Réunies en début de semaine à Bobigny, les premières assises de la CUMP de Seine-Saint-Denis, dépendant du Samu 93 et de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ont dressé un bilan d'un an d'intervention.
Le but de cette Cellule qui a systématiquement installé des tentes aux côtés des autres secouristes dans le terminal 3 de Roissy est de pratiquer des soins immédiats pour limiter les effets néfastes du stress post-traumatique.
"Le déclenchement de la Cellule est essentiel en cas de catastrophe. Il permet de repérer ceux qui vont le plus mal et d'amorcer un travail qui continuera dès le retour de la personne chez elle", explique à l'AFP le Dr Thierry Baubet, psychiatre et responsable de la CUMP.
La majorité des soignants de la CUMP de Seine-Saint-Denis, ont leur consultation à l'hôpital Avicenne de Bobigny, dans le service de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent du Pr Marie-Rose Moro.
Après un traumatisme, plusieurs états peuvent apparaître, ont rappelé les spécialistes lors de ces Assises: prostration, agitation désordonnée, stress, fuite panique, actes automatiques...
"Par exemple, lors du retour des victimes du tsunami, un adolescent seul, qui avait perdu ses parents là-bas était dans le déni. Il disait :+mes parents vont venir me chercher dans 15 jours+. Sa famille à Roissy était désemparée, ne savait pas comment gérer la situation", raconte le Dr Baubet.
"Etre témoin ou victime de drame crée un sentiment d'effroi et peut entraîner un traumatisme psychique. Quand il n'y a pas d'accueil spécifique au retour d'une catastrophe, c'est très dur pour les gens, car déjà au départ, ils se sentent seuls", ajoute le Dr Dalila Rezzoug, pédopsychiatre au sein de la Cellule.
Selon la spécialiste, l'accueil d'urgence "consiste à +accrocher+ quelque chose et à expliquer aux personnes ce qui peut advenir dans les mois qui viennent". "Ceux qui vont le plus mal sont ceux qui se manifestent le moins", a aussi constaté le Dr Rezzoug.
Lors du rapatriement de Côte d'Ivoire en novembre 2004, la CUMP a ainsi pu "voir" 30% des 5.000 Français rentrés en France.
"Le passage par le dispositif d'accueil administratif était obligatoire pour les Français de Côte d'Ivoire à Roissy. Nous avons vu plusieurs crises, notamment une femme qui a voulu tout de suite franchir le dispositif en courant, dans un état de fuite panique", se souvient encore le Dr Baubet.
Créées pour la première fois en 1995 après les attentats du RER à Saint-Michel, les cellules d'Urgence médico-psychologiques sont progressivement montées en puissance ces dernières années.
Elles sont également, pour les soignants, une "structure capitale contre les mainmises sectaires" qui profitent de la détresse des victimes de catastrophe.