Un lien direct est établi entre stress au travail et affections cardiaques
Un lien de causalité directe peut exister entre le stress au travail et diverses affections cardiaques, comme l'angine de poitrine et l'infarctus du myocarde. Telle est la démonstration faite par une étude britannique mise en ligne, mercredi 23 janvier, sur le site du European Heart Journal, revue de la Société européenne de cardiologie.
Plusieurs travaux épidémiologiques et statistiques avaient, ces dernières années, établi des corrélations tendant à montrer une augmentation du risque cardio-vasculaire en fonction de l'exposition aux différentes situations stressantes rencontrées dans la sphère professionnelle. Menée dans 52 pays auprès de 25 000 personnes, et publiée en 2004 dans les colonnes du Lancet, l'étude "Interheart" avait conclu que ce risque était en moyenne multiplié par deux.
C'est pour tenter d'identifier les mécanismes physiologiques sous-jacents à ce phénomène qu'un groupe de chercheurs britanniques dirigé par Sir Michael Marmot, professeur d'épidémiologie et de santé publique (University College, Londres), a mené une enquête de grande ampleur. Elle porte sur 10 308 fonctionnaires britanniques, dont le suivi s'est étendu sur douze années.
Les chercheurs ont, dans un premier temps, confirmé les données connues sur l'exposition chronique au stress professionnel et l'augmentation du risque de maladies coronariennes. Ils observent aussi que cette association est plus élevée chez les femmes et chez les hommes âgés de moins de 50 ans.
Mais ils vont plus loin dans leurs conclusions, grâce aux analyses statistiques de l'ensemble des données collectées. Celles-ci concernent les comportements alimentaires, l'exercice physique, la consommation de tabac et d'alcool ainsi que le taux de cortisol - connue comme "l'hormone du stress" - et la présence ou non d'un "syndrome métabolique" (ensemble de perturbations biologiques associées à une obésité qui prédispose notamment aux affections cardiaques).
Ils estiment ainsi avoir pu mettre en lumière le fait que le stress peut, à lui seul, être directement à l'origine des accidents cardiaques par l'intermédiaire du système nerveux végétatif, qui assure le contrôle des fonctions respiratoire, digestive, cardio-vasculaire et endocrinienne. Il joue de ce fait un rôle central dans les réponses neuroendocriniennes au phénomène de stress.
L'étude montre notamment que les personnes soumises à des stress chroniques ont plus que d'autres des taux matinaux anormalement élevés de cortisol et que leur appareil cardio-vasculaire n'a plus les mêmes capacités d'adaptation. Ceci ne signifie pas que les facteurs comportementaux (tabagisme, alcoolisme, sédentarité) ne jouent aucun rôle, mais les chercheurs estiment que ces facteurs - qui peuvent d'ailleurs être induits par le stress - ne joueraient, au total, que pour un tiers dans la genèse des manifestations pathologiques.