Obésité : l'excès de consommation d'acides gras omégas 6, oublié dans la prévention ?
"L'obésité est une « maladie » du tissu adipeux. L'excès de certains acides gras alimentaires favorise l'apparition de nouvelles cellules grasses et fait le lit de l'obésité ultérieure", indique le professeur Bernard Guy-Drand dans son introduction.
Gérard Ailhaud rappelle en effet que les acides gras polyinsaturés oméga 6 (acide linoléique) présents en majorité dans les huiles végétales, favorisent le développement de nouvelles cellules adipeuses alors que les acides gras oméga 3 (acide alpha-linolénique), présents dans les poissons, l'inhibent.
Par ailleurs, plusieurs expériences menées chez des animaux et chez l'homme ont démontré qu'un déséquilibre persistant du rapport oméga 6/oméga 3 entraîne une prise de poids, relate Gérard Ailhaud.
Or, depuis une trentaine d'années, la consommation d'oméga 6 a beaucoup augmenté alors que celle des oméga 3 est restée stable tandis que se sont développés le surpoids et l'obésité.
Une étude a montré une augmentation de 40% de la consommation de lipides entre les années 1960 et 2000 en France, liée essentiellement à la consommation accrue d'huiles végétales et aux modifications de l'alimentation animale qui se sont traduites par un enrichissement des principaux aliments en acides gras oméga 6. D'autres études ont montré l'augmentation du pourcentage d'oméga 6 dans les laits maternels entre 1950 et 1995 aux Etats-Unis.
"Il n'est donc pas exclu que les conditions nutritionnelles des dernières décennies aient conduit à favoriser un développement excessif de la masse adipeuse", affirme le professeur de biochimie.
"L'aspect qualitatif de la consommation de lipides alimentaires est peut-être au moins aussi important que l'aspect quantitatif dans l'augmentation de la prévalence du surpoids et de l'obésité, une piste pour la prévention qui a été négligée", indique le chercheur.
Des changements notables portant sur la composition en acides gras des séries oméga 6 et oméga 3, devraient être apportés dans la chaîne alimentaire, conclut Gérard Ailhaud.