1.) La bonne éducation commence par l'"Educateur luimême.
Les exclus du «Banquet».Socrate cherchait un Homme vertueux, dénonçant sur son chemin les
discours touts faits tant dans la forme que dans le fond,
dénonçant aussi les élites, les cadres, les éducateurs qui
prétendaient avoir les techniques, les méthodes permettant à
l'Homme d'advenir un peu plus luimême,
sur ce chemin que nous
menons tous, et qui va de notre naissance jusqu'à notre mort.
Ainsi il dénonçait, non pas le fait que cela existe car cela est
bien nécessaire, mais les personnes non authentiques, non
sincères, leurs discours galvaudés, ainsi que leurs actions
qu'elles ne comprenaient pas ellesmêmes.
La société occidentale, qui n'a retenu de Socrate que la raison
(le plus souvent vu comme plan intellectuel loin de tout sentiment
, ce que n'est pas Socrate. Il compose avec, car il ne se fait
pas croire que cela n'existe pas.) et qui s'est égarée
paradoxalement dans un sentimentalisme de la raison a telle
tant
progressé que cela , dans son éducation auprès de la jeunesse ?
A vouloir tant reléguer les sentiments, les sensations à la porte
de luimême,
et à ne pas vouloir l'articuler avec la raison,
l'Homme (fut il une femme), se déséquilibre.
Il en va, d'ailleurs, de même pour ceux, qui, découvrant ce fait,
inversent le procédé et se lancent dans la quête éperdue du
sensible, de la méditation, du zen, du bouddhisme, ... de
consommation, allant jusqu'à se déséquilibrer, à vouloir tant bien
traiter leur féminité, presque paradoxalement par la «force».
Pour ainsi dire, L'Homme et sa société, sont en crise, pas
étonnant dès lors, que sa finance aille mal, que sa planète aille
mal ... et que même son Éducation et sa Jeunesse, souffrent aussi.
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 7 Combien
sontils
les individus authentiques et sincères,
articulant inconscient et conscient, féminin et masculin,
sensibilité et plan intellectuel, action et ressenti, se
questionnant sur euxmêmes,
sur leurs discours et sur leurs actes
et ainsi advenant un peu plus euxmêmes
et agissant en conformité
avec euxmêmes
chaque jour, sontils
légion dans notre société ?
Et pourtant, pour se saisir de la question de l'éducation, la
penser, développer des politiques publiques, et évidemment mener
sur le terrain des accompagnements psychoéducatifs
auprès d'un
jeune ou des groupes de jeunes, il faut tout de même s'être posé
quelques questions sur soimême,
les autres et le monde.
Sinon à faire cette économie apparente de soi, il y a de grandes
chance que l'éducation, ses discours, ses méthodes et ses
politiques publiques, ne restent qu'un jeu de dupe puisque l'on
ne sait pas ni de quoi on parle ni ce que l'on fait.
Combien sontils
à prétendre faire face à la question douloureuse
du sens de la vie pour les êtres et qui ne sont jamais entré dans
un questionnement sincère, ne serait déjà que pour euxmêmes
?
Combien ont fait face à leur douleur de vivre en y donnant du
sens? Combien sontils
a avoir dépasser leurs conflits par le haut
et être entré en vrai créativité, raisonnement et amour ? Depuis
Socrate les gens auraientils
tant changés qu'ils seraient devenus
tous vertueux ?
Mon «combien sontils
?» concernent les politiques, les cadres
socioéducatifs, les éducateurs, les penseurs de l'éducation
(sociologues, psychologues et philosophes), et même les parents.
Et ce n'est que fort de cela, que nous pouvons aller à la
rencontre de notre jeunesse.
Évidement même ainsi, c'est à dire, quand une personne s'est mise
en route dans une vraie réflexivité, cela ne règle pas le problème
de la question de la crise et du sens, lié au modèle sociétal,
même si cela y répond déjà un peu mieux.
2) Des crises ... une crise de sens ?
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 8 La
crise financière qui nous touche collectivement aujourd'hui
n'estelle
pas la même depuis des années mais s'exprimant de
manière différente ? Lorsque nous parlons de crise de l'identité,
de crise morale ou de crise de l'autorité, ne s'agitil
pas, du
même complexe et du même symptôme, liés à un modèle sociétal
donné : le notre ?
Nous avons fait le choix d'un modèle de réalisation de nous même
par l'action et collectivement cela nous déséquilibre ainsi que
notre environnement. Cela amène même certains à la déviance ...
Même la finance est touchée, certains dévient tellement, qu'ils en
arrivent même à dévier de la loi et à délinquer en col blanc.
Délinquant en col blanc, comme le nommé, déjà dans les années 40,
Edwin Suterland , au travers de son fameux concept de « white
collar crime ».
Ce modèle sociétal de l'action comporte néanmoins ses vertus et il
ne faut pas le mettre cependant totalement «à la poubelle» et
évidemment, je ne prône pas le choix d'un investissement collectif
vers un modèle uniquement ontologique (de l'être) qui nous
donnerait l'impression, d'être suspendus dans le temps, d'être
dans l'inaction, et qui nous ferait tomber dans une absence totale
de créativité nouvelle, une absence de prise de responsabilité et
par exemple une certaine «saleté» ambiante dans nos villes.
D'autres sociétés, en Asie plus particulièrement, s'y sont
essayées, et reviennent fortement de ces modeles ontologiques
sociétaux.
Ne devrionsnous
pas aller, tant individuellement que
collectivement, vers un modèle articulant L'Être et l'Action sauf
à continuer à être secoués collectivement ainsi pendant longtemps
encore ?
En ce qui concerne la question de l'éducation des adolescents dont
ceux des quartiers populaires, nous ne pourrons pas en rester,
encore longtemps non plus, à disserter sur des thématiques de
violences des jeunes, de conflits intrajeunes,
des questions de
douleurs identitaires sans dire qu'il s'agit là, de la même crise,
des mêmes douleurs, et des mêmes symptômes.
La question du modèle et du sens se pose et s'impose à tous.
Pourquoi voudrionsnous,
que les adolescents et les jeunes adultes
arrivent mieux que les élites, les cadres, les éducateurs, les
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 9 penseurs,
à répondre à ces questions et se mettent à agir avec
plus d'éthique, de sincérité, de respect des règles, d'euxmêmes
et des autres ? Ceux qui d'ailleurs, arrivent parfois ! N'estce
plus, aux adultes de prendre leur responsabilité aussi et avant
toute chose ? Avonsnous
oublié le rapport de dissymétrie et plus
encore le sens que cela a, quand nous sommes face à la jeunesse ?
Les exclus du Banquet Certains penseront, que penser ainsi comme je le fais, c'est oublié, les limites sociétales auxquelles se heurtent par exemple plus encore, les adolescents et les jeunes adultes des quartiers populaires : peu de possibilité d'accès aux qualifications, surreprésentions numériques des sorties de l'école sans diplôme en particulier chez les garçons, sans aucune politique spécifique menée à leurs égards, difficultés d'accès au logement, ou difficulté d'accès à l'emploi, souffrance psychique, malêtre dans des proportions statistiques plus importantes que pour tout le reste de la population. Mais que l'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'un oubli de ma part bien au contraire, mais pour aller vers eux et aux plus près de ce qu'ils vivent, je ne pouvais pas faire l'économie décemment ni des Éducateurs ni du modèle sociétal. Ayant commencé avec Socrate, poursuivons notre route avec lui, pour parler du Banquet de Platon. Avec «Le Banquet » de Platon, nous avons là, un groupe d'homme, qui s'invitent à manger, qui mènent des discours, qui parlent de l'amour, dont les membres du groupes possèdent un certain statut social mais aussi et c'est fondamental tout autant, un statut personnel. Ils s'adonnent aussi quelque peu à la critique des discours touts faits, des élites déviantes, se remettant en cause euxmêmes ou entre eux, et se livrant au bienêtre tant physiquement (nourriture délicate mais sans abus, pensons au choix de ne pas trop boire, et ils peuvent même dormir a la fin du repas sur une couche ... le lit est aussi offert) , tant intellectuellement (ils se forment et s'informent, discourent sur les formes de l'amour, et sur la forme des discours euxmêmes) , que psychiquement (ils s'autorisent à ressentir, à s'émouvoir et à en parler, à faire sens pour euxmêmes de leurs sentiments etc..) Pourquoi parler du Banquet de Platon pour parler des adolescents et jeunes adultes ? Pour ainsi dire, les jeunes sont exclus du
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 10 «
Banquet», accès à la nourriture, au logement, au bienêtre,
au
discours, à la formation ... et même souvent au sensible et à
l'amour ! Mais plus encore, qui, parmi les adultes d'aujourd'hui,
connait le Banquet de Platon et l'a investit de sens pour luimême,
pour sa vie ? Et surtout combien d'adultes s'intéressent à
leur propre culture pour donner du sens à leur vie et combien
encore sont en capacité de permettre aux jeunes de trouver du sens
ou d'apprendre aux jeunes à comment faire sens avec des éléments
de notre culture ?
Les jeunes sont exclus, par deux fois, du Banquet :
L'une consistant à ne pas leur permettre d'accéder au Banquet
physiquement. Les jeunes sont donc ainsi freinés, bloqués
dans leur individualisation : logement, travail, amour ...
Et l'autre consistant d'être privé d'un développement de soi
psychique (ce que l'on nomme l'individuation) car les
adultes, ne le font même pas ou très peu pour euxmêmes,
puisqu'ils croient que seules comptent : l'action, la
matérialité, et se livrant à une socialisation sans aucun
sens supplémentaire pourtant nécessaire. Les jeunes sont
ainsi alors bloqués aussi dans leur individuation :
réalisation d'euxmêmes,
dépassement des conflits intrapsychiques,
être en capacité de donner du sens aux douleurs,
aux sentiments et aux sensations.
L'individualisation et l'individuation ne s'opposent mais se
complètent. On ne peut pas accéder (et garder longtemps) une place
ou un objet que l'on ne soit pas advenue tant dans
l'individualisation que dans l'individuation.
Posséder un objet, s'approprier un savoir, s'autoriser à prendre
une place, une formation sans pouvoir y mettre du sens et de la
sincérité rend au mieux malheureux, au pire fait décrocher, tôt ou
tard, de sa place, de sa possession.
Posséder un psychisme fort, un moi fort diraiton
dans le langage
courant, ne garantit quant à lui en rien une place, une promotion,
l'accès à l'amour, au savoir.
C'est bien la complémentarité des deux qui permet à l'être de se
réaliser pleinement même si dans ce mieux on ne possède encore
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 11 évidemment
pas toutes les cartes et que cela ne résout pas tous
les problèmes.
Pour joindre la forme au fond, en procédant avec une mise en sens
de la réalité de la jeunesse , grâce à l'utilisation du symbole du
Banquet de Platon, j'ai pu ainsi vous informer mieux encore sur la
nature de l'exclusion dont ils souffrent.
Nombreux sont les jeunes qui ne trouvent pas les ressources, les
personnes, leur permettant de donner du sens comme je suis en
train de le faire, ou leur expliquant comment procéder pour donner
du sens avec des éléments culturels ou pour leur servir de modèle
– au moins dans le procédé tout
comme je le fais,auprès de vous
sur ce thème. Car accéder au Banquet c'est aussi avoir cette
capacité là. «Faire accéder et être en capacité d'accéder»!
Afin de permettre a ces jeunes d'accéder au Banquet (aux deux
aspects du Banquet), il existe évidement quelques moyens mis en
place :
Par exemple, en France, le département de Paris, sous l'autorité
de la DASES, fait travailler des associations dans le cadre d'une
mission de service publique d'aide sociale à l'enfance (A.S.E.) en
direction des adolescents des quartiers populaires. Il s'agit
d'action sociale, sur un versant de protection de l'enfance, et
plus particulièrement, au travers de ce que l'on nomme la
prévention spécialisée (plus connue au travers de l'action de ses
éducateurs spécialisés travaillant dans la rue dit aussi
«éducateur de rue» ). C'est l'une des réponses qui est apportée à
cette jeunesse.
Ce type d'action ne peut s'entendre que si elle connait une
thématique, un sens particulier. Ainsi sur Paris, la nomination
relativement récente de Myriam El khomri, chargée de la protection
de l'enfance et de la prévention spécialisée, et son engagement à
une exigence de culture pour les jeunes des quartiers populaires
vont dans ce sens, de ce besoin de «culture» ... la voie est donc
ouverte vers «le Banquet» mais il reste un très long chemin a
faire.
Évidement nous nous devons d'envoyer des Éducateurs ( politique,
professeurs, éducateurs spécialisés ..) de qualité face à toute
Fappani Frédéric, Les exclus du «Banquet», Paris, 2009.
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N° 12 la
jeunesse, et les titres universitaires où des écoles
d'éducateurs obligatoires dans ce domaine ne suffisent pas.
Comment s'assurer que l'Éducateur, au sens large, (du niveau
politique et administratif jusqu'au terrain) peut traiter
sincèrement la question du sens (capacité de mise en sens, de
remise en cause de soimême,
du doute nécessaire, d'état psychique
au moins stabilisé, mentalisation efficiente, etc..) ce qui n'est
obligatoire nulle part réglementairement, ce qui ne peut pas être
enseigner dans une école, et ce qui est pourtant d'une obligation
vitale dans la pratique ?
Ce double impératif (formation – capacité de sens) nécessaire dans
toute éducation, l'est d'autant plus auprès des jeunes des
quartiers populaires et dans l'éducation spécialisée, si nous
voulons leur permettre de nous rejoindre aussi, au Banquet et
surtout que cela ait un sens pour eux.