Schizophrénie, un diagnostic précoce peut limiter les dégâts
Santé - Dans 80% des cas, une prise en charge rapide permet d’éviter la
chronicité de la maladie.
Adélita genoud
Publié le 13 mars 2007
La schizophrénie ne recouvre pas une seule maladie mais peut prendre
diverses formes. On peut parler aussi de troubles psychotiques. Le point sur un
syndrome complexe mais pas irréversible avec le docteur Marco Merlo, médecin
adjoint agrégé, responsable du Secteur psychiatrique des Pâquis.
Définition. Contrairement à l'opinion largement répandue, la
schizophrénie peut avoir une évolution très variable. Certains patients ne
présentent qu'un seul épisode, tandis que, pour d'autres, l'affection va
devenir un mal chronique.
Les symptômes psychotiques. Le malade peut avoir des hallucinations:
généralement il entend des voix et souffre de délire de persécution. Dans
certains cas, sa pensée est désorganisée et son comportement peut sembler
étrange: il répète les mêmes gestes à intervalles réguliers.
Enfin, il arrive aussi qu'il soit atteint d'une forme d'hyperactivité ou se
sente envahi par la pensée des autres.
L'origine. Pour l'heure, la science n'a pas identifié avec précision les
dysfonctionnements affectant le cerveau et engendrant ces pathologies. Mais, ce
que l'on sait avec certitude c'est qu'il existe plusieurs facteurs de risques.
A commencer par l'hérédité et certains traumatismes biologiques touchant
l'enfant dans la phase embryonnaire ou durant sa naissance.
La prise de cannabis à un jeune âge multiplie par deux le risque de développer
la maladie.
D'une manière plus générale, la schizophrénie peut résulter d'autres troubles
psychiques non spécifiques, comme des états de dépression ou d'anxiété. Elle
peut surgir à n'importe quel moment de l'existence.
Ne pas banaliser les symptômes
Pour agir efficacement contre la maladie, le docteur Merlo insiste sur la
nécessité d'établir un diagnostic précoce. A cet égard, son unité de soins
(programme JADE) a développé des outils qui permettent de détecter précocement
les syndromes schizophréniques. Il existe par ailleurs des signes avant-
coureurs qui doivent attirer l'attention des familles et les encourager à
consulter un spécialiste.
Généralement, les premières manifestations apparaissent entre 16 et 25 ans.
L'adolescent ou le jeune adulte perd peu à peu contact avec ses camarades, il
essuie des échecs à répétition et il se retrouve isolé socialement et au niveau
relationnel. Ces alarmes ne doivent pas être banalisées. Quel traitement
aujourd'hui? Il est de deux ordres, soit psychothérapeutique (incluant la
famille) et sociothérapeutique. Pour endiguer ces pathologies, il est en effet
impératif non seulement de les traiter médicalement mais encore d'amener le
jeune patient à reprendre sa place dans la société. L'équipe psychiatrique
planche d'ailleurs sur un projet en collaboration avec l'Hospice général.
Celui-ci permettrait d'engager un éducateur qui assurerait la partie
sociothérapeutique. Aujourd'hui, les délais imposés parc l'assurance invalidité
pour ce type d'aide sont trop longs. Or, plus la maladie est traitée tôt moins
elle risque de devenir chronique. On estime du reste que dans 80% des cas, les
patients traités connaissent une rémission.
La nouvelle génération de médicaments a en outre démontré son efficacité en
matière de prévention des rechutes. Chaque année, ce sont 100 à 150 personnes
qui sont traitées pour un syndrome psychotique de plus ou moins longue durée.
(adg)
Journées de la schizophrénie
Le Relais, association genevoise d'entraide pour les personnes atteintes de
troubles psychiques, organise une nouvelle fois cette année les Journées
francophones de la schizophrénie.
Ainsi, samedi 17 mars, la manifestation débutera à 10 heures. Un stand
d'information sur la maladie sera installé à la place du Molard. Il sera animé
par des infirmiers des Hôpitaux universitaires genevois. Tandis que jeudi 22
mars à 20 heures à Uni Mail, une conférence publique, «Enfance, adolescence et
schizophrénie. Comprendre le développement de la schizophrénie pour prévenir la
maladie», sera donnée par le professeur Stefan Eliez, directeur du Service
médicopédagogique et le psychologue Martin Debanné. (adg)
Pour en savoir plus:
www.lerelais.ch