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PRISE EN CHARGE - L'autisme: psychose ou handicap? Des parents demandent que cesse la prise en charge psychanalytique et que des écoles spécialisées soient créées à Genève.

«J'avais vu des émissions à la télévision. Un enfant qui, à 3 ans, range ses livres de manière obsessionnelle, aligne des petits cailloux ou sélectionne ses aliments, ce n'est pas normal. Je suis allée à la guidance infantile. J'ai demandé: ''est-il est autiste?'' On m'a répondu: ''Non. Il a des troubles du comportement.'' C'était vague. Mais, du coup, ça m'a soulagée.» Deux ans plus tard, le fils de Marie-Jeanne Accietto est diagnostiqué «autiste».
Déçue par le peu de soutien qu'elle reçoit des institutions, et insatisfaite des soins prodigués à son fils en centre de jour – elle juge l'approche psychanalytique inadéquate –, elle décide de s'occuper partiellement de l'éducation de son enfant.
Avec quelque vingt-cinq familles, Marie-Jeanne Accietto a créé un groupe de parents d'enfants autistes. Ce dernier demande que l'autisme soit reconnu comme handicap à part entière et revendique une prise en charge spécialisée des enfants autistes (lire ci-contre). Dans un premier temps, pour former des professionnels spécialisés en autisme et établir des diagnostics, il demande la création d'un centre de compétence en autisme. Finalement, la création de trois écoles spécialisées pour autistes devrait permettre d'apporter une prise en charge spécifique. Un projet a été mis sur papier et envoyé au professeur Eliez, directeur du Service médico-pédagogique de Genève (SMP).

«Il est difficile de faire admettre la spécificité de l'autisme»

En premier lieu, les parents regrettent l'absence de choix réel dans l'approche thérapeutique/éducative. «La psychanalyse est la seule approche utilisée par les institutions. C'est un vrai diktat.» Selon cette théorie, le rôle des parents doit être minimal, soutient Mme Accietto. De nombreux pères et mères se sentent désarmés. «La psychologue de référence du centre de jour où mon fils a été placé m'a dit: «Pleurez un bon coup et ça passera! On a l'impression de ne pas être entendus. On nous taxe d'anxieux. On nous renvoie une image très culpabilisante de nous-mêmes.» «C'est vrai qu'il y a un besoin spécifique de prise en charge de type éducatif pour les enfants autistes à Genève», affirme Anne Emery-Torracinta, présidente d'insieme-Genève, (association de parents de personnes mentalement handicapées).
Pour le directeur du SMP, une approche uniquement psychanalytique est insuffisante. «L'autisme a une multitude de causalités. Il n'existe pas de traitement unique. Nous devons travailler sur une approche plus cognitive.» De là, le professeur en vient à la proposition des parents de créer un centre de compétence: «L'idée fait sens. Mais un tel centre implique une régionalisation et donc des inégalités d'accès pour les parents qui voudraient faire diagnostiquer leur enfant. Et le réseau de soins genevois a au contraire cherché à développer un réseau de proximité.» L'idée semble donc enterrée. Pourtant, pour Marie-Jeanne Accietto, la régionalisation n'est pas une entrave à sa réalisation. Elle soutient que les éducateurs spécialisés, s'agissant de l'autisme, manquent de formation. Le nouveau centre de compétence permettrait aux professionnels d'être informés des différentes méthodes et des avancées scientifiques en matière de prise en charge des enfants autistes. «Il pourrait servir de centre de diagnostic et d'évaluation», complète Mme Emery-Torracinta. «Il est difficile de faire admettre la spécificité de l'autisme, confie Mme Accietto. Pour les institutions publiques, parler de spécificité, c'est enfermer l'autiste dans un ghetto.» Pourtant, pour la jeune mère, la reconnaissance du handicap est primordiale pour aider l'enfant. «Est-ce que vous allez au service orthopédique quand vous souffrez d'une tumeur?» L'absence de diagnostic est perturbante pour de nombreux parents. «Laisser les parents dans le vague, les empêche d'agir, de se renseigner, de comprendre. C'est absurde. Nous souhaitons que le diagnostic soit posé avant l'âge de 3 ans. Même s'il y a un doute. Il faut au moins avertir les parents.» Pour le professeur Eliez, cette revendication est plus que légitime. «Dans ce sens, il faut souligner le rôle essentiel joué par les pédiatres de ville.» Il y a trois ans, le professeur organisait une formation sur l'autisme pour les pédiatres, «mais ce sont des démarches qui doivent être répétées en boucle». Et qui visiblement rencontrent encore de fortes résistances.

Globalement, tous s'accordent sur la nécessité de faciliter l'accès aux classes dites normales

Dans un deuxième temps, les parents du groupe demandent la création d'écoles spécialisées en autisme (une pour les 4-12 ans, et deux pour les 12-18 ans) avec une intégration partielle dans des classes dites normales pour les enfants les plus avancés. Aujourd'hui, les enfants sont placés dans des centres de jour avec d'autres enfants handicapés ou dans des institutions privées. Le professeur Eliez est fermement opposé à la création de telles écoles: «Il n'est pas souhaitable de regrouper des enfants autistes. Les enfants, de manière générale, interagissent. Il est très positif pour les autistes d'être en contact avec leurs pairs. Ce serait une ségrégation contre-productive.» Plus nuancée, Mme Emery-Torracinta avoue n'avoir pas été complètement convaincue par ce projet: «Nous souhaitons évidemment un personnel spécialisé, mais pas à tout prix une école spécifique. Enfin, ça se discute. Mais comme cela fait des années que les parents demandent une prise en charge adaptée, il est normal qu'ils en viennent à demander une école.»
Globalement, tous s'accordent sur la nécessité de faciliter l'accès aux classes dites normales. Un projet de loi est en discussion au Grand Conseil et une classe intégrée ouvrira aux Crêts-de-Champel à la rentrée prochaine. I

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