Prison formation coaching emploi

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Journée « coaching emploi » à la prison de Villepinte

Réinsertion . Chefs d’entreprise et professionnels du recrutement sont venus aider une trentaine de détenus à préparer leur sortie professionnelle.

Des patrons en prison. Pas en détention mais pour aider à la réinsertion. Jeudi dernier, une trentaine de détenus incarcérés à la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) ont bénéficié d’une journée intitulée « Forum coaching emploi ». Au programme de la matinée : une conférence sur le recrutement aujourd’hui. L’après-midi : place aux entretiens individuels avec des professionnels de l’accès au marché de l’emploi et des chefs d’entreprise en quête de personnels. L’idée avancée par le Gepsa, une filiale de Suez, qui, dans le cadre de la gestion mixte de la prison, est prestataire de service pour l’Administration pénitentiaire et le Service d’insertion et de probation : inciter les détenus à préparer leur sortie professionnelle. Pour ce faire, une directrice en ressources humaines, un ancien recruteur, un jeune chef d’entreprise et une directrice d’agence d’emploi temporaire viennent livrer quelques clés du parcours à l’embauche. Comment bien rédiger son curriculum vitae et sa lettre de motivation, comment bien passer son entretien...

Dans la salle polyvalente aux fenêtres traversées de barreaux, les détenus, installés sur un parterre de chaises en plastique, écoutent les conseils distillés avec plus ou moins d’attention. On en voit perdus dans leurs pensées. Certains prennent des notes, d’autres relisent le CV qu’ils tiennent à la main. On leur parle « bassins d’emploi », « métiers porteurs », « secteurs d’activités » ou « chômage mondial ». Le jargon est économique, mais n’omet pas d’être pédagogique. Évidemment, le chemin sera difficile mais le discours est volontiers positif. « Sur le marché de l’emploi, la discrimination existe, on s’appelle "Monsieur je-ne-sais-quoi", on est de couleur, c’est déjà dur. Quand on sort de prison, encore plus. Mais ayez confiance en vous, le défi est passionnant », insiste une intervenante. On trouve saugrenu un dirigeant faisant un exposé pour monter sa propre boîte. Hors sujet ? Pas franchement à entendre les questions qui fusent dans les rangs de l’auditoire.

« Quelles sont les alternatives pour les prisonniers qui veulent créer une entre- prise ? », questionne un jeune homme. Celui qui est affilié au CJD - Centre des jeunes dirigeants et non pas Centre des jeunes détenus comme pourrait le laisser penser le lieu - ne comprend pas. Explication du détenu : « Quand on sort de prison, on ne peut pas être gérant d’une société. » Réponse du spécialiste : « Il faut trouver quelqu’un qui n’a pas de casier entre guillemets (sic), un prête-nom. » « Va-t-il y avoir des facilités administratives pour créer son entreprise ? », interroge un autre détenu qui poursuit sur son expérience vécue. « Il faut 75 000 euros pour monter une SARL. Quand je suis allé faire un emprunt à la banque, ils m’ont demandé de verser la même somme sur un compte bloqué comme garantie : à quoi ça sert que j’emprunte si je les ai déjà... Et puis à la chambre de commerce, on nous a dit d’aller au conseil général qui nous a renvoyés à la préfecture. Pour obtenir ces aides, il faut des critères impossibles. » Assentiment général.

Autre interrogation concrète : comment masquer les trous d’un CV derrière lesquels se cache la période d’incarcération ? Un ancien se lève : « Nous sommes tous des taulards, nous sortons tous dans une situation particulière. Et la démarche n’est pas la même. 40 % des détenus ont besoin d’un boulot dans l’urgence pour avoir un semblant de liberté. Et puis il y a ceux qui veulent faire carrière, s’inscrire dans la durée. J’ai un copain, fiché au grand banditisme, qui a intégré une société d’informatique. Il avait maquillé le trou de sa détention. Il a monté les échelons durant trois ans. Un jour, les flics sont allés voir son employeur parce qu’il avait dîné avec un mec qu’ils suivaient. Du coup, il s’est fait virer de son poste de direction du jour au lendemain. »

Après le déjeuner, en cellule pour les détenus, dans une chaîne de restaurant pour ceux de dehors, retour dans la grande salle où ont été installés des petits box individuels. Sur les séparations en carton, on peut lire « espace vert », « vente », « service ». Un jeune Black joue le jeu d’un entretien d’embauche avec un ancien recruteur. « Vous venez pour quel emploi ? » « Ouvrier spécialisé dans le bâtiment. » « Quelle est votre expérience ? » « J’ai un CAP de carreleur. » Le dialogue se poursuit, le CV se réécrit « afin de mettre en avant la cohérence entre votre expérience professionnelle et votre partie dîplomante ». Dans chaque box, un face-à-face, une autre histoire. Fin de journée et heure des bilans. Côté intervenants, on est « agréablement surpris » par « le niveau des détenus », « des gens qui ont la tête sur les épaules ». « J’ai plus de cas dans mes magasins qu’ici », lance un entrepreneur. Côté propositions d’emploi, le dirigeant d’une société de grande distribution a trouvé un « profil intéressant pour travailler en entrepôt. » Le gérant d’une société d’espace vert, « en manque de main-d’oeuvre », a gardé trois CV. « Quand les sortants (sic) veulent s’en sortir, ils sont plus durs à la tâche, explique cet ancien militaire. Je leur propose 35 heures payées au SMIC. » Côté détenus, on en voit un repartir le sourire aux lèvres. La perspective d’un boulot ? « Non, je sors dans quatre jours. »

Sophie Bouniot

www.humanite.presse.fr

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Johann

Une belle expérience, en espérant que cela en inspirera d'autre.

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