Relaxez, méditez... et soyez calme et heureux!
Une entrevue avec le Dr Robert Béliveau.
Membre du Collège des médecins du Québec, le Dr Robert Béliveau a exercé la médecine familiale pendant 23 ans avant d'y mettre un terme en 2000. Sa pratique s'est progressivement transformée pour explorer diverses approches non pharmaceutiques. Il y a intégré la relaxation, la thérapie cognitivo-comportementale, la méditation et le développement de la pleine conscience.
Fasciné par l'impact de ces approches, il s'est ensuite consacré exclusivement à la formation et à l'animation d'ateliers de réduction du stress. En 2004, il s'est joint à l'équipe de médecine préventive de l'Institut de cardiologie de Montréal (Centre ÉPIC1). Il y oeuvre notamment auprès des patients aux prises avec des maladies cardiovasculaires ou divers problèmes de santé dans lesquels le stress joue un rôle prépondérant, dont les troubles anxieux, la dépression et le syndrome d'épuisement professionnel. Il accueille aussi des personnes souhaitant simplement intégrer à leur vie les approches méditatives comme outil de prévention.
En octobre 2006, il prononcera une conférence intitulée « Pour réduire son stress : le bouddha ou le prozac? » dans le cadre des soupers-causeries de PasseportSanté.net à la table des restaurants Commensal. |
PasseportSanté.net - D'où vient le stress?
Dr Robert Béliveau - Le stress vient de la vie qu'on mène. Nous vivons dans une culture de productivité et d'accumulation - comme si « plus » était toujours « mieux » -, qui est peu axée sur la qualité des relations et du bonheur. Ça teinte nos rapports avec le temps, l'argent, les autres...
Ce que je vois, dans ma pratique, ce sont des gens qui sont malades parce qu'ils vivent à côté de leurs valeurs. Par exemple, on dit aimer nos enfants, mais on ne fait que travailler pour avoir plus de sécurité financière et quand on est avec eux, on a l'esprit ailleurs... Et après, on s'en veut, on se sent coupable!
Il faut revoir ses habitudes, accorder la priorité à ce qui compte pour soi. À cet égard, l'infarctus, la dépression et l'épuisement professionnel (le burn out) sont de formidables occasions de réflexion desquelles on passe trop souvent à côté en raison de l'appropriation de la maladie par la médecine.
Il faut arriver à se défaire de l'insensibilité culturelle qui caractérise le rapport qu'on a avec le corps afin que, lorsque survient un symptôme, on tente d'abord de trouver ses propres solutions. Je n'ai rien contre les médicaments pour soigner un mal soudain. Mais, il faut reconnaître qu'il y a des maux profonds qui commandent une approche plus élargie. Il faut que les gens cherchent à savoir ce qui les mène vers la dépression, par exemple, pour mieux se soigner et retrouver la santé à long terme.
PasseportSanté.net - Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la gestion du stress?
Dr Robert Béliveau - Ce qui m'intéresse, ce n'est pas seulement la réduction du stress, mais aussi son effet sur la santé globale, sur la qualité des relations avec les autres, avec les émotions, avec l'écologie... Par l'entremise de la méditation et de la pleine conscience, je propose aux gens d'aller vers un nouveau mode de vie, de se responsabiliser, de se reprendre en main à leur façon et selon leurs propres valeurs.
En fait, on a souvent peur de la souffrance parce qu'on a perdu confiance en ses propres moyens de transformer ses malaises. On demande aux experts de penser à sa place. On écoute, on est docile, plutôt que de s'affirmer, de réfléchir et d'être créatif!
En méditant, on peut découvrir ses propres pièges, ses peurs et y répondre autrement... La méditation, ce n'est pas se culpabiliser, mais se responsabiliser. En apprenant à vivre l'instant présent, on ramène son esprit au moment présent, lui qui a tendance à s'égarer ou s'évader pour concevoir des scénarios plus ou moins réalistes. La pratique de la méditation, c'est un entraînement de l'esprit à rester concentré, à ne pas se perdre.
PasseportSanté.net - Parlez-nous de vos ateliers de gestion de stress.
Dr Robert Béliveau - Les ateliers permettent d'abord de se familiariser avec les cinq clés de l'équilibre : les occasions de stress, les attitudes et compétences, les signes et symptômes, la réponse (ce que je fais quand je vis des situations d'inconfort) et la pleine conscience qui est au centre de toutes ces clés.
On peut définir cette dernière comme étant un état de conscience qu'on atteint par la méditation, en portant intentionnellement son attention sur l'instant qui se déploie, sans juger. Elle nous permet la cohésion avec nos propres forces et notre créativité, dans un état calme, tout en prenant conscience de nos limites et de nos signaux d'alarme de nature physique ou psychologique.
En fait, les signes de symptômes que nous ressentons sont là pour nous éveiller, pas pour nous décourager! Acquérir un peu plus de conscience permet de mieux prévenir la maladie : pour ce faire, il faut se donner des moments d'arrêts, tous les jours.
J'entraîne donc les gens à observer les signes et les symptômes qui les affligent et que je relie aux occasions de stress qui se présentent à eux : les changements, les pertes, les projets, les deuils, les besoins, les conflits, les désirs aussi. Puis, on associe ce qui se passe dans leur vie à ce qui se passe dans leur corps, pour redresser la barre avant de tomber ou retomber malade.
On examine aussi la façon dont ils décodent l'information et les événements auxquels ils sont soumis, car les attitudes, que ce soit de la résistance ou de l'acceptation, déterminent la façon dont les symptômes apparaissent. Et on essaie de modifier les attitudes néfastes : parce qu'on peut les modifier. On n'est pas impuissant!
Ensuite, on se met en contact avec le corps, notamment par le scan corporel, une technique de relaxation. Viennent ensuite des exercices qui démythifient la méditation.
PasseportSanté.net - Quels bénéfices concrets vos patients retirent-ils de la méditation?
Dr Robert Béliveau - D'abord, ce ne sont plus des patients, mais des participants, des gens ordinaires, comme vous et moi. Tous souhaitent retrouver du pouvoir dans leur vie. Ils vont mieux quand ils apprennent à intégrer à leur vie ce qu'on pratique ensemble durant les ateliers.
Nul besoin d'avoir des aptitudes particulières, mais il faut simplement désirer prendre un temps d'arrêt. Et le désir de méditer vient souvent de la nécessité : parce qu'on est malheureux, qu'on ne va pas bien, qu'on est malade... C'est surtout quand on souffre qu'on comprend qu'un changement s'impose. C'est un premier pas.
Ensuite, on constate que lorsqu'on se juge moins, on se comprend mieux et nos relations humaines s'améliorent. On entre en relation avec les autres d'une façon plus riche, plus saine, parce qu'on est soi-même plus paisible. Quand on porte une paix à l'intérieur, les autres le ressentent.
La première relation à développer, c'est avec soi. Ça se fait grâce à la solitude et au silence. Ça ne touche pas juste le corps : ça engendre plus de clairvoyance, de clarté et de créativité.
On ne peut totalement contrôler sa santé, mais on peut l'influencer par ses attitudes. Et des attitudes, ça se développe : quand on est en contact avec des gens positifs, on devient positif...
Dans le cadre des soupers-causeries de PasseportSanté.net à la table des restaurants Commensal, la conférence du Dr Robert Béliveau « Pour réduire son stress : le bouddha ou le prozac? » se tiendra les 3, 10 et 24 octobre 2006 à Montréal et le 17 octobre 2006 à Québec
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Martin LaSalle - PasseportSanté.net