Je suis né un jour bleu
Belle leçon de vie que nous offre Daniel Tammet puisque les autistes sont réputés souffrir de difficultés de communication et que c’est précisément dans le domaine de la communication et du langage qu’il a su créer son activité professionnelle !
L’autisme est l’un des handicaps les plus fascinants. On peut en espérer beaucoup pour mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau. Notre époque partage en effet une certitude, qu’il est impossible de communiquer par images sans recours au verbe. Les autistes semblent ébranler cette conviction. Ou du moins vont-ils nous permettre de la préciser.
Daniel Tammet vient de publier sa biographie, Je suis né un jour bleu, témoignage hors pair puisqu’il permet de connaître la pensée autistique de l’intérieur.
L’autisme de haut niveau et le syndrome d’Asperger sont diagnostiqués —
difficilement encore — depuis peu de temps. L’apport du pédiatre autrichien
Hans Asperger (1906–1980) date des années 1950, la première définition du
syndrome qui porte son nom ayant été publiée en 1944.
Caractérisé entre autres par un manque d’empathie (carence qui fausse
l’interprétation des intentions d’autrui), une apparente insensibilité et un
égocentrisme prononcé, le syndrome d’Asperger déconcerte au moins autant
l’entourage que la personne atteinte est elle-même déconcertée en matière de
relations aux autres.
Outre
qu’il peut se révéler nécessaire de s’en protéger, il est très difficile de
savoir comment aider la personne et en particulier s’il est préférable
d’essayer d’avoir un comportement adapté ou bien d’ignorer son handicap et de
se comporter avec elle comme avec n’importe qui. En effet, avec l’âge, certains
Asperger développent des stratégies comportementales qui masquent de manière
extraordinaire leur handicap. L’ignorer paraît donc leur rendre l’hommage
qu’ils méritent. Mais l’oublier peut réserver des surprises : par exemple
l’humour peut être pris pour de la moquerie ; des métaphores peuvent être
prises au pied de la lettre. Quant à la dérision, fût-elle amicale, elle peut
être perçue comme une volonté de ridiculiser, même si la personne s’est
elle-même mise en posture qui peut faire croire à un jeu surréaliste. La
taquinerie et la critique au sujet d’activités — fût-elle constructive et
demandée — peuvent être reçues comme de véritables agressions identitaires.
Obtenir de la réciprocité dans les échanges, ce qui paraît d’ordinaire le
fondement même d’une relation saine (hors mécanisme d’oppression sociale), peut
se révéler très difficile.
Tout porte à penser que la personne nous perd dans son labyrinthe pour empêcher
qu’on entre dans son for intérieur.
Depuis deux décennies, plusieurs personnes atteintes de ces troubles ont
écrit des récits autobiographiques et entr’ouvert l’univers intérieur autiste :
Gunilla Gerland, Une personne à part entière (2004)
Temple Grandin, Ma vie d’autiste (1986) et Penser en images
(1996)
Donna Williams, Si on me touche, je n’existe plus (1992)
Judy et Sean Barron, Moi, l’enfant autiste (1999)
Kamran Nazeer, Laissez entrer les idiots (2006)
En savoir plus
— Acheter le livre Je suis né un jour bleu, de Daniel Tammet
Les Arènes Ed. — juin 2007 — 300 pages — 21 €
sur le site de l’AFD
(autisme diffusion)
Présentation de l’éditeur :
« Daniel Tammet, 28 ans, est jeune savant anglais atteint du syndrome d’Asperger
(une forme particulière d’autisme), caractérisé par des capacités hors norme
dans un domaine précis, en l’occurence pour lui, le calcul mental et la
mémoire. Comme le personnage de Dustin Hoffman dans Rain Man, Daniel Tammet est
un génie des nombres. Il a ainsi mémorisé et récité 22 514 décimes du nombre
pi. Il peut extraire en quelques secondes une racine cubique ou effectuer des
opérations de calcul à dix ou vingt chiffres.
Ce livre est traduit de Born on a Blue Day, best-seller sur la liste
du New York Times. »
—
Lire l’article synesthésie sur
Wikipédia
— Lire l’article sur Hans Asperger sur
Wikipédia
— Lire le descriptif du syndrome d’Asperger sur
Asperger Aide
Dominique Lacroix