Supputé par les spécialistes depuis longtemps, ce défaut de perception auditive chez les autistes n’était pas pour autant encore prouvé. C’est aujourd’hui chose faite avec l’étude par imagerie cérébrale (IRM) que vient de publier une équipe Inserm-CEA de biologistes et de psychiatres d’Orsay (Essonne) dans la revue britannique Nature Neurosciences. «Les autistes ont une incapacité à activer les aires cérébrales spécifiques de la reconnaissance de la voix humaine. Ce résultat renforce l’hypothèse selon laquelle leurs difficultés seraient liées à un déficit de la perception des stimuli sociaux», indique Monica Zilbovicius, psychiatre au Service hospitalier Frédéric Joliot à Orsay. La voix humaine constitue en effet une stimulation sociale forte. Riche en informations sur l’identité et l’état émotionnel de l’interlocuteur, elle permet de construire un véritable «visage auditif» que nous savons interpréter et qui joue un rôle crucial dans nos interactions sociales. On sait aussi que la perception vocale implique des régions de l’enveloppe du cerveau, appelées «aires corticales de la voix», situées dans la zone temporale. |
Nouvelles stratégies de "rééducation" |
Les résultats obtenus révèlent chez les autistes une absence d’activation de l’aire spécifique de la perception de la voix. Certes il y a bien activation du cerveau. Mais chez ces sujets, les aires cérébrales activées sont exactement les mêmes, qu’il s’agisse de voix humaines ou de sons non vocaux. «Aucune activation cérébrale spécifique d’une reconnaissance de la voix humaine n’a pu être mise en évidence», explique Monica Zilbovicius. De plus, les autistes ont très peu distingué la présence de sons vocaux durant l’enregistrement (8,5 % de l’ensemble de la bande sonore) contre 51,2 % pour les témoins. Ce résultat s’accorde avec une précédente étude d’imagerie qui a montré, chez les autistes, une absence d’activation de l’aire cérébrale spécialisée dans le traitement visuel des visages. Ces résultats apportent donc de nouvelles perspectives pour comprendre le dysfonctionnement physiologique. Ils permettront également de mettre sur pied de nouvelles stratégies de «rééducation» auprès des autistes qui, rien qu’en France, sont au nombre de 100 000, dont 40 000 enfants et adolescents et ne bénéficient d’aucun traitement médicamenteux. |
Denis SERGENT |
Les autistes perçoivent mal la voix
Posté par : Luthi Pierre-Alain le :
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