Une unité AEMO est créée dans le canton de Vaud en 1971 au Service de protection de la jeunesse (SPJ), pour accompagner de manière intensive les familles et les mineur·e·s et permettre de résoudre des difficultés relationnelles ou éducatives. Au début des années 90, de nouveaux services AEMO sont subventionnés par les pouvoirs publics, sur fond de déficit public et de mise en cause des placements en institutions. Cette prestation en milieu ouvert est différente de l’action de rue ou de celle dite à « bas seuil », dans la mesure où elle est pratiquée avec l’enfant et la famille à partir du cadre familial, dans une perspective socio-éducative.
Différentes questions se posent à propos de l’AEMO. Elles concernent les théories, explicites ou implicites qui fondent sur ce type de suivi, l’analyse des contraintes structurelles et l’effet de cette action. Sur la base de l’hypothèse selon laquelle le travail socio-éducatif en milieu ouvert contribue à produire une nouvelle catégorie sociale (les mineurs en difficulté ayant besoin d’un suivi éducatif spécifique), notre projet a pour but de mener une évaluation des suivis AEMO dans le canton de Vaud et de donner de cette manière aux professionnel·le·s actifs/ves sur le terrain, comme à ceux qui décident du type de prestation à octroyer, de nouveaux instruments pour documenter et comprendre leur action.
Le but visé par cette recherche, proposée par l’éésp (un des sites de la HES·S2), son partenaire scientifique l’Institut universitaire âges et générations (INAG), et deux partenaires de terrain, la Fondation Jeunesse et Familles (FJF), qui chapeaute l'AEMO Vaud, et le Service de protection de la jeunesse (SPJ), qui prend les décisions de prestations et qui les finance, est de répondre à trois questions :
A) Quelles sont les caractéristiques et les difficultés de la population suivie ?
B) En quoi consiste précisément le dispositif AEMO ?
C) Qu’est-ce que l’éducation en milieu ouvert, quelles réponses peut-elle apporter, à qui et en fonction de quelles attentes ?
Nous allons tenter de répondre à ces questions à l’aide du SPJ et de l’AEMO, nos partenaires de terrain, de traitements statistiques, d’interviews et d’une technique d’animation de groupe inspirée de la méthode actionnaliste (celle que le sociologue Alain Touraine a développée sous le nom d’intervention sociologique).
L’équipe de chercheurs/euses constituée pour cette étude est particulièrement au fait de ce champ de l’action éducative. Elle pourra aborder de manière scientifique et originale cette question qui intéresse à plus d’un titre le canton Vaud, les autorités actives dans la protection des mineur·e·s, les professionnel·le·s de l’action sociale et les secteurs éducatifs et sociaux, et, bien sûr, les mineur·e·s en danger et leurs familles.
Recherche Do-Re III, 18 mois dès le 1er janvier 2005.
Requérant : Prof. Jean-Pierre Tabin (éésp)
Partenaires: Service de protection de la jeunesse du canton de Vaud (Philippe Lavanchy, Chef de service), AEMO Vaud (Luca Zuntini, Directeur), INAG (Valérie Hugentobler, Collaboratrice scientifique)
Collaborateurs/trices de recherche : Bhama Steiger (éésp); Prof. Eric Paulus (éésp); Michelle Sabatini (SPJ)