Du monde de la complexité à celui des nuances
quand je lis et prend connaissances des multiples documents édités un peu partout sur le travail social. Je mesure avec toujours plus d'acuité à quel point une dérive de plus en plus marquée s'installe.
Du réel à l'imaginaire, du quotidien au complexe, à force de Méta analyser notre travail, notre action auprès des personnes en difficultés, de plus en plus d'articles, de lectures de commentaires se font hermétique à la lecture du simple citoyen et bientôt aussi à celle du simple éducateur spécialisé que je suis.
Sur le site Educh.ch j'aime à faire place à des auteurs comme Piaget, Mme Delafontaine, Charly Cungi, Gérard Salem, Eric Stern qui tous ont en commun de pratiquer à plein temps la clinique. La rencontre quotidienne avec les patients, la réalité du terrain commence à manquer de plus en plus à nos élites dans les domaines sociaux.
Je m'inquiète que la tête soit coupée du corps et que le discours ait décroché de la réalité.
Cette dualité théorie-pratique a toujours existé, mais le but est que la distance s'amenuise et que le fossé disparaisse car le 21e sciècle ne pardonne plus ceux qui oublient d'aller voir sur le terrain ce qui se passe réellement
que ce soit Bush ou Calmy-Rey personne ne peut plus se retirer sur une tour d'ivoire et émettre des théories et des discours sans en avoir éprouvé la réalité. La complexité devient le voile de la bêtise et du manque de clinique.
Je pense d'ailleurs de plus en plus que ce terme de complexité doit être remis en question et dépassé par celui de nuance. Je pense que nos pratiques avant d'être complexes sont nuancées et que seul l'âme en saisit les contours. Le mathématicien se casse les dents sur les nuances. Même les fractales du chaos se cassent les dents sur les nuances.
La complexité voudrait nous faire croire que la réalité humaine correspond à celle d'un ordinateur, alors que je crois fermement que la réalité humaine à bien plus à voir avec les chefs d'œuvre de l'art antique que dans ceux de la technologie moderne. L'être humain est une créature aux infinies nuances de couleurs,de poésie qui toujours surprennent et interdisent l'analyse rationnelle comme tout oeuvre d'art se masque à la pensée. Seul demeure comme le dit St-Exupéry le plus important ce qui se voit avec le cœur. J'aimerais lire plus d'humilité et de simplicité dans les écrits sur le travail social et l'intervention éducative et je vous y invite cette année avec moi et mes auteurs favoris de Piaget à Delafontaine.
Pierre-Alain Luthi Janvier 2006 voir le site http://perso.orange.fr/marxiens/sciences/complexi.htm en complément de cet article sur la complexité comme nouvelle religion de notre temps.