommes donc en mesure de savoir où
sadresser en cas de difficultés et quels sont les moyens utilisés pour traiter les
patients. La deuxième partie de ce travail de recherche est théorique. Elle est
introduite par un chapitre sur les différents référentiels théoriques sur le suicide
et les tentatives de suicide.
3
___________________________
Le suicide
Introduction
Il nexiste pas une définition universelle du suicide. De même,
le sens de cet acte violent diffère dune personne à lautre. Le but de ce
chapitre est dintroduire les termes de suicide et tentative de suicide. Les auteurs
choisis abordent ces phénomènes selon différents référentiels théoriques
sociologique, psychologique, psychiatrique et psychanalytique.
Ce chapitre parle du suicide en général. Cest pourquoi les
théories présentées sont succinctes, elles offrent toutefois une palette des idées qui
ont traversé notre siècle. Les chapitres suivants traitent du suicide et des tentatives
de suicide à ladolescence.
1. Genèse du
suicide et définitions des termes spécifiques
Je trouve important de mentionner lorigine du mot suicide et les
différents termes spécifiques utilisés dans ce mémoire, afin de comprendre leur
signification.
- Genèse du mot " suicide "
Le mot " suicide " est né au 17ème
siècle, en Angleterre, afin de simplifier lexpression et lexplication
dun même phénomène, cest-à-dire se donner la mort. Le mot suicide voit le
jour sous sa forme latine dans le livre de lAnglais Sir Thomas Browne, Religio
medici, publié en 1642.
Cest en 1734 que ce terme apparaît dans la langue
française ; il est introduit par lAbbé Prévost qui séjourna en Angleterre.
Si on dit " il se suicide " et non " il suicide ",
cest parce que ce terme signifie bien un crime contre soi-même. En Angleterre, le
médecin George Cheyne explique le suicide comme une maladie anglaise. Georges Minois
cite : " Cest essentiellement, semble-t-il, leffet de la
conjonction des progrès statistiques, de lévolution socio-culturelle de
laristocratie, du climat dintense rivalité religieuse et de lessor de
la presse, dans une atmosphère générale de crise des valeurs traditionnelles pour la
seconde fois en un siècle ".
Définitions
Létymologie du mot suicide est issue " du latin sui, " de
soi ", et caedere, " tuer " ". Une définition
simple peut en découler, le suicide est une : " Agression contre
soi-même consciente et volontaire, entraînant la mort ". Plusieurs nuances
existent dans lemploi des termes utilisés pour spécifier lauteur de
lacte suicide. Voici quelques définitions succinctes des mots couramment utilisés
dans cette recherche, je les ai empruntées à P.-B. Schneider, psychanalyste :
Le suicide : lacte qui a réussi
La tentative de suicide : lacte qui a échoué
Les suicidés : ceux dont le geste a été mortel
Les suicidants : ceux qui ont fait une tentative et qui ont
survécu à leur geste autodestructeur
Les suicidaires : ceux pour qui le risque de recours au
suicide existe
Le comportement et la
conduite suicidaire : concerne aussi bien les idées
suicidaires, la tentative que le suicide
2. Différents référentiels
théoriques
Les quatre référentiels théoriques mentionnés sont sociologique,
psychologique, psychiatrique et psychanalytique. Je les ai choisis, car les ouvrages sur
le suicide sont souvent rédigés soit par les sociologues, les psychologues ou soit les
psychiatres. Il faut, toutefois, nuancer les propos retranscrits ; ils offrent
uniquement une vision densemble des différents référentiels.
2.1 Référentiel théorique
sociologique
Jai choisi E. Durkheim pour présenter les thèses sociologiques
sur le suicide, car il est le premier sociologue français à étudier le suicide en tant
que phénomène de société, en expliquant le lien entre le suicide et
lintégration de la personne dans la société.
Durkheim définit le suicide ainsi : " Le suicide
est, avant tout, lacte de désespoir dun homme qui ne tient plus à vivre[...]
Ce qui est commun à toutes les formes possibles de ce renoncement suprême, cest
que lacte qui le consacre est accompli en connaissance de cause ; cest
que la victime, au moment dagir, sait ce qui doit résulter de sa conduite, quelque
raison dailleurs qui lait amenée à se conduire ainsi.[...] On appelle
suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement dun acte positif
ou négatif, accompli par la victime elle-même et quelle savait devoir produire ce
résultat ". Toutefois, cette définition exclut toutes les personnes qui se
suicident sans connaissance de cause.
Pour lui, le taux de suicide ne sexplique que sociologiquement.
Lorsque lindividu est trop dépendant ou au contraire, indépendant de la société,
ceci peut provoquer des troubles psychologiques. Et en ce qui concerne les causes privées
de la personne, souvent citées en premier, elles sont lécho de létat moral
de la société. Il cite : " Cest la constitution morale de la
société qui fixe à chaque instant le contingent des morts volontaires. [...] Les
mouvements que le patient accomplit et qui, au premier abord, paraissent nexprimer
que son tempérament personnel, sont, en réalité, la suite et le prolongement dun
état social quils manifestent extérieurement ".
Suite à ces affirmations, E. Durkheim met laccent sur trois
catégories de suicides liés à lintégration : le suicide égoïste, le
suicide altruiste et le suicide anomique.
- Suicide égoïste :
il provient dune intégration insuffisante de la
personne dans un groupe social. La vie nest pas forcément douloureuse pour cette
personne-là, mais elle est vide, inintéressante. Lindividu est seul, il na
ni but, ni raison de vivre. Pourtant, lêtre humain a besoin de donner un sens à
son existence. Lindividualisme peut créer le penchant qui pousse les hommes à se
tuer, car la personne ne vit que pour elle et nobéit quà elle-même.
- Le caractère fondamental de cette personne est lapathie, elle paraît sans
volonté et sans énergie. Elle peut souffrir dun état de mélancolie paresseuse
avec une complaisance pour elle-même. Parfois un sang-froid désabusé du sceptique
apparaît, cest-à-dire quelle montre une certaine indifférence même par
rapport au scepticisme.
- Suicide altruiste :
par rapport au caractère du suicide précédent, le
suicide altruiste a une individuation très faible, cet acte résulte dun altruisme
intense. Cest-à-dire que la société tient lindividu sous sa dépendance et
la personnalité individuelle compte pour peu de chose. Le terme altruisme exprime le fait
que le moi de la personne se confond avec autre chose que lui-même. Si le droit de vivre
de ce dernier, ainsi que sa place minime dans le groupe ne sont pas reconnus, il peut
être totalement absorbé par la société.
- Une énergie passionnelle ou volontaire transcrit le caractère fondamental de cette
personne. Il peut être accompagné dun sentiment calme du devoir, dun
enthousiasme mystique et/ou dun courage paisible.
- Suicide anomique :
anomie veut dire " sans norme ".
Pour E. Durkheim, les désordres de réglementation dans la société sont les plus fortes
causes de suicide. Lindividu doit avoir, pour son bonheur et son existence même,
des besoins à la mesure de ses moyens, lesquels sont contrôlés par la société.
- En déterminant ses besoins, la personne suicidaire ouvre la porte aux illusions et
aussi aux déceptions. Elle peut se retrouver au-dessous de la condition à laquelle elle
était habituée. Elle sent lui échapper la situation dont elle se croyait maître. Elle
va donc sirriter contre la cause réelle ou imaginaire. Si elle se reconnaît comme
responsable de la catastrophe, elle sen voudra. Cest toujours dans un accès
de colère que le sujet se frappe. Par exemple, la société actuelle laisse peu de place
à léchec, et les exigences à légard des employés sont considérables.
- Le licenciement ou le chômage peuvent toucher profondément les personnes dont la
réussite professionnelle est le but suprême. En plus, dans certains pays comme la
Suisse, le travail est très valorisé. Le caractère fondamental de cette personne est
lirritation, le dégoût et la récrimination violente.
- Suite à ces trois types de suicide, E. Durkheim définit des types mixtes,
cest-à-dire les personnes dont les composantes du suicide sont de deux types :
tels que le suicide ego-anomique, anomique-altruiste et ego-altruiste. Les caractères de
ces personnes de types mixtes sont un mélange des deux types les composants. Un tableau
illustrant la classification étiologique et morphologique des types sociaux du suicide
est annexé à ce document (cf. annexe 5).
2.2 Référentiel théorique
psychologique
En parcourant plusieurs dictionnaires, je peux définir la psychologie
comme la science du comportement des organismes. Elle a pour but de découvrir
lintention derrière lacte, et derrière lintention, le mobile.
Dans le grand dictionnaire de la psychologie, le suicide est expliqué
comme un acte rationnel ou pathologique : " Le suicide est soit un acte
rationnel, exécuté en fonction de considérations morales, sociales, religieuses,
philosophiques ou personnelles, soit au contraire un acte pathologique survenant alors au
cours de lévolution de diverses affections mentales (dépression, délire
chronique, démence, confusion, etc.) ou dune crise existentielle aiguë sous forme
dun raptus anxieux autoagressif, raptus très différent du suicide prémédité de
certains mélancoliques ou délirants ". Le terme raptus indique un
comportement brusque et irrésistible permettant une décharge.
2.3 Référentiel théorique
psychiatrique
Pour la psychiatrie, le suicide est le symptôme dune maladie.
Dans Précis pratique de psychiatrie : " Le suicide est de tous les
comportements le plus important de la symptomatologie dépressive. ". Ce
commentaire souligne le sérieux dun acte pathologique dans la compréhension du
suicide.
De ce fait, le suicide, réussi ou manqué, dénote une maladie que le
psychiatre tentera de découvrir et de soigner. Le suicide chez les jeunes :
" se caractérise par une conduite dont le déroulement entraîne ou peut
entraîner la mort, et dont lexplication psychodynamique ne dépend pas de la
réussite ou non-réussite, mais de la perspective du sujet qui commet cet acte ".
2.4 Référentiel théorique
psychanalytique
Le terme psychanalyse est inventé par S. Freud en 1896. Ce terme nomme
une méthode de psychothérapie fondée sur lexploration de linconscient avec
laide des citations du patient et des interprétations du psychanalyste. S. Freud
étant linventeur de la psychanalyse, jai choisi dexpliquer ce point de
vue à partir de ses recherches sur le suicide.
Pour la psychanalyse, la force qui pousse le sujet à se détruire est
soit une attaque dirigée sur un objet introjecté ou soit un rejeton de linstinct
de mort par le biais de lintrojection. Le suicide est une forme dhomicide.
Personne ne peut trouver lénergie nécessaire pour se donner la mort, sil ne
tuait pas en même temps un objet avec lequel il sétait identifié. Le désir de
mort est premièrement dirigé contre autrui, mais se tourne contre le sujet lui-même.
Cest le désir de mourir, dêtre tué et de tuer lautre.
Une des interprétations de ce désir de mort est formulé par S. Freud
de la manière suivante : " La voie est barrée vers la régression
totale ; de ce fait, ne pouvant plus aller quen avant, la pulsion de mort se
trouve engagée dans sa manifestation : celle dun
" retour " à létat inorganique ".
Conclusion
Dans ce chapitre, les thèses sociologiques sont plus développées que
les thèses psychologiques, psychiatriques et psychanalytiques. Ces dernières sont
reprises dans les chapitres suivants sur le suicide et les tentatives de suicide à
ladolescence.
Le point de vue sociologique souligne la relation pathologique du sujet
avec la société lors dun suicide. Le point de vue psychologique, quant à lui, met
laccent sur lacte suicidaire rationnel ou pathologique ; il est lié aux
considérations morales, sociales, religieuses ou philosophiques, soit lié à une
affection mentale.
Le point de vue psychiatrique considère lacte plus comme le
symptôme dune pathologie. Lexplication de la conduite suicidaire est en
corrélation avec une affection du système nerveux. Néanmoins, les psychiatres tiennent
aussi compte de lhistoire du patient. Le point de vue psychanalytique, quant à lui,
envisage le suicide comme un homicide, où lagression normalement dirigée contre
autrui est dirigée contre lacteur.
Ces constatations me permettent dentrevoir un point commun entre
les différentes thèses, celui du désir chez les personnes à comportement suicidaire de
mettre fin à leurs jours. Hormis ce dernier point, il existe des divergences entre
certaines thèses. Pour E. Durkheim, le suicide ne peut être expliqué que
sociologiquement, car ce sont les causes sociales qui ont agi sur lindividu. Quant
aux autres points de vue, ils reconnaissent tous, chez les personnes à comportement
suicidaire, des troubles pathologiques liés à lindividu. En guise de conclusion,
je peux dire que la définition du suicide nest pas universelle et que les
interprétations de lacte suicidaire diffèrent selon les auteurs et leur
référentiel théorique. Le chapitre suivant rappelle quelques aspects du développement
de ladolescent afin de comprendre au mieux les conduites suicidaires à cette
période de la vie.
4
_______________________________
Ladolescence
Introduction
Cette recherche est ciblée sur une population spécifique, les
adolescents. Cest pourquoi, dans ce chapitre je me suis attachée à développer
cette période de la vie. Ce rappel traite les définitions de ladolescence, le
développement pubertaire, le développement psychologique et lautonomie.
1. Définitions
Le terme adolescence vient du latin " adolescere "
daté de la fin du 13ème siècle, qui signifie grandir. Ladolescence implique
plusieurs éléments, tels que la croissance, la transformation, lévolution et la
mouvance. Ce terme adolescence est souvent utilisé comme synonyme de puberté. Il existe
tout de même une nuance entre ces deux termes. La puberté représente lensemble
des maturations physiques et psychiques amenant lenfant à létat adulte,
tandis que ladolescence est plus une période dans laquelle le jeune se transforme
sur le plan affectif et comportemental, pour devenir un adulte avec une identité et un
rôle sexuels .
En ce qui concerne le début et la fin de ladolescence, il est
difficile de déterminer un âge, cela diffère dune personne à lautre :
certains sont précoces et dautres se développent plus tardivement. Par exemple,
pour D. Marcelli, médecin psychiatre, le début de ladolescence correspond au
départ de la puberté, entre dix et douze ans chez la fille et entre douze et quatorze
ans chez le garçon. Il estime la durée de cette période à une dizaine dannées,
voir plus.
En Suisse, la majorité est fixée à 18 ans sur le plan juridique.
Cependant, ce propos est bien aléatoire car daprès L. Not, F. Dolto, S. Freud, E.
Erickson et dautres auteurs, ladolescence ne sarrête pas à 18 ans. Si
je donne cette information, cest parce que la politique sociale en Suisse considère
les adolescents de 18 ans comme des adultes. Leur prise en charge se voit modifiée dès
cet âge, alors quils ont encore besoin dun accompagnement adapté à leur
statut dadolescent et non dadulte.
2. Le développement pubertaire
La puberté dure environ cinq à six ans, toutefois les variations
peuvent être grandes dune personne à lautre. Plusieurs indicateurs marquent
la puberté, ils sont expliqués en quatre points par G. Theintz :
- Les modifications hormonales
sont les premiers signes déclenchant la puberté. Le
programme de maturation a débuté in utero ; pendant lenfance le système
sarrête et plus tard, à lâge pubertaire, il y a la réactivation de
laxe hypothalamo-hypophyso-gonadique. Les testicules et les ovaires deviennent
sensibles aux gonadotrophines et la production de stéroïdes sexuels (hormones
sécrétées par les glandes endocrines) augmente, ce qui permet les modifications
pubertaires.
- Le processus de maturation du système génital
, cest-à-dire la croissance
des organes génitaux chez lhomme et chez la femme.
- Le développement des caractères sexuels secondaires
se traduit chez le garçon par
lapparition des poils, la voix qui mue, etc. Chez la fille, il y a lapparition
des poils, le développement des seins et lapparition des premiers cycles.
- La croissance de la taille
est de 22 à 24 cm chez le garçon pendant la puberté.
Le moment où il grandit le plus est situé vers 14-15 ans, plus tardivement que la fille
dont la période est située vers 12-13 ans. Chez la fille, il y a aussi
lélargissement du bassin et une augmentation plus grande de la graisse que des
muscles, phénomène inversé chez les garçons.
Lapparition du processus pubertaire est propre à chaque
individu. Toutefois, le développement peut être influencé par plusieurs facteurs, tels
que lalimentation, les conditions climatiques, le milieu de vie de la personne, etc.
Par exemple, des carences alimentaires telles que les vitamines, les protéines, le
calcium, le magnésium perturbent le développement physique et psychique de
ladolescent. Par ailleurs, le milieu de vie de la personne et/ou une famille
pathologique peuvent provoquer un arrêt de la croissance physique et/ou des troubles
psychologiques.
D. Marcelli nous rend attentifs sur le double enjeu psychique suscité
par la transformation pubertaire. Les nécessités pour ladolescent sont, dune
part de maintenir un sentiment de continuité dexistence dans un corps en
changement, et dautre part dintégrer cette transformation pubertaire dans le
fonctionnement psychique. Ce désir de continuité entraîne des interrogations et des
inquiétudes sur son corps en changement et sur son identité. Ce corps en mutation
entraîne des interrogations sur sa beauté, son poids, ses difformités, ses désirs,
etc.
Je constate que certaines différences physiologiques peuvent devenir
source de souffrance si ladolescent peine à les accepter.
3. Le développement psychologique
Le développement, comme son nom lindique, sapplique sur
une longue durée. Les quatre éléments en interaction sont les facteurs physiologiques,
cognitifs, affectifs et sociaux. Ce chapitre cite uniquement les trois derniers ; les
facteurs physiologiques sont développés précédemment. Un grand nombre de théoriciens
tels que J. Piaget, S. Freud, E. Erickson,
H. Wallon, etc. ont étudié le développement de lenfant et de ladolescent.
Cest pourquoi, ce chapitre nexplique pas les étapes et stades du
développement cités par chaque auteur, mais synthétise uniquement quelques éléments.
- Développement cognitif
- Le développement cognitif, étudié par J. Piaget, explique lévolution des
capacités intellectuelles. La dernière phase de construction des opérations de
lintelligence se situe vers 14-15 ans. Ladolescent peut non seulement
raisonner à partir de représentations immédiates, mais il peut aussi émettre des
hypothèses orientées vers lavenir. " Le sujet parvient à se dégager
du concret et à situer le réel dans un ensemble de transformations
possibles ". Le développement cognitif, sous langle
dacquisition dune capacité dintellectualisation, permet de faire tampon
contre langoisse instinctuelle.
- Développement affectif
- Selon S. Freud, la personnalité se construit progressivement au cours du développement
et sera définitivement constituée après ladolescence. La personnalité se
définit par sa structure composées de trois instances : le Ca, le Moi
et le Surmoi. Le Ca est linstance primitive, inconsciente, il est
présent à la naissance et agit en fonction du plaisir, sans tenir compte de ce qui se
passe extérieurement. Le Moi émerge petit à petit quand lenfant apprend à
tenir compte des exigences de la réalité, cest-à-dire que lenfant a des
désirs, mais il ne peut les assouvir tout de suite, il obéit au principe de réalité.
Le Surmoi est linstance qui juge si laction est bonne ou mauvaise.
Grâce à lintégration des normes parentales et sociales, lenfant peut par la
suite lui-même gérer ses conduites.
- A ladolescence, les conflits oedipiens sont réactivés. Ladolescent rejette
et dépasse les fantasmes incestueux qui réapparaissent. Ce processus entraîne le deuil
de lenfance et lacceptation des changements sopérant à cette période.
Ladolescent renonce aux objets infantiles pour de nouveaux choix dobjet.
La résolution de la situation oedipienne va influencer la réorganisation de sa
personnalité, sa relation avec autrui et ses choix dun conjoint. " Cest
donc à laffectivité de ladolescent quil incombe de réunir ce moi
dispersé ".
- Développement social
- Hormis la famille, les groupes de pairs favorisent aussi le développement social et
affectif de ladolescent. Ils permettent lidentification des membres entre eux,
le relais des idéaux du moi, la protection contre un extérieur menaçant, etc.
Lamitié est très importante pendant cette période. Cest un moment où la
relation avec ses parents et sa famille changent. Il est donc important pour
ladolescent davoir un autre lieu pour parler, partager ses difficultés.
" La véritable amitié donne la force de saventurer, de penser loin,
de sengager ".
- Les relations entre parents et adolescents peuvent devenir conflictuelles, à cet âge.
Or, si les possibilités de communiquer entre les membres de la famille sont moindres,
ladolescent tentera de combler cette insatisfaction à lextérieur du contexte
familial. Cependant, ladolescent reste fragile et peut se trouver dans un nouveau
réseau social menaçant. Ce réseau social peut être comparé au congre, présenté par
F. Dolto. Cet animal est prêt à dévorer le homard qui vient de perdre sa nouvelle
carapace et reste sans défense le temps den fabriquer une nouvelle. Cette période
sans défense correspond à ladolescence pendant laquelle des menaces de
lintérieur ou de lextérieur peuvent devenir dangereuses.
- Un autre élément peut aussi entraver le développement social de ladolescent,
cest la responsabilité dun parent malade ou veuf. Selon D. Brittain et S.
Becker, les tâches peuvent obliger lenfant à rester à la maison et ainsi le
limiter dans ses relations amicales et sociales.
- Ladolescent prend conscience que le monde qui lentoure ne sarrête pas
à sa famille. En sortant du cercle familial, il perçoit progressivement les enjeux de la
société, du monde politique, professionnel et écologique, etc. Cette ouverture sur
lextérieur peut être source dambitions mais aussi de déceptions.
" Grandir, cest découvrir que tous les humains sont faits du pire
comme du meilleur, et ce nest pas facile ".
-
4. Lautonomie
Ladolescence est un remaniement de la personnalité centré
spécialement sur la quête dautonomie, ce projet de soi. Dans le Petit Larousse,
autonomie signifie : " indépendance, possibilité de décider pour un
organisme, pour un individu, par rapport à un pouvoir central, à une hiérarchie, une
autorité ".
Lautonomie est un enjeu important à ladolescence, elle
fait appel au besoin de ladolescent de se séparer de ses parents. D. Marcelli
explique ce besoin : " A travers le besoin de se séparer,
ladolescent est à la recherche/conquête de ses " limites "
aussi bien au plan de son corps propre (limite dans ses besoins physiologiques :
alimentation, besoin de se vêtir... limites dans son style dhabillement, dans ses
performances physiques), de ses compétences intellectuelles, que dans le domaine du lien
social (un des modèles les plus typiques de cette recherche de limites par rapport aux
interdits parentaux étant lheure de sortie ou de rentrée dune soirée) ".
Le processus dautonomie se vit parallèlement au processus
dindividuation (individu dont la personnalité se différencie), car si
lindividuation se passe mal lautonomie en sera affectée. Les parents jouent
un rôle important dans le processus de séparation-individuation de ladolescent
pour qui la séparation peut être angoissante. Le processus de séparation-individuation
définit par P. Blos, met en conflit la difficulté des parents à renoncer en partie à
leur fonction dautorité et la difficulté de ladolescent à sen
détacher. Les parents comme ladolescent doivent accepter les changements.
Conclusion
Ce chapitre permet un survol des modifications et des enjeux à
ladolescence, ce moment charnière dans la vie dun être humain.
Ladolescence est une période dans laquelle le jeune se transforme sur le plan
affectif et comportemental pour devenir un adulte avec une identité et un rôle sexuels.
La puberté est lensemble de maturation physique et psychique; caractérisée par le
déclenchement hormonal, la maturation des systèmes génitaux, le développement des
caractères sexuels, la croissance et la taille.
Ladolescent se développe non seulement sur le plan
physiologique, mais aussi sur le plan psychologique pour tendre vers lorganisation
définitive de sa personnalité. Le développement psychologique croît par le biais du
développement physique, cognitif, affectif et social. Une articulation existe entre
chaque facteur du développement.
Nous lavons vu, les modifications à ladolescence peuvent
aussi engendrer des épreuves. Cest pourquoi, le rôle des parents est très
important pour le soutenir dans cette évolution.
Pour conclure, chaque adolescent vit ces changements dune
manière personnelle. Les épreuves ne sont pas nécessairement sources de complication,
encore moins de pathologie chez lindividu, mais font partie de lhistoire de la
personne. Ces propos sur ladolescence permettent de passer au chapitre suivant qui
traite spécifiquement les conduites suicidaires chez les adolescents.
5
___________________________________
Les conduites
suicidaires chez ladolescent
Introduction
Ce chapitre tente de comprendre dune part les éléments qui ont
amené ladolescent au passage à lacte, et dautre part les
significations de lacte. Quelquen soit laboutissement,
cest-à-dire lissue fatale ou non : est-ce que ladolescent désire
réellement en finir avec la vie ou est-ce quil souhaite tout simplement en finir
avec cette vie-là ?
Ce chapitre développe quelques statistiques, les facteurs pouvant
entraîner des conduites suicidaires et des idées suicidaires au passage à lacte.
Je me réfère, à plusieurs reprises, à trois auteurs : P. Jeammet, F. Ladame et X.
Pommereau. Pour des raisons pratiques, je ne cite pas les trois noms à chaque fois, mais
je précise quil sagit de propos tirés de leurs ouvrages.
1. Quelques statistiques
Il me paraît intéressant de relever quelques statistiques (tableau
23) quant aux nombres de suicides et tentatives de suicide chez les adolescents ;
elles nous permettent de prendre conscience de lampleur de ce problème. Il est
toujours difficile destimer le nombre de décès suite à un suicide, car
lintention autodestructrice nest pas toujours explicite. Le suicide peut être
camouflé par un accident, par une discrétion de la famille, etc. Il faut être prudent
lorsquon examine des statistiques.
Selon loffice fédéral des statistiques, le suicide est la
deuxième cause de mortalité chez les adolescents de 15 à 24 ans, après les accidents.
Je tiens aussi à préciser que si le suicide obtient la deuxième place, cest parce
que les décès dus à une maladie sont moins fréquents à cet âge. En 1994, la Suisse
compte 188 décès, dont 43 par suicide chez les 15-19 ans (37 garçons et 6 filles). Le
taux de mortalité sélève à 18,2/100'000 garçons et 3,1/100'000 filles.
Je trouve aussi intéressant dévoquer le taux de suicide chez
les préadolescents et les jeunes adultes car, comme nous lavons déjà cité dans
ce travail, ladolescence ne débute pas à 15 ans et ne sarrête pas à 19 ans
pour tous les individus. De ce fait, chez les préadolescents de 10 à 14 ans, les taux
sont moins élevés ; ils représentent tout de même 1,5/100000 garçons et
0,5/100'000 filles. La Suisse compte 86 décès à cet âge, dont 4 par suicide (3
garçons et 1 fille).
Par contre, le nombre de décès par suicide chez les 20 à 24 ans
sélève à 111 (95 garçons et 16 filles) sur 468 décès. Les taux de mortalité
pour cet âge sélèvent à 40,8/100'000 garçons et 6,9/100'000 filles.
Tableau 23 : Taux des décès par suicide en Suisse en 1994
Age |
Sexe |
Nbre de décès |
Taux de mortalité
pour 100'000 habitants |
10-14 ans |
Masculin |
3 |
1,5 |
10-14 ans |
Féminin |
1 |
0,5 |
15-19 ans |
Masculin |
37 |
18,2 |
15-19 ans |
Féminin |
6 |
3,1 |
20-24 ans |
Masculin |
95 |
40,8 |
20-24 ans |
Féminin |
16 |
6,9 |
Concernant les tentatives de suicide, il est encore plus difficile de
chiffrer le nombre, lacte nest souvent pas connu, particulièrement lorsque la
tentative de suicide ne demande pas de soins somatiques. Selon J. Laget, le taux des
tentatives de suicide est sous-estimé : " il est de lordre de 500
pour 100'000 en Suisse, deux fois plus élevé pour les filles que pour les garçons ".
Quant aux récidives, F. Ladame compte 18% de récidives en début dadolescence et
40% en fin. Cette évolution montre la forte augmentation des récidives avec lâge.
En outre, les conséquences médicales des deuxième ou troisième passages à lacte
suicidaire sont, généralement, plus graves que le premier. En ce qui concerne les idées
suicidaires, 20% des garçons et 40% des filles répondant à une enquête ont pensé au
suicide et le quart dentre eux y pensent souvent.
En guise de conclusion, nous pouvons constater quil y a plus de
suicides commis par les garçons que les filles. Par contre, il y a plus de tentatives de
suicide commises par les adolescentes que les adolescents. Pour X. Pommereau, sil y
a plus de tentatives de suicide commis par les filles, cest parce quelles
expriment plus leur souffrance psychologique par un effacement, un retrait, en utilisant
aussi un moyen plus doux pour sen aller qui nentraîne pas forcément la mort.
Par contre, les garçons ont plus souvent recours à lagressivité et la violence,
que ce soit par le biais dactes anti-sociaux ou par lutilisation dun
moyen de se supprimer plus violent conduisant directement à la mort.
2. Les facteurs pouvant
entraîner des conduites
suicidaires.
Les tentatives de suicide ne font pas partie du développement normal
de ladolescent. Il existe une différence entre les remises en question dordre
existentiel et la détresse mentale rencontrée chez les adolescents à conduites
suicidaires.
Les éléments déclencheurs de la tentative de suicide tels
quexamen échoué, rupture amoureuse, chômage, cachent souvent une souffrance dont
les origines sont plus profondes. Le désespoir de ladolescent suicidaire, qui le
mène au passage à lacte suicidaire, est, selon
X. Pommereau, conjugaison des facteurs personnels, familiaux et environnementaux qui
sentremêlent et se renforcent réciproquement. Ce qui mamène à les
développer ci-dessous.
2.1 Les facteurs personnels
Les auteurs de référence, H. Caglar, M. Klein, disent que la
tentative de suicide est un acte pathologique. Pour X. Pommereau, ladolescent a des
souffrances psychiques qui nécessitent dêtre reconnues et apaisées. Des troubles
de la personnalité tels quune émotivité excessive, des sentiments de tristesse,
de la colère, de la rage, de lirritabilité, une impulsivité et une tendance au
passage à lacte, sont souvent associés à ce comportement pathologique. Par
ailleurs, lacte suicidaire peut aussi montrer le début dune affection
psychiatrique évolutive telle quune maladie psychotique des troubles de
lhumeur. Cependant, le passage à lacte est plus souvent lié à un échec du
processus développemental quà une maladie psychiatrique.
En ce qui concerne les différentes psychopathologies, 40 à 60 %
dadolescents suicidants souffrent dun épisode dépressif majeur. Un
adolescent sur dix souffre de troubles psychotiques et sept adolescents sur dix
présentent des troubles anxieux.
Limportance des épisodes dépressifs, le lien entre échec du
processus développemental et passage à lacte, mamène à traiter
spécialement la dépression et la perspective analytique, laquelle explique le processus
développemental. En outre, je trouve intéressant de nommer ce modèle théorique car un
bon nombre de psychiatres y fait référence.
La dépression
En reprenant ce qui a été dit précédemment, les symptômes
dépressifs nannoncent pas forcément une maladie psychiatrique. " Il
ny a donc pas dadolescence normale sans dépression ou, plus correctement,
sans moments dépressifs, liés aux sentiments de pertes, sans pour autant quil
sagisse de " maladie dépressive " ".
Cette idée peut entraîner une banalisation des symptômes, or il faut
être attentif aux affects dépressifs persistants et savoir les reconnaître pour les
traiter à temps. Je vais parler maintenant des significations et traits cliniques de la
dépression.
Le terme " dépression " est utilisé dans
de nombreux cas, le sens donné nest pas toujours le même. F. Ladame
présente la dépression en tant quaffect de tristesse, symptôme et maladie.
- Affect de tristesse.
La dépression fait partie des sentiments humains universels
provoqués par les circonstances de la vie.
- Symptôme
. Il sagit plutôt dun état dépressif qui provoque un
dysfonctionnement au niveau personnel et social. Cet état peut être lié à un stress
particulier dorigine interne et/ou externe tel que des difficultés liées au
développement de ladolescent.
- Maladie.
Elle exprime un trouble dans le développement psycho-affectif de
ladolescent. Si elle nest pas traitée, elle peut porter atteinte à
lintégrité physique et psychique de cette personne à lâge adulte.
La dépression nest pas facile à diagnostiquer chez
ladolescent. Contrairement à ladulte, ladolescent nexprime pas
forcément directement sa déprime. Le dire serait avouer une faiblesse contre laquelle il
lutte. P. Jeammet dit que pour ladolescent, il faudra chercher la réaction
dépressive derrière langoisse, alors que pour ladulte, cest souvent la
dépression qui masque langoisse.
La dépression se manifeste de plusieurs manières, elle varie
dun adolescent à lautre. Toutefois des traits cliniques habituels peuvent
être repérés, ils sont cités par P. Jeammet :
- Linhibition psychomotrice avec un ralentissement moteur et bradypsychie
(ralentissement de la pensée).
- Lhumeur dépressive, la douleur morale, les sentiments de tristesse et/ou de
dévalorisation, lauto-accusation mélancolique.
- Les préoccupations suicidaires.
- La culpabilité, les auto-reproches, la honte, lautodépréciation, la perte de
lestime de
soi.
- Les troubles physiologiques avec anorexie, asthénie (état de fatigue et
dépuisement),
insomnie, etc.
Linhibition est aussi souvent une forme dexpression de la
dépression. Calmement et sans alerter son entourage, son champ dintérêt se
restreint. Finalement ce retrait peut engendrer un refus des liens affectifs par
ladolescent. Ce retrait doit être sérieusement pris en compte car
ladolescent doit, de toute façon, vivre le processus de séparation-individuation.
Cependant, comment peut-il le vivre, si ses relations avec sa famille et son groupe de
pairs sont perturbées ?
Les auteurs de référence, M. Klein, mettent en relation la
dépression avec les conflits de ladolescent. Une problématique dépressive existe
souvent derrière la plupart des troubles du comportement de ladolescent.
Lexpression des conflits intrapsychiques à cet âge, peut sexprimer au
travers dépisodes dépressifs.
Perspective analytique
Jai choisi damener la perspective analytique à partir du
point de vue kleinien. Les propos suivants sont relatés par M.-H. Samy. Il développe
premièrement la théorie kleinienne, à savoir les positions schizo-paranoïde et
dépressive. Ensuite, il théorise les aspects suivants du développement adolescent, à
partir de la théorie kleinienne et les développements post-kleiniens :
lévolution du niveau de symbolisation, latténuation du clivage et la
tolérance de lambivalence, le rôle de lidentification projective,
laltération de la perception temporelle et son rôle dans le travail de deuil. Je
vais essayer de synthétiser les aspects susmentionnés.
- Les positions schizo-paranoïde et dépressive
La position schizo-paranoïde (abrégée S-P) et la position
dépressive (abrégée D) sont deux étapes importantes de la croissance psychique. La
position S-P est provoquée par linstinct de mort et ressentie comme une angoisse de
persécution. " Le nourrisson devra cliver lobjet (et par conséquent
le Moi) en bon et mauvais objets, afin de préserver le premier et permettre ainsi
létablissement dun bon objet externe et interne. Ces mécanismes infantiles
sont à la base des défenses de clivage et didéalisation que nous retrouverons
plus tard ". Le nourrisson na pas conscience du monde extérieur à sa
naissance. Le sein de la mère fait partie de lui. Par la suite, le Moi se développe. Le
bébé devient ambivalent par rapport au premier objet (la mère). Il commence à projeter
ses pulsions destructives sur le mauvais objet, celui par lequel il se sent persécuté.
Il apprend que les désirs (pulsions) ne peuvent pas toujours être satisfaits
immédiatement. Il doit donc prendre en considération la réalité et différer la
satisfaction de ses désirs.
Lintrojection du bon objet permet latténuation de
langoisse persécutive et la mise en place de la position D. Laccès à la
position D entrave la possibilité détablir une relation avec lobjet total.
Le passage de la position S-P à la position D, signale laccès à
lambivalence et la capacité de prendre lautre en compte.
Quand lenfant prend conscience que lamour et la haine sont
dirigés vers la même personne, il réalise que la haine a pu blesser, alors il tentera
de réparer. Langoisse dépressive sexplique par la peur de perdre
lobjet unifié. Selon M.-H. Samy, le développement à ladolescence correspond
aussi à un passage de la position SP à la position D ; les aspects de ce
développement sont développés ci-dessous.
- Lévolution du niveau de symbolisation
A ladolescence, lindividualisation demande la
transformation des liens avec lobjet premier (la mère). Ceci nécessite le passage
de la position SP à D, qui requiert la formation du symbole et de la représentation
verbale pour remplacer cette perte. Cependant, ce processus dindividualisation peut
être perturbé par des carences affectives et des séparations multiples. Pour M. Klein,
ladolescent peut se retrouver immobilisé dans une relation conflictuelle avec
lobjet premier, ce qui peut gêner la formation du symbole. Il en résulte une
difficulté à nommer et décrire ce quil ressent.
- Latténuation du clivage et la tolérance de lambivalence
Si latténuation du clivage et la tolérance de
lambivalence, cités précédemment, sont absents chez ladolescent, il peut
souffrir dune dichotomie : " ... il sagit dun système
du tout ou rien. La situation relationnelle devient insoutenable car le moindre rejet
équivaut à une perte totale ". Ladolescent suicidaire doute de la
prééminence de lamour sur la haine. Il est très sensible au rejet.
Ces éléments me font penser à une situation de stage. Il sagit
dun adolescent qui, lorsquil se trouvait en situation conflictuelle avec un
éducateur ou un des résidents, il nous parlait de son désir de mourir en se jetant sous
un camion. Le moindre sentiment de rejet était équivalant, pour lui, à une perte
totale. Cet adolescent a été séparé de sa mère en bas âge. Je pense que cet
éloignement de lobjet maternel a entraîné des difficultés à tolérer
lambivalence.
- Le rôle de lidentification projective
Lidentification projective cherche, par le biais de la possession
et du contrôle de lobjet, à établir une identité du Moi. Ceci se ressent chez
ladolescent à travers son besoin dappartenir à un groupe de pairs qui lui
dicte un style vestimentaire, musical, un mode de pensée, etc.
Avec latténuation de langoisse persécutive, le besoin de
contrôler lobjet va diminuer. Progressivement lidentification projective va
laisser la place à lidentification introjective et à la position D.
Lidentification introjective cest : " la manière dont un
sujet fait entrer fantasmatiquement des objets du dehors au dedans de sa sphère
dintérêt ".
Dans cette perspective, le comportement suicidaire est le dernier moyen
de contrôle exercé sur lentourage. Ce comportement montre léchec du
développement de ladolescent et le maintien de lidentification projective.
- Laltération de la perception temporelle et son rôle dans le travail du deuil
Ladolescent perturbé peut vivre dans la réalité immédiate et
laisser peu de place aux souvenirs et aux projets davenir. Etant donné quil
peut être difficile pour lui de percevoir le temps en termes de durée et de continuité,
il a de la peine à donner un sens à sa vie et un but qui apaiseraient sa souffrance
psychique. Tous changements menacent son besoin dimmuabilité, de permanence, qui
sont importants pour la formation de son identité et de son autonomie.
2.2 Les facteurs familiaux
Lorsque lon parle de conduites suicidaires, il est important de
prendre en compte également le réseau relationnel de ladolescent, car les
interactions existantes influencent le développement de ladolescent.
F. Ladame, X. Pommereau, M.-H. Samy constatent que bon nombre
dadolescents à conduites suicidaires vivent des conflits intra-familiaux. Les
conflits peuvent être dus à léclatement de la famille, à des troubles
psychiatriques dun des parents, à une violence psychique ou physique, etc.
Lenfant a besoin de stabilité et une rupture déquilibre, au sein de la
famille, entraîne le plus souvent des difficultés.
Les ruptures occasionnent forcément des modifications dans la vie de
ladolescent, tels que changement de domicile, de quartier, décole,
damis, dappartement, etc. Des conséquences peuvent se faire sentir dans leurs
relations avec autrui, dans leur sexualité, à lécole où les problèmes émotifs
et relationnels prennent parfois le pas sur leur motivation à apprendre et leurs
performances.
Les difficultés liées aux rapports intra-familiaux peuvent aussi
être vécues à lintérieur dune cellule familiale, mais où le climat
familial est pathogène. Même si les parents vivent toujours ensemble, ils peuvent aussi
ne plus sentendre, avoir recourt à la violence verbale et/ou physique, vivre un
" divorce émotionnel ", etc.
Je tiens à préciser que tout éclatement de la famille nucléaire
nest pas synonyme de conduites suicidaires chez les enfants. Mais selon M.-H. Samy
par exemple, ce qui semble spécifique ce sont les séparations multiples et les carences
affectives des deux parents.
2.3 Les facteurs environnementaux
Plusieurs événements sociaux peuvent influencer le passage à
lacte suicidaire, je vais reprendre quelques facteurs cités par X. Pommereau :
labsence demploi, lisolement social, le contexte socio-économique et
leffondrement de certaines valeurs.
Labsence demploi
Le développement industriel a engendré dénormes progrès ayant
des conséquences sur lespérance de vie des individus, le confort matériel,
lévolution des techniques électroniques et de communication. Cependant, cette
mécanisation a aussi provoqué une diminution des emplois. Comme le dit X. Pommereau, un
écart se crée entre les personnes dont lavenir semble prometteur et celles pour
qui lavenir est incertain. Le travail en Suisse est très valorisé ; il offre
statut social, sécurité, sens à la vie, réseau social, reconnaissance du travail
accompli, etc. En écoutant les dires des chômeurs, je constate que labsence
demploi peut engendrer divers phénomènes tels quune dépendance financière,
une dévalorisation de la personne, des sentiments dinjustice, le dégoût de la
vie, labsence de projet à long terme, etc.
Lisolement social
A quoi bon vivre si lindividu est seul, sans contact, sans
vis-à-vis. Le groupe social donne une raison de vivre, offre des liens entre les
individus, par conséquent des forces, du réconfort, de la compréhension. Si nous allons
plus loin dans la réflexion, les liens sociaux et damour rattachent les personnes
à la vie, ils sont importants pour lépanouissement de lindividu. Nous
existons en partie dans le regard des autres, au travers du prix que lon a aux yeux
des autres. Or, ladolescent suicidaire, qui souffre dune dépression, peut
avoir comme trait clinique une rupture des liens qui le rattachent aux êtres vivants. Ce
fait est dautant plus problématique pour lui, car à cet âge ladolescent
entre dans le processus de séparation-individuation. Ce qui veut dire que
lentourage est non seulement important pour son épanouissement, mais il joue aussi
un rôle dans la recherche dautonomie qui caractérise ladolescence.
- En tant quindividu, nous avons aussi une part de responsabilité dans
lisolement social dautrui. Notre regard, nos attitudes envers les autres
individus influencent leur propre appréciation deux-mêmes. Voici une citation
illustrant cette pensée : " La capacité de quelquun dépend
beaucoup de la confiance quon lui accorde. Ce qui est vrai en économie (par exemple
par le cours du dollar qui grimpe ou chute selon lestime quon lui porte)
devrait lêtre pour la vie. "
Le contexte socio-économique
Les zones urbaines les plus touchées par la crise économique
nindiquent pas un taux de suicide plus élevé quailleurs. En plus, il y a des
jeunes suicidaires dans les familles de tous niveaux et de toutes catégories
professionnelles. Par contre, selon C.-L. Moser et S. Blum-Moulin, des problèmes graves
peuvent découler du décalage socio-économique et culturel entre le milieu familial et
le milieu social de ladolescent. Lécole, le groupe des pairs et le travail
peuvent confronter ladolescent à dautres valeurs sociales que celles
rencontrées dans sa famille.
Leffondrement de certaines valeurs
La société occidentale actuelle noffre plus de rituels reconnus
et cohérents. Cette perte du rite est, selon X. Pommereau, liée à leffondrement
des idéologies et des croyances. Cet aspect ne donne pas aux adolescents une confiance en
un avenir prometteur. Lindividualisme laisse les adolescents maîtres de leur
destinée, cependant cet individualisme les laisse aussi seuls et fragiles face aux
difficultés de la vie.
Il me semble que la société occidentale délaisse de plus en plus ses
fondements judéo-chrétiens qui lui assuraient une stabilité. Lorsquil y a une
remise en question de valeurs fondamentales, les individus perdant leurs points de
repères peuvent se trouver fragilisés. En prônant la liberté, lindividu
sest retrouvé seul, sans norme, ne sachant plus sur quelle base construire sa vie.
La réussite professionnelle et la richesse ont séparé les hommes. E. Durkheim dit que
le penchant au suicide est aggravé dans les milieux instruits. Cette aggravation ne
résulte pas, pour lui, dun développement intellectuel, mais est due à
laffaiblissement des croyances traditionnelles et à létat
dindividualisme moral qui en résulte.
Labsence de repères favorise une déviance comportementale et
lattrait des conduites à risque. X. Pommereau nous explique cet attrait de la
manière suivante : " Moins la réalité externe lui offre des
représentations symboliques stables et solides de limites contenantes et supportables,
moins le sujet se sent en sécurité dans lespace quil a à explorer et plus
il doit les " bricoler " lui-même ".
3. Des idées suicidaires
au passage à lacte
Selon C.-L. Moser et S. Blum-Moulin, penser à la mort est structurant
pour ladolescent, car cette période est le deuil de lenfance et dimages
parentales. Cest aussi à ce moment-là que la capacité dintellectualiser la
mort se met en place. Elle devient une préoccupation essentielle pour ladolescent.
Il prend conscience que son corps nest pas immortel. " Ladolescent
éprouve un réel plaisir à manier lidée de sa propre mort, car il se donne ainsi
le sentiment de se définir, de se connaître, de maîtriser ses pulsions de mort et de
sonder sa liberté ".
Comment une idée suicidaire évolue-t-elle en acte-suicide ? Je
propose daborder ce thème en développant les finalités recherchées dans les
conduites suicidaires, le passage à lacte suicidaire et les moyens utilisés.
3.1 Les
finalités recherchées dans les conduites suicidaires
Comprendre le but des conduites suicidaires semble important, cependant
il est difficile de donner des significations à lacte. F. Ladame, A. Haim, H.
Chabrol pensent en effet que la signification des conduites suicidaires est à rechercher
plus profondément, principalement au niveau de linconscient. Je vais parler
maintenant de quelques significations psychologiques générales du suicide, du passage à
lacte suicidaire et des moyens utilisés.
Quelques significations du suicide
Voici quelques significations psychologiques générales du suicide,
présentées par P.-B. Schneider :
- La fuite
est une manière de mettre fin à un conflit souvent dordre affectif
ou à une situation accompagnée de tensions psychiques qui deviennent intolérables.
- Le châtiment
est un mécanisme inconscient. Le suicidant exprime une culpabilité
profonde, liée à la vie sexuelle qui représente, pour ladolescent, linceste
interdit. Il pense ne pouvoir alors expier sa faute quà travers la mort.
- Le crime.
Etant donné que P.-B. Schneider ne développe pas ce point dans son
ouvrage, je me permets de comprendre cet élément à travers les propos de F. Ladame qui
dit que la destructivité sassocie à des fantasmes de suppression de lobjet
investi. Comme lobjet investi cest lui-même, il se supprime.
- La vengeance
sert à accuser des proches ou à leur faire assumer la responsabilité
des maux de ladolescent et à les rendre meurtriers.
- Lappel
permet à la personne de remettre brutalement en cause le système
relationnel qui la fait vivre.
- Le chantage affectif
est souvent utilisé par les adolescents qui se sentent
trompés, abandonnés et spécialement dans le cadre dune relation amoureuse.
Certains accomplissent lacte devant la personne visée en se préoccupant des
réactions de leur entourage. La tentative sert à impressionner lautre pour
provoquer un nouvel échange.
- Lordalie
est un jeu. Ladolescent joue avec la mort, sen approche
de très près pour voir si elle lemportera ou non.
- Le sacrifice
est le moyen utilisé par ladolescent qui choisit de se supprimer
afin déviter à son entourage de devoir changer de comportement.
En analysant cette liste, nous constatons quil est possible de
donner plusieurs sens à chaque passage à lacte, et que la tentative de suicide
na donc pas comme unique but de rechercher la mort. " Dire que
cest toujours la mort qui est en question ne signifie pas pour autant que
lobjet du suicidant est de mourir, mais se reconstruire, renaître après une mort
qui ne serait pas définitive ". Lacte sinscrit dans une
histoire personnelle mais aussi familiale ; lentourage se doit de porter
attention aux messages transmis au travers des menaces et des tentatives de suicide afin
déviter un nouveau passage à lacte qui, selon les psychiatres, risque
dêtre plus violent que le précédent.
Le passage à lacte suicidaire
Des heures ou des semaines avant le passage à lacte,
ladolescent envoie des signes alarmants verbaux et non verbaux ; par
exemple : " jaimerais renaître ailleurs... je veux faire un long
voyage... la vie na plus de sens... cest trop dur... " ou alors des
signes non verbaux tels que remettre en ordre ses affaires, léguer des objets, se replier
sur soi-même, sisoler, se sentir rejeté par les groupes de pairs, etc.
Daprès les spécialistes, tous les adolescents ayant fait une
tentative de suicide ou un suicide avaient parlé avec un médecin ou des personnes de
leur entourage pour signaler, à leurs manières, leur mal-être physique et/ou psychique.
Selon E. Robins et al., 69% des suicidés avaient communiqué leur intention suicidaire.
Selon X. Pommereau, les idées suicidaires naissent et disparaissent en fonction des
frustrations affectives et des réparations provisoires, mais elles peuvent aussi
sincruster. Il dit que les idées noires sont plus intenses et nombreuses en fin de
journée, cest pourquoi les passages à lacte ont souvent lieu en soirée.
Avant le passage à lacte, une montée rapide de langoisse
devient de plus en plus envahissante chez ladolescent. Lacte permet de fuir
cette insupportable anxiété et tension, et tente dévacuer cette souffrance hors
du psychisme où elle devrait être éprouvée. Au travers de lacte, le sujet
manifeste son désir de changement. Il est prêt à mettre en péril son corps pour
soulager ses peines.
Le passage à lacte chez ladolescent suicidaire prend donc
la place de lidée de suicide.
F. Ladame considère que " le moment de la tentative est toujours un moment
profondément psychotique " où sopère une perte temporaire de
" lépreuve de la réalité ". Il y a une non-maîtrise de
ses mouvements et une décharge rapide de ses pulsions. Selon H.-M. Samy, il y a, au
moment de lacte suicidaire, un déni de la peur de la mort. Langoisse de la
mort est devenue moins intense, comme cest le cas pendant lenfance.
La période qui suit immédiatement le passage à lacte est en
général vécue comme un soulagement (par ces adolescents), car le geste a dissipé la
souffrance, langoisse. Cependant
F. Ladame précise que ce moment dapaisement nest que passager. Finalement la
tentative de suicide na pas résolu les problèmes, la détresse psychique est
toujours présente. Cest à ce moment-là, que les personnes entourant le suicidant
doivent être vigilantes et prendre au sérieux la tentative de suicide. La mise en place
rapide dune prise en charge adéquate évitera, dune part le déni de
ladolescent et de son entourage, et dautre part une récidive.
Selon C. Tishler, les adolescents ayant survécu à leur geste
autodestructeur se sont révélés plus anxieux, sensibles dans les relations avec autrui,
plus déprimés, limage de soi se trouve plus dévalorisée. En minspirant de
cette dernière idée, je peux ajouter que si aucun changement et prise de conscience ne
seffectuent chez ladolescent après la tentative de suicide,
lincompréhension de lacte peut favoriser de nouvelles conduites suicidaires.
Les moyens utilisés
Une différence des moyens utilisés existe entre les hommes et les
femmes. Généralement, les hommes utilisent des moyens plus actifs et plus violents que
les femmes pour mettre fin à leurs jours. X. Pommereau formule une hypothèse en disant
que les hommes ont besoin dexprimer leur virilité et le fait de rater le geste
signifierait une lâcheté ; les moyens utilisés sont donc expéditifs, comme la
strangulation, la pendaison ou les armes à feu. Quant aux filles, leur respect de
lintégrité corporelle expliquerait les moyens utilisés plus passifs comme les
médicaments et le gaz.
Cependant, en ce qui concerne les tentatives de suicide, le moyen le
plus utilisé en Suisse et en France, est la prise de médicaments. Selon F. Ladame, trois
adolescents suicidants sur quatre utilisent ce moyen. Actuellement, les plus utilisés
sont les tranquillisants. Ce phénomène est lié au fait que le corps médical prescrit
plus facilement des tranquillisants à la place des barbituriques très vendus il y a
quelques années.
Les médicaments utilisés se trouvent en général dans la pharmacie
familiale. Ils sont consommés par les parents ou ladolescent lui-même après une
prescription médicale.
F. Ladame et X. Pommereau constatent que lorsque ladolescent
passe des idées suicidaires à lacte, généralement il utilise ce quil a
sous la main. En outre, la tentative de suicide se déroule souvent au domicile de
ladolescent.
Cette dernière constatation minterpelle quant à la forte
utilisation de médicaments comme moyen de passage à lacte suicidaire. Puisque
lacte est souvent impulsif, pourquoi les adolescents nutilisent-ils pas
dautres moyens présents sous la main ? Est-ce que le moyen utilisé fait
partie des phénomènes de mode ? Ou est-ce propre à la tentative de suicide dont la
finalité nest pas forcément la mort ?
Conclusion
Une conduite suicidaire aussi minime soit-elle, ne peut être
considérée comme une réponse normale aux conflits de ladolescent. En effet, les
tentatives de suicide sont à prendre au sérieux ; quil soit réussi ou raté,
lacte démontre une souffrance psychologique. Le nombre des tentatives de suicide
est difficile à estimer ; lintention auto-destructrice nest pas toujours
explicite et connue par le corps médical, par autrui et par le sujet lui-même.
Les facteurs pouvant entraîner les conduites suicidaires sont
dordre personnel, familial et environnemental ; ils sentremêlent et se
renforcent réciproquement. Une problématique dépressive et anxieuse existe souvent
derrière des comportements suicidaires. Toutefois, cela ne signifie en aucun cas que tous
les adolescents dépressifs auront des comportements suicidaires. Par contre,
dautres formes de manifestations dune problématique dépressive peuvent avoir
lieu telles que les plaintes somatiques, les conduites à risque, les différentes
déviances, etc. Quant aux conflits intra-familiaux, ils sont vécus fréquemment par ces
adolescents.
En définitive, la tentative de suicide na pas résolu les
problèmes, la détresse psychique est toujours présente. Cest pourquoi, les
personnes entourant le suicidant doivent mettre en place une prise en charge adéquate
afin dapaiser les souffrances de ladolescent. Ne disons-nous pas que les
jeunes sont lavenir de demain ? Alors soignons les jeunes et nous soignerons
lavenir...
A la suite de ces propos théoriques, nous passons à la dernière
partie de ce travail de recherche qui est pratique. Elle débute par le résumé dun
ouvrage concernant lintervention psychodynamique adaptée à des personnes
suicidaires.
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________________________________________
Intervention
psychodynamique adaptée à
des personnes suicidaires
Introduction
Ce chapitre tente de résumer les propos tirés de louvrage de J.
Mercier, enseignant et psychiatre, dont le référentiel théorique est la psychanalyse.
Lauteur apporte aux intervenants sociaux et psychosociaux un modèle préventif,
dintervention et de post-intervention adapté à la personne présentant des
comportements violents et suicidaires.
Lapproche présentée nous fait prendre conscience que les
comportements suicidaires sont avant tout des symptômes. Il est dit : " Pour
contrer ces symptômes, il faut en connaître lorigine, les causes, le niveau de
détresse quils expriment et la satisfaction recherchée par la personne qui utilise
ces comportements ". Sil sagit dun processus dynamique,
cest parce que les besoins et désirs dune personne évoluent et sont propres
à chaque être humain. Ils varient aussi en fonction des situations vécues. En outre, le
modèle dintervention proposé utilise le référentiel théorique analytique, pour
identifier les caractéristiques dune personne et son niveau de détresse.
Nous avons vu quune des possibilités de prise en charge des
adolescents suicidants est le placement dans un foyer ; cest pourquoi, je
trouve important, pour les éducateurs, de connaître ce modèle dintervention.
Dans ce chapitre, je présente la composition dun cycle de
réactions, les besoins des personnes, les niveaux de détresse, le programme
dintervention et quelques réflexions personnelles sur ce modèle.
1. La composition dun
cycle de réactions
Le cycle représente une répétition de comportements. Selon
lauteur : " Le cycle est la composition dun ensemble de
réactions qui font suite à la présence dun type de frustration ".
Tableau 24 : La composition dun cycle
Le cycle est constitué de trois étapes :
1. La période de tension qui provoque le stress et par la suite de
lanxiété.
2. La période " acting out " qui permet de
diminuer la tension au travers de comportements
violents ou de conduites suicidaires.
3. La période de culpabilité et de réparation, lorsque la personne
désire rompre le cycle.
Dans le cas contraire, des sentiments de haine, de mépris ou de
non-responsabilité
sinstallent.
La répétition de comportements violents ou idéations suicidaires
peut devenir automatique. Il faut donc briser le cycle des comportements utilisés pour
soulager la tension et lanxiété. La seule façon de le faire est de changer
lenchaînement en analysant chaque élément, cest-à-dire : découvrir
les sources de stress, les ressources pour passer à lacting out et les réactions
du sujet à la suite du passage à lacte de violence ou de comportement suicidaire.
Pour ce faire, ladolescent a besoin dune personne extérieure qui laide
dans ces démarches et à accepter de sinvestir.
2. Les niveaux de détresse
Pour pouvoir étudier le modèle dintervention psychodynamique,
nous devons tout dabord analyser les niveaux de détresse de la personne adoptant
les comportements violents et suicidaires. La détresse est provoquée par la
non-satisfaction des besoins dun individu, qui sont : dêtre aidé et
soutenu, dêtre responsable et de simpliquer dans son milieu. La détresse
peut être de niveau plus ou moins élevé et laugmentation du niveau accentue aussi
les risques des comportements destructeurs et/ou autodestructeurs. Lauteur présente
neuf niveaux de détresse.
- Niveau 1 : se sentir menacée.
La personne craint le système extérieur, elle
le trouve menaçant, elle aura tendance à sen éloigner ou à sopposer.
- Niveau 2 : ne peut sexprimer sans être jugée.
Lorsque une personne ne
trouve pas de réponse à ses interrogations et se sent jugée, elle ne va pas forcément
le verbaliser, mais lexprimer à sa façon. Ceci peut augmenter le niveau de
détresse.
- Niveau 3 : nest pas respectée.
En plus, si la personne ne se sent pas
écoutée, elle va se sentir injustement traitée et pas respectée. Elle pourra tenter de
dominer la réalité avec ses comportements.
- Niveau 4 : seule, négligée.
Si de par ses comportements, la personne se sent
rejetée, négligée, elle les développera encore plus.
- Niveau 5 : détruite, diminuée.
Lorsque la personne est dépendante du regard
dautrui et nexiste que par lui, elle risque de vivre un vide intérieur. En
outre, le système dans lequel vit la personne, la détruit .
- Niveau 6 : ne veut pas sengager.
La personne doit pouvoir sinvestir
et trouver des solutions à sa détresse. Or, si elle ne trouve pas les moyens de changer,
elle risque dabandonner.
- Niveau 7 : pas responsable, lindifférence.
Souvent, ces personnes ne se
sentent pas responsables de leurs actes, cest en général la faute des autres.
Lindifférence signifie aussi lincapacité dassumer les conséquences de
ses actes.
- Niveau 8 : limitée à résoudre ses problèmes, dépossédée.
Lorsque la
personne ne trouve plus de solution à sa détresse, cette dernière va lui paraître
insurmontable. Elle pourra se sentir dépossédée des pouvoirs sur sa vie et avoir
recours à des comportements destructeurs et/ou autodestructeurs.
- Niveau 9 : ne veut pas sortir de ses schèmes, de ses pensées.
Lorsque le
mépris et lindifférence ont rejoint la personne, elle pourra chercher un mode
différent de ce qui se vit dans la réalité pour en finir avec sa détresse, en ayant
peut-être recours au crime ou au suicide.
3. Le programme dintervention
Quatre objectifs forment le programme dintervention
psychodynamique : développer des mécanismes daide et de soutien de qualité,
favoriser la responsabilisation et lautonomie, offrir des services spécialisés et
utiliser les forces du milieu.
3.1 Développer des
mécanismes daide et de soutien
Pour se faire, lauteur propose de diminuer lanxiété,
dapprendre à communiquer, de développer un référentiel sécuritaire, de
considérer la personne comme unique et orienter le choix de ses amis.
- Pour certaines personnes, le système dans lequel elles vivent, peut leur paraître une
menace, lintervenant doit donc les aider à diminuer lanxiété en leur
donnant la possibilité dexprimer ce quelles vivent, leurs attentes, leurs
pensées, etc. Ceci a pour but de les aider à comprendre et accepter la réalité.
Désamorcer les stratégies défensives de la personne se résume en trois principes
dintervention. Le premier consiste à aborder la dimension affective de la personne,
par exemple sur le plaisir quelle a dans ce quelle entreprend. Le deuxième
principe consiste à aborder la dimension cognitive, cest-à-dire sur sa perception
de la réalité. Et le troisième principe consiste à aborder ce quelle serait
prête de faire pour sadapter à la réalité.
Ensuite, lintervenant peut proposer à la personne de trouver dautres
possibilités que les comportements violents ou suicidaires pour satisfaire ses besoins.
- Il est très important pour la personne et lintervenant de pouvoir communiquer. Ce
dernier doit apprendre à se maîtriser, sexprimer sans jugement, écouter de
manière empathique (lintervenant vit ce que ressent la personne), diagnostique
(lintervenant observe) et interventionniste (lintervenant agit). En outre, il
donne la possibilité à la personne dexprimer ses sentiments, etc.
- Un référentiel sécuritaire permet à la personne de savoir quelle peut
sexprimer sans être jugée et quelle sera écoutée. Il comporte des règles
de conduite facilitant la responsabilisation de chacun et, des mécanismes de référence.
Ces derniers consistent, pour lintervenant, à être ouvert à ses demandes, savoir
prévenir ou intervenir, faire connaître à la personne les services qui pourraient
laider, etc.
- La personne en détresse a besoin de se sentir acceptée par lintervenant et ses
pairs. Les comportements violents ou idéations suicidaires poussent parfois
lentourage à nier la présence de la personne ou à la contrôler davantage. Or, il
est préférable de laisser ces mécanismes de côté et lui montrer quil existe
dautres possibilités pour accepter la réalité.
3.2 Favoriser la
responsabilisation, lautonomie
Lauteur propose dapprendre à la personne qui elle est, de
favoriser linvestissement personnel, de favoriser la responsabilisation et
lautonomie.
- Lintervenant doit tenter de favoriser une image positive et réaliste de la
personne, au travers de lécoute et de la relation, pour placer la personne en face
delle-même, avec ses forces et ses faiblesses. Comme dit lauteur :
" La qualité du JE de lintervenant conditionne la qualité du JE
de la personne dont il a la responsabilité ".
- Favoriser linvestissement personnel, permet à la personne de mieux contrôler ses
comportements et repérer ce qui pourrait laider à les modifier. La personne pourra
aussi reconnaître ses buts personnels.
- Etre responsable, cest aussi être libre de faire des choix et prendre des
décisions. De ce fait, la personne est aussi responsable de ses comportements. Elle doit
apprendre à faire des deuils de certains projets, rêves, objets significatifs et
corriger ses erreurs.
3.3 Offrir des services spécialisés
Si la personne continue de ne pas se responsabiliser, cest que la
prise en charge nécessite une aide plus adaptée à son niveau de détresse ;
cest-à-dire un groupe en relation daide et une thérapie de groupe.
- Les intervenants des groupes en relation daide tentent de comprendre et
interpréter les étapes que la personne na pas comprises et acceptées.
- En thérapie de groupe, lapproche utilisée est la confrontation. Ce type de
thérapie favorise la personne à voir ce quelle est, puisquelle même le
refuse.
3.4 Utiliser les forces du milieu
Ce dernier point présente les possibilités dutiliser les forces
du milieu, cest-à-dire des médiateurs et des leaders.
- Les médiateurs tentent de résoudre les problèmes en sassurant que toutes les
parties puissent en bénéficier. Lauteur propose un modèle de résolution des
conflits en quatre étapes. La première consiste à demander à chaque personne de
clarifier les faits. Le médiateur écoute, résume et vérifie si les versions sont
différentes. La deuxième étape consiste à identifier les besoins de chaque personne,
pour permettre une compréhension commune de lorigine du conflit. La troisième
étape consiste à rassembler toutes les solutions proposées par les personnes et choisir
la plus favorable. Et la quatrième étape comprend lengagement de chaque personne
vers un comportement modifié.
- Il existe aussi les personnes leaders, qui de par leur vision de la réalité et leur
création provoquent de ladmiration. Ce moyen pourrait être utilisé pour créer
des activités qui permettraient aux personnes dexprimer ce quelles
ressentent, vivent, etc.
4. Réflexions personnelles sur ce
modèle
A la suite de cette présentation du modèle dintervention, je
désire apporter quelques réflexions personnelles. Jai choisi de relever quelques
points : structure du livre, modèle dintervention, comportements à
répétition, indifférence, la responsabilisation et lautonomie, former les
intervenants et le suivi des familles. Ils sont cités dans lordre chronologique du
résumé.
Je trouve la présentation du modèle simple et accessible, pour un bon
nombre de personnes. Japprécie sa structure ; débuter avec quelques
hypothèses explicatives permet de situer le contexte dans lequel et pour lequel
lacte est commis. Continuer avec les besoins des personnes fait prendre conscience
que chaque individu en a ; léducateur doit être attentif à ces derniers et
à la peur que peut engendrer leur non-satisfaction. Le point suivant concerne les niveaux
de détresse en lien avec les besoins de la personne. En effet, le niveau de détresse
peut être plus ou moins élevé selon les personnes. A mon avis, ce dernier point met en
évidence les difficultés que peuvent vivre certaines personnes à comportements violents
et suicidaires.
Pour ma part, ce modèle est très intéressant. Il offre des
éléments concrets sur la compréhension des comportements violents et suicidaires, et
donne des conseils sur lintervention. Un élément ma tout de même surprise
dans cette lecture ; le modèle dintervention est le même pour les personnes
à comportements violents et suicidaires. A nouveau, jai pris conscience que la
violence administrée aux autres ou contre soi résulte de problèmes identiques.
- Les comportements à répétition
La présentation de la composition dun cycle de réactions est
très intéressant. Il permet de comprendre que lacte violent surgit, non pour le
bon plaisir de la personne, mais pour diminuer lanxiété. Lénervement et le
rejet que provoquent parfois les personnes violentes et agressives, satténuent
lorsque nous comprenons les étapes de ce cycle de réactions. Il ne faut pas rejeter la
personne, mais le moyen utilisé.
Lauteur dit que lindifférence signifie aussi
lincapacité dassumer les conséquences de ses actes. A mon avis, une personne
à comportements suicidaires, nest pas indifférente à ce qui lui arrive. Pour ma
part, le terme " indifférence " est fort, il est peut-être plus
adéquat pour les crimes que pour les conduites suicidaires. Au contraire, la personne ne
témoigne pas de lindifférence mais envoie des messages, désire changer quelque
chose, en finir avec cette insupportable souffrance, etc.
- La responsabilisation et lautonomie
Une des étapes du programme dintervention est de favoriser la
responsabilisation et lautonomie. Lauteur met laccent sur
linvestissement personnel, devenir responsable, assumer ses erreurs, se fixer des
buts dans la vie, etc. Je suis daccord avec ces propos, toutefois, je trouve que la
personne est livrée à elle-même et doit sen sortir toute seule. Lauteur
parle des mécanismes daide et de soutien, mais si la personne déprime et/ou
souffre dune psychopathologie, elle ne peut prendre part à cette responsabilisation
et autonomie toute seule. Je pense quil faut nuancer ces propos et préciser que
rendre responsable prend du temps et demande un accompagnement encore plus intense pour
ces personnes-là.
Pouvons-nous demander à des enfants et adolescents de devenir
responsable et autonome ? Ceci me semble difficile et spécialement pour les enfants,
car ils ont encore besoin des adultes. Ils comprennent beaucoup, mais ce dont ils ont le
plus besoin avant les théories, cest lamour, laffection et la
confiance. Nous devons toutefois, en tant quéducateur, les écouter, leur apprendre
à se comporter correctement, à communiquer, à vivre, etc. Jai limpression
que ce programme dintervention est plus approprié à des adolescents et des
adultes. Il demande aussi un certain seuil de réflexion. Toutefois, avec quelques
adaptations, il pourrait être utilisé pour le suivi denfants.
Un élément me semble aussi important à relever : cest
celui dinformer et suivre les intervenants, pour quils puissent à leur tour
conseiller et adresser les patients auprès de différents services. Lauteur ne
parle pas non plus du suivi des intervenants, alors quil est primordial. Les
comportements violents et suicidaires sont difficiles à gérer. Des supervisions et lieux
découte seraient adéquats, pour permettre aux intervenants de se décharger. Ces
deux points sont développés dans le chapitre suivant.
Un travail effectué avec les familles nest pas cité dans cet
ouvrage, alors quil est important dans la prise en charge des patients. Si la
personne a des comportements violents et suicidaires, ceux-ci peuvent être liés à des
conflits intra-familiaux. Les enfants et adolescents ne peuvent pas faire face aux
conflits, tout seul. Dans ce cas-là, lappui des intervenants est important. En
plus, ce dernier peut faire prendre conscience à la famille des difficultés de chacun et
travailler ensemble. Je dois aussi préciser quun seul ouvrage ne peut sans doute
pas tout dire, et cest pourquoi ce sujet nest peut-être pas abordé.
Conclusion
Ce programme dintervention me semble pertinent. Il offre des
pistes de réflexions et conseils pratiques aux intervenants sociaux prenant en charge des
personnes à comportements violents et suicidaires.
La composition dun cycle de réactions comporte trois
étapes ; la période de tension, la période de lacting out qui permet de
diminuer cette tension, et la période de post-événement qui peut être de lordre
de la réparation ou de la haine, du mépris, etc.
Les niveaux de détresse sont provoqués par la non-satisfaction des
besoins de la personne qui sont : dêtre aidée et soutenue, dêtre
responsable et de simpliquer dans son milieu. Le programme dintervention
psychodynamique sappuie sur ces besoins et propose quatre objectifs ;
développer des mécanismes daide et de soutien de qualité, de favoriser la
responsabilisation et lautonomie, et utiliser les forces du milieu.
Le référentiel théorique de ce programme dintervention
mamène à constater que je nai pas trouvé, à mon grand étonnement,
douvrages sur la prise en charge éducative des adolescents suicidants, écrits par
des éducateurs. Le seul livre trouvé est louvrage dun psychiatre. Toutefois,
ce livre nest pas écrit spécialement pour les éducateurs, il manque des
éléments propres à la pratique de cette profession. Dans le chapitre suivant, jai
tenté de mettre en avant quelques réflexions sur lapproche éducative des
adolescents à comportements suicidaires. Je tiens à préciser que je nai pas
repris les éléments de ce modèle et créé à partir de ceux-ci un concept de prise en
charge. Jai désiré, à la suite de ma pratique professionnelle et de
lélaboration de ce travail de recherche, mettre par écrit mes réflexions
personnelles sur la prise en charge éducative des adolescents suicidaires. En
définitive, le modèle dintervention présenté et mes réflexions personnelles
sont complémentaires.
7
_____________________________________
Réflexions sur
lapproche éducative
des adolescents à conduites suicidaires
Introduction
La prise en charge des adolescents avant ou après une tentative de
suicide se ressemble. Car lacte na rien changé en lui-même si ce nest
le fait davoir pu exprimer son insupportable souffrance. En outre, si rien
nest mis en place pour provoquer un changement dans la vie de celui-ci, il va
réitérer son acte. Cest pourquoi, cette approche éducative concerne la
prévention et la post-intervention auprès dadolescents à conduites suicidaires.
Afin déviter un passage à lacte suicidaire, que peut
faire léducateur ? Personnellement, je nai pas suivi dadolescents
suicidaires. Par contre, lélaboration de ce travail de recherche, mon expérience
professionnelle, la rencontre des différents responsables des services psychiatriques et
de foyers mont permise de me positionner et penser une approche éducative.
Toutefois, chacun perçoit celle-ci avec sa sensibilité, son expérience et ses
croyances ; cest pourquoi les propos relatés ne sont pas universels et
méritent dêtre nuancés.
Dans ce chapitre, je présente la situation dun adolescent et
développe les points suivants : la prise en charge, lobservation, reconnaître
la souffrance, le projet éducatif, le bilan de la situation et le besoin daide de
laidant.
1. Situation dAlexandre
Comme support aux réflexions sur lapproche éducative, prenons
une situation vécue lors dun stage. Il sagit dun jeune garçon placé
dans un foyer pour enfants et adolescents en difficultés.
Alexandre a 14 ans, il est né le 27 avril 1984. Ses parents,
dorigine portugaise, ont eu cet enfant hors mariage. Son père ne la pas
reconnu à sa naissance. Par la suite, sa mère a rencontré un autre homme, et de cette
union un petit garçon est né en 1990. A maintes reprises, Alexandre a demandé de
laide auprès de SOS enfants et de la main tendue. Et cest en 1991, quil
est placé au foyer par le SPJ, pour le protéger de la violence familiale.
Pendant les premières années de placement, il est pris en charge le
week-end par une famille daccueil. Par la suite, après le départ de son
beau-père, il rentrait chez lui, pour les week-ends.
Lorsquil habitait chez sa mère, il passait la majeure partie de
ses journées dans la rue, où il était considéré comme " chef de la
bande ". Dailleurs, que cela soit dans sa vie affective, à la maison ou
à lécole, il commandait.
Une des problématiques dAlexandre était la violence. En
général, elle était dirigée vers les autres. Cependant, à deux reprises, il a parlé
de suicide (violence retournée contre soi). Un soir, il a enjambé le rebord de la
fenêtre de sa chambre, alors quil discutait avec un éducateur. Le connaissant, ce
dernier a diagnostiqué lacte comme un chantage. De ce fait, il est sorti de la
pièce pour éviter une augmentation de la tension, et un réel passage à lacte
suicidaire. Alexandre sest apaisé et léducateur a pu, par la suite, discuter
avec lui. Quelques mois plus tard, il nous a fait part, à nouveau de ses idées
suicidaires. Il désirait se jeter sous un camion. Il disait : " Plus rien
ne va dans ma vie, la meilleure chose quil puisse marriver, cest de
mourir sous un camion ! ". Il vivait une période de doute et
dangoisse, il devait prendre des décisions pour son avenir. Cest-à-dire,
rentrer chez lui pour lannée suivante, ou rester au foyer, et par la suite trouver
une autre solution. A mon sens, la vie en famille devait représenter linconnu,
alors que le foyer était une sécurité, quil devait quitter un jour. Nous avons
constaté que lorsquil se trouvait devant une impasse, à un tournant de sa vie ou
dans une situation difficile, des idées suicidaires surgissaient.
En juin 1998, il est rentré chez lui, pour vivre avec sa mère et son
demi-frère. Son référent continue à le suivre pendant cette année de réadaptation...
Je peux donc déduire que le travail effectué par léquipe éducative a été
positif. Je ne vais pas reprendre toute la situation et tenter délaborer une prise
en charge ; les éléments importants du travail des éducateurs sont cités dans la
présentation dAlexandre. Je vais uniquement utiliser la situation pour livrer mes
réflexions personnelles sur lapproche éducative des adolescents à conduites
suicidaires.
2. Prise en charge
Dans les foyers, la prise en charge des adolescents suicidaires est
similaire aux autres adolescents. Je ne vais donc pas citer tous les actes éducatifs
liés à une prise en charge. Par contre, je désire mettre en évidence quelques aspects
intéressants et pertinents, ils sont cités ci-dessous.
- Lobservation.
En observant Alexandre vivre au quotidien, les éducateurs ont
remarqué des comportements violents. Ils ont relevé une problématique à étudier, afin
de prévenir les passages à lacte violent et suicidaire.
- Reconnaître la souffrance.
Le dialogue a permis de reconnaître sa souffrance, de
répondre à lurgence et prévoir un projet éducatif.
- Projet éducatif.
Ces deux derniers points permettent lélaboration dun
projet éducatif qui comporte objectifs et moyens.
- Bilan de la prise en charge.
Une évaluation de la situation a fait remarquer une
évolution, et de ce fait un retour dans sa famille.
- Besoin daide de laidant.
Les prises en charge peuvent être difficiles
à gérer. Laidant a aussi besoin de conseils et de soutien.
Ces différents points servent de trame pour faire part de mes
réflexions. Avant de les développer, je désire présenter un tableau permettant une
visualisation des différentes étapes des prises en charge.
Tableau 25 : Les étapes des prises en charge
Lorsque ladolescent présente des risques suicidaires ou a fait
une tentative de suicide, léducateur doit mettre en place un accompagnement
spécifique. Il doit dabord observer, reconnaître la souffrance et évaluer le
réel désir de mort. Si ladolescent a fait une tentative de suicide,
léducateur doit lemmener au service des urgences de la région ou faire venir
une ambulance. A partir de ce moment-là, comme cité dans le descriptif des centres, il
est hospitalisé ou pris en charge à nouveau par le foyer.
Si un réel désir de mort existe, léducateur demande conseil à
un des services de la région qui va organiser un encadrement médical urgent. Par contre,
si ladolescent ne présente pas de réel désir de mort, léducateur met en
place un projet éducatif spécifique avec la proposition dune psychothérapie. Un
thérapeute est choisi, toutefois, si ladolescent refuse ce suivi, léducateur
doit laccompagner et être suivi par un conseiller.
Chaque prise en charge demande un bilan, afin de vérifier si le projet
éducatif permet une évolution ou si celui-ci mérite dêtre réajusté.
3. Lobservation
Lobservation de ladolescent est importante, car il
nexprime pas forcément son mal-être par la parole. Le corps et les comportements
révèlent souvent létat intérieur. Certains adolescents évitent de communiquer
leur souffrance par peur dêtre considéré comme malade. En outre, la vie
communautaire laisse peu de moments individuels où ladolescent est libre pour en
parler. A mon avis, la dynamique de groupe, à cet âge, freine lexpression orale
des difficultés. Cest pourquoi, nous devons être davantage attentifs aux
comportements et tenter de favoriser les moments individuels.
De lobservation découle linterprétation. Celle-ci demande
prudence et objectivité et passe par un échange autant indispensable que nécessaire
entre collaborateurs. Lobservation permet dapercevoir des signes alarmants, et
de développer par la suite une relation de confiance pour les partager avec
ladolescent. Ces deux points sont traités ci-dessous.
Des signes alarmants
Un des privilèges de léducateur est de vivre au quotidien avec
ladolescent. De ce fait, nous pouvons remarquer des signes alarmants et agir
rapidement. En me basant sur les théories expliquées au chapitre précédent et sur ma
pratique professionnelle, je désire mettre en avant quelques signes alarmants :
- Troubles du sommeil : difficulté dendormissement, sommeil coupé, insomnie
matinale.
- Mauvaise hygiène : manque de soins corporels.
- Troubles de lalimentation : dégoût de la nourriture ou au contraire
gloutonnerie.
- Difficultés scolaires : mauvaises notes, problèmes de concentration,
désintérêt total.
- Difficultés dans les relations affectives : retrait du groupe, violence,
manipulation, pas dami, se sent seul.
- Humeur dépressive : changement dhumeur, tristesse.
- Dégoût de la vie : idées noires, idéations suicidaires.
- Troubles somatiques : plaintes physiques, douleurs.
- Angoisse ascensionnelle.
Chaque élément ne conduit bien sûr pas au passage à lacte
suicidaire, mais laccumulation de difficultés peut suffir à interroger
léducateur sur la santé de ladolescent. Je tiens à mettre en évidence le
dernier point, langoisse ascensionnelle. Selon F. Ladame, une montée de
langoisse devient de plus en plus envahissante chez ladolescent avant le
passage à lacte. Le repérage de cette angoisse nécessite une prise en charge
urgente.
Développer une relation de confiance
Le foyer doit susciter la confiance, où chacun peut exister,
sexprimer librement et être respecté. Or, la vie communautaire ne garantit pas
toutes ses qualités. Il y a des confrontations, des négociations, des sanctions, des
injustices, etc. Cest en premier à la personne de référence, en loccurrence
léducateur, à veiller au maintien dun climat de confiance.
Ladolescent ne souvre pas à tous les éducateurs, mais il
lui arrive de se sentir plus à laise avec une personne. Cette dernière doit être
prête à pouvoir assumer la relation. En particulier, lorsquelle se développe,
léducateur peut aussi engager le dialogue, se mettre à lécoute dans un
esprit empathique, se montrer dune grande disponibilité et chercher à être un
appui. Ladolescent en détresse est alors plus à même dexprimer sa
souffrance.
4. Reconnaître la souffrance
Suite à lentretien avec une des responsables de lUnité de
Crise pour Adolescents à Genève et en vivant moi-même récemment le deuil de ma
grand-maman, jai pris conscience de limportance de la réalité de la
souffrance de lautre et de la reconnaître. Mais pourquoi est-ce si important pour
ladolescent à conduites suicidaires ? La réponse relève en trois
points : partager la douleur, écouter et en parler, évaluer le réel désir de
mort.
Partager la douleur
Une personne ne peut souffrir seule, elle a besoin de partager sa
douleur. Lorsque ma grand-mère est décédée, je désirais que lon puisse
reconnaître quil était dur pour moi de la perdre. ; or, ma souffrance
na pas toujours été reconnue. Certaines personnes mont dit :
" Tu sais, cest normal, elle a 87 ans " ou encore
" quel bel âge pour sen aller, nous on ny arrivera pas ".
Ces personnes pensaient diminuer ma douleur, alors que ces paroles magaçaient et me
culpabilisaient en rapport à ma tristesse. Ce type dexpérience, vécue par
beaucoup est encore plus douloureuse lorsque notre souffrance nest pas écoutée ou
reconnue. En en parlant, nous nous attendions à une écoute, un encouragement, un
soulagement, etc. Pour ladolescent, le phénomène est identique. La souffrance peut
paraître minime pour autrui, mais elle est importante pour la personne qui la vit.
Reconnaître, permet entre autres, douvrir le dialogue. Selon la
responsable citée précédemment, plutôt on réagit, plutôt on désamorce la bombe,
cest-à-dire la détresse qui pourrait lentraîner au passage à lacte
suicidaire. Nous pouvons dire aussi que la reconnaissance permet de " crever
labcès " et éviter une infection générale qui le conduirait à la
mort ; en dautres termes, ladolescent se sentant compris exprime sa
détresse, se sent allégé et disposé à une réflexion constructive.
Ecouter et parler
Pour laisser la personne sexprimer, nous devons prendre le temps
découter. Ecouter avec le coeur crée la communication affective indispensable à
la poursuite du dialogue.
" Ma plus grande souffrance, cest de navoir jamais
été écoutée "
Cette phrase est pour moi révélatrice de limportance de
lécoute. Ladolescent peut remettre en cause la considération des autres à
son égard, lorsquil ne se sent pas écouté. Parfois, il tente de nous parler, et
nous ne sommes pas réceptifs, ou bien nous répondons rapidement sans réellement prêter
attention.
Ecouter signifie aussi, être prêt à accueillir le problème et oser
laffronter. Or parfois, une parole peut être difficile à entendre et véhicule
beaucoup démotions. Le danger existe de mettre divers mécanismes de défense en
place pour éviter de souffrir, davoir peur de ce quil pourrait se passer ou
de ne pas savoir réagir. Par exemple, nous pouvons refuser de comprendre
ladolescent et ses angoisses, banaliser la souffrance en disant que tous les
adolescents vivent ça, ou encore minimiser et faire semblant de ne pas comprendre et
continuer notre activité.
Pour reconnaître la souffrance, il ne suffit pas découter mais
aussi de parler. En évitant le dialogue, nous pensons lui faire oublier sa détresse,
alors quil ne loublie pas. Au contraire, ce malaise laccable davantage.
" Les non-dits sont pire que tout, on sous-estime le poids du
silence ".
Léducateur acquiert les compétences nécessaires pour
entretenir un dialogue. Par exemple, il peut dire : " nous reconnaissons
que ce que tu vis est difficile. Nous te croyons lorsque tu dis être triste et
inquiet ". Parfois, nous nous sentons mal à laise dans certaines
situations. Ce sentiment peut devenir plus confortable, si nous lui disons :
" Nous sommes inquiets par rapport à ton état, et ce que tu nous dis nous
touche ". Partager la douleur, écouter et parler sont les premiers éléments
pour reconnaître la souffrance de lautre ; cependant, la personne de confiance
doit encore saisir les intentions profondes de ladolescent en crise.
Je tiens à relever un dernier point avant de passer à
lévaluation de ce désir de mort. Lorsquune tentative de suicide a lieu au
foyer, cette situation ébranle la famille, les adolescents et les éducateurs. Pour
éviter les inquiétudes, les sentiments de culpabilité de certains adolescents et
dautres passages à lacte suicidaire, il est préférable de convoquer le
groupe entier et den parler. Si léquipe éducative ne se sent pas prête pour
assumer ce dialogue, un conseiller extérieur peut se déplacer. A mon avis, cette
rencontre doit dune part permettre aux adolescents de ne pas se sentir responsable
de ce qui sest passé, et dautre part leur expliquer quil existe des
moyens autres que le passage à lacte suicidaire pour résoudre les problèmes.
Evaluer le réel désir de mort
La reconnaissance de la souffrance permet à léducateur
dévaluer le réel désir de mort et de mettre en place soit un projet éducatif,
soit un encadrement médical ou dappeler le service des urgences. Il est évident
que si ladolescent exprime verbalement son désir de mort, la situation est
considérée comme grave. Par contre, je nai pas de " recette "
pour évaluer correctement le désir de mort chez les adolescents qui ne le disent pas
tout de suite, mais léducateur peut se référer aux théories, de divers auteurs,
présentées dans le chapitre précédent. Elles donnent des pistes de compréhension et
enrichit lévaluation. Celle-ci va se porter sur la détresse de ladolescent.
Provient-elle des changements qui sopèrent à cet âge ou est-ce de lordre de
la pathologie ? Sagit-il de moments dépressifs ou dune
dépression ? Y a-t-il des facteurs personnels, familiaux et environnementaux qui
peuvent entraîner un passage à lacte suicidaire ? Lorsque lévaluation
est difficile, les services régionaux présentés, sont disponibles.
Pendant ces moments-là, léducateur parle concrètement avec
ladolescent de ses inquiétudes et lui permet de les nommer. En outre, évoquer la
mort permet de réfléchir à sa signification, et aux moyens pensés pour y parvenir.
Léducateur lui fait comprendre que la mort ne va pas lui permettre de voir les
changements dans sa vie.
5. Projet éducatif
La prise en charge générale est en soi thérapeutique, puisque le but
de léquipe est daider ladolescent à dépasser ses problèmes pour
entrer dans une vie sociale normalisée, rythmée ; elle permet de favoriser une
évolution harmonieuse de son existence. Cette aide se fait au travers des actes de la vie
quotidienne, par exemple : le réveil, les repas, les leçons, les loisirs,
lordre de la maison, y compris les visites chez le dentiste, le médecin et autres
soins nécessaires.
Mis à part ces divers actes, un projet spécifique pour chaque patient
est mis en place ; il comporte des objectifs éducatifs et laccompagnement en
psychothérapie. Voici la description de ces objectifs les plus importants pour un
adolescent à conduites suicidaires. Ils sont consignés sur un tableau afin de suivre la
situation (cf. tableau 26, p. 109). Pour ma part, lélaboration dun tel projet
met en évidence limportance du mandat de léducateur.
5.1 Objectifs éducatifs
Reprenons la situation dAlexandre. Un des objectifs éducatifs
pour Alexandre était de travailler son comportement violent. Apprendre aussi à se
responsabiliser et ne pas rejeter toujours la faute sur les autres avec des sentiments
dinjustice à son égard. Comme la mère nétait pas preneuse dans la prise en
charge de son fils, léquipe éducative a orienté son travail sur la personnalité
dAlexandre et ses ressources.
De ce fait, il a eu loccasion dêtre suivi par une
psychologue qui a travaillé avec lui le dialogue intérieur, en mettant en jeu les
différentes facettes de sa personne. Cette aide lui a aussi permis de sexprimer par
un autre biais que la violence.
A partir de cet exemple, trois objectifs éducatifs sont maintenant
présentés : laide à changer de comportement, à sexprimer et à
sautonomiser.
Changer de comportement
Alexandre doit comprendre que pour résoudre les problèmes, il existe
dautres comportements que la violence. Pour y parvenir, léquipe va
sinvestir à fond dans le vécu quotidien dAlexandre pour tout dabord
comprendre ses relations. Pour ce faire des rencontres hebdomadaires, un cadre et des
entretiens de famille sont mis sur pied, sans compter lapport du psychothérapeute.
De là peut alors surgir de nouveaux comportements !
Lobjectif de ces rencontres est de discuter ouvertement de la
semaine écoulée, des situations de stress, de ses comportements, inquiétudes, projets
de vie, etc. Avec laide de léducateur, dautres stratégies pour
résoudre les problèmes et contenir ses comportements violents et suicidaires sont
abordées. Au cours de lentretien, il est important que ladolescent ait la
liberté dexprimer ses ressentis. Lorsque cest possible, léducateur le
rend participant des moyens à trouver pour résoudre ses problèmes. Par exemple :
faire du sport, voir des amis, les ressources spirituelles, etc. Ladolescent peut
réfléchir et les nommer lors de la prochaine rencontre. Il devient acteur dans la prise
en charge.
Léducateur ne manque pas non plus de lui faire part des
observations le concernant, pendant la semaine écoulée. Il sagit dune part
des points positifs et de lencourager ; et dautre part des comportements
violents et suicidaires que léducateur refuse sans pour autant rejeter
ladolescent. Léducateur est une référence et un soutien qui doit lui donner
envie de changer. Notre regard et nos attitudes sont très importants, ils doivent aider
à reprendre confiance et améliorer lestime de soi.
Dernier point de lentretien ; lorsque ladolescent a
fait une tentative de suicide, et sachant combien il est traumatisant pour tout le monde,
il est important den reparler avec lui. Il ne doit pas se retrouver seul confronté
à lui-même. Ses idéations suicidaires peuvent resurgir et le menacer. Il est donc
préférable pour lui, de les dire pour se soulager.
Quand léquipe éducative pose un cadre ferme et clair,
ladolescent trouve des points de repères et se sent en sécurité. Cest
lessentiel. Une continuité dans le suivi, tout en maintenant des exigences
adaptées aux difficultés rencontrées, va laider à sadapter dans sa vie
future. Le danger provient dexigences trop contraignantes vécues alors comme des
frustrations. Dans ce cas, il va éprouvé de sérieuses difficultés à sintégrer
dans le réseau social.
La famille est la source de lidentité de la personne et les
difficultés à ce niveau ont très souvent des répercussions sur le comportement.
Cest pourquoi lentretien avec la famille peut apporter des éléments
décisifs.
Une prise de conscience des parents et une réorganisation du système
familial permettent des changements de comportement chez ladolescent. Par contre, si
la famille nest pas participante dans la prise en charge, léducateur doit
aider ladolescent à acquérir la capacité de vivre normalement, malgré le
dysfonctionnement familial.
Les adolescents en foyer, souffrent souvent de divers problèmes
familiaux. Une tentative de suicide peut ébranler la famille, certes, mais
léducateur doit donc profiter de ce moment pour mettre à plat les difficultés,
les tensions entre les membres et situer la place de chacun au sein de celle-ci. En outre,
il existe souvent des problèmes de communication et nous devons veiller à laisser chaque
membre sexprimer sur leur ressentis par rapport à lacte suicidaire. Les
non-dits sont souvent plus douloureux que les silences. Pour diriger ces entretiens,
léducateur peut demander, en accord avec la famille, laide dun
collègue ou dune autre personne.
Sexprimer
Parmi les moyens dexpression, le langage occupe une place
importante et il est vrai que parler est préférable au passage à lacte violent ou
suicidaire. Alexandre doit intégrer cet état de fait. Parler, cest souvrir,
cest dire ce quon pense ; cela conduit à la confrontation didées,
à la critique, et peut-être au jugement. La personne en détresse na souvent pas
la force denvisager cette situation. Elle a peur de la confrontation. Cest un
travail de longue haleine. Et pourtant, la confrontation oblige des choix pour se
positionner et de ce fait, entraîne une meilleure connaissance de soi. Cet exercice lui
sera très utile pour établir de bonnes relations sociales.
Mis à part les moments privilégiés lors dactes quotidiens,
léducateur a des moyens à disposition pour faciliter lexpression, il
sagit des activités ; je les classe en deux catégories. La première englobe
les ateliers dexpression tels que la musique, le dessin, la danse, la peinture, etc.
Ils vont lui permettre déprouver des émotions et de les exprimer de manière non
verbale. La deuxième catégorie se compose des activités médiatrices telles
quateliers de poterie, cuisine, photos, sports, etc. Elles permettent des échanges
entre les participants. Notons surtout, que les regards ne se fixent pas sur
ladolescent mais sur lobjet en commun. Ainsi lactivité médiatrice
détend latmosphère et rend la personne plus libre de sexprimer.
Sautonomiser
Comme cité dans la théorie, ladolescent est en quête
dautonomie sur le plan individuel et social ; il devient progressivement
indépendant. Ladolescent commence à assumer ses relations affectives, son argent,
ses études, sinvestit dans son projet de vie, etc.
Le rôle de léducateur est de laccompagner dans ce
processus dautonomie et de prise de responsabilité. Léducateur doit
" lâcher prise " ; il laisse le jeune prendre des décisions
sans tout contrôler. Sans se désintéresser de lui, il reste au contraire très présent
pour lorienter et le conseiller (choix professionnel, gestion de biens, etc.).
La principale difficulté pour un adolescent à conduites suicidaires
se trouve justement dans cette prise de responsabilités. Ce problème est connu de
léducateur qui me en place des tâches pour le faire progresser. Il peut lui
confier des petites tâches à organiser au sein du foyer. Par exemple :
lorganisation des repas, des commissions, des nettoyages, des loisirs, etc. Le jeune
va ainsi reprendre confiance en lui. Au sujet de ses relations affectives,
lapprentissage de relations vraies et durables reste long. Et pourtant
lorsquil aura vérifié cela dans léquipe, il se sentira accepté, aimé,
tout près de lautonomie.
Hors du foyer, ladolescent doit aussi être capable de gérer sa
vie. Mais il reste tout de même fragile psychologiquement et peut avoir besoin
daide. Il est donc indispensable de linformer valablement des services à
disposition en cas de crise.
5.2 Laccompagnement en
psychothérapie
La tentative de suicide dénote une souffrance dont lexplication
est à rechercher plus profondément. Elle est indispensable dans la prise en charge des
adolescents à conduites suicidaires. Cependant, plusieurs éléments peuvent les freiner
à suivre une psychothérapie. Premièrement, ladolescent pense quelle est
réservée aux malades mentaux. Léducateur doit donc dédramatiser les
consultations psychiatriques et lui faire prendre conscience quil peut en retirer
quelque chose. En dautres termes, il doit le préparer à comprendre
lintérêt dune psychothérapie, et cela peut prendre du temps. Deuxièmement,
il na peut-être tout simplement pas envie ou peur de se retrouver seul, face à un
psychothérapeute. Dans ce cas-là, léducateur peut laccompagner aux
séances. Le psychothérapeute peut faire resurgir des éléments du passé et fragiliser
ladolescent. Léducateur doit être attentif et le soutenir lors des retours.
La collaboration entre éducateur et psychothérapeute doit être
travaillée davantage, car nos professions sont complémentaires. Sil est
intéressant de faire parler des souvenirs, il est non moins important de savoir comment
vivre avec ce passé. Laccompagnement quotidien des adolescents, nous permet
davoir un impact sur leur vie. De ce fait, le psychothérapeute pourrait nous
proposer des pistes de travail. En outre, sans dévoiler les dires de ladolescent en
thérapie, nous pourrions échanger sur son comportement ou ses émotions pendant la
semaine. Car ladolescent peut ne pas être le même en psychothérapie et au foyer,
cest-à-dire exprimer de la tristesse en psychothérapie et sembler joyeux au foyer,
ou inversement. A mon avis, une meilleure collaboration ne peut quenrichir la prise
en charge.
Par contre, si ladolescent refuse un suivi thérapeutique, il
incombe à léducateur de laccompagner dans sa détresse. Ce dernier peut
être conseillé par un des services décrits précédemment. Si léducateur ne
prend pas en charge cette détresse, ladolescent peut le vivre comme un abandon, car
à nouveau, personne ne peut entendre sa détresse. Par contre, si léducateur est
suivi, ladolescent peut investir davantage la relation et se sentir soutenu.
6. Bilan de la prise en charge
Lorsque nous mettons en place un projet éducatif, il est important
dévaluer les objectifs. Ce moyen permet de vérifier lévolution de
ladolescent par rapport à ses difficultés et sil peut les dépasser. Pour ce
faire, léducateur crée une grille dévaluation comme il lui convient, en
reprenant chaque objectif. Etablissons celle dAlexandre avec les trois points
suivants : changer de comportement, sexprimer et sautonomiser. Cette
grille rassemble en quatre colonnes toutes les informations notées par écrit dès
lélaboration des objectifs. Elle force à tirer une synthèse pour finalement le
bilan de la prise en charge (cf. tableau 26, p. 109).
La première colonne comporte la date de lentretien. La deuxième
colonne spécifie lobjectif et permet la prise de note des situations et des
observations. Quant à la troisième colonne, elle comporte les résolutions entreprises
par ladolescent dans la situation. Elle permet aussi de noter lévaluation de
son comportement. Et la quatrième colonne donne à léducateur la possibilité
décrire les résultats de lentretien et les nouveaux objectifs si
nécessaire.
Tableau 26 : Grille dévaluation des objectifs
Objectif 1 :
changer de comportement |
Date |
Situation de stress/ comportement |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
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Objectif 2 :
sexprimer |
Date |
Expression en individuelle |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
|
|
|
Date |
Expression en groupe |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
|
|
|
Date |
Expression en psycho- thérapie |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
|
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Objectif 3 :
sautonomiser |
Date |
Relations affectives |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
|
|
|
Date |
Argent |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
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|
|
Date |
Etudes et formation |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
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|
Date |
Projet de vie |
Résolutions entreprises/ évaluations |
Résultats dentretien/ nouveaux objectifs |
|
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7. Le besoin daide de
laidant
Prendre en charge des adolescents à conduites suicidaires peut devenir
éprouvant pour léducateur. A ce sujet, je désire développer deux points :
reconnaître ses limites et les lieux de partage.
Reconnaître ses limites
Notre siècle technologique et des sciences humaines a fait naître, à
mon sens, une nouvelle maladie, cest le perfectionnisme. Léducateur doit
réussir, être respecté, mais a-t-il le droit aux faiblesses ? Léducateur
peut se trouver dans le désarroi, lorsquil narrive plus à prendre en charge
un adolescent. Ceci est dautant plus éprouvant lorsquil sagit
dadolescents à conduites suicidaires. La mort nous remet en question et peut
représenter aussi, léchec du suivi apporté. Pour éviter de se retrouver dans
limpasse, il se peut que léducateur tente de rester neutre dans les
relations. Dans un dictionnaire, neutre signifie : " Qui nest
marqué par aucun accent, aucun sentiment ". Cette définition confirme
limpossibilité de la neutralité dans notre travail. Nous devons donc apprendre à
reconnaître nos limites et accepter la collaboration et laide dautrui. Je
crois quil est important aussi pour ladolescent de ne pas être entouré de
héros mais de personnes humaines avec leurs forces et leurs faiblesses. Pour ma part, les
lieux de partage, cités ci-dessous, peuvent être un excellent moyen offert à
laidant.
Les lieux de partage
Pour permettre une décharge émotionnelle et un éclairage sur les
situations difficiles, les éducateurs peuvent organiser des supervisions de groupe ou
individuelles. Dailleurs, la majorité des foyers organisent ces rencontres. En
général, elles concernent davantage les difficultés des adolescents que celles des
éducateurs. A la suite de cette constatation, serait-il judicieux dorganiser des
groupes de partage pour éducateurs travaillant avec des adolescents suicidaires ?
Reconnaître ses limites avec authenticité et transparence au milieu dautres
collaborateurs est indispensable pour poursuivre sa mission. Ainsi une mise en commun des
situations, émotions, désarrois et attitudes encourage et enrichit chacun. La rencontre
de personnes vivant les mêmes difficultés déculpabilisent et réconfortent également.
Un groupe de partage de ce genre donne de la force dans la prise en
charge et pourrait diminuer les mécanismes de défense que nous utilisons trop souvent
même inconsciemment.
Conclusion
Pour prendre en charge des adolescents à conduites suicidaires,
jai relevé cinq points importants. Il sagit de lobservation, de
reconnaître la souffrance, du projet éducatif, du bilan de la prise en charge et du
besoin daide de laidant.
Lobservation sert à relever une problématique, en
loccurrence, elle a permis aux éducateurs de repérer les comportements violents et
suicidaires. Reconnaître la souffrance permet douvrir le dialogue et
dévaluer le réel désir de mort. Le projet éducatif concrétise la prise en
charge par le biais dobjectifs spécifiques. Quant au bilan de la prise en charge,
celui-ci évalue la situation de ladolescent et permet un réajustement des
objectifs sils ne sont pas atteints. Pour finir, je souligne limportance
dapporter une aide aux éducateurs, car, nous le savons, le suivi dadolescents
à conduites suicidaires léprouve surtout psychiquement.
A partir de mon expérience professionnelle, certes encore petite, je
peux dire que les éducateurs ne sont pas des psychothérapeutes. Par contre, les actes
quotidiens sont en soi thérapeutiques. Ils tentent avec leur qualité dêtre humain
et les outils professionnels, doffrir à ladolescent une issue à sa
détresse. Une collaboration plus intense entres psychothérapeutes et éducateurs
devraient exister. Ainsi la prise en charge des adolescents serait plus complète et
harmonieuse.
Arrivé au terme de ce travail de recherche, je désire en apporter une
conclusion générale. Elle fait lobjet des pages suivantes.
___________________________
Conclusion générale
Remettre en question la vie, penser à la mort, sont des réflexions
faisant partie du processus de maturation de lindividu dans son adolescence ;
mais sil en arrive à lidéation suicidaire, cela démontre une souffrance qui
doit dêtre découverte et reconnue. Quest-ce que le canton de Vaud met en
place comme infrastructure pour le suivi de ces jeunes ? Comment en sont-ils arrivés
là ? Quel est le rôle de léducateur dans laccompagnement ? Ce
travail de recherche a tenté de répondre à ces trois questions.
Dans la première partie, les descriptifs des centres et unités
daccompagnement psychiatrique présentent les buts et moyens de prise en charge des
adolescents suicidants. Je constate quil nexiste pas de centre daccueil
pour ces situations durgence. Actuellement, la seule unité dhospitalisation
est lUHPA. Toutefois, la capacité daccueil journalière est de sept
adolescents. Cette unité ne peut pas répondre à toutes les demandes urgentes. Nous
devons offrir dautres lieux de transition. Les conduites suicidaires sont
importantes dans notre société, en particulier les adolescents et nous devons nous en
occuper. Nous ne pouvons pas banaliser cet acte suicidaire, car si aucun changement ne
sopère dans leur vie, ils risquent de le réitérer. Leur entourage (la famille,
les amis ou les professionnels du secteur social) peut aussi offrir un soutien et les
accompagner. Ce travail de recherche montre que la prise en charge idéale passe par un
accompagnement de ladolescent dans sa vie de tous les jours et un suivi
thérapeutique.
Dans la deuxième partie, les différents apports théoriques nous
renseignent sur les éléments pouvant entraîner des comportements suicidaires,
considérés dailleurs souvent comme pathologiques. De ce fait, la prise en charge
dadolescents nécessite une psychothérapie pour mettre en lumière les éléments
déclencheurs.
La troisième partie est pratique. Les pistes de travail évoquées
montrent limportance de notre suivi, en tant quéducateur. En vivant au
quotidien avec eux, nous avons lavantage de pouvoir repérer les signes alarmants et
prévenir aussi les passages à lacte. Les apports théoriques et la connaissance
des services offrent une prise en charge professionnelle. Ils permettent à
léducateur de mettre en place un projet daccompagnement de ladolescent.
A la suite de lélaboration de ce travail de diplôme, je
constate un décalage entre le projet initial et le travail effectué. Les objectifs de
départ étaient de décrire les centres médicalisés prenant en charge des adolescents
suicidants, danalyser une littérature spécifique à lapproche éducative du
comportement suicidaire, de confronter les modèles médical et socio-éducatif et
damener des réflexions personnelles sur laction socio-éducative.
Le décalage se situe au niveau de lanalyse dune
littérature spécifique sur lapproche éducative. Nayant pas trouvé
douvrages spécifiques, je nai pas pu comparer les modèles médical et
socio-éducatif. En fait, les recherches bibliographiques furent longues et sans
résultat. Je cherchais, peut-être, des recettes toutes prêtes sur laccompagnement
dadolescents suicidaires, mais cette problématique est beaucoup plus complexe. Il
existe plus décrits sur la compréhension de lacte suicidaire que sur la
prise en charge de ces personnes. Cette découverte est étonnante dans un tel domaine.
Passons au bilan personnel. Par le biais de ce travail, jai
découvert la structure psychiatrique vaudoise, la complexité des adolescents à
conduites suicidaires, leur prise en charge et lapparition de mes limites.
Jai choisi ce sujet de mémoire sans connaître les services
susceptibles de prendre en charge des adolescents suicidants. La recherche de ces services
et par la suite leur présentation, ont été une découverte très enrichissante.
Toutefois, jai rencontré quelques difficultés à traiter les informations, car le
questionnaire créé nétait pas assez complet et précis. Jai dû à
plusieurs reprises recontacter les services pour récolter davantage de
renseignements ; leur disponibilité et leur collaboration ont été une grande aide.
Finalement, le questionnaire a principalement servi de base aux entretiens.
Prendre en charge des adolescents à conduites suicidaires est une
chose complexe ! Il est difficile de percevoir les buts recherchés au travers du
passage à lacte ; il peut sagir dun réel désir de mort,
dune fuite, dun message, dun chantage, etc. Nous devons trouver donc des
moyens pour les comprendre premièrement ; et deuxièmement nous devons leur donner
un espoir de vivre, les aider à dépasser cette impasse et trouver dautres
possibilités que la mort pour résoudre leurs problèmes. Un de ces moyens réside dans
le soutien dune personne extérieure. Nous avons donc un rôle à jouer : celui
de les accompagner dans la proximité, les écouter et dialoguer. Largument prônant
la liberté individuelle en laissant une personne commettre un suicide, nest pas du
tout convaincant. Et ceci dautant plus lorsquil sagit dadolescents
ne pouvant pas mesurer tous les enjeux de leur acte.
En ce qui concerne les prises en charge, jai découvert que le
travail effectué par les services psychiatriques et les foyers est complémentaire. Les
psychiatres soignent les pathologies, et les éducateurs accompagnent et offrent des
points de repères avec sécurité. Ces deux professions sont appelées à développer
leur collaboration pour harmoniser leurs travaux et mettre en commun leurs objectifs.
Ce travail de recherche a permis aussi des réflexions sur
lapproche éducative. Il serait intéressant de donner suite à cette ébauche et
rassembler les expériences des professionnels pour créer un concept de prise en charge
spécifique pour adolescents à conduites suicidaires.
Traiter un sujet comme les tentatives de suicide des adolescents
nest pas facile. Ce thème évoque la vie, la mort, la détresse, etc. Ce travail de
diplôme a fait apparaître mes limites, celle de la compréhension de lacte
suicidaire dune part et de la gestion de la souffrance dautrui dautre
part. La lecture des divers ouvrages a provoqué quelques moments dangoisse. Le
désir de mort de ces adolescents ma ébranlée. Jai réellement pris
conscience, avec laide dun superviseur, de ce quils pouvaient vivre.
Tenter de comprendre le pourquoi des comportements suicidaires a suscité quelques
interrogations sur le sens que je donne à ma vie, à ma mort et sur mes propres moyens de
dépasser ce genre de questions.
Cette expérience a été difficile, cependant mes ressentis mont
permis de faire le lien avec les ressentis possibles dans la pratique professionnelle.
Dautre part, en tant que professionnels, nous devons apprendre à gérer la
souffrance dautrui. Elle nous affecte, nous démunit et nous rend impuissant. Je
crois quil est important dêtre aidé, suivi et encouragé pour faire face à
ces vagues de sentiments qui peuvent empêcher une prise en charge adéquate.
Pour conclure, je désire faire part dune question ouverte qui
ma suivie tout au long de ce travail : serait-il judicieux de créer un lieu
convivial et anonyme où les adolescents suicidaires pourraient venir discuter ? Je
crois que la disponibilité et lécoute des responsables et des personnes
expérimentées favoriseraient le partage avec ceux qui nont pas de confident. En
outre, les rencontres pourraient encourager les plus démunis à prendre exemple sur ceux
qui ont pu dépasser les difficultés. Par ailleurs, les partages pourraient, à mon avis,
désamorcer les crises et diminuer les résistances au travail thérapeutique qui leur
serait conseillé.
Le suicide fait peur et très souvent nous évitons den parler.
Par la proximité avec les adolescents, ils se sentent moins seuls... Alors, allons à
leur rencontre... Et par le dialogue, ils se soulagent... Alors,
parlons-en ! ! !
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