L’adulte dût vite reconnaître que les enfants étaient des surdoués de l’envol, qu'ils arrivaient bien plus vite que lui à la lune qui les accueillait comme si elle les attendait. Quand enfin l’adulte les rejoignit sur le sol lunaire, il découvrit que les enfants en savaient bien plus qu'il ne l'avait soupçonné sur le vol qu’il croyait leur enseigner.
Si la transe est commune aux adultes et aux enfants, on ne peut que reconnaître que les enfants sont des surdoués de la transe hypnotique.
«Ne grondez plus vos enfants qui baillent aux corneilles à l’école en laissant leur regard et leur esprit s’évader vers le ciel. Ne vous y trompez pas ils entendent sans écouter, voient sans regarder, ils sont là et ailleurs 1….
En réalité ces petits bambins sont en train de se recharger en énergie afin de se réinsérer, quelques minutes plus tard dans le présent et le quotidien. Les enfants vivent la transe de manière tout à fait naturelle pourtant on a observé que les enfants souffrant de trouble de l’attention, les hyperactifs arrivent difficilement à se trouver en transe. Ce qui les empêche de se concentrer. On constate que celui qui ne sait pas relâcher son attention n’arrive pas non plus à la concentrer.
Nous autres, éducateurs, ne sommes pas des thérapeutes, nous travaillons dans le domaine du quotidien et de la relation d’aide. Nous n'allons donc pas conduire de transe comme dans un cabinet mais utiliser ce phénomène naturel et fréquent, le reconnaître et l'amplifier pour accompagner dans la vie de tous les jours.
Les enfants ayant beaucoup souffert sont souvent encore plus doués que les autres enfants pour la transe. Ayant subi des traumatismes durant la petite enfance, la transe est souvent devenue une ressource importante pour éviter les souffrances dues aux situations conflictuelles ou de frustration.
Lors des conflits entre adultes ou avec un adulte souffrant (alcool, toxicomanie, dépression, délire etc…). l'enfant apprend spontanément à se dissocier pour éviter de souffrir. On dit qu'il rentre dans sa bulle, qu'il s’évade, qu'il est rêveur.
Souvent lors des premiers jours d’un placement dans notre institution on observe grand nombre de transes spontanées où l’enfant semble ne pas être présent, ne pas être conscient de ce qui se passe autour de lui. On remarque parfois aussi, les premiers jours d’un placement, une marque légère d'amnésie.
Calino, 5 ans, subit un placement d'urgence chez nous. La police le retire du domicile familial et hospitalise la maman. En entrant dans la maison qu'il a les yeux grands ouverts et ne parle que très peu. Toute la première semaine, il donne l'impression d'être détaché des évènements et de planer sur son nuage. Après une année d'intégration nous évoquerons tranquillement ensemble, lui et moi, ce placement et cette période. Il me répondra qu'il ne se souvient de rien.
Dans ce contexte, le travail de l'observateur formé à la transe hypnotique permet de porter un regard positif sur ce genre de comportement et de ne plus parler d'handicap. Il utilise cette ressource et développe la capacité de l'enfant à métaphoriser les situations difficiles et à l'aider à assimiler les épreuves. Il peut ainsi faire baisser le niveau d'angoisse.
Souvent un enfant ayant subi des traumatismes peut craindre son imaginaire et se maintenir en état d'excitation pour éviter d'entrer en transe ou pour éviter l'endormissement. Les troubles de l'endormissement sont fréquents chez les enfants dont nous avons la charge, c'est pourquoi j'ai tendance à concentrer mon travail d'intervention lié à ces nouvelles découvertes dans cet instant particulier. C'est là aussi que le travail de l'éducateur, qui est d'accompagner l'enfant, prend toute sa valeur. Et rencontrer son monde imaginaire de cette manière permet de le soutenir dans l'apprentissage de l'apprivoisement de ses peurs.
Les outils que j’utilise dans mon travail de relation d’aide auprès des enfants vont dans ce sens et s'inscrivent dans les moments de la vie quotidienne. Mes possibilités d'action se jouent donc autour de la table du repas, pendant les devoirs scolaires ou les jeux et pendant les activités de loisirs ou encore aux moments des couchers.
Dans chacun de ces instants il existe de nombreuses occasions d’appliquer les outils que j’ai découvert en hypnose clinique ou en PNL. La démarche demande une culture des symboles et des grands mythes qui souvent nourrissent nos rêves et nos créations.
L’utilisation de certains outils semble simple et ne requiert pas de techniques particulières, pourtant la bonne application requiert une formation complète. Il faut être créatif afin d'amplifier l'imaginaire de l'enfant sans l'encombrer.
De toute évidence l'éducateur doit avoir une bonne culture des mythes et des symboles pour favoriser une métaphorisation efficace. Comme dans toutes les branches des sciences de l'éducation, la supervision est ici essentielle. Elle est indispensable pour toute intervention éducative sur le long terme.
Le travail sur l’imaginaire des enfants exige une éthique sûre. Si faire rêver peut s'avérer d'une certaine facilité, faire cauchemarder peut l'être tout autant.
L’éthique de l’intervention est un aspect crucial. Un éducateur se doit d’avoir réfléchi pour lui-même sur les valeurs et les intentions profondes qui sous tendent son action ce qui lui permettra de mettre au clair sa relation au pouvoir et à la manipulation. L'utilisation de la transe hypnotique ne peut pas être confiée à des éducateurs qui n’auraient pas conscience de cet aspect et de son importance. Ainsi comme tout acte éducatif l’utilisation de la transe requiert le respect et l’attachement à des valeurs essentielles. La liberté de l’autre de faire des choix, le respect du monde de l’enfant, des valeurs de ses parents et de la société dans laquelle il grandit.
L’important est de comprendre que l’autre ne voit pas le monde tel que nous le percevons et que par là même les solutions qu’il peut entrevoir sont différentes de celles que nous pourrions imaginer.
Un homme découvrit un matin dans son jardin des oiseaux d’une espèce inconnue, les trouvant magnifiques il désira les nourrir pour qu’ils puissent survire et se développer dans sa propriété. Ne trouvant rien dans les livres au sujet de ces oiseaux magnifiques, il alla de porte en porte une photo à la main pour découvrir ce que mangeaient ces magnifiques volatiles. Nulle part il ne trouva de réponse, il revint donc bredouille à sa propriété. Assis sur sa terrasse, les regardant, il dit à haute voix, " Mais que peuvent donc bien manger ces oiseaux inconnus?". L'un d’eux se tourna vers lui et lui répondit "Des Corn Flakes à la cannelle!". Surpris il leur offrit des Corn Flakes à la cannelle et leur fit une grande joie. Ainsi il avait couru la ville en pure perte, il suffisait de le leur demander directement.
L'éducateur se trouve souvent comme cet homme, désemparé à trouver une solution pour l'enfant alors que la réponse est dans la bouche des enfants eux-mêmes.
Techniques utiles
Dans l’apprentissage de l’ajustement la notion de distance proxémique est vraiment très importante. Il est essentiel de trouver la bonne distance corporelle avec un enfant surtout s'il subit des traumatismes dans son milieu familial. C'est la distance proxémique qui peut permettre à l'enfant de se sentir en sécurité. On est particulièrement attentif à cette distance quand on doit entrer dans la chambre ou qu'on le rencontre dans les corridors. Le sentiment d’intrusion est amplifié si le thème abordé est sensible. Elle peut aller de 0 à 300 cm en général. Trop grande le rapport sera froid, trop près l’enfant se montrera spontanément agressif.
Quand Louis se trouve confronté à moi, il est souvent agressif et violent. Il a été abusé par son père. En étant attentif à lui et à ses réactions, je réalise qu’il apprécie que je me trouve a une distance respectable de lui, quand je veux lui parler d’un difficulté. Je me place de l’autre coté de la pièce environs 3 mètre pour lui parler, il s’installe alors et échange avec moi complètement détendu. En étant attentif à lui et à ses réactions j'ai réalisé qu'il apprécie que je me trouve à une distance respectable de lui quand je veux lui parler.
Il est important de repérer le canal sensoriel préférentiel de l’enfant, cela peut se faire en écoutant les mots qu’il emploie ou les accès visuels qu’il utilise quand il réfléchit.
Nous sommes tous chaque jour confrontés à de nombreuses situations existentielles qui comportent des aspects positifs et négatifs. Nos perceptions sensorielles, l'ouïe, la vue, le toucher et le goût et l'odorat ouvrent les portes sur la réalité. Elles sont essentielles à la construction d'une conscience du monde qui nous entoure.
La PNL détermine trois de ces sens comme composant déterminant de l'image mentale de notre environnement. Les systèmes visuels, auditifs et kinesthésiques, ce dernier étant constitué des perceptions de contacts ou de ressentis corporels tels que la tension, les douleurs, le froid, le chaud etc.
Pour m'être exercé à la dégustation professionnelle de café, je sais qu'il est clair qu'il existe des aveuglements non conscients à certains goûts ou odeurs. De même que de tels aveuglements existent dans tous les systèmes de perception.
Chaque individu perçoit donc le monde qui l'entoure selon des acquis différents voire divergents. La PNL cherche entre autre à mieux comprendre en quoi cette perception imparfaite de la réalité peut influencer l'individu.
De toute évidence l'individu privilégie un type ou un autre de système, il est soit visuel soit auditif soit encore kinesthésique. Avec la PNL nous avons les moyens d'évaluer avec plus de précision le type de système privilégié que l'individu utilise et donc de quelle manière la personne constitue sa carte de la réalité donc de quelle façon elle interprète le monde qui l'entoure.
Pour se déterminer la PNL invite l'éducateur à être attentif au vocabulaire et aux descriptions que peut faire un enfant en décrivant un simple souvenir. Cela permet de bien choisir le terme à employer dans une histoire ou une explication, de favoriser la compréhension de sa part en se mettant en parallèle.
Orientation visuelle (40%).
Le personne utilisera de préférence les mots tels que "J'ai vu, c'est clair, à première vue. Les prédicats sont: voir, regarder, montrer, cacher, clarifier, éclairer, visualiser, perspectives, image, lumineux, clair, brillant, couleur, vague, flou, net, clairement, vaguement, briller, observer, rayonner, ressembler, apparaître. Les mouvements oculaires sont en haut ou au milieu dans le vide. Cette personne décrira les situations en termes de ce qu'elle aura vu. Quand elle doit se souvenir d'un détail, elle s'attachera à vérifier au travers d'une image remémorée et revisitée afin de répondre à une question.
En tant que pédagogue, pour ce type d'enfant j'utilise des schémas, des dessins pour expliquer les devoirs ou une situation. Je souligne en couleur un texte à lire. Ces enfants apprécient beaucoup la vidéo et sont particulièrement doués pour repérer les signes non verbaux visibles. Un long texte ne leur est pas utile, mais un bon croquis leur est très avantageux.
Orientation auditive (30%).
Les personnes auditives relatent un souvenir en utilisant les mots comme "il a dit, j'ai fait une fausse note, bien entendu merci" les prédicats sont entendre, parler, dire, écouter, questionner, sonner, dialogue, accord, désaccords, bruit, rythme, tonalité, mélodieux, musical, harmonieux, bruyamment, rire, exprimer une opinion, dialoguer" Les mouvements occulaires sont au milieu à droite ou à gauche ou en bas à gauche.
Ces personnes donneront une importance toute particulière à ce qui aura été dit ou non dit. Les enfants auditifs exigent une grande attention de la part des personnes qui leur parlent, ils mémorisent facilement des textes mais ont plus de difficultés à aborder un schéma ou une description visuelle. Leur sont chers: les encouragements verbaux, les engagements, les objectifs qui se définissent en termes clairs.
Orientation kinesthésique (20%).
Le discours de la personne kinesthésique s'articule autour des termes comme "Je me sentais si bien, il faisait froid, je ne ressentais pas de douleurs, ce mec je ne le sens pas, sa voix est douce, fait un geste." Les prédicats sont se sentir, toucher, pression, en contact avec, lisse, approcher, tomber, lâcher, saisir, relaxé, concret, ferme, sensible, solide, mou, dur, chaleureux, froid. Les mouvements oculaires sont en bas à droite. Dans la mesure du possible je vais favoriser les contacts corporels comme les massages Shiatsu. Je suis très attentif aux plaintes sur le plan physique, aux douleurs abdominales et aux maux de tête, qui les perturbent souvent rapidement. C'est une personne à qui il est difficile d'expliquer verbalement une situation. Ce type de perception corporelle est très peu explicite dans notre civilisation, nous avons tendance à privilégier le discours ou l'apport visuel. Le langage du corps nous est souvent étranger. Les pédagogues anthroposophes ont une meilleure connaissance du langage du corps. Par exemple pour décrire des lettres, ils invitent les enfants à modeler la forme avec leur propre corps, donnant ainsi une vie kinesthésique à des concepts abstraits. De telles personnes apprennent énormément par l'expérience physique, le mouvement, et le déplacement dans l'espace.
Pour déterminer le canal préférentiel de l'enfant, je lui pose quelques questions et observe dans quelle direction se dirige son regard avant de répondre. J'analyse aussi le vocabulaire employé. Le déplacement oculaire et une légère fixité est un premier pas dans la focalisation. C'est le signe d'entrée en transe.
Michèle et Cécile (5ans) sont toutes excitées à l'heure du coucher. Je leur propose un voyage avec Marry Poppins au pays imaginaire. Elles sont toutes les deux couchées, le regard tourné vers le bas. Elles sucent leur pouce. J'introduits des fleurs dans les prairies. Ces fleurs sont des sucettes de toutes les couleurs. Les deux héroïnes de l'histoire en prenne chacune une et les sucent tranquillement. Je soutiens ainsi la focalisation par le canal préférentiel des fillettes, la favorise et l'amplifie.