Une définition de la nouvelle hypnose

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Une définition de la nouvelle hypnose

Hypnose et Suggestion Aujourd’hui

Le déclin de l’hypnose fut, cependant moins net à l’étranger et après la seconde guerre mondiale, la technique hypnotique est de nouveau utilisée dans le traitement des névroses traumatiques de guerre. Des recherches entreprises en URSS par l’Ecole Pavlovienne et aux Etats-Unis par Erickson lui donnèrent un certain renouveau. Depuis, elle fait l’objet d’études et d’applications de plus en plus nombreuses.

I - DES FORMES QUI ONT PRESERVE L’HERITAGE

Un siècle s’est quasiment écoulé entre Mesmer et Freud, un siècle s’est quasiment écoulé entre Freud et Erickson... A la fin de chaque siècle, l’hypnose "revient", différente mais toujours en mesure d’influencer certains domaines de ce que l’homme du XXè siècle appelle les "Sciences humaines".

La pratique et la théorie qui l’accompagne se sont considérablement modifiées.

A) ECOLE DE CHERTOK

Léon Chertock, psychiatre et psychanalyste, va se battre pendant quarante ans pour faire reconnaître l’intérêt de l’hypnose auprès du corps médical. Il crée à Paris en 1971 le laboratoire d’hypnose expérimentale et pratique l’auto-hypnose. Il enfreint le tabou de la psychanalyse reprenant les recherches arrêtées à la fin du XIXè dans un climat très polémique. Il observe qu’en permettant au sujet de vivre l’expérience fusionnelle de symbiose affective, l’hypnose opère une sorte de "réunification corporelle" qui se traduit par une levée du refoulement et un assouplissement des barrières qui séparent les processus primaires et secondaires.

Dans ce courant, l’hypnose n’a cependant pas pu évoluer et a gardé ses défauts dont le plus évident est la grande directivité* avec laquelle elle est employée, laissant peu de place et de participation à ceux qui font appel à elle. Elle est devenue une hypnose par persuasion.

Voici à titre d’illustration la transcription d’une séance d’induction par fixation d’objet proposée par Léon Chertok:

Il s’agit de la plus célèbre, introduite par Braid, faisant imaginer le mystérieux praticien avec son pendule et ses incantations. L’objet est sans importance, il peut aussi s’agir de la fixation d’un point quelconque de la pièce. L’opérateur donne une série de suggestions, pendant un temps plus ou moins long suivant la réceptivité du sujet, en adoptant un débit monotone avec de multiples répétitions. Cette méthode classique consiste en la combinaison de deux éléments : la fixation d’un objet brillant et la suggestion de sommeil. Il existe de nombreux moyens pour produire l’état hypnotique, mais beaucoup de ces techniques ne sont que des variantes de la méthode dite classique.

"Je tiens un objet devant vous. Vous portez votre regard sur cet objet. Vous écoutez ma voix. Si votre regard se détourne, ramenez-le sur l’objet et maintenez le ainsi. Je veux que vous vous détendiez. Vous sentez une détente dans tout votre corps. Vous vous détendez de plus en plus. En fixant l’objet et en écoutant ma voix, vous vous sentez de plus en plus détendu. Les muscles de vos jambes, de vos bras, de vos mains sont détendus, votre corps tout entier est détendu. Vous sentez également que vous vous assoupissez.Vous allez vous assoupir de plus en plus. Ecoutez bien ma voix. Et maintenant une lourdeur vous envahit, votre corps devient lourd. Vos pieds, vos jambes, tout votre corps devient lourd, lourd, lourd. Vous pensez au sommeil. Une chaleur vous pénètre comme lorsque vous vous endormez. Vos paupières se font lourdes, lourdes, lourdes. Pensez au sommeil et à rien d’autre. Vous ne pouvez plus tenir les yeux ouverts, vos paupières sont de plus en plus lourdes. Vous avez envie de dormir, votre regard se fatigue, les yeux vous piquent, ils pleurent. Respirez profondément et lentement. A chaque respiration votre sommeil est plus profond, vos yeux se sont maintenant fermés. Vous vous endormez, dormez, dormez, dormez."

Remarques

La première remarque concerne la platitude des phrases écrites en l’absence de la voix et de ses modulations, le rythme, les inflexions, la chaleur, la couleur du phrasé sont au moins aussi important que les contenus sémantiques.

Le corps y est interpellé, de telle sorte qu’il vient ratifier le niveau de conscience du patient ou en terme psychanalytique, le niveau de régression. Nous sommes en résonance avec le type d’induction envisagée dans l’hypnose classique marquée par l’aspect très impératif et très directif des propos qui placent alors le thérapeute en situation de dominance, et le patient en position passive et dominé.

B) L’HYPNOSE APPARAIT EGALEMENT SOUS DES MASQUES VARIES

Il existe des pratiques dérivées de l’hypnose, qui ont permis une spécialisation de la technique et peut-être une certaine mise à distance du malade et donc une tentative de contrôle de la relation qu’on aura appelée suivant l’époque, le rapport, la suggestion ou le transfert.

Nous constatons alors un aménagement de la relation médecin - malade, une modification de l’application, avec parfois l’introduction d’exercices "somatiques".

En particulier, les différentes techniques de relaxation utilisent la suggestion pour induire un état de détente et de relâchement musculaire.

Le training autogène de Schultz (ou décontraction concentrative)

Schultz va considérer les modifications physiologiques et cénesthésiques déclenchées par le processus d’hypnotisation et constate que deux éléments président invariablement à l’état de transe : la pesanteur, expression de la décontracture musculaire et la chaleur, celle de la vasodilatation périphérique. Schultz va en déduire les deux principes du training autogène : un système d’exercices physiologiques et rationnels, soigneusement étudiés pour provoquer une déconnexion générale de l’organisme qui, par analogie avec les anciens travaux sur l’hypnose, permettent toutes réalisations propres aux états suggestifs. C’est en quelque sorte une auto-hypnose provoquée. Sans vraiment abandonner l’hypnose, il modifie la technique. Il entraîne les sujets à une auto-hypnose fractionnée, tentant ainsi d’éliminer la suggestion.

La sophrologie

L’école de Sophrologie, née en 1960 en Espagne, regroupait au départ les phénomènes hypnotiques avec l’adjonction de techniques de relaxation, dont celle de Schultz, ainsi que tous les états psychiques voisins où existait, selon Caycedo son fondateur, un profond dénominateur commun phénoménologique. Il inaugure au retour d’un long voyage la méthode occidentale de sophronisation inspirée des méthodes découvertes en Orient. Les principales techniques utilisées en sophrologie permettent d’agir sur les niveaux de conscience par une relaxation physique et mentale, créant la sensation subjective de paix ressentie par le sujet à la base des premières méthodes. Puis, c’est la concentration, la contemplation et la méditation qui sont les pôles de la relaxation dite dynamique.

Les thérapies comportementales.

Elles proposent de substituer à des comportements inadaptés, voire renforçateurs de troubles, de nouvelles séquences comportementales entraînant un ajustement psychosocial satisfaisant.

Sous la forme de l’inhibition réciproque créée par J. Wolfe, qui s’appuie en partie sur son expérience d’hypnothérapeute, l’hypnose y prend la place d’un adjuvant permettant de faciliter les apprentissages et de consolider les acquis.

Le rêve éveillé dirigé

A l’occasion de séances de relaxation se produit un relâchement de l’imaginaire et de l’appareil onirique. Le patient peut donc plus facilement réaliser un travail associatif sur des images mentales (images visuelles, sons...) et ces associations donnent lieu à une interprétation psychanalytique.

Il est remarquable que la plupart des thérapies ont eu à des degrés divers à puiser dans la pratique des hypnothérapeutes :

"On a pleinement apprécié l’influence de l'hypnose sur toutes les formes de thérapies. On peut affirmer que la plupart des approches thérapeutiques tirent leur origine de cet art. Les thérapies de conditionnement quelque soit le nom qu’on leur donne, ont été inspirées par Thorndike, dont les recherches préfigurent celles de Skinner, mais le principe initial de ces thérapies vient de Pavlov, qui se préoccupait beaucoup de théories hypnotiques."

De plus le développement des techniques de communication a fait apparaître des méthodes nouvelles dont certaines se réclament de l’hypnose dans des perspectives parfois plus ou moins discutables.

II DES FORMES VARIEES DE L’HYPNOSE

L’hypnose apparaît sous des formes franches dont les différentes techniques d’applications n’ont pas encore fait l’objet d’une systématisation précise, nous pouvons distinguer les méthodes suivantes :

L’hypnose sèche : Sans suggestion, la thérapie se limite à l’induction d’un état hypnotique. Le symptôme ayant motivé la cure n’est pas abordé, l’action thérapeutique devant résulter du seul rôle réparateur de l’état hypnotique.

L’hypnose prolongée : Il s’agit d’une véritable cure de sommeil qui peut se prolonger au-delà de plusieurs jours. Pratiquée surtout au début du siècle, on l’emploie encore de nos jours épisodiquement en Suède et en URSS.

L’hypnose cathartique : L’hypnose et l’état de conscience qu’elle induit permet au sujet de rendre conscient des conflits refoulés et d’obtenir une libération des affects enclavés et des représentations grâce à la reviviscence affective. Elle fut employée par les Américains lors de la dernière guerre mondiale pour obtenir l’abréaction traumatique dans les névroses de guerre. Sa vertu curative serait due à une prise de conscience, (processus cognitif), accompagnée d’un intense vécu affectif (processus affectif).

L’hypno-analyse : Elle combine l’hypnose et la psychanalyse. Le thérapeute induit une transe légère, dans laquelle le patient peut fournir du matériel qu’il n’aurait pas pu donner à l’état de veille. L’hypnose devient ici une méthode d’exploration de l’inconscient freudien, dans une tentative d’utilisation combinée de la suggestion et de l’analyse . Cette technique emprunte à la psychanalyse ses bases théoriques et ses critères d’interprétation, l’hypnose devient un instrument accélérant le processus analytique.

Les techniques auto-hypnotiques : elles sont employées en fin de traitement pour consolider et prolonger les effets obtenus par les suggestions thérapeutiques.

L’hypnose par suggestion directe : C’est la forme classique de l’hypnose. Le thérapeute est directif et annonce explicitement le symptôme qu’il veut voir disparaître. Par exemple : "A partir de maintenant, vous ne fumerez plus, le tabac aura mauvais goût".

L’hypnose par suggestion indirecte : C’est celle impulsée par Milton H.Erickson et qui présente les particularités que nous allons étudier maintenant.

Qu’il s’agisse de l’hypnose déguisée, ou des formes variées évoquées ici, nous pouvons reconnaître que la modification de l’état de conscience de veille habituel est un élément commun. Serait-il essentiel à l’efficacité thérapeutique ? L’usage du mot hypnose au singulier est-il suffisant ?

Il existe différentes façons d’interpréter l’hypnose cliniquement, et par conséquent plusieurs façons de l’utiliser. L’hypnose se montre un processus stable dans l’arsenal thérapeutique. Elle est utilisé soit comme un outil d’exploration de la problématique ou comme élément déclenchant du changement recherché.

La qualité du transfert, ici majoré, en étroite corrélation avec la dissociation, autour duquel s’articule la dynamique de la psychothérapie, l’induction de l’hypnose par une technique douce et permissive ou proche des techniques de relaxation, la proximité de l’inconscient, moins protégé par les mécanismes de défense, qui permet d’approcher plus rapidement la problématique conflictuelle sont peut-être des éléments qui permettent à ces "états d’hypnose" de prendre la place d’un outil préalable à la mise en oeuvre de pratiques étayées à partir de théories différentes, sans qu’il y ait contradiction : psychanalyse freudienne, méthodes comportementales faisant appel à la suggestion directe ou indirecte.

Il y a au-delà du principe de réduction de conflits psychiques, une autre démarche qui est un apprentissage* à la disponibilité, à la concentration, débouchant sur la capacité accrue du sujet à contrôler certains paramètres physiologiques ou psychologiques. Processus hypnotique qui cherche à désactiver certains symptômes en modifiant la structure comportementale émotive ou cognitive.

Malgré une longue tradition Européenne c’est des Etats Unis que revient l’hypnose mettant en avant des techniques de communication. De nouveaux auteurs se réclament alors ouvertement de l’hypnose et de la suggestion. Dans les années 1980, Jean Godin et Jacques-Antoine Malarewicz importent en France la pratique originale d’un certain Milton H. Erickson.

III L’IMPULSION DE MILTON H. ERICKSON


A) LE "SAGE" DE PHOENIX

Comme nous l’avons vu, l’hypnose classique est tombée en désuétude, emportée par la vague psychanalytique à laquelle elle a donné naissance. Outre Atlantique, elle va cependant connaître un développement auprès d’un psychiatre, Milton H. Erickson, que l’on peut opposer à l’hypnose classique qui prévalait jusqu’au début du XXè siècle.

Il a en effet redéfini, au cours de cinquante ans de pratique, aussi bien les techniques d’hypnose que la philosophie qui préside à leur utilisation. Sa réputation s’est faite, moins sur la construction d’un corpus théorique que sur cette philosophie nouvelle et attrayante, c’est pourquoi on ne peut réduire le travail d’Erickson à la seule pratique de l’hypnose.

Sa conception s’oppose tout à la fois à la notion de suggestibilité du patient, qui ici devient tout à fait secondaire, et à celle de la neutralité du thérapeute qui lui est tout à fait étrangère, sans pour autant craindre les débordements jadis dénoncés par Freud.

Les méthodes et les tactiques d’approche interpersonnelle utilisées ont pour objectif de rendre disponibles chez le patient, que ce soit sous hypnose ou à l’état de veille les potentialités qui lui permettront d’améliorer son état.

Ses finalités se décrivent en terme de changement, conception aussi très spécifique.

Biographie

Nous avons tenu à présenter une courte biographie de Milton H. Erickson car si Jay Haley l’a décrit comme "un thérapeute hors du commun", il est d’abord un homme hors du commun. La meilleure introduction à son oeuvre est son histoire personnelle qui permet de comprendre sur quelles bases il a pu présenter tant de concepts originaux sur l’hypnose et la psychothérapie en général.

Milton H. Erickson est né en 1901 dans le Nevada, il appartient à une famille de fermiers dans laquelle il grandit auprès de sa soeur. Sa scolarité est rudimentaire et les premières difficultés sont alors découvertes : il est daltonien, perçoit mal les rythmes musicaux, et présente une dyslexie. De ces handicaps, il fera des avantages, expérimentant sur la relativité de la perception humaine. Il utilisera souvent en thérapie ses souvenirs d’apprentissages difficiles, convaincu que nous possédons des capacités mal intégrées que nous pouvons un jour assimiler brusquement .

Dans sa dix-septième année il est atteint de poliomyélite. L’évolution de cette paralysie malgré l’absence de toute rééducation est fascinante. Il s’entraîne pendant des mois, observant sa soeur cadette faire ses premiers pas et en recherchant le souvenir dans ses doigts lorsqu’ils pouvaient bouger, multipliant ses "expériences" et les étendant au reste de son corps, jusqu’à faire apparaître des mouvements incoordonnés, puis volontaires.

C’est ainsi qu’il découvre ce que Bernheim a décrit comme les phénomènes idéo-moteurs : la seule pensée du mouvement peut produire l’expérience réelle du mouvement corporel automatique. Plus tard, il y reconnaîtra des phénomènes hypnotiques, auto-hypnotiques en l’occurence. De la même manière, il apprend à contrôler ses douleurs, et invente toute une stratégie de transformations des algies. Il va ainsi trouver des certitudes sur les moyens qui existent en chacun de nous, hors d’atteinte par la conscience et qui peuvent être activés par l’idée seule. Il y trouve aussi la conviction qu’un changement minime dans une situation désespérée peut faire passer du fatalisme à l’espoir, autorisant l’idée que de changements plus grands deviennent acceptables.

A vingt et un ans, avec des béquilles, il entreprend ses études de médecine. Il est médecin en 1928 et travaille sur l’hypnose qu’il décrit comme un état de conscience altéré avec "une attention intense mais focalisée", qui s’oppose à l’idée de sommeil et d’inhibition corticale défendue par Pavlov. Au cours de son évolution professionnelle et ses passages dans différents hôpitaux, il entreprend de nombreuses études expérimentales, et développe une conception originale d’un inconscient actif et positif qui contient les solutions dont l’individu a besoin. Erickson se considère comme a-théorique, malgré ses contacts avec différents modèles, et va toutefois largement contribuer à faire connaître l’hypnose dans le milieu médical et auprès du grand public. Plus tard, il rencontre Margaret Mead, anthropologue avec laquelle il collabore sur de nombreux projets traitant des phénomènes de transe. Il mène toujours de nombreuses expérimentations sur l’hypnose pour étudier la réalité hypnotique dans sa dimension relationnelle, celle qui est importante lors de son utilisation clinique; il a toujours orienté ses travaux dans ce sens pragmatique avec la conviction que les états de dissociation hypnotique sont un outil irremplaçable au thérapeute qui s’occupe des individus en souffrance et tente de les aider par une approche psychothérapique, c’est à dire lorsqu’il va mettre en oeuvre uniquement les capacités psychiques que possède l’individu. Il s’évertu à rechercher le "comment ça marche" métaphore des possibilités thérapeutiques du changement, reléguant le pourquoi des phénomènes psychiques au niveau de la métaphysique. Cette orientation s’articule avec un souci permanent de pragmatisme dans sa démarche.

En 1948, il s’installe à Phoenix en Arizona, les douleurs sont de plus en plus intenses. Il ouvre un cabinet privé à son domicile pour pouvoir se reposer entre ses patients. A cinquante et un ans, il subit une nouvelle attaque de poliomyélite, il souffre de paralysie et de douleurs permanentes. Par l’auto-hypnose, il va alors développer des apprentissages laborieux, aidé par sa femme. Pour Erickson, tout thérapeute doit être convaincu que toute difficulté peut se réduire, se penchant sur sa propre histoire. Sa démarche thérapeutique est liée à une lutte tenace contre des handicaps impressionnants. Malgré cet épisode et soutenu par sa famille, il continue ses enseignements, ses thérapies et ses recherches sur l’hypnose. Il se déplace en fauteuil roulant mais assure toujours avec beaucoup de simplicité son travail auprès de ses patients, dans un cabinet modeste malgré une renommée internationale, animé par un souci inébranlable d’aider les gens. Il garde le même langage simple et refuse tout dogmatisme, acceptant près de lui des élèves de toutes les écoles de pensées.

C’est en tant que clinicien qu’il a le plus brillamment approfondi l’hypnose. Pendant cinquante ans, il travaille à rencontrer les besoins de chaque patient. Pour lui, la transe est un instrument de communication privilégié dans lequel le sujet n’est pas plus suggestible qu’à l’état de veille. Seule, son attention est hyperactivée et focalisée.

Il décédera le 20 mars 1980, six mois avant le premier congrès international "Ericksonien" qu’il devait présider.

Evolution de son concept d’hypnose

A la raison, à la science, il s’agissait, dans le courant de la "psychologie humaniste" d’opposer une démarche qui privilégierait l’individualité, la spontanéité, la créativité, l’ "actualisation-réalisation" de soi-même avec l’utilisation des ressources personnelles inexploitées. C’est dans le cadre de cette conception humaniste que Erickson évolue, avec une conception optimiste et l’idée d’une nature bien faite, l’organisme comportant tous les mécanismes nécessaires. Si Erickson puise ses sources dans l’hypnose classique de la fin du XIXè, il est clair qu’il est également très influencé par des techniques orientales. Le mélange des cultures, compte tenu de sa situation géographique l’imprègne de l’influence des maîtres Zen.

De l’hypnose suggestive directe à l’hypnose sans hypnose

L’hypnose est le premier outil thérapeutique qu’Erickson a étudié et utilisé, il y reconnaît des techniques qu’il a mis à profit dans ses propres processus de guérison. Il expérimente, dans un premier temps l’hypnose classique, dans le cadre des névroses traumatiques de guerre, il approche l’hypno-analyse, puis il travaille sur un projet expérimental financé par le FBI avec Morton prince, lui-même inspiré par les travaux de Janet. Il va laisser son nom à une technique d’induction par lévitation* du bras décrite par Chertok, encore en vigueur.

Mais l’hypnose des années 1950 n’a plus beaucoup de points communs avec celle des années 1920 telle qu’il l’a découverte à la faculté dans un séminaire de Hull, assez proche de Bernheim. Il oppose rapidement une conception individualisée de l’hypnose à la conception universaliste de son professeur.

Les définitions ne se recouvrent pas, l’autorité du thérapeute a laissé la place à une approche souple, permissive, la directivité classique est supplantée par les approches indirectes, la transe est un état actif, dynamique où le processus de guérison est indissociable des capacités propres de la personne.

Mais en plus d’une matière moribonde représentée par quelques académiciens intéressés par la recherche, elle est devenue une discipline florissante par le nombre et la qualité des membres, par les multiples études et par son utilisation en clinique somatique et psychique. Il ne fait aucun doute qu’Erickson est le chef de file qui a permis ce renouveau, restituant ses lettres de noblesse à l’hypnose.

Nous pourrions proposer deux larges axes du travail d’Erickson : le premier concerne la dimension interne de l’individu, son expérience subjective de la réalité*. Le second, la dimension externe de l’être humain, son insertion dans son milieu familial et social, ainsi que les transactions qu’il entretient avec son entourage.

Il est aussi une source d’inspiration pour le groupe de chercheurs qui vont mettre en place tout un courant de pensée en psychiatrie : le groupe de Palo Alto (G. Bateson, P. Watzlawick, D.D. Jackson, J. Haley) qui va concevoir la communication comme clef du comportement humain.

B) QUELQUES DEFINITIONS

"Votre but, en vous servant de l’hypnose, est de communiquer des idées et des compréhensions ainsi que d’amener le patient à utiliser les compétences qui existent en lui, à la fois au niveau psychologique et au niveau physiologique 1".

L’approche Ericksonienne s’intègre dans une thérapie stratégique visant à provoquer les changements thérapeutiques essentiellement à l’aide de suggestions indirectes et de métaphores. "Le thérapeute, dit Jean Godin, va activer chez son patient des chaînes d’associations psychologiques, en procédant par allusion, en utilisant des résonances de mot, et, par l’utilisation d’un langage à plusieurs niveaux de sorte que des réaménagements soient mis en route".

Il s’agit d’une interaction entre deux individus, avec le problème éthique de manipulation que cela pose. Cependant, cette communication aménage également, dans cette optique Ericksonienne, une grande liberté pour le patient. "La manipulation est dans l’interaction et la liberté du patient dans le processus dissociatif 2 " sur leSquel nous reviendrons.

Il convient de définir la trame qui soutient cette pratique clinique pour pouvoir appréhender avec clairvoyance sa philosophie du soin.

Une alliance délibérée avec la suggestion.

Dans son acception la plus courante, suggérer signifie "faire concevoir, penser, sans exprimer ni formuler 3". Suggérer est synonyme d’insinuer, d’inspirer, de souffler ou de sous-entendre. Il s’agit donc à priori d’un moyen de communication somme toute assez courant.

Etymologiquement, l’apparition du mot suggestion dans la langue française remonte à 1174. Il dérive du latin "suggestio", lui-même ayant pour origine le verbe "suggerere". "Suggerere" peut lui-même être décomposé en "sub" en dessous et "gerrere" porter. Une suggestion renvoie donc à l’idée d’introduire quelque chose sous le couvert d’autre chose.

La notion de suggestion est un concept assez difficile à cerner. La "tentative d’amener un sujet à produire un comportement sans lui ordonner de le faire" semble un peu pauvre. Définition assez proche toutefois de celle adoptée par le Congrès de Psychologie physiologique en 1889 : "Par son étymologie, c’est le fait de suggérer (c’est à dire d’indiquer par insinuation sans un énoncé détaillé) un acte ou une idée. Par extension, l’acte et l’idée suggérés ont pris à tort le nom de suggestion".

Wundt considère les suggestions comme des associations liées à une influence extérieure et caractérisées par un rétrécissement de la conscience ainsi que par l’absence d’influences inhibitrices. De même, pour Otis, elles sont l’expression d’une relation stimulus-réponse dans laquelle aucune interférence n’a de chance de se produire.

Babinski va distinguer la persuasion, en tant qu’idée bonne, de la suggestion, en tant cette fois, qu’idée mauvaise.

La définition que donne T. Kammerer dans le Manuel Alphabétique de Psychiatrie nous semble probablement la plus intéressante, car la plus riche. Pour lui, la suggestion est la "réalisation, par l’intermédiaire d’un processus subconscient, d’une idée relative au domaine psychique ou physiologique propre au sujet. Cette réalisation se trouve activée par une attitude particulière de l’attention (exclusive, monoidéique), renforcée par tout effort contraire à la suggestion (loi de l’effort converti de Baudoin), favorisée par l’émotion, la conviction, l’exemple de la même suggestion réalisée chez autrui, le sommeil, l’entraînement". T. Kammerer complète sa définition en précisant ce que n’est pas la suggestion. "Elle n’est pas l’influence d’une personne sur une autre, dans la mesure où elle se déroule dans le sujet lui-même, parfois même dans son moi conscient. Elle n’est ni vraiment un acte volontaire (il n’y a pas d’effort conscient tendant vers un but précis), mais n’est pas non plus un automatisme (car elle est sous tendue par une activité intelligente, adaptative... mais inconscient)". Elle est "une fonction psychophysiologique normale, existant chez tous les individus 4". et dont la principale caractéristique est une attention modifiée, exclusive mais soutenue sans effort.

Est-ce que la suggestion convenablement utilisée dans la pratique thérapeutique peut être un outil puissant ?

Nous avons vu que les phénomènes observables en état d’hypnose se sont expliqués dans leur totalité par le biais de la suggestibilité sans avoir à invoquer la notion de transe proprement dite. Pourtant l’existence de l’une n’exclut pas l’autre. Le processus de la suggestion entraîne des événements intra-psychiques, qui, eux s’accompagnent d’une modification parallèle neurophysiologique. Il faut toutefois conserver une certaine prudence en invoquant l’importance de la suggestibilité car elle s’accompagne toujours de connotations péjoratives ayant trait à l’implication de l’importance des rapports de force interpersonnels, voire de la crédulité du sujet. A la notion de suggestibilité nous pouvons préférer celle d’imagination, qui évoque la possibilité d’ouverture à la richesse associative de l’esprit.

L’intervention hypnotique d’Erickson et plus largement stratégique pose encore le problème de la manipulation et de ses dimensions éthiques.

Quant à savoir si le thérapeute manipule son patient la réponse d’Erickson est assurément positive. La principale raison réside dans le fait que toute communication est une manoeuvre réciproque, et que c’est en ces termes de communication qu’il définit l’hypnose. Il élève d’ailleurs la manipulation au rang d’outil thérapeutique. C’est au thérapeute de garder le contrôle de la relation et c’est lui qui décide du niveau du cadre avec des moyens différents.

"On ne peut pas ne pas communiquer", dit Watzlawick, donc on ne peut pas ne pas s’influencer réciproquement. Il paraît établi que le contexte* peut influencer l’expression des manifestations subjectives de l’hypnose et que la méthode même d’induction exerce une influence déterminante dans le déroulement de la séance. On constate que l’état de transe hypnotique est perçu différemment selon l’individu et que le même patient peut communiquer des expériences différentes suivant le contexte.

Est suggestible, c’est à dire prêt à recevoir ou accepter les propositions ou injonctions du thérapeute, celui qui a perdu ses repères dans la "veille restreinte *", selon Roustang. L’hypnotisé que la suggestion n’engage à rien n’a pas de raison de s’y soustraire. En état hypnotique, la personne est libre, elle ne fait que ce qu’elle a envie de faire. La suggestion n’est qu’une suggestion. L’inconscient y répond en refusant l’idée, en l’acceptant en partie, ou complètement.

Les sujets se refusent, depuis plus d’un siècle, à commettre des actes qui vont à l’encontre de leurs convictions morales. Mais si la suggestibilité peut se révéler à double tranchant, dont par exemple les faux souvenirs5 , "ne nous dispensons pas d’y déceler un ressort nécessaire à tout dialogue (...) Si elle n’existait pas, il n’y aurait aucun espoir qu’une modification puisse se faire jour. Elle est le lieu où le présent ne s’impose plus comme inéluctable. Certes, elle doit être considérée comme un état de soumission et de passivité. Or c’est là un trait positif qui conditionne le changement. Son contraire est la rigidité qui s’en tient à ce qui est connu et établi, vérifié, toute relation est fermée à l’émergence du possible 6".

"Qu’est-ce qu’un thérapeute, sinon un spécialiste de l’influence ? Si le patient vient consulter, c’est bien parce qu ’il espère qu ’il aura un effet positif sur des comportements que lui n’arrive pas à changer7". C’est parce qu’il ne peut provoquer le changement de manière autonome.

Une autre conception de l’inconscient

Pour beaucoup, le mot "inconscient" est immédiatement rattaché à Freud et à la psychanalyse. Pourtant, avant Freud la notion d’inconscient avait déjà nourri les réflexions de philosophes et psychologues.

L’inconscient, ramené à une perception sans conscience, perception subliminale est la conception caractéristique de la philosophie de Leibniz (1646 -1716). Mais c’est avec les philosophes de la Nature et Friedrich Schelling que la notion d’inconscient trouve sa première formulation explicite, il constitue alors le lien profond qui unit l’homme à la Nature. C’est l’âme du monde pour Carus (1789-1869), c’est la Volonté pour Schopenhauer (1788 - 1860). L’inconscient de Théodore Lipps (1851-1914), auquel Freud attribuera la paternité "est le fond de toute vie psychique", il équivaut à une "non-conscience" inerte; somme de toutes les causes déterminantes liées à notre passé, ces causes, soit ignorées, soit oubliées, ne sont pas refoulées. L’inconscient collectif de K.Jung consiste quant à lui en un système latent de fonctions psychiques, transmis de génération en génération et dans lequel s’accumule l’expérience de "millions d’années". Il recèle en particulier les archétypes, dispositions héréditaires à répondre d’une certaine façon à certaines situations, qui peuvent s’exprimer consciemment sous forme d’images ou de mythes. L’inconscient au sens de Freud sera défini non pas seulement comme ce qui échappe à la conscience, mais comme conflit, comme refus actif d’une vérité. C’est une notion topique et dynamique qu’il dégage de la cure.

"L’utilisation des forces inconscientes remonte à la nuit des temps. Aussi loin que nous pouvons remonter, nous pouvons constater qu’il a existé à cet effet deux méthodes bien distinctes. L’une consiste à provoquer l’émergence des forces inconscientes chez le malade, sous forme de crises tel Mesmer, de rêves ou encore de possession. (....) L’autre méthode consiste à provoquer l’émergence de forces inconscientes chez le guérisseur. (...) Une ligne d’évolution continue peut être montrée entre l’exorcisme et le magnétisme, le magnétisme et l’hypnotisme, l’hypnotisme et les psychiatries dynamiques modernes. Avec des thèmes différents, la même idée qui subsiste, celle d’un "mal" que l‘on peut expulser par des moyens psychiques, moyens qui impliquent, tout autant que la participation du malade, l’effort du thérapeute lui même 8".

Nous ne trouverons pas, dans l’inconscient d’Erickson, les données classiques des autres Ecoles. C’est davantage en terme de non conscient qu’il en parle, le conscient étant définit comme ce qui est directement accessible à notre système de pensée rationnelle et discursive parfois appelé " la raison".

Il lui attribue des qualités particulières.

Il est positif : "c’est un grand magasin de solutions et de ressources" dans lequel l’individu va pouvoir puiser pour résoudre ses difficultés. Il est ce que nous ne savons pas que nous savons. Ce sont les règles sociales et culturelles que nous utilisons spontanément, dans toutes nos relations et que nous serions bien en peine d’énoncer. Ce sont les expériences passées que nous pensons avoir oublié, les sentiments et émotions qui les accompagnaient dont une empreinte fidèle est conservée, comme les expérimentations en état d’hypnose l’ont prouvé. Ce sont nos gestes, actes, comportements automatiques s’ils ont d’abord été volontairement appris puis, engrammés pour qu’ils puissent être effectués sans occuper la conscience. C’est encore l’essentiel du langage non-verbal qui est un appareil de communication complet pouvant se suffire à lui-même ou accompagner le langage verbal et qui est au coeur de toutes nos relations.

Il protège la personne activement : "je pense qu’il faut que vous vous rendiez compte que l’inconscient de l’être humain est quelque chose d’assez compréhensif... L’histoire biologique de la race humaine nous révèle qu’un grand nombre de comportements humains ne viennent jamais à la conscience, pourtant ils sont largement utilisés pour gouverner les personnes 9". C’est pourquoi, en état d’hypnose, c’est une réponse inconsciente qui est recherchée car pertinente pour le sujet dans sa totalité. Communiquer avec l’inconscient c’est la communication hypnotique.

L’art d’Erickson a été d’affiner le processus d’ "accès" à l’inconscient qu’est l’hypnose et son génie a été de comprendre puis d’utiliser le langage spécifique de l’inconscient. En effet, la transe hypnotique est considérée depuis longtemps comme une ouverture sur l’inconscient, Freud en a fait usage. Et pourtant les moyens de communication employés n’ont jamais été adaptés aux systèmes auxquels ils s’adressaient, comme si conscient et inconscient utilisaient un seul et même langage.

Depuis Freud, les rêves sont considérés comme un langage de l’inconscient, les rêves sont du langage analogique par excellence c’est à dire du "langage où les signes ont un rapport immédiatement évident avec ce qu’ils signifient par le biais d’une ressemblance ou analogie 10". L’autre modalité, que nous employons actuellement est le langage digital dans lequel la communication s’établit grâce à un signe dont le rapport avec la signification donnée est de pure convention. Cette coexistence de deux langages a donné à penser qu’ils étaient d’origine différente : le langage digital étant le mode d’expression du conscient, le langage analogique celui de l’inconscient. Erickson comprend que si l’inconscient communique par des rêves, des images, par du langage analogique, c’est probablement ce même langage qu’il convient d’employer lorsque l’on souhaite s’adresser à lui dans l’hypnose. C’est ainsi qu’il va utiliser les métaphores, les images, mais aussi le langage non-verbal.

De Freud, Erickson partage l’intérêt pour le symbole de l’inconscient et le goût de la métaphore qui permet d’atteindre l’inconscient sans bloquer le niveau conscient du patient.

Comme Jung, il utilise l’amplification pour rendre l’analogie plus efficace quant à son impact inconscient.

La notion d’inconscient est pour le moins différente, à tel point qu’on peut se poser la question de l’opportunité de l’usage d’un autre terme tant celui-ci est infiltré des conceptions psychanalytiques.

Il est difficile de garder une "vision structurale" de l’inconscient, lieu d’élaboration des pulsions. "Il ne fonde pas une structuration ou une théorie de la personnalité, il n’est pas une instance qui participe à une dynamique complexe ou à une topique élaborée. Il est d’abord dans la relation, c’est pourquoi le thérapeute ne peut éviter de l’utiliser lui-même 11".

Et, il s’agit bien de ressources inexploitées de l’individu, acquises lors de nombreux apprentissages, notamment ceux de l’enfance.

Tout ce passe comme si ces possibilités inactivées par d’autres apprentissages, ne peuvent alors être mises en mouvement que par l’intervention du thérapeute, ce en quoi l’hypnose serait particulièrement efficace puisqu’elle consiste à établir un dialogue avec cet inconscient. "Ainsi l’inconscient est une donnée constamment présente dans l’hypnose ériksonienne, d’abord essentiellement en tant que manifestation involontaire et non intentionnelle d’une information. Il s’agit donc d’un instrument de communication qui reste cependant présent dans la relation sans être perçu comme moyen de compréhension du fonctionnement psychique 12".

Il ne s’agit pas d’un outil de recherche en psychopathologie mais d’un outil qui va participer à la thérapeutique. J.A. Malarewicz le décrit comme un processus qui développe une logique parallèle à celle que nous conduisons consciemment, processus en interaction avec d’autres processus et contextes appréhendables dans une approche systémique. Il faut activer l’inconscient et rendre aux personnes leur auto-détermination, leurs responsabilités.

Le postulat est que l’inconscient fait beaucoup mieux que le conscient.

Erickson disait souvent à ses patients : "Et votre inconscient peut apprendre à votre conscient..."

La dissociation

Les concepts classiques

Dans la psychopathologie française, le terme de "dissociation" se rencontre dans trois acceptions différentes.13

"La dissociation du psychisme est l’achèvement de l’hystérie" écrit Freud. dans les Etudes sur l’hystérie. Elle est un mécanisme préalable à la mise en place d’un processus d’expulsion de la conscience d’une représentation désagréable générant une rupture de la pensée, provoqué par des défenses, telles que le refoulement. Aujourd’hui, nous la nommerions plutôt "division du sujet" entre conscient et inconscient.

La notion de dissociation est souvent liée à celle de schizophrénie, dans la lignée des concepts développés par E. Bleuler. Chaslin en 1912, introduit le terme de discordance et désigne des phénomènes semblables : discordance générale entre les signes de l’affection, entre l’intelligence et le langage, entre le délire, les émotions et les actes.

Ces concepts expriment l’incohérence, le défaut de cohésion et d’unité de la conscience et la personnalité des schizophrènes.

Les références à P. Janet peuvent amener à renvoyer non pas à une structuration spécifique de la personnalité, mais également et plus simplement au statut particulier de certains souvenirs.

Enfin, la Néo-dissociation de E. Hilgard, que nous allons développer.

Une dissociation princepts

La dissociation qui nous concerne ici est bien à prendre en compte en dehors de la conceptualisation de la psychose.

Elle est difficile à décrire car elle reste éminemment subjective.

La spécialisation des hémisphères cérébraux, quelle que soit la réalité anatomo-physiologique de cette conception, permet, ne serait-ce qu’à titre de métaphore, d’illustrer le travail du patient avec l’hypnothérapeute. C’est un emprunt à la médecine, la chirurgie neurologique et aux nombreux travaux sur le cerveau dédoublé.

La découverte du rôle des deux hémisphères est sans doute d’une importance capitale. Ils traitent l’information diversement et à différents niveaux d’intensité. Les deux modes de pensée sont le reflet du débat historique entre les Béhavioristes et la Gestalt.

Le cerveau gauche régirait les activités d’éveil. Il serait responsable de l’expression verbale, de notre activité rationnelle, analytique, volontaire, son mode d’action serait focalisé. Il serait lié à notre état de tension. En un mot, il serait le siège de notre activité consciente.

Le cerveau droit se manifesterait surtout pendant le rêve, la rêverie, l’activité artistique. Il serait responsable de notre expression non verbale, de notre activité intuitive et émotionnelle, synthétique, spontanée. Son mode d’action serait plus diffus, il favoriserait notre sensation de confort. En un mot, il serait le siège de notre activité inconsciente.

Le travail de l’hypnothérapeute consistera dès lors à capter, fixer l’attention du patient, dépotentialiser* le cerveau gauche, conscient et activer le fonctionnement inconscient, propre au cerveau droit en état de transe hypnotique, en favorisant la dissociation.

Ce phénomène est pour Erickson un outil irremplaçable au thérapeute qui s’occupe des individus en souffrance et tente de les aider par une approche psychothérapique, c’est à dire lorsqu’il va mettre en oeuvre les capacités psychiques que possède l’individu.

Le phénomène fondamental, condition sine qua non de l’état hypnotique est la dissociation qui sépare le conscient et l’inconscient. C’est à la fois une hypervigilance localisée et une mise en sommeil de certaines fonctions ou perceptions, la possibilité de mise entre parenthèses de fonctions psychiques qui se fait au profit d’autres fonctions psychiques, cela reste cependant différent de l’état de préoccupation intérieure.

C’est ce fonctionnement dissocié de l’esprit humain qui va permettre des actions qui ne seraient pas possibles autrement. C’est ce que Bernheim évoquait quand il parlait de cette modification de l’orientation au réel et de l’affaiblissement du sens critique que l’on retrouve avec Araoz quand il évoque la suspension des facultés logiques et critiques.

Cette dissociation permet d’influencer les phénomènes physiologiques de l’organisme par les canaux nerveux, hormonaux, immunologiques et enfin le canal du système des neuro-peptides (catalepsie-contracture-vasoconstriction-etc)

Elle permet d’influencer les phénomènes psychiques. Le sujet s’observe lui-même et peut dans sa relation avec l’hypnotiseur, influencer sa manière d’appréhender sa problématique et le monde extérieur. C’est un état de focalisation aiguë de la conscience qui est centrée sur les phénomènes intérieurs ou sur ce que l’autre a communiqué verbalement ou corporellement.

L’état de conscience spécifique, ou état "modifié de conscience" est mis en place par le processus hypnotique qui prend son point de départ dans les techniques utilisées par l’hypnothérapeute ou le sujet lui-même. Il permet d’accéder à une plus grande communicabilité avec son corps et son psychisme.

L’état d’hypnose serait le paradigme de la dissociation et la catalepsie* suggérée, le modèle, par le biais de la focalisation de l’attention du sujet sur des sensations corporelles spécifiques. D’un point de vue technique, la catalepsie, qu’Erickson utilisait régulièrement, prend toute sa valeur dans le cadre de la dissociation. De même que nous pouvons être à la fois acteur et spectateur d’un rêve, le patient trouve dans la catalepsie la possibilité d’expérimenter objectivement cette dissociation. Cette dissociation corps / bras servant alors de paradigme à d’autres niveaux de dissociation, notamment entre l’inconscient et le conscient du sujet.

"Le processus hypnotique lui-même est caractérisé par la simultanéité d’une expérience de présence / absence et l’existence d’une façon généralement spontanée d’une amnésie de la transe hypnotique." ...

"Pour le patient, cette dissociation est elle-même une expérience très instable, dans la mesure où cette "séparation" demande à être ratifiée dans la construction, par le thérapeute, de phénomènes considérés comme étant spécifiques de l’état d’hypnose. Il en résulte alors que la dissociation se stabilise et colore le vécu du patient de telle manière qu’il est à la fois observateur de ce qu’il ressent (la partie de lui-même qui reste vigilante et donc consciente), et qu’une autre partie de lui-même (par pure convention instrumentale appelée "inconscient") fait se manifester un ou plusieurs phénomènes qu’il n’a pas l’occasion habituellement d’expérimenter 14 ".

En état d’hypnose, la coupure avec le monde extérieur n’est jamais totale. Ernest R. Hilgard, dans les années 70, a montré que la dissociation qui permet l’insensibilisation n’est pas complète. C’est le concept moderne de la dissociation présentée dans le DSM III. Il y a toujours un "observateur caché" au fait de l’expérience d’où le concept de néo-dissociation. Le terme de dissociation supposerait entre certains systèmes une telle séparation qu’aucune interaction ne serait possible. La néo-dissociation admet qu’une interaction demeure entre les systèmes qui ont été séparés. Hilgard redonne vie en partie aux idées de Janet, en proposant une structure hiérarchique complexe du fonctionnement de la pensée où les intervalles entre les différentes fonctions cognitives et affectives sont variables. En hypnose, ces fonctions pourraient s’isoler, se dissocier, fonctionner isolément.

Dès le début du siècle, certains hypnotiseurs se sont aperçus que les sujets qu’ils faisaient halluciner n’adhéraient que par jeu à ces manipulations et ne croyaient pas tout à fait, à la différence des sujets psychotiques, à ce qu’on pouvait leur faire dire ou faire. Delboeuf, à propos des actes criminels qu’auraient pu commettre des sujets hypnotisés n’a jamais pu avancer de cas.

Ce processus agirait comme un recadrage, ouvrant la voie à des alternatives qui constituent autant d’apprentissages pour le patient.

Différents niveaux de dissociation

A partir du premier niveau de dissociation, le sujet va pouvoir expérimenter sous la conduite du thérapeute, d’autres niveaux de dissociation :

Une dissociation entre le corps et une partie du corps : "le sujet en hypnose est conscient de la position du bras en catalepsie et l’expérimente comme une partie de la relation entre vous et lui"... "la catalepsie que le schizophrène catatonique manifeste lui appartient, vous n’allez pas la contrôler, il n’y a pas de relation entre vous et votre patient, si vous voulez soulever la chose qu’il a rejetée c’est votre affaire...son identité reste pour lui quelque chose d’entièrement interne 15 ". Certaines parties du corps peuvent s’autonomiser.

Dissociation entre le souvenir et l’affect qui peut y être rattaché. Ainsi, devant un souvenir qui peut être désagréable, par exemple dans la régression en âge, le sujet va pouvoir prendre le recul nécessaire et mieux tirer profit de ce type d’expérience.

Dissociation entre le patient et son symptôme. Elle renvoie à l’idée que le thérapeute se fait du symptôme, et au fait qu’il va chercher à restituer au patient tout ou partie du contrôle de ce symptôme. Le thérapeute tendra constamment à introduire des niveaux de "clivage", de dissociation, dans l’expérience subjective du patient. Cette technique vise à réifier le symptôme, à le détacher du patient, à en faire un objet plutôt qu’un moyen qui lui permet de se définir et d’être défini comme tel par son entourage.

La dissociation ne marque que le premier temps d’une démarche qui doit être complétée par ce qu’on peut appeler la ré-association, à savoir le ré-aménagement à partir des mêmes éléments d’une nouvelle orientation à la réalité. Elle consiste pour le thérapeute à effacer les différents niveaux de dissociation qu’il a précédemment induits chez son patient.

En cela elle est essentiellement la mise en action qui permet au sujet d’anticiper très immédiatement l’utilisation d’un nouveau processus d’apprentissage et de recadrer sa propre situation. De ce fait nous pouvons considérer que nombre de techniques utilisées par le thérapeute cognitivistes et comportementalistes sont clairement hypnotique par nature. A la différence de la sophrologie où l’état de décontraction est vécue sans la prise de conscience de "l’observateur caché".


C) LES PARTICULARITES DE LA METHODE

L’innovation d’Erickson est de suggérer et de communiquer avec le patient en état d’hypnose, mais aussi d’utiliser les mêmes modes de communication utilisés pendant l’hypnose mais sans l’hypnose formelle. Il instaure une communication thérapeutique à plusieurs niveaux qu’il individualise. Il redéfinit la transe hypnotique en disant qu’elle concerne non l’état d’une seule personne, mais un type spécial d’échange mutuel entre deux individus, c’est la vision plus large d’une oeuvre de communication.

Pour permettre à son patient d’entrer dans un processus hypnotique, le thérapeute rejoint le patient dans son propre cadre de référence et va utiliser des techniques de communication, nombreuses et variées, propres à focaliser l’attention du sujet sur des sensations corporelles spécifiques, qui elles-mêmes aboutissent à l’expérience de dissociation que nous avons décrite. C’est ainsi que le patient apprend dans le détachement de lui-même qu’il ressent très immédiatement, à contrôler son symptôme. Pour y parvenir, il doit d’abord expérimenter le changement que constitue en elle-même l’expérience hypnotique.


1) La richesse des outils

Les procédures techniques ne sont qu’une des composantes de l’ensemble d’un programme de psychothérapie.

Erickson, à l’opposé des techniques classiques qui proposent un type d’induction "standardisé", de suggestion directe, va utiliser un nombre important d’outils qui vont lui permettre de se servir de la suggestion sur un mode indirect. On ne peut toutefois exclure l’utilisation des suggestions directes dont les propositions ont l’intérêt essentiel de proposer au sujet de manifester sa résistance, et donc de résister aux différents niveaux de changement.

De la suggestion indirecte

Les suggestions indirectes procèdent par implication des réactions désirées, de telle sorte que le sujet ne se rend pas compte qu’on le "manoeuvre" en vue d’obtenir de lui un certain comportement, l’activation des chaînes d’associations psychologiques, un travail dont il sera responsable.

Une suggestion indirecte se proposerait ainsi : "Je me demande, alors que vous êtes assis dans ce fauteuil, si vous allez être surpris ou si vous allez trouver agréable, le fait de voir vos paupières qui se ferment...". Dans cette formule le thérapeute n’impose pas directement la fermeture des paupières, mais incite le sujet par un choix illusoire à accepter le message dont elle n’offre que des variantes.

La forme générale du discours qui la soutient est simple, voire banale, il "coule de source", intercalé de pauses. Les conjonctions de coordinations y sont rares, et le caractère permissif des termes renvoie à un ensemble de possibilités dans lesquelles le sujet va pouvoir trouver ce qui peut lui convenir dans la situation immédiate : "vous pouvez...", "peut-être...", "il est possible..." etc. L’anticipation de l’énoncé est à son tour une suggestion indirecte : "...et ce que vous faites en ce moment peut... vous être utile... même si vous ne savez pas encore... comment."

La suggestion ouverte offre une variété de réponses possibles, validées par une réaction hypnotique. Il s’agit de proposer un choix illimité, sans l’énumérer, par exemple : "vous pouvez apprendre de différentes façons" ou "certaines positions peuvent amener le confort". Le choix proposé est réel, et quelque soit la proposition choisie, elle sera la bonne, celle qui convient au patient. Le processus ainsi mis en place par ces techniques verbales et non verbales s’adresse simultanément au conscient et à l’inconscient du sujet.

Ces différentes propositions sont plus ou moins apparentes et visent à induire chez le sujet un processus de dissociation contemporain lui-même du développement des phénomènes hypnotiques.

Quelques techniques

Voici quelques unes des techniques utilisées par Erickson. Elles vont concentrer le patient sur tel ou tel phénomène ou train de pensée destinés à occuper la "conscience" et permettre la communication avec "l’inconscient", pour y mobiliser les ressources du patient. Elles sont permissives et ne peuvent faire l’économie d’un thérapeute actif et inventif.

La saturation de la conscience

Cette technique consiste à apporter au patient une quantité d’informations sensorielles supérieures à sa capacité de réception. L’activité mentale devient difficile à maintenir, et aboutit à une saturation de son activité consciente. Il s’agit de multiplier les questions, les distinctions, les précisions, si possible sans laisser le temps au sujet de répondre.

La confusion et la surprise

Elle surprend le patient en troublant son raisonnement, son rapport à la réalité, et favorise la "dépotentialisation*" du conscient, en amenant, par une perte des repères immédiats, un ébranlement de ses dernières convictions, à ce moment de bascule du mode de fonctionnement psychique habituel vers un mode de fonctionnement hypnotique. Le sujet a alors tendance à accepter plus facilement ce que le thérapeute propose. Il s’agira de parsemer le discours de quelques formules bizarres "Vous n’êtes pas très sûr de ne pas vous souvenir de ce que vous ne m’avez pas dit", ou de faux proverbes "Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir mangé". Elle est particulièrement indiquée par Erickson dans les cas de patients qui ont tendance à tout intellectualiser, à tout analyser dans les moindre détails.

La surprise, proche de la confusion fait intervenir l’humour, les jeux de mots, le mot même est connoté positivement et facilite l’émergence de souvenirs liés à l’enfance à des cadeaux à des moments heureux de la vie.

La métaphore

Cette capacité à intervenir et à se maintenir sur le plan métaphorique fait partie du "style thérapeutique" d’Erickson, pratique qu’il a développée dans sa redéfinition de l’hypnose clinique.

Il racontait beaucoup d’histoires à ses patients, des cas cliniques, dans lesquels le patient pouvait alors projeter son propre problème et surtout imaginer le chemin qui pouvait lui permettre de le résoudre.

Pourquoi et comment un thérapeute peut mettre des images plutôt que des mots sur des situations de souffrance pour mieux les dénouer ?

"La métaphore permet au thérapeute ou à un conteur d’établir une communication à plusieurs niveaux en même temps (...) elle souligne le rôle de la symbolique dans l’évolution intellectuelle. Elle permet donc de rejoindre la symbolique inconsciente 16". Elle favorise l’évocation de situations, la découverte de besoins, d’alternatives propre au patient, dans un autre contexte. Elle n’entraîne habituellement pas de résistances ou de refus de la personne qui écoute et qui participe.

Bruno Bettelheim (1982) a essayé de montrer dans son livre Psychanalyse des contes de fées, comment ces contes, sortes de métaphores magiques, peuvent aider les enfants à s’engager dans leur évolution.

C’est une illustration qui tient du mode analogique qui fait place à la nuance, évocateur dans son sens, et peut s’appréhender sans trop de convention.

Pour Erickson, il est nécessaire de communiquer avec le patient sur un mode identique à celui dans lequel il s’exprime. Or quand il se présente, c’est son symptôme qu’il avance, en tant qu’un métaphore de sa problématique. Par conséquent Erickson met en forme durant la séance, l’intervention thérapeutique sous forme de contenu symbolique et finalement d’images mentales. C’est en ce sens qu’il parle de "communication avec l’inconscient". Ces images peuvent avoir plusieurs sens, le patient choisissant celui, ou ceux qui résonnent avec sa propre expérience.

Il s’agit de métaphores à visées d’échange, à perspective communicative. La communication devient alors en quelque-sorte "un transfert de signifiant". L’analogie crée un modèle du symptôme, un espace artificiel à l’intérieur duquel, il va travailler le symptôme, comme à distance, le faisant résonner sans y toucher vraiment. Elle porte en elle-même une dynamique de changement, elle ouvre des portes, des voies nouvelles, pertinentes par rapport au symptôme parce qu’elle introduit une dissociation entre la réalité immédiate et un ailleurs. Dans la transe hypnotique, c’est essentiellement au niveau inconscient que va opérer le travail de déchiffrage. Le patient va pouvoir capter des messages inconscient et se les réassocier.

"Le thérapeute doit apprendre à encoder les messages qu’il souhaite adresser au patient. Encoder ne signifiant pas interpréter, c’est à dire rendre intelligible, accessible à la conscience critique les contenus latents, mais communiquer dans le même langage que celui dans lequel le patient s’exprime dans l’état d’hypnose 17 ". Les exemples cliniques d’Erickson illustrent en particulier le thème de la psychologie des images, il montre que si les mots appartiennent à tous, les images constituent nos biens propres.

Nous noterons qu’Erickson n’explicite jamais les analogies et si le patient semble faire un rapprochement, il change aussitôt de sujet pour y revenir plus tard.

Néanmoins, la métaphore est construite à partir d’un ou plusieurs éléments de l’existence du patient, mais évite la confrontation à des éléments trop difficiles. On ne traite jamais le patient qu’en le retournant sur lui-même. Elle s’ajuste à la réalité du sujet mais également aux finalités de la thérapie selon le moment de son évolution.

Nous n’avons procédé à la description que de quelques techniques d’induction tant elles sont nombreuses, et pourraient à elles seules constituer d’intéressantes réflexions : Le pacing, l’implication, les séquences d’acceptation, l’utilisation de la négation, le saupoudrage... etc sont d’autres outils utilisées en congruence avec les particularités de chaque patient. Chacune d’entre elles ayant pour principe de capter l’attention du patient.

Paradoxalement Erickson disait :"j’ai compris que peu de technique est nécessaire si vous êtes prêts à utiliser l’attention de votre patient. Vous avez besoin de le focaliser sur une simple petite chose et de l’y maintenir 18".


2) Une relation particulière

Ce souci d’une relation dyadique intense nous semble fondamental dans le cas d’un hypnothérapeute. Celui-ci concentre son attention sur son sujet et cherche à provoquer chez ce dernier une réaction due entièrement à son influence et non à d’autres stimuli.

Comme préalable, il semble nécessaire que le thérapeute soit dans un état de grande disponibilité, assez proche d’un état de conscience modifié* léger, propice à l’écoute comparable à ce que Freud nomme "une attention uniformément flottante" et dont il dit que le médecin "capte de la sorte l’inconscient du patient avec son propre inconscient 19 ".

L’hypnose repose sur bien des paradoxes, dont le suivant : le patient doit avoir une grande confiance dans le thérapeute, mais avant tout une grande confiance en lui-même pour accepter la transe. Il est bien évident que le patient apprend à avoir cette confiance, tout en apprenant à entrer dans l’état hypnotique.

Nous disons ici que la confiance en la personne du thérapeute est nécessaire pour que l’hypnose puisse avoir lieu. Mais il n’est nul besoin de faire appel à cette attitude si le thérapeute rejoint le patient là où il est. Ce dernier n’a donc pas à faire confiance, puisque, dans la lignée d’Erickson, le thérapeute rencontré manifeste par sa posture, par ses gestes, par sa voix qu’il lui est totalement attentif et qu’il est en accord avec lui. Il parle le même langage, et tente de se mettre "en phase". Par l’imitation - qui ne prend pas le chemin du rire car elle est sérieuse et s’installe dans l’abolition de la distance - à laquelle il se prête, le thérapeute ne vise pas à entrer en sympathie avec le patient, à partager ses émotions ou à pénétrer ses pensées, ce qui ferait ressembler la thérapie à de l’aide humanitaire.

C’est une invitation pour le patient à produire. Dans une concentration, déjà une attente, et un accord "neutre, dégagé et sans qualité" pour F. Roustang. "S’il est indispensable que le thérapeute fasse avant et avec le patient le saut de la concentration, c’est que cette dernière ne peut exister sans relation, qu’elle en est l’essence même 20". C’est aussi parce que le thérapeute est focalisé sur le patient dans une écoute et une concentration spécifique, qu’il va pouvoir l’y entraîner. Le lien aura une fonction rassurante pour le patient.

Par contre, un lien plus ouvert pourra favoriser une certaine liberté de mouvement psychologique et une exploration intérieure plus souple.

Une importance est donnée à la participation du corps du thérapeute, à la recherche d’une résonance dans les postures et la gestuelle du couple opérateur-sujet. Certains auteurs ont utilisé le terme de "transe partagée" pour décrire cette sensation, en effet dès que le thérapeute se met à observer chaque signe du patient, cela entraîne une attention intense et focalisée qu’Erickson a rapporté dans ses observations : "lorsqu’il y a une question cruciale avec un patient et dès que je ne veux pas manquer d’indice, j’entre en transe (...) j’entre en transe pour pouvoir être plus réceptif à l’intonation et aux inflections de voix de mes patients. Et pour m’entraîner à mieux entendre, à mieux voir, j’entre en transe et j’oublie la présence des autres." C’est ainsi que le thérapeute devance le patient dans la phase hypnotique.

C’est de la qualité de l’interaction que dépend le résultat, ce qui nous ramène aux techniques de communication. Car à chaque individu à chaque situation doit correspondre une stratégie thérapeutique spécifique, et c’est ce qui fait que l’hypnose est thérapeutique en elle-même. Erickson avait l’habitude de dire que chaque individu était caractérisé par ses empreintes digitales.

Tout ce qui se passe dans la thérapie est fait au bénéfice du patient, jamais du thérapeute, c’est la condition sine qua non à l’instauration d’une relation de confiance à l’intérieur de laquelle la manipulation est acceptée par les individus engagés dans cette relation.

Communiquer...

Erickson va utiliser tous les modes de communication qui existent et les façonner en fonction d’un individu pour provoquer un changement. Si la plupart des psychothérapeute ont appris à écouter, Erickson s’est entraîné à communiquer. Chaque élément de sa communication était un outil qui visait à un effet thérapeutique.

Au langage verbal, Erickson s’attachera à rapprocher le langage non verbal. Il est constitué des gestes, positions, des mimiques, des sons, et des odeurs émis par le corps, des couleurs des prolongements culturels que sont les vêtements et la coiffure ainsi que par l’organisation dans le temps et dans l’espace de ces éléments. Certains peuvent être plus ou moins contrôlés, d’autres sont des réponses physiologiques hors du champ de la conscience, pâleur, rougeur du visage, sous dépendance du système adrénergique, mais aussi, la taille de la pupille qui varie selon les circonstances. F.Roustang souligne l’importance du langage non verbal : "On peut appréhender l’animalité de l’homme à travers des comportements subtils qui sont autant de messages qu’il transmet inconsciemment et qui définissent sa position relationnelle : gestes infinitésimaux, mimiques, accents de la voix, nuances du regard, odeurs, vibrations du corps. Ces messages fondent la relation proprement humaine et donnent en particulier son contexte, et donc son sens, au langage explicite." Observations développées par Desmond Morris dans La clé des gestes.

Ce sont autant d’éléments dont le thérapeute doit tenir compte et qui sont des informations accompagnant, complétant le langage verbal. Les messages non-verbaux remplissent ce rôle de méta-communication, et composent une

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