Introduction
«
Une mère toxicomane est-elle en mesure d’élever ses enfants ? »Telle est l’une des premières questions venant à l’esprit, en dehors de toute
approche moralisatrice, dès lors qu’on est confronté à cette réalité : les
femmes toxicomanes, sont, comme toutes les autres femmes, à même
d’enfanter. Et donc, cela arrive. Souvent. Mais est-il possible pour des
femmes soumises à des conduites à risques, à des actes compulsifs et à des
conditions de vie précaires, d’élever leurs enfants en leur assurant les soins et
l’éducation nécessaires ?
Quelle que soit la réponse que l’on parviendra à donner à cette question, il
conviendra ensuite de penser quel type d’intervention sociale pourrait alors
s’avérer cohérent.
Car quel que soit le regard que nous portons sur cette étrange dyade (« unemaman tenant son enfant d’une main et se droguant de l’autre », pour reprendre
la formule d’une patiente) nous ne pouvons remettre en question sa réalité,
son existence et ses besoins. Il appartient ensuite au corps social de mettre en
place les mesures d’accueil et d’accompagnement adéquats, qui, pour être en
accord avec les textes fondateurs de la République, devront passer outre
nombre de représentations.
À propos des représentations, il serait intéressant de se pencher sur ce qui les
fonde, les légitime et les entérine, avant d’en évaluer l’influence dans le
champ de la toxicomanie et de mesurer la portée de leurs effets.
Dans le cadre qui nous occupe ici, les acteurs sont confrontés à la fois aux
représentations liées à la toxicomanie et à celles liées à la maternité (avec son
corollaire : la famille).
Je dis les acteurs, car au même titre que tout un chacun, les toxicomanes, les
intervenants en toxicomanie, les décideurs et les médias sont soumis à leurs
propres représentations. Et dans ce secteur plus qu’ailleurs, peut-être, la
persistance des représentations éculées, pourtant régulièrement mises à mal
par des études et autres travaux de recherche, est assez impressionnante.
Par manque de place, je ne traiterai pas ce thème de façon particulière - ce
qui, j’en suis d’ores et déjà convaincu, ne l’empêchera pas d’être présent en
filigrane tout au long de ce mémoire.
La suite sur ce lien http://www.avtes.ch/journal/docs_pdf/memCEMEA-FR.03.pdf