Hélène Gingras
Candiac -"Pourtant, ce terme a une connotation péjorative. Ce n'est pas si naturel que ça. On va souvent préférer les termes aidants familiaux ou proches aidants", a précisé Mélanie Marois, psychologue au CLSC Kateri.
Dans la région, les aidants se compteraient par centaines. Toute personne qui soutient un proche ou lui fournit des soins de santé répond à cette définition.
"Ça va de celui qui fait les courses avec sa mère chaque semaine à la dame qui a pris en charge son père atteint d'Alzheimer à la maison pour veiller sur lui jour et nuit parce qu'il est susceptible de fuguer", a-t-elle expliqué.
Or, veiller sur un conjoint, un parent ou un enfant handicapé adulte n'est souvent pas de tout repos. "C'est un fardeau important. Les aidants ressentent souvent de la culpabilité. Ce sont des gens hyperresponsables et c'est pourquoi ils en arrivent souvent à l'épuisement. Ils sont rendus au bout du rouleau et pètent. Ils deviennent des aidés à leur tour", a dit Mme Marois.
Plusieurs quittent leur emploi, changent complètement leur vie familiale ou sociale pour assumer leur rôle.
"Il y a une perte de revenu associée à cette situation et aucune reconnaissance", a fait remarquer Josée Viau, responsable des programmes au Centre de bénévolat de la Rive-Sud à Candiac. Les gouvernements jonglent seulement à l'idée de donner des crédits d'impôt aux aidants.
S'embarquer sans réfléchir
Trop souvent, ces personnes en viennent à s'oublier complètement pour s'intéresser seulement aux besoins du proche. Dans les cas extrêmes, ils repoussent leurs sorties et même renvoient leurs projets de vie aux calendes grecques. Ils essaient seulement de survivre.
"Souvent, les aidants n'ont pas mesuré l'ampleur de leur rôle. Ils ne vivent que pour aider. Ils s'embarquent là-dedans sans savoir combien de temps ça va durer, Deux ans, cinq ans, dix ans?", a rapporté Mme Marois.
Dans le cas des adultes qui s'occupent d'un parent, on dit qu'ils sont leur "bâton de vieillesse". Or, ils vivent un stress supplémentaire qui s'ajoute aux pressions familiales existantes. La conciliation travail-famille devient encore plus ardue.
"Malgré tout, les aidants refusent de se plaindre. Ils ne se questionnent pas. Ils se disent qu'ils n'ont pas le choix. C'est comme ça, c'est tout, a rapporté Mme Marois. Un enfant qui s'occupe d'un parent se sent coupable de ne pas le prendre en charge. Ils m'ont élevés, pourquoi est-ce que je ne le ferais pas à mon tour?, disent-ils. Les rôles deviennent inversés. Le parent devient l'enfant."
Les relations aidants-aidés ne sont pas toujours saines. Avec le temps, la manipulation et la colère peuvent s'installer. C'est d'autant plus vrai lorsque la relation n'est pas harmonieuse au départ.
"Des aidants vont accepter des choses inacceptables sous le prétexte de l'âge ou de la maladie. Or, on n'a pas le droit de gueuler ou de demander des choses qui n'ont aucun bon sens. La maladie n'est pas une excuse. Il faut avoir du plaisir dans son rôle", a souligné la psychologue.