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I. Présentation de La Bérallaz ..Retour au sommaire
1.1 HISTORIQUE
Le home denfants de La Bérallaz se trouve près des bois du Jorat, entre la commune de Cugy et le hameau de Montheron. La Bérallaz tient son nom du lieu-dit.
Ce bâtiment fait office de home denfants depuis plus de 70 ans. En 1925, la Ligue Vaudoise contre la Tuberculose, propriétaire de cette maison, louvre afin daccueillir des enfants dont les parents souffrent de tuberculose.
En 1964, La Bérallaz change de population et devient un home accueillant des enfants ayant des difficultés familiales. Le 1er janvier 1981, M. et Mme Viguet en reprennent la direction.
Il règne aux abords et à lintérieur de cette grande maison rose une atmosphère familiale, chaleureuse et agréable qui donne envie den connaître les habitants et de partager un peu de leur vie;
1.2 TYPE, FINANCEMENT ET BUTS DE LINSTITUTION
Le home denfants de La Bérallaz est une association privée. Elle est gérée par un comité, lui-même sappuie sur des statuts. Linstitution est totalement subventionnée par le Canton de Vaud et la Confédération.
Selon les statuts, lAssociation a pour but :
- léducation de ces enfants dans une atmosphère sécurisante et leur préparation à une vie sociale et professionnelle normale.
Le retour de lenfant dans son milieu familial est un but fondamental lorsquil est réalisable. Lorsquil sagit de très jeunes enfants pour lesquels cela ne sera malheureusement pas possible, une famille daccueil est recherchée. Plusieurs enfants dans une situation intermédiaire bénéficient pour les week-ends et les vacances de familles daccueil afin de pouvoir appréhender la vie en famille, hors de linstitution.
1.3 PROCEDURE DADMISSION
Les demandes émanent en général des assistants sociaux mandatés par le SPJ après une intervention juridique ou un constat de mauvais traitement physique ou psychologique. Quelques fois les demandes proviennent des parents directement. Certaines fois, lenfant est déjà placé dans un foyer daccueil court terme (ex.: foyer de Meillerie) en attente dune institution pouvant le recevoir à moyen ou long terme.
Les critères dadmission pour La Bérallaz sont les suivants :
- pouvoir suivre une scolarité normale car La Bérallaz ne dispose pas de classes internes,
- être en âge scolaire, entre 4 et 12 ans (exceptions de moins de 4 ans en cas de fratrie),
- être placé pour au moins 2 ans (durée considérée comme le minimum pour une prise en charge éducative).
Voici en quelques points le déroulement dune procédure dadmission :
1. Demande de placement du SPJ par lintermédiaire dun assistant social.
2. La direction entre en matière en fonction des places disponibles et des enfants se trouvant déjà à La Bérallaz, ceci afin de respecter un équilibre entre les garçons et les filles et entre les âges.
3. Première rencontre avec lassistant social pour une présentation de lenfant, son génogramme, une anamnèse.
4. La situation est présentée au colloque par la direction, ensuite un référent est nommé afin de pouvoir accueillir lenfant lors de ces visites.
5. Deuxième rencontre avec lassistant social et les parents. Au cours de cet entretien, la direction tente de connaître un peu lhistoire des parents, fait un génogramme avec eux et demande les raisons du placement ainsi que ce quils en attendent. Ensuite la direction explique le fonctionnement de La Bérallaz.
6. Lenfant vient passer plusieurs après-midi à La Bérallaz afin de partager un moment avec les autres enfants et se familiariser avec la maison. Lentrée de lenfant ayant lieu en principe au début de lannée scolaire, lenfant commence souvent par faire le camp dété avec La Bérallaz qui finit lannée scolaire précédente (les deux premières semaines des vacances scolaires).
7. Le colloque décide de façon définitive les références (un homme et une femme).
8. Arrivée de lenfant accompagné soit par ses parents, soit par lassistant social ou un éducateur suivant les situations.
1.4 LES ENFANTS ACCUEILLIS
Les enfants accueillis à La Bérallaz viennent dhorizons bien différents, cependant un élément les lie, cest le fait davoir dû être retirés de leur environnement familial.
Pour certains, il est nécessaire quils soient séparés de leur famille, laquelle est perturbée soit par des problèmes de dépendance à lalcool, à la toxicomanie; soit vivant des situations de violence physique ou psychique, des situations de crise de couple ou des problèmes psychiatriques.
Certains enfants sont placés aussi pour des troubles du comportement ayant besoin dun encadrement éducatif. Il existe souvent une souffrance dordre affective chez la plupart des enfants.
1.5 LES DIVERSES COLLABORATIONS
a) Avec les parents
Un des éléments très important pour tendre à un retour de lenfant dans son milieu familial est une collaboration entre La Bérallaz et la famille de lenfant. Chaque enfant a une histoire différente et cest pourquoi chaque situation est traitée de façon particulière. En général, La Bérallaz essaie toujours de rencontrer de façon régulière les parents, car sans eux, nous ne pouvons rien faire évoluer. Cest un travail qui doit se faire ensemble et qui a comme but le bien de lenfant. Ces réunions se déroulent généralement sous la forme dentretiens à La Bérallaz. Elles sont régulièrement agendées entre les parents ou les représentants légaux, le couple directeur, le premier référent de lenfant et, si besoin, avec lenfant et/ou lassistant social. Dune manière générale, ces moments servent à :
- sinformer mutuellement de lévolution de lenfant;
- permettre à chacun de sexprimer sur comment il voit la situation;
- suivre lévolution familiale; créer et/ou maintenir une relation entre famille, enfants, assistant sociaux et institution pour construire ensemble un projet;
- mettre sur pied des objectifs communs concernant lenfant, la famille et La Bérallaz.
b) Avec les services sociaux
En ce qui concerne les services sociaux, les personnes avec lesquelles nous avons le plus de contact sont les assistants sociaux soccupant du placement des enfants. En outre, La Bérallaz a des contacts, et cela dépend de chaque enfant, avec les infirmières scolaires, dautres institutions, le SUPEA, etc.
c) Avec lextérieur
Les loisirs tels que gymnastique, football, basket, musique, chant, etc. produisent pour La Bérallaz des contacts avec lextérieur et les différentes sociétés environnantes. Les petits camarades décole des enfants sont également source de contacts, dinvitations. Les enseignant(e)s sont conviés à la rentrée scolaire à un apéritif permettant de faire connaissance; un contact est maintenu par chaque référent au vu du suivi scolaire nécessaire à lenfant.
1.6 LE FONCTIONNEMENT DE LEQUIPE EDUCATIVE
1) Les responsabilités et la répartition des tâches
Un des buts de léquipe éducative est daider les enfants qui leur sont confiés à dépasser dans la vie courante leurs problèmes afin de leur assurer, dans la mesure du possible, une évolution harmonieuse. Pour cela, il incombe à léquipe éducative dassumer des responsabilités et de répartir des tâches déterminées :
2. Les éducateurs sont chargés de transcrire les informations dordre général et nécessaires dans le livre de bord et/ou le fichier personnel des enfants. Il doit également remplir les fiches dobservation (ODC ou autres) qui seraient mises en place.
3. Les éducateurs gèrent largent de poche personnel des enfants, parfois un compte " vêtements ", ainsi que le compte collectif " loisirs ".
4. Léducateur veille à transmettre les informations nécessaires aux personnes concernées, pour le bon déroulement de la vie communautaire. Il donne un compte-rendu régulier des événements de la vie quotidienne à la direction pour décharge des responsabilités.
5. Léducateur est responsable de laccompagnement éducatif des actes de la vie quotidienne : le réveil des enfants, lhabillement, la santé, les repas, laccompagnement aux leçons, les temps de loisirs, lordre de la maison, le suivi des divers traitements comme le dentiste, médecin, thérapie; les couchers et la nuit.
6. Léducateur accompagne les enfants sur le plan scolaire, dans la mesure de ses connaissances et de ses compétences. Il assure le suivi avec les enseignants et en rend compte à léquipe et la direction. Il participe aux réunions de parents.
7. Les éducateurs assument à tour de rôle et individuellement les week-ends avec les enfants qui ne sont pas partis.
8. Léducateur veille plus particulièrement à lévolution des enfants dont il est référent, tant à La Bérallaz quà lextérieur. Il informe lensemble de léquipe et la direction des entretiens effectués, des changements et de la progression des objectifs fixés lors de ladmission ou lors de synthèses, jusquau départ de lenfant.
9. Les éducateurs, délégués par la direction, sont en relation, suivant les situations, avec les enseignants, les thérapeutes, les familles, les communautés religieuses, les médecins, les dentistes, les assistants sociaux, lorientation professionnelle et les institutions prenant en charge les enfants durant ou après leur placement à La Bérallaz.
10. Les éducateurs, après approbation de la direction, ont la responsabilité complète de lorganisation et la réalisation des camps : lieu, transports, loisirs, budget, activités et repas. Une restitution orale est faite à la direction durant le premier colloque qui suit le retour du camp ou avant, en cas de problème, pour la décharge des responsabilités.
11. Les éducateurs doivent être particulièrement attentifs au développement physique et psychique des enfants. Ils sen réfèrent à la direction chaque fois que cest nécessaire.
2) Les colloques
Deux colloques ont lieu chaque semaine :
- Le premier se déroule le mercredi matin où sont présents léquipe éducative, le couple directeur ainsi quune psychologue; cette dernière prend part au colloque selon la demande.
Ce moment est centré principalement sur les enfants de linstitution. Au cours de lannée, cela permet dévaluer les différents objectifs fixés. Chaque collègue peut apporter une situation ou partager ses préoccupations par rapport à un enfant. Léquipe peut aussi demander, comme cité ci-dessus, la présence de la psychologue, afin de les conseiller et leur donner des pistes de travail. Les décisions concernant les enfants se discutent et se prennent généralement durant ce colloque, afin que chacun adopte lattitude adéquate requise; cependant, lurgence des situations demande souvent à léducateur/trice de se positionner sur le champ.
Cest également pendant ce temps que chacun effectue les retours dentretiens (parents, psychologues, professeurs, assistants sociaux, etc.) auxquels il a participé. De même, il informe le reste de léquipe des décisions personnelles prises pour un enfant dans le cadre du quotidien en les expliquant.
Ce colloque offre la possibilité aux collaborateurs de débattre sur le fonctionnement de léquipe et de la ligne pédagogique, ou de faire des synthèses en présence des assistants sociaux, ou encore dinviter un intervenant extérieur pour parler dun sujet précis. En outre, le ou la stagiaire a une place prévue à lordre du jour pour un bilan intermédiaire ou final ainsi que pour partager une difficulté ou un souhait.
En ce qui concerne le fonctionnement du colloque, à tour de rôle, les éducateurs/trices deviennent secrétaire puis animateur/trice du colloque. Le rôle de secrétaire consiste à dresser un P.-V. La seule exception est lors dun point particulier ou dune synthèse. Dans ce cas-là, cest le référent qui a la charge de recueillir les informations et de les transcrire dans le dossier de lenfant. La semaine suivante, le secrétaire devient animateur du colloque. Son travail est dorganiser et de planifier, le matin, en reprenant les sujets inscrits dans lagenda et au tableau durant la semaine par les membres de léquipe. Il anime les débats en veillant à ce que tous les points prévus puissent être traités. Il est également responsable de remettre la discussion sur les rails lorsquune ou plusieurs personnes sortent du sujet ainsi que de permettre à tout le monde de sexprimer, déviter les coupures de parole, etc. Il débute le colloque en relisant le P.-V. effectué par ses soins afin davoir la confirmation du reste de léquipe des informations écrites. Tout le monde participe à ce tournus y compris le couple directeur.
- Le deuxième colloque a lieu le vendredi en début daprès-midi. Ce temps permet de parler de lorganisation de la maison. Les personnes présentes sont le couple directeur et léquipe éducative. Cest à ce moment-là que nous discutons des horaires, du planning de la semaine à venir, des rendez-vous divers, des départs en week-end, des non-départs.
Nous planifions aussi les activités pour le mercredi après-midi de la semaine suivante, ainsi que les camps ou activités spéciales. Normalement, nous ne parlons pas des enfants, mise à part les situations durgence.
A lieu avant la rentrée scolaire et la réouverture de La Bérallaz, une journée du dimanche où toute léquipe et la direction se retrouvent pour discuter de la nouvelle organisation, des changements qui vont intervenir et des nouveaux objectifs de groupe à mettre en place pour lannée. Ensuite, toute léquipe est présente pour accueillir puis coucher les enfants qui arrivent durant la soirée. Pour les enfants, cest un moment de séparation davec les parents ou la famille daccueil et de retrouvailles avec léquipe éducative et le lieu de vie.
- Avec la direction :
Le couple directeur a la même formation de base que léquipe éducative; cet élément facilite la communication entre professionnels. Le couple directeur est très disponible et ouvert au dialogue, ainsi il existe une réelle collaboration entre léquipe et la direction, toujours prête à intervenir en situation délicate avec la famille, etc.
- Entre éducateurs spécialisés et de la petite enfance :
Depuis la création du groupe pour les petits de 4 à 6 ans, La Bérallaz a engagé une éducatrice de la petite enfance. La présence de cette éducatrice sensibilise le reste de léquipe aux besoins spécifiques des plus petits.
- Avec le personnel de maison :
La collaboration avec le personnel de maison est dordre pratique. Il ny a pas de projet pédagogique prévu à lheure actuelle.
- Avec la psychologue :
Actuellement, La Bérallaz collabore avec une psychologue dapproche jungienne (cf. chapitre II) qui aide léquipe à prendre en charge lenfant dans sa globalité. Une grande partie des enfants de La Bérallaz suivent une thérapie. Cest une demande de la direction et de léquipe éducative; cependant tous ne vont pas chez la même psychologue ou psychiatre.
La collaboration avec la psychologue seffectue toujours à la demande de léquipe. Il sagit, généralement, de faire un bilan de la situation dun enfant afin daider léquipe à trouver des pistes daction dans la pratique. Elle rencontre lenfant dans son cabinet, effectue un bilan, puis fait un retour à léquipe lors du colloque. Cest ensemble que nous cherchons des solutions. Grâce à son écoute et à ses connaissances, elle a su donner à léquipe les outils et la confiance nécessaire afin de pouvoir réfléchir aux pistes daction. En outre, la psychologue participe à certains entretiens de famille et nous conseille aussi en fonction des difficultés de lensemble de la famille.
- Autres professionnels :
Etant donné la prise en charge globale des enfants, La Bérallaz travaille aussi avec les médecins, spécialement une femme médecin connaissant bien linstitution et offrant collaboration et flexibilité pour la consultation des enfants. En outre, il existe aussi des relations avec dautres professionnels de la santé, tels quostéopathes, physiothérapeutes, etc.
1.7 OBJECTIFS EDUCATIFS
Pour ce qui est des objectifs, il existe deux niveaux : le premier englobe les objectifs de groupe et le deuxième les objectifs individuels.
a) Les objectifs éducatifs de groupe
Une des conditions dentrée à La Bérallaz est davoir lâge scolaire. Cest pourquoi les 17 enfants de La Bérallaz sont âgés de 5 à 15 ans, jusquaux vacances dété; date à laquelle 4 enfants partent et seront remplacés à la rentrée par quatre autres. Un seul na que 3 ½ ans et est admis par exception car il est le frère de deux autres enfants qui rentrent à La Bérallaz et il sagit de ne pas séparer la fratrie.
Ces 17 enfants étaient répartis dans trois sous-groupes jusquà la rentrée scolaire 98-99, avec des objectifs spécifiques : le groupe des petits (5 à 7 ans), des moyens (8 à 12 ans) et des grands (13 à 15 ans).
- Le groupe des petits :
Un des objectifs est de leur offrir un lieu tranquille, un cadre de vie, un rythme de vie adapté à leur âge; cest-à-dire veiller à leur sommeil, leur alimentation et leur hygiène. En outre, une éducation plus centrée sur les besoins de la petite enfance peut être donnée, telle que certaines limites de base à respecter, la confiance envers ladulte, garder le contact avec lextérieur en invitant des copains ou en étant invité, offrir la disponibilité nécessaire pour leur laisser prendre ce dont ils ont besoin sans remplacer les parents et les aider à acquérir un peu dautonomie.
- Le groupe des moyens :
Ce groupe actuellement très dynamique est composé de 8 enfants de 8 à 12 ans (10 à la rentrée). Un des objectifs est de leur permettre dapprendre à vivre ensemble et à travers des activités spécifiques, selon les diverses compétences de léquipe éducative. A travers diverses règles de vie de la maison, il leur est demandé progressivement dassumer quelques petites tâches, dapprendre peu à peu à devenir autonomes, pouvoir construire un projet personnel. Lensemble de la vie communautaire et de lencadrement éducatif constitue des objectifs à atteindre pour chaque enfant dans la maison.
- Le groupe des grands :
Ce groupe est composé de 5 enfants de 13 à 15 ans. Une fois par quinzaine, le groupe se réunit pour vivre un moment privilégié; les adolescents sont obligés de participer à cette soirée. Cest un espace découte et de discussion où chacun est participant. Des activités sont proposées, telles que regarder un film, faire un jeu, un billard, une sortie, un débat, etc. Ces moments leur permettent dapprendre à accepter le regard de lautre, à devenir actifs ou moteurs dune activité.
A partir de la rentrée scolaire 98-99, il y a toujours 17 enfants, mais des enfants étant partis et dautres arrivés, léquilibre des trois groupes dâges précédents sest trouvé modifié et quatre groupes ont été ainsi désignés :
Soit quatre enfants entre 3 ½ ans et 6 ans. Le plus jeune ne va bien sûr pas à lécole enfantine, mais fait partie de ce groupe des plus jeunes. Il va commencer deux demi-journées par semaine à aller en garderie; ceci afin quil ne soit pas toujours seul avec des adultes alors que les autres enfants sont à lécole et quil puisse jouer avec des enfants de son âge. Le groupe des enfantines prend ses repas dans les locaux des " petits "; le plus jeune et sa soeur, ainsi que leur frère qui fait partie des " primaires ", ont une chambre pour eux trois, afin que leur fratrie soit réunie.
- Le groupe des primaires :
Soit cinq enfants de 7 à 9 ans. Le groupe des moyens est devenu très important (10 enfants); cest pourquoi il a fallu en faire deux groupes par classe dâge : les " primaires " pour les plus jeunes des moyens, qui se distinguent ainsi des enfantines et des " moyens ".
Une fois par quinzaine, le groupe des primaires va se retrouver pour un moment qui les concerne exclusivement eux cinq; des activités seront proposées et menées à bien.
- Le groupe des moyens :
Soit cinq enfants de 12 à 13 ans.
Une fois par quinzaine également ce nouveau groupe de cinq enfants va se réunir, organiser et vivre des activités ensemble.
- Le groupe des grands :
Soit trois adolescents de 14 à 15 ans qui vivent eux aussi une fois par quinzaine un moment pour eux (cf. " groupe des grands " avant la rentrée, ci-dessus). Ils ont aussi la possibilité de demander une soirée par semaine (rentrée jusquà 22 h.00) et planifier une activité (sortie, film, jeux, etc.)
Une " Grande Réunion " a lieu en principe une fois par mois. Cest un moment court (1/2 heure) où tous les enfants et les adultes présents dans la maison, y compris le couple directeur, se réunissent et vivent un moment privilégié de jeu et de réflexion communautaire. Lors de mon stage, il y eut des séances où le thème était la communication. Nous avons fait par exemple lexpérience dun message transmis par " téléphone arabe ", puis avons réfléchi à tout ce qui pouvait se trouver déformé comme information dans la maison. Jai trouvé ces moments très forts et importants, par le fait dêtre tous réunis.
Lenfant placé à La Bérallaz vit des difficultés dans sa famille. Chaque enfant exprime sa souffrance par divers symptômes plus ou moins différents, tels que violence, troubles de lalimentation, difficultés à communiquer, difficultés à sintégrer dans un groupe, divers maux physiques, etc.
Un des buts est de reconnaître la réalité que lenfant vit. Léquipe a créé un schéma pour identifier les différentes étapes pour amener lenfant à dépasser la crise et vivre. Il faut être, dès le début de son placement, le plus clair possible dans les objectifs pour permettre à lenfant de ne pas être trop perdu.
Schéma des étapes :
Objectifs Moyens
1. Réparation Offrir à lenfant de la De lattention, de la présence
sécurité, de la compréhension un miroir, un environnement
une structure et surtout un apaisant.
aperçu de sens.
2. Développement Redonner à lenfant sa place Notre authenticité, utiliser les
dans son âge en fonction de ressources de lenfant.
ses moyens et de son rythme.
3. Consolidation Evaluer et réadapter les Des synthèses, constat des
projets de lenfant. progrès, miroir.
4. Epanouissement Intégration du miroir, Accompagner, lâcher-prise,
développer la place de lenfant faire confiance.
dans le groupe, la famille,
la société.
5. Créativité Permettre lémergence de la Préparation et passage.
personnalité consolidée et
que lenfant puisse continuer
à se construire même après
le départ de La Bérallaz.
Les objectifs spécifiques pour lenfant sont discutés en colloque, avec les parents, avec lenfant pour quil sache où il en est. Le référent doit être garant et suivre lenfant, ainsi que faire des bilans. Les évaluations doivent devancer la crise et non la crise le moteur des évaluations.
Depuis quelques années, une psychologue jungienne collabore grandement à laction éducative de La Bérallaz. Elle participe aux colloques et offre des pistes de compréhension et de réflexion; en outre, les compétences et connaissances de chaque collègue sont sollicitées. Léquipe fait référence à divers modèles, tels que lapproche jungienne, la systémique, le comportementalisme, lanalyse transactionnelle.
Cependant, lapproche jungienne, par lapport de notre psychologue, est prédominante; cest une ambiance dans la maison, un savoir-être, une philosophie. La vision " jungienne " de lêtre humain influence fortement lintervention éducative qui est empreinte du respect de lindividu, de son projet et du sens quil donne à sa vie. Dans la collaboration que léquipe entretient avec la psychologue, une notion est essentielle; cest de partir de la réalité de lenfant, tel quil la vit, daccepter cette réalité, aussi difficile soit-elle. La psychologue tente, par des tests dassociations et un bilan dans son cabinet, de comprendre la structure et la dynamique de lenfant; ce qui permet de découvrir à quel niveau sont les blocages empêchant le développement. Par suite, le processus de guérison peut se mettre en route, une fois les rails trouvés pour diriger la psyché vers lépanouissement.
Ce qui est très agréable dans cette collaboration, ce sont les pistes très concrètes proposées aux éducateurs. A un enfant qui a peur la nuit, sera donnée une pierre " magique " protectrice à glisser sous loreiller au moment du coucher. Parfois, afin de compléter un travail fait en thérapie, notre collaboration est demandée afin de trouver des phrases à dire par chacun à lenfant; le but est de toucher linconscient de lenfant. Une attitude, un jeu de rôle, un film, un objet transitionnel, etc, peuvent nous être suggérés pour aider tel ou tel enfant à tel moment.
Afin de mieux comprendre ce mode de prise en charge, jai recherché des informations auprès de mes collègues, de la psychologue et jai surtout consulté longuement des ouvrages sur la psychologie de Jung, sur sa vie et son oeuvre. Cela ma pris un certain temps de " digestion " avant de vraiment appréhender cette psychologie. Jung, sa vie et son oeuvre sont indissociables et jai dû, pour comprendre ce quil nous a amenés, aller rechercher dans sa vie le cheminement de son esprit fécond. De plus, il sagit dun apport où spiritualité, histoire, religion et psyché sont constamment entremêlés. Toute cette recherche a été très enrichissante et jai à coeur de la présenter ici, de façon la plus succincte et simple possible, en essayant quelle nen devienne pas réductrice.
2.1 C.-G. JUNG : SA VIE, SON OEUVRE ..Retour au sommaire
Carl Gustav Jung est né en 1875 près du lac de Constance puis va passer son enfance dans un presbytère près des chutes du Rhin. Son père et sa mère furent divisés. Sa mère était extravertie et instinctive; son père, introverti, pasteur pieux, luttait pour vivre selon la foi chrétienne mais était constamment torturé par le doute. Les usages exigeaient alors de préserver les formes extérieures du mariage, mais Jung, enfant sensible et intelligent, était conscient de leur échec. Ces influences sintériorisèrent, alimentèrent ses conflits intimes et se manifestèrent dans ce quil appelle sa " personnalité no 1 " (la conscience) et sa " personnalité no 2 " (linconscient).
Dès sa plus tendre enfance, Jung eut des rêves et des fantasmes peu communs quil ne put comprendre que par la suite et dont il se demanda comment un petit garçon pouvait avoir des intuitions semblables à celles des peuples antiques. Il trouva la réponse à cette question dans le concept d " archétype " et dans celui d " inconscient collectif "; deux notions-clés de la psychologie jungienne.
Carl Gustav Jung a soutenu que la psyché de lhomme a une partie consciente et une partie inconsciente. Dans linconscient de lhomme il y a linconscient personnel qui contient toutes les expériences vécues, tout ce qui est en train de se formuler avant de venir à la conscience; il y a aussi une couche plus profonde où la psyché produit des images ou des rêves correspondant aux thèmes que nous trouvons dans la mythologie ou dans les contes de fées, cest linconscient collectif. Linconscient collectif produit des images et des thèmes qui sont communs à toute lhumanité; que lhomme soit pygmée, inuit, aborigène ou occidental, moderne ou préhistorique, il possède cela en commun, que lon retrouve dans les rêves, les mythes, les légendes et les contes de tous les peuples. Les thèmes fondamentaux, universels, Jung les a appelés les archétypes. Dans la psyché de lhomme, les déclencheurs de ces schémas archétypiques sont les instincts. Lintemporalité des archétypes relie lhomme à son essence propre, immuable depuis la fin des temps. Tous les enfants du monde connaissent ces archétypes; par exemple, une de ces images, qui a sa correspondance chez tous les peuples et toutes les civilisations est la sorcière.
En 1895, Jung commença ses études de médecine à lUniversité de Bâle. Il écrivit sa thèse de doctorat sur le spiritisme et resta toute sa vie intéressé par les choses occultes. Il choisit ensuite la psychiatrie, parent pauvre de la médecine à lépoque, convaincu que la psyché était négligée et que cétait son destin que de tenter dy remédier. Jung développa alors les tests dassociations et sintéressa aux fantasmes bizarres de ses patients.
A cette époque, un vent nouveau venu de Vienne soufflait sur la psychiatrie. Freud avait publié ses études sur lhystérie et sur les rêves et Jung estima quelles éclairaient aussi les " formes dexpression schizophréniques ". En 1907, il publia " La psychologie de la démence précoce ", Freud fut intéressé et linvita. Pendant sept ans, Jung eut des rapports très étroits avec le mouvement psychanalytique et fut pendant quatre ans Président de lAssociation Internationale de Psychanalyse.
Freud le vit comme un fils et successeur; cependant, dès le début, Jung eut des réserves sur les conceptions de Freud et fit cavalier seul pour porter son intérêt aux psychoses, à la religion, à létude de lhistoire sans laquelle il ne peut y avoir de psychologie de linconscient. Il rechercha des parallèles à ses rêves et à ses expériences fantasmatiques et il les retrouva à létude des vieux textes alchimiques. Puis il étudia le mythe de linceste et avança lidée que les désirs incestueux sont plus spirituels que biologiques; ils ne se réfèrent pas à un comportement littéral mais inaugurent un développement spirituel. Cette vue allait tellement à contre-courant de tout ce que Freud avait enseigné que Jung se retira du mouvement psychanalytique.
Auparavant considéré avec froideur par le monde académique, comme adepte de la psychanalyse, - - - fortement critiquée en Suisse pour ses théories sexuelles - , il se retrouvait à présent abandonné par ses collègues et amis, traité de mystique. A la fin des années 1913, il eut plusieurs visions accablantes quil ne comprit quun an après, lorsque la guerre mondiale éclata...
Durant cette période sur fond de guerre, il décida daccepter ses pulsions irrationnelles et franchit un pas en travaillant sur le contenu de ses émotions jusquà pouvoir les cristalliser sous forme dimages. Il se mit à jouer comme les enfants, construisant des maisons et villes de pierres, puis sculptant. A cette époque aussi, ses rêves furent emplis de détails historiques et dune forte symbolique. Une femme dans ses rêves essaya de le persuader quil créait de lart; une part de sa psyché inconsciente se présentait sous les traits dune personnalité féminine, quil nomma par la suite " anima ".
Après 1917, le flot des rêves et des visions se calma et il passa son temps à en organiser le chaos, à étudier ses propres matériaux inconscients et ceux de ses patients et à élaborer sa théorie. Dès 1916, les fruits de ce travail devinrent livres et articles : " Dialectique du moi et de linconscient ", " Types psychologiques ", " LEnergétique psychique . Dans " Le Secret de la Fleur dor " (1929), Jung expose ses tentatives pour produire des mandalas et les met en relation avec un système chinois de développement spirituel.
Emma Jung, sa femme, fut remarquable et parvint à sadapter à la personnalité de son mari sans perdre la sienne propre. Outre quelle éduqua cinq enfants, elle prit des patients, donna des cours et séminaires à lInstitut Jung de Zurich; eut des entretiens avec des visiteurs du monde entier. Et à cette époque, il nétait pas encore courant quune femme mène ce mode de vie. Elle fit aussi un travail de recherche sur la légende du Graal, laissé inachevé à sa mort en 1955.
Pendant sa vie, Jung voyagea beaucoup, tout dabord aux Etats-Unis avec son ami Freud, puis il y fit plusieurs séjours seul. Il visita le Nouveau Mexique et étudia les indiens Pueblos. Il vit lAfrique du Nord, le Kenya et lOuganda. Il voyagea également à travers lInde et sembla plus impressionné par le bouddhisme que par la religion hindoue. Il visita également les pays voisins et finit par bien connaître lAngleterre, à force dy donner des conférences et séminaires.
Jung était un homme grand et large, élégant sans excès; en vieillissant, il prenait une allure frappante et donnait vraiment limpression aux visiteurs dêtre un grand homme. Il a dit de lui-même quil avait plus et moins besoin des autres que la plupart; il était parfois inquiet de sentir un démon le pousser à la poursuite de la connaissance sans considération pour les sentiments dautrui et blessait parfois sans le vouloir. Sa vieillesse fut satisfaisante, malgré quil fut parfois convaincu que personne navait compris ce quil avait tenté de dire toute sa vie. Bien quadmiré par de nombreux amis, il lui arriva de ne supporter ni la critique ni autrui. Il décèda à Küssnacht, près de Zürich, en 1961 à lâge de 84 ans.
2.2 JUNG ET LENFANT..Retour au sommaire
Carl Gustav Jung parle intensément de sa propre enfance et de ses impressions enfantines. Il raconte combien les concepts contradictoires de ladulte ont été incohérents pour lenfant quil était. A travers sa propre expérience, il nous donne un aperçu exceptionnel de comment un enfant pense et à quoi il pense. Les adultes ont souvent la fausse conception que les enfants ne pensent quà des choses infantiles, souvent considérées comme sottes, limitées . Cependant, ladulte attentif peut reconnaître des capacités étonnantes chez lenfant.
Jung propose que la psyché de lenfant contient déjà toutes les structures nécessaires au développement progressif de la personne; la psyché de lenfant nest pas une " tabula rasa ", un espace vide, libre, en attente dêtre rempli; mais, comme un bourgeon de fleurs, elle abrite déjà en puissance les informations de son épanouissement futur.
Jung a apporté une contribution importante à la compréhension du développement de lenfant en démontrant, grâce aux tests dassociations, combien sa psychologie est intimement liée à celle de ses parents. Une famille entière peut même montrer, dune façon frappante, des réactions similaires. Les enfants peuvent avoir des rêves qui reflètent les problèmes des adultes autour deux, et lon peut souvent rapporter aux difficultés de ceux-ci, soigneusement cachées, les perturbations nerveuses ou les problèmes de comportement de ceux-là. Il suffirait parfois de mettre en lumière les difficultés et de les partager franchement avec lenfant (à un niveau compréhensible) pour que sa nervosité ou son aspect réfractaire disparaissent. Jung décrit des situations de ce genre où un jeune a pu être guéri. Il a été jusquà dire quil est peu utile de traiter un problème denfant si les parents ne tentent pas simultanément déclaircir leurs propres difficultés; mais ses successeurs ont quelque peu modifié ce point de vue, estimant quil est possible de développer et de renforcer la conscience dun jeune pour quil puisse, dans une certaine mesure, devenir un individu capable de résister aux influences nuisibles.
Linfluence inconsciente des parents sur leurs fils et filles a beaucoup plus deffets que nimporte quel précepte; ce quils disent est moins important que ce quils sont; linfluence de linconnu est beaucoup plus dangereuse que celle du connu. Les enfants réalisent souvent un aspect de la personnalité des parents qui a été refoulé ou que les circonstances les ont empêché de développer.
Il importe, pour que les enfants se développent de façon satisfaisante, que les parents, mais aussi les éducateurs, acceptent la vie, la vivent aussi pleinement que possible et quils approfondissent leur connaissance deux-mêmes. Quand il y a frustration, et cela est souvent le cas, il faut quils soient honnêtes avec eux-mêmes et le reconnaissent. Ce sont les secrets, les cachotteries, les cadavres dans les placards qui sont néfastes. Jung propose léducation non seulement des enfants, mais aussi celle des adultes à mieux se connaître, à cheminer sur la voie de lindividuation.
1.
Organisation
et fonctionnement de l'institution
Le
home d'enfants de la Bérallaz se trouve à Montheron, hameau faisant partie de
la commune de Lausanne, situé près du village de Cugy.
La
maison est grande et spacieuse. De nouvelles peintures et installations l'ont
rendue lumineuse et gaie: on s'y sent bien.
Cela
fait 74 ans que cette maison accueille des enfants: en 1925, la Ligue Vaudoise
contre la Tuberculose l'ouvre afin d'y recevoir des enfants dont les parents
souffrent de tuberculose.
En
1964, la Bérallaz devient un home accueillant des enfants ayant des difficultés
familiales. La direction est depuis 1981 tenue par M. et Mme Viguet.
1.2
Type et financement
Le
home d'enfants est une association privée. Elle est gérée par un comité de 9
à 13 membres s'appuyant sur des statuts. Ce dernier se réunit 2 fois par année.
L'institution
est subventionnée à 100% par le Canton de Vaud et la Confédération.
1.3
Mandats de l'institution
Le
mandat principal est de tenter d'aider les jeunes qui leur sont confiés à dépasser
leurs problèmes, dans une vie normalisée, rythmée, afin de leur assurer, dans
la mesure du possible une évolution harmonieuse.
Selon
les statuts, l'association a pour mandat:
-
L'exploitation de la
maison de la Bérallaz destinée à accueillir des enfants des deux sexes, en âge
de scolarité, qui doivent être placés en raison de circonstances familiales
difficiles.
-
L'éducation de ces
enfants dans une atmosphère sécurisante et leur préparation à une vie
sociale et professionnelle normale.
Le
concept éducatif du home d'enfants de la Bérallaz précise aussi que «
notre but est de reconnaître la réalité que l'enfant vit. Notre point de départ
est le constat de cette même réalité. Nous acceptons et nous assumons cette réalité
avec toute la souffrance qu'elle contient ».
1.4
Organigramme de l'institution
COMITE
9
à 13 membres
DIRECTION
1,4
poste
EQUIPE EDUCATIVE
PERSONNEL D'INTENDANCE
5,3 postes
2,2 postes
L'équipe
éducative se compose de 5 éducateurs spécialisés et d'une éducatrice de la
petite enfance. Généralement, 2 stagiaires viennent la compléter. Le
personnel d'intendance se compose d'un cuisinier, d'une femme de ménage et
d'une lingère.
1.5
L'approche jungienne
Les
enfants de la Bérallaz sont presque tous suivi par une psychologue jungienne.
Elle participe activement à des colloques et permet de donner des pistes de
compréhension, de réflexion et d'action à l'équipe éducative.
Bien
que l'institution n'impose pas la référence aux thèses de Jung – les compétences
des éducateurs, qu'ils aient suivi une formation systémique,
comportementaliste ou autres, sont toutes sollicitées – la prise en charge éducative
est malgré tout influencée par cette approche de l'être humain.
Pour
C.-G. Jung, ainsi que pour les psychologues qui suivent son approche, il ne
s'agit pas seulement de soigner, mais aussi de développer la personnalité par
le processus d'individuation.
Ce
processus se développe progressivement et signifie être réconcilié avec les
aspects de la personnalité qu'on avait négligés: il faut donc tendre à être
au plus proche de soi-même, à s'accepter comme formant, une totalité.
La personne qui recherche vraiment cette totalité ne peut se développer au
prix du refoulement de l'inconscient, ni vivre dans un état plus ou moins
inconscient. C'est un processus qui pousse donc l'individu à se construire.
Pour
les éducateurs, il est important, afin que les enfants se développent de façon
satisfaisante, de prendre en compte et de connaître ce processus, car il permet
de les aider à vivre les différentes étapes construisant leur vie.
C.-G.
Jung dit que le psyché de l'homme a une partie consciente et une partie
inconsciente. Dans l'inconscient de l'homme, il y a l'inconscient personnel
(souvenirs, émotions, désirs refoulés) qui contient toutes les expériences vécues
et tout ce qui est en train de se formuler avant de venir à la conscience. Il y
a aussi une autre couche, plus
profonde, où le psyché produit des images et des rêves correspondant aux thèmes
qui se trouvent dans la mythologie, dans les contes de fées ou dans les légendes
et qui sont communs à toute l'humanité: c'est l'inconscient collectif.
Jung
a appelé ces thèmes universels les archétypes. Dans le psyché de l'homme,
les déclencheurs de ces schémas archétypiques sont les instincts. Le fait que
ces archétypes traversent les Ages et le temps relie l'homme à son essence
propre, cette dernière restant de fait immuable.
La
symbolique de la psyché qui, au travers d'archétypes ou de
symboles, parlent au conscient de l'individu au travers des rêves et des
images (dessins, etc.) est donc importante et centrale dans l'approche jungienne.
La
psychologue qui travaille en collaboration avec l'équipe essaye donc, par des
tests d'associations[1],
des dessins et des jeux de comprendre la structure et la dynamique de l'enfant
et de découvrir, par ces moyens, à quel niveau se trouvent les blocages
psychiques empêchant un développement harmonieux. Ensuite, dès qu'une voie a
été ouverte pour diriger la psyché de l'enfant vers l'épanouissement, le
processus de guérison peut commencer.
Jung
a aussi démontré, par les tests d'associations, combien la psychologie de
l'enfant est intimement liée à celle de ses parents. Une seule famille peut
montrer de semblables réactions et modes de fonctionnement «
les enfants […] peuvent avoir des rêves qui reflètent les problèmes des
parents, et l'on peut souvent rapporter aux difficultés parentales,
soigneusement cachées à l'enfant, les perturbations nerveuses ou la mauvaise
conduite. Si les parents résolvaient leurs problèmes, ou s'il amenaient
quelquefois simplement leurs difficultés à la lumière du jour et les
partageaient franchement avec l'enfant (naturellement à un niveau compréhensible
pour lui), la nervosité de l'enfant ou son aspect réfractaire disparaîtraient
souvent comme par magie»[2]
Il
est important pour les éducateurs – et pour les autres intervenants – de
vivre leur vie, de l'accepter et d'être honnête avec eux-mêmes ainsi que
d'approfondir au maximum la connaissance de soi afin que les enfants se développent
de façon satisfaisante. Ce n'est qu'en étant authentique, en tentant d'être une
totalité que l'éducateur pourra réellement aider les enfants. «
Aucun sermon, aucun principe, aucune subtilité technique, aucune aide mécanique,
ne peut remplacer l'influence d'une personnalité bien développée […] afin
d'éviter de projeter leurs complexes sur les enfants dont ils ont la charge
[…] »[3].
2.
Procédure d'admission
Les
demandes pour un placement à la Bérallaz proviennent pour la plupart des
assistants sociaux du Service de la Protection de la Jeunesse (SPJ) à la suite
d'une intervention juridique ou d'un constat de mauvais traitement physique ou
psychologique. Les demandes peuvent aussi provenir de la part de parents démunis
face aux difficultés rencontrées avec leurs enfants.
L'enfant
est parfois déjà dans un foyer d'accueil en urgence ou à court terme et est
en attente d'un placement dans une institution pouvant l'accueillir à moyen ou
à long terme.
Les
critères d'admission de la Bérallaz sont:
-
ne pas présenter de
handicap physique;
-
pouvoir suivre une
scolarité normale (scolarité en milieu spécialisé exclue);
-
être en âge scolaire,
de 4 à 12 ans (exceptions possibles pour les fratries);
-
être placé pour au
moins 2 ans (durée considérée comme le minimum pour une prise en charge éducative).
Lorsqu'une
demande émane des assistants sociaux du SPJ, une procédure d'admission se met
en route:
1.
La direction entre en matière en fonction des places disponibles et des
enfants se trouvant déjà à la Bérallaz, ceci afin de respecter un équilibre
entre les garçons et les filles et entre les âges.
2.
Première rencontre avec l'assistant social pour une présentation de
l'enfant, son anamnèse, etc.
3.
La situation est présentée au colloque par la direction. Un éducateur
est ensuite nommé pour pouvoir accueillir et accompagner l'enfant lors des
visites qu'il effectuera ultérieurement.
4.
Deuxième rencontre avec l'assistant social, accompagné des parents. Au
cours de cet entretien, la direction essaie de connaître un peu l'histoire des
parents et de la famille, demande les raisons du placement ainsi que ce qu'ils
en attendent. Par la suite, la direction explique le fonctionnement et fait
visiter le foyer.
5.
L'enfant vient passer plusieurs après-midi à la Bérallaz pour partager
un moment avec les autres enfants et se familiariser avec la maison. Son entrée
définitive ayant lieu en principe au début de l'année scolaire, il commence
souvent par faire le camp d'été avec les autres enfants qui finit l'année
scolaire précédente (les deux premières semaines des vacances scolaires).
6.
Le colloque décide de façon définitive les références (généralement
un homme et une femme).
7.
Arrivée de l'enfant accompagné soit par ses parents, soit par
l'assistant social ou encore soit par un éducateur du précédent foyer.
3.
Fonctionnement
de l'équipe éducative
3.1
Les responsabilités et la répartition des tâches
L'équipe
éducative doit assumer diverses responsabilités afin d'assurer le mandat qui
leur sont confiés, à savoir d'aider les jeunes à dépasser leurs problèmes
pour assurer, dans la mesure du possible, une évolution harmonieuse.
Un
cahier des charges détaillé et précis encadre donc les éducateurs dans leur
travail et délimite les responsabilités de chacun:
1.
L'éducateur et la direction assurent à tour de rôle l'animation des
colloques et la prise de procès-verbaux. Il garde en mémoire les avis exprimés
et préparent, si nécessaire, un papier pour la réunion de synthèse.
2.
L'éducateur est chargé de transcrire les informations d'ordre général
dans le livre de bord. Il doit aussi autant que possible remplir des fiches
d'observation qui seraient mises en place.
3.
L'éducateur veille à transmettre les informations nécessaires aux
personnes concernées pour que le déroulement dans la maison se passe sans
anicroches. Il donne un compte rendu régulier des événements de la vie
quotidienne à la direction pour la décharge des responsabilités.
4.
L'éducateur gère l'argent de poche personnel des enfants, le compte
"vêtements" ainsi que le compte collectif des loisirs.
5.
L'éducateur est responsable de l'accompagnement éducatif des actes de
la vie quotidienne: le réveil des enfants, l'habillement, la santé, les repas,
le suivi des leçons, les temps de loisirs, l'ordre dans et de la maison, les
couchers, la nuit, les rendez-vous chez le dentiste, le docteur, la psychologue,
etc.
6.
L'éducateur accompagne les enfants sur le plan scolaire dans la mesure
de ses connaissances et de ses compétences. Il assure le suivi avec les
enseignants et en rend compte aux collègues et à la direction. Il est tenu de
participer aux réunions de parents.
7.
L'éducateurs assume individuellement, selon un tournus déterminé à
l'avance, une présence active pendant les week-ends lorsque des enfants sont
dans l'impossibilité de rentrer chez eux ou dans une famille d'accueil.
8.
L'éducateur est plus particulièrement attentif à l'évolution des
enfants dont il est référent, tant à la Bérallaz qu'à l'extérieur. Il
informe l'ensemble de l'équipe et la direction des entretiens effectués, des
changements et de la progression des objectifs fixés lors de l'admission ou
lors de synthèses, ceci jusqu'au départ du référé.
9.
Les éducateurs sont aussi attentifs au développement physique et
psychique des enfants.
10.
L'éducateur est en relation, suivant les situations, avec les
enseignants, les thérapeutes, les familles, le corps médical, les assistants
sociaux, l'orientation professionnelle, les communautés religieuses et les
institutions prenant en charge les enfants durant ou après leur placement à la
Bérallaz.
11.
Les éducateurs, après l'approbation de la direction, ont la
responsabilités complète de l'organisation et de la réalisation des camps d'été
et d'hiver: lieu, transport, activités, budget, repas, etc. Ils sont tenus de
faire un rapport à la direction à la fin du camp ou de la tenir informée
durant ces semaines si un événement particulier le justifie, pour la décharge
des responsabilités.
12.
Le praticien-formateur, délégué par la direction, suit le stagiaire.
Il est la référence vis-à-vis de ses collègues et de l'école que le
stagiaire fréquente. Il participe aux entretiens avec le formateur de l'école.
3.2
Le système de référence
Les
référents sont nommés suivant les disponibilités de chacun lors d'un
colloque au début de l'année scolaire.
Les
enfants du home ont tous deux référents: le premier est le principal et le
deuxième l'accompagne si sont collègue est absent ou s'il a besoin d'aide.
Normalement un enfant entrant à la Bérallaz garde les mêmes référents du début
jusqu'à la fin de son placement.
3.3
Les colloques
Deux
colloques ont lieu chaque semaine: l'un le mercredi matin et l'autre le vendredi
après-midi.
La
direction, l'équipe éducative et, sur demande, la psychologue participe au
colloque du mercredi matin. Il est principalement centré sur les enfants de
l'institution. Il permet d'évaluer les différents objectifs fixés, discuter
et débattre pour en fixer de nouveaux. Chaque éducateur peut apporter une
situation ou partager ses préoccupations par rapport à un enfant.
Ce
colloque laisse de l'espace aux collaborateurs pour débattre du fonctionnement
de l'équipe et de la ligne pédagogique, de faire des synthèses en présence
des assistants sociaux ou encore d'inviter un intervenant extérieur pour parler
d'un enfant ou d'un sujet précis: ainsi, un psychiatre, un assistant social ou
la psychologue peuvent être présent durant toute ou une partie de la matinée.
C'est
aussi pendant ce colloque que les membres de l'équipe éducative effectuent les
retours d'entretiens effectués avec les parents, les assistants sociaux, les médecins
ou les enseignants. Ils informent aussi des décisions personnelles prises pour
un enfant dans le cadre du quotidien en les expliquant.
Ce
colloque se déroule et fonctionne d'une manière semblable à chaque réunion:
à tour de rôle, les éducateurs deviennent secrétaire puis animateur de la séance.
Le rôle du secrétaire consiste à dresser un procès-verbal de ce qui a été
décidé ou, le cas échéant, les différentes possibilités d'intervention.
Par contre, lors d'un point particulier ou d'une synthèse, c'est le référent,
et non le secrétaire, qui est responsable de recueillir les informations et de
les retranscrire dans le dossier de l'enfant.
La
semaine suivante, le secrétaire devient animateur du colloque: son travail est
d'organiser et de planifier les sujets à discuter en se référant à ce qui a
été inscrit dans l'agenda par ses collègues. Il fait en sorte que tous les
points prévus soient traités, que chacun ait eu l'occasion de s'exprimer et
que personne ne sorte ostensiblement du sujet. L'humour et le bonne humeur ne
sont bien sûr pas mises de côté!
L'animateur
débute le colloque en relisant le procès-verbal de la réunion de la semaine
passée afin d'avoir la confirmation du reste de l'équipe de la justesse des
informations recueillies.
Le
couple directeur participe aussi à ce tournus.
Le
deuxième colloque, celui du vendredi après-midi, permet aux collaborateurs de
parler de l'organisation de la maison: on se met au courant des rendez-vous de
la semaine qui suit, de savoir qui part ou reste à la Bérallaz durant le
week-end, de qui va amener cet enfant chez le dentiste, etc.
On
planifie aussi les activités pour le mercredi suivant, ainsi que les activités
particulières propre à chaque enfant (certains font du sport, d'autres sont
invités chez des copains, etc.). Normalement, sauf s'il y a une situation
d'urgence, on ne parle pas des enfants.
Toute
l'équipe éducative, y compris la direction, participe à ce colloque.
3.4
Les prises de décision
Les
décisions concernant les enfants se prennent généralement durant le colloque
du mercredi matin dans un esprit de collégialité. Il arrive aussi qu'un éducateur
prenne une décision dans l'immédiat lorsque la situation l'exige: il informera
le reste de l'équipe lors du colloque précité.
3.5
La collaboration inter-professionnelle (interne à l'institution)
Toutes
les personnes travaillant dans le home d'enfants de la Bérallaz essaient du
mieux qu'ils peuvent de collaborer et de s'informer réciproquement: la sécurité
et le bien-être des enfants dépendent aussi de la bonne coordination des différents
intervenants.
-
Entre la direction et
les éducateurs:
Le
couple directeur a suivi la même formation de base que l'équipe éducative:
cet élément facilite la communication et la prise de décisions adéquates
entre professionnels.
-
Entre les éducateurs
spécialisés et de la petite enfance:
Depuis la création du groupe des petits (de 4 à 6
ans), une éducatrice de la petite enfance a été engagée. Sa présence
sensibilise le reste de l'équipe aux besoins spécifiques des petits enfants
-
Entre l'équipe éducative
et le personnel de maison:
La
collaboration avec le personnel de maison est uniquement d'ordre pratique: les
éducateurs peuvent demander, par exemple, au cuisinier de faire des repas
particuliers pour un enfant qui devrait suivre un régime spécifique, etc.
Chacun est à l'écoute des demandes ou remarques émises soit par les éducateurs
ou soit par le personnel de maison pour qu' une certaine routine facilite un
minimum le travail de tous.
-
Entre l'équipe éducative
et la psychologue:
Une
grande partie des enfants suivent une psychothérapie chez une psychologue
d'approche jungienne. Cette dernière vient, sur demande de la direction et/ou
de l'équipe éducative, pendant le colloque du mercredi matin: il s'agit généralement
de faire un bilan de la situation avec un enfant pour pouvoir aider l'équipe à
trouver des pistes d'action dans la pratique.
La
psychologue rencontre l'enfant dans son cabinet une fois par semaine, la séance
durant 45 minutes. Elle participe
parfois à certains entretiens avec la famille d'un enfant.
4.
Objectifs
éducatifs
Différents
objectifs sont mis en place, suivant l'enfant, son âge et sa problématique.
Des objectifs de groupe et des objectifs individuels sont ainsi fixés par le référent
et le reste de l'équipe éducative.
4.1
Objectifs éducatifs de groupe
Quatre
groupes ont été définis par tranche d'âge, chacun ayant un objectif propre.
-
Le groupe des petits:
Cinq
enfants, de 4 à 6 ans composent ce groupe. Ils disposent d'un espace protégé
propre à eux dans la maison, contenant deux chambres, un salon-salle de jeux,
une salle de bain, un WC, une cuisine et une salle à manger. Un des objectifs
est de leur offrir un cadre et un rythme de vie adapté à leur âge. Une éducatrice
de la petite enfance les encadre afin de répondre et de leur offrir une éducation
correspondante à leur développement, à savoir respecter certaines limites,
les aider à acquérir un peu d'autonomie, les laisser faire leurs expériences
de vie tout en étant présent d'une manière
rassurante, etc.
Actuellement,
deux enfants de 6 ans n'ont plus leur chambre dans cet espace,
mais ils ont toujours l'occasion d'y jouer et d'y manger en toute
tranquillité.
-
Le groupe des moyens:
Huit
enfants, de 7 à 12 ans, font partie de ce groupe dynamique. Des activités
peuvent être mises en place spécifiquement pour eux, ou selon leur demande.
-
Le groupe des grands:
Deux
enfants, âgé tous deux de 14 ans, sont dans ce groupe. L'année scolaire précédente,
trois adolescents ayant fini leur placement à la Bérallaz pour pouvoir aller
dans une structure correspondante plus adaptée à leur âge et à leur
orientation ou ayant tout simplement fini leur scolarité obligatoire ont donc
quitté l'internat.
Des
activités sont proposées, telles que regarder un film, faire un jeu, un
billard ou une sortie, etc. Ces moments passés à l'extérieur ou à l'intérieur
de l'institution leur permettent d'apprendre à accepter le regard de l'autre,
à respecter des avis divergents et à devenir actifs ou moteur d'une activité.
Une
fois par semaine, ils peuvent demander une soirée de libre (jusqu'à 21h30) et
planifier eux-même une activité.
Les
différents groupes ne constituent pas de barrières rigides, où chaque enfant
ne ferait que les activités prévues spécifiquement pour le groupe auquel il
fait partie, mais sont simplement une hiérarchie tenant compte des âges et des
intérêts s'y attachant ainsi que de leur possibilités. Actuellement, un grand
nombre d'enfant se trouve dans le groupe des primaires. Leur composition dépend
beaucoup de l'arrivée de nouveaux et du départ d'autres enfants: cela peut
donc varier d'une année à une autre d'une façon assez significative.
Des
activités sont donc aussi proposées à tous les enfants du home, sans
distinction aucune.
4.2
Objectifs éducatifs individuels
Les
enfants de la Bérallaz y sont placés parce qu'ils vivent des difficultés
familiales et qu'ils sont, de fait, dans l'impossibilité d'y retourner de manière
définitive ou momentanée. Chaque enfant exprime sa souffrance par divers symptômes,
tels que par de la violence, des difficultés à entrer en relation et à
communiquer, à s'intégrer dans un groupe, de la dépression ou par des
manifestations physiques, etc.
L'équipe
éducative a créé un schéma pour identifier les différentes étapes pour
amener l'enfant à dépasser la crise et à vivre. Dès le début du placement,
les éducateurs sont le plus clair possible dans les objectifs pour permettre à
l'enfant de savoir où il va, et de ne pas laisser un flou qui serait
dommageable pour ce dernier.
Schéma:
|
Objectifs |
Moyens |
|
|
|
1.
Réparation |
Offrir
à l'enfant de la sécurité, de la compréhension, une structure et
surtout un aperçu de sens. |
De
l'attention, de la présence, un miroir et un environnement apaisant. |
2.
Développement |
Redonner
à l'enfant sa place dans son âge en fonction de ses moyens et de son
rythme. |
Notre
authenticité, utilisation des ressources de l'enfant. |
3.
Consolidation |
Evaluer
et réadapter les projets de l'enfant. |
Des
synthèses, constat des progrès, miroir. |
4.
Epanouissement |
Intégration
du miroir, développer la place de l'enfant dans le groupe, la famille
et la société. |
Accompagner,
lâcher prise, faire confiance. |
5.
Créativité |
Permettre
l'émergence de la personnalité consolidée et que l'enfant puisse
continuer à se construire même après le départ de la Bérallaz. |
Préparation
et passage. |
Les
objectifs éducatifs individuels sont discutés en colloque, avec les parents si
cela est possible et avec l'enfant pour qu'il sache où il en est. Le référent
doit être garant du bon déroulement des objectifs et suivre l'enfant. Il fera
par la suite des bilans qu'il communiquera à ses collègues.
Des
évaluations intermédiaires sont faites; elles doivent devancer les crises éventuelles,
et non pas être la conséquence d'une de ces crises.
5.
Collaboration
avec l'extérieur
5.1
Les parents
Les
éducateurs et la direction essaient toujours de rencontrer de façon régulière
les parents, car ils font partie de la vie des enfants et que sans une
collaboration minimale, il est difficile de faire évoluer la situation. Cette
collaboration est aussi très importante pour tendre vers un retour de l'enfant
dans son milieu familial, si cela s'avère possible. Les rencontres se déroulent
généralement sous la forme d'entretien à la Bérallaz. Elles sont régulièrement
agendées entre les parents ou les représentants légaux, la direction, le
premier référent de l'enfant et, si cela est nécessaire, l'enfant et/ou son
assistant social.
Ces
moments servent à:
-
s'informer mutuellement
de l'évolution de l'enfant;
-
amener les parents à se
remettre en question, les responsabiliser face à leurs problèmes et leur
donner des pistes pour les amener à les régler;
-
permettre à chacun de
s'exprimer sur comment il voit la situation;
-
suivre l'évolution
familiale, créer et/ou maintenir une relation entre famille, enfants,
assistants sociaux et institution pour construire ensemble un projet cohérent
et réfléchi;
-
mettre sur pieds des
objectifs communs concernant l'enfant, la famille et l'institution.
5.2
Les services sociaux et médicaux
Les
assistants sociaux suivant les enfants placés sont les personnes avec
lesquelles les éducateurs ont le plus de contacts. Des contacts avec d'autres
institutions, le Tuteur général, etc. sont aussi entretenu suivant les besoins
et la situation des enfants.
Différentes
collaborations entre les médecins, les spécialistes (ostéopathes, physiothérapeutes,
ergothérapeutes, psychiatres, etc.) et l'équipe éducative existent aussi.
5.3
L'école
Autant
que possible, les éducateurs essaient d'avoir une bonne collaboration avec le
corps enseignant. Des retours et des échanges d'informations concernant
l'apprentissage scolaire sont communiqués entre la Bérallaz et l'école.
Les
enseignants sont en outre conviés à la rentrée scolaire à un apéritif
permettant de faire connaissance; cette rencontre se déroule toujours avec succès.
5.4
Autres intervenants
Les
enfants sont encouragés d'avoir des contacts avec l'extérieur, à faire partie
de clubs de football, de judo, etc.; ceci crée autant de collaborations
possibles.