inséparable de nombreux autres troubles et facteurs dans la vie des mères, des
enfants, de leur famille et de leur collectivité. Bien que le syndrome d’alcoolisme
foetal (SAF) et les effets de l’alcool sur le fœtus (EAF) ainsi que les effets de la
consommation d’autres drogues pendant la grossesse soient évitables, les solutions
sont complexes et doivent être examinées dans un contexte global qui nécessite
l’engagement et la planification à long terme de la part de nombreuses personnes
(Santé Canada, 1996).
Les effets de la consommation d’alcool pendant la grossesse varient selon le moment,
la quantité et la durée de la consommation, la santé générale de la mère et les
ressources disponibles. La recherche épidémiologique sur le SAF est incomplète, mais
les coûts humains et économiques qui y sont associés sont importants et durent toute
la vie, car il s’agit d’une cause première de la déficience mentale et des anomalies
congénitales évitables.
Les effets de la consommation d’autres substances pendant la grossesse sont moins
bien connus, mais on les croit néanmoins importants. Ces effets varient également
selon le mode de consommation, la santé et les circonstances sociales de la mère.
Bien qu’on croie que le SAF soit le résultat d’une lourde consommation d’alcool par
la mère, le seuil d’exposition causant des dommages au fœtus n’a pas encore été
déterminé (Passaro et Little, 1997). Dans un examen récent de la documentation sur
les résultats d’une consommation modérée d’alcool et de la reproduction, Passaro et
Little (1997) ont constaté que la documentation n’était pas cohérente, certaines
études concluant à des effets néfastes, notamment le poids à la naissance, l’âge à
l’accouchement, l’avortement spontané et l’accouchement d’un bébé mort-né, les
anomalies congénitales, des problèmes de développement et neuro-comportementaux,
alors que d’autres concluent qu’aucun de ces problèmes n’est associé à une
consommation modérée d’alcool. Ils concluent que ces incohérences peuvent avoir
trait à différents modes de consommation d’alcool qui sont masqués par la moyenne.
Les écarts des résultats sur la reproduction peuvent être également affectés par le
moment de l’exposition, le façon dont la consommation d’alcool est rapportée ou
mesurée, et des facteurs comme la situation socioéconomique.
L’exposition à d’autres substances pendant la grossesse, seule ou en combinaison
avec l’alcool, peut également causer des problèmes pour le fœtus en développement
qui peuvent avoir des conséquences à long terme. Cet examen s’est limité aux effets
des stimulants (y compris la cocaïne), du cannabis, des opiacés, des hallucinogènes et
des substances inhalées, et ne s’est pas intéressé aux effets de la nicotine, de la
caféine, des anticonvulsifs ou d’autres substances psychoactives sur le fœtus en
développement. Parmi ces substances, on a démontré que les benzodiazépines
causent des anomalies faciales (Dolovich et al., 1998) alors que les anticonvulsifs, par
exemple la phénytoine, causent des défauts structurels à la naissance et des effets
neuro-développementaux semblables à ceux du SAF (Moore, 2000; American Academy
of Pediatrics, 1979).
Les questions entourant le diagnostic de l’exposition foetale aux drogues sont moins
bien documentées. Les femmes ayant des problèmes de toxicomanie consomment
souvent plus d’une substance, ce qui fait qu’il est difficile de déterminer la
contribution unique de chaque substance. Des études sur des animaux ont aidé à
documenter les effets immenses de l’alcool sur le fœtus en développement, bien
qu’elles offrent moins d’information sur les effets plus subtils d’autres substances
(Olson et Burgess, 1997).
Un autre aspect préoccupant est l’effet possible de la consommation d’alcool et
d’autres substances par le père sur le résultat pour le fœtus. Dans un examen de
cette documentation, Passaro et Little (1997) concluent que des études sur les
animaux associant le résultat de la consommation du père et le résultat sur la
reproduction sont indicatives quoique contradictoires. De même, les quelques études
épidémiologiques portant sur cette question n’ont pas produit des conclusions
claires. Les mécanismes biologiques par lesquels la consommation d’alcool du père
peut affecter le fœtus ne sont pas bien compris.
Lorsque les femmes ayant des problèmes d’alcool recherchent de l’aide, elles sont
moins susceptibles que les hommes de faire appel aux services d’alcoolisme et de
toxicomanie et plus susceptibles de recourir aux services de santé et de santé
mentale (Weisner et al., 1995). Il y a une indication que les femmes autochtones
canadiennes peuvent différer à cet égard (C. Tait, communication personnelle,
2000)). En partie, cela est attribuable à la stigmatisation supérieure vécue par les
femmes ayant des problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie, qui augmente
lorsqu’une femme est enceinte. Interrogées sur les raisons de ne pas faire appel aux
services de traitement d’alcoolisme et de toxicomanie, des femmes participant à une
recherche qualitative en Colombie-Britannique ont répondu « ne pas savoir quel
traitement était disponible » et « ne pas savoir à quoi ressemblerait le traitement »,
comme autres obstacles (Poole et Isaac, 1999).
Lorsque les femmes demandent de l’aide aux services de santé ou de santé mentale,
leurs problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie peuvent passer inaperçus parce que
les professionnels peuvent ne pas bien connaître le SAF/EAF. Le manque de formation
professionnelle sur le dépistage de l’alcoolisme et de la toxicomanie, et pour la
prévention du SAF, continue d’être un obstacle pour obtenir un traitement. Le
manque de personnel spécialisé, l’insuffisance du personnel, les protocoles
d’aiguillage insuffisants, les liens faibles au moment de l’aiguillage (personnel
hésitant à identifier quelqu’un, à moins de pouvoir fournir de l’aide), la mauvaise
coordination des services et le manque de transport et de services de garde des
enfants continuent d’être des obstacles (Howell et al., 1999).
Les femmes moins susceptibles d’arrêter de consommer par elles-mêmes peuvent
également hésiter à demander de l’aide pendant la grossesse à cause de la possibilité
que leurs enfants soient pris en garde légale. Les efforts judiciaires pour punir les
femmes enceintes qui exposent leur fœtus à des substances peuvent avoir comme
effet d’éloigner du système de soins de santé les femmes enceintes souffrant
d’alcoolisme et de toxicomanie et souffrant d’autres ennuis de santé graves (Deville
et Kopelman, 1998).
Une étude qualitative récente (Kowalsky et Verhoef, 1999) a démontré les difficultés
inhérentes à la vie dans une communauté autochtone isolée. Les auteurs décrivent
les obstacles qui se posent dans une communauté autochtone du Nord du Canada,
notamment la crainte de la stigmatisation, le manque de sensibilisation et des
problèmes sociaux spécifiques de la communauté. Ils notent que les problèmes
d’alcoolisme et de toxicomanie sont imbriqués dans le tissu des autres problèmes
sociaux et qu’ils doivent être abordés dans ce contexte.
Un protocole d’amélioration du traitement (TIP) pour les femmes enceintes souffrant
d’alcoolisme préparé par un groupe d’experts parrainé par le US Center For
Substance Abuse Treatment comprend des lignes directrices pour la désintoxication
(Mitchell et al., 1995). Selon ces lignes directrices, la désintoxication d’une femme
enceinte dépendante de l’alcool doit être entreprise en établissement sous
supervision médicale qui comprend la collaboration d’un professionnel des soins
prénataux. Le protocole d’amélioration du traitement de 1995 indique que pour les
femmes enceintes, « il n’existe pas d’études bien documentées sur l’innocuité ou
l’efficacité des médicaments pour le suivi médical du sevrage des femmes enceintes
cocaïnomanes ». Toutefois, le TIP propose des lignes directrices pour l’administration
de divers médicaments pour aider au sevrage de la cocaïne des femmes enceintes,
notamment des anxiolytiques, des antidépresseurs et des barbituriques.
Le TIP de 1995 énonce que bien que la thérapie d’entretien à la méthadone (TEM)
soit le traitement de choix pour les femmes enceintes dépendantes d’opiacés comme
l’héroïne, il n’existe aucune ligne directrice établie pour le dosage de la méthadone
chez les femmes enceintes. La tendance est plutôt d’administrer des dosages
personnalisés qui sont adéquats pour prévenir les symptômes du sevrage.
Reconnaissant la nécessité d’un jugement clinique concernant le dosage, la
publication intitulée « Guidelines for Perinatal Care of Substance Using Women and
their Infants » (Children’s and Women’s Health Centre of British Columbia, 1999)
présente des protocoles détaillés pour les médecins concernant le dosage et les
problèmes connexes. Il est probable que la TEM pendant la grossesse entraîne le
syndrome de l’abstinence ou du sevrage chez le nouveau-né, dont la gravité dépend
de plusieurs facteurs, notamment des niveaux de dosage de la mère. Néanmoins, une
approche complète à la TEM qui permet un accès constant à une gamme de services
de santé et de services sociaux soutenants pour la mère ainsi que la gestion médicale
du sevrage pour le nouveau-né est généralement considérée préférable à la cessation
du traitement et au risque de rechute à l’héroïne et à un mode de vie moins sain (T.
Oberlander, communication personnelle, 2000). Ward et al. (1998) et le TIP de 1995
mentionnent également la question du sevrage des opiacés plutôt que de maintenir
une femme dans la TEM. Bien qu’il ne s’agisse pas du traitement à privilégier, Ward
et al. (1998) et le TIP offrent des lignes directrices pour le sevrage, si cela s’avère
nécessaire. Le TIP nous met également en garde au sujet des dangers de
l’ordonnance d’un antagoniste narcotique à une femme enceinte parce qu’il pourrait
causer un avortement spontané, un travail prématuré ou la naissance d’un enfant
mort-né.
Pour une information complète visitez le site http://www.hc-sc.gc.ca/hecs-sesc/sca/pdf/Frenchclosed.pdf bonne visite et découverte de ce rapport très complet dont sont tirés les extraits ci-dessus.