Le Formateur médian des relations apprenants – organisation et savoir.
Il s'agit ici d'un schéma qui place le formateur dans une posture de médiateur. Cette posture est au cœur du processus apprenance vu ici comme un processus de relation entre l'individu, l'organisation et le savoir
Extrait de Luethi, P. (2010). Accompagner l'émergence du savoir collaboratif en entreprise: Quel dispositif ? Retrieved from http://archive-ouverte.unige.ch/unige:12319
Figure 1 Shéma des axes de médiation possible pour le formateur dans les dispositifs de formation hybrides
Sandra Enlart dans son ouvrage « Les dispositifs en question » relève que :
Au sein des organisations, le développement de l'ingénierie de formation a contribué à interroger les pratiques. La conception des dispositifs et des séquences pédagogiques a été bien souvent laissée entre les mains des formateurs intervenants. Le résultat en a été pendant longtemps une sous- évaluation de l'impact des dispositifs... non pas parce qu'il n'y en avait pas, mais surtout du fait de la relative absence d'expertise explicite à cet égard. En parallèle, les travaux centrés sur les dimensions individuelles n'ont jamais cessé de se développer avec par exemple de nombreuses recherches sur le thème de l'engagement en formation ou sur le sentiment d'efficacité personnelle. L'arrivée des nouvelles technologies dans le champ de la formation a obligé à formuler de manière radicalement nouvelle les questions de dispositifs. En effet, dès que le « blended learning » s'est imposé comme la voie de recherche la plus prometteuse, il a bien fallu comprendre et apprendre ce qui justifiait tel dispositif plutôt que tel autre. Le formateur n'étant plus là pour « récupérer » ou « aménager » en temps réel les flous de la conception, il fallait s'interroger sur le pourquoi de tel enchaînement, sur l'efficacité de telle organisation plutôt que telle autre. (2008, p.9)
La question de l’efficacité et de l’évaluation des dispositifs n’est pas le centre de ce travail. Non que c’est aspect soit sans intérêt pour le concepteur, mais bien parce que cette étude se situe en amont de celle-ci. Notre objet d’étude n’est pas le choix du dispositif qui pourrait le mieux répondre à l’attente d’une entreprise. Mais comment préparer ce choix afin de répondre au mieux au contexte d’intervention. D’ailleurs, il n’y a pas de dispositif parfait, mais bien un ensemble de modalités qu’il s’agit d’articuler de manière significative et cohérente en vue de répondre à un environnement singulier.
Cette étude n’a pas pour objet de décrire tels ou tels dispositifs technologiques ou hybrides. Son objet est de comprendre comment s’articulent le dispositif de formation et l’organisation, quand l’apprentissage et le savoir sont considérés comme situés et distribués. Au fond quand l’entreprise doit générer son propre savoir, ses propres connaissances, ses références. Quand les équipes sont appelées à développer des projets communs à faire émerger de nouvelles références pour s’adapter le plus rapidement possible à des environnements mouvants. Quelles forces travaillent et s’opposent dans l’organisation à l’accueil d’un nouveau dispositif de formation intégrant les nouvelles technologies.
En formation des adultes en entreprise, le responsable de formation a passé du statut de donneur de leçon à celui progressivement de médiateur entre le savoir, l’organisation, et l’individu. Le dispositif hybride que met en place le concepteur est donc au cœur de ses interfaces. C’est au cœur de cette tension toujours renouvelée entre l’individu et l’organisation, au cœur des collectifs qu’émerge un savoir commun, une culture d’entreprise nourrie de savoir d’expérience et du transfert de savoir théorique, tout en s’appuyant sur les lignes forces de la structure. Quand la fusion a lieu entre théories et pratiques. c’est souvent à l’aulne des situations conflictuelles, des problèmes, on voit alors se manifester l’expertise, le diagnostique, la compétence réservée au collectif de professionnel expérimenté. Car devant l’évolution et la complexification des environnements, il est fondamental de pouvoir se baser sur une expertise collective qui permettra de mieux rendre compte des différents aspects et niveaux d’une situation problématique. Mon travail aura donc pour but de visiter cette étape en amont de la conception des dispositifs « la détermination des facteurs critiques » et d’en mieux comprendre les enjeux afin de pouvoir éviter de répéter sans cesse les mêmes erreurs qui empêche l’émergence du savoir collaboratif en entreprise.
Figure 1 Shéma des axes de médiation possible pour le formateur
C’est cette dimension collective que les nouvelles technologies impactent aujourd’hui les collectifs. Après avoir offert aux organisations des instruments de mémorisation commun quasiment illimités. Il s’agit aujourd’hui de pouvoir structurer et organiser ces masses d’informations communes et cela ne peut avoir lieu que par une élaboration collective au sein même de l’organisation.
Les caractéristiques techniques des forums éclairent bien cette dimension de la collaboration rendue possible par les nouveaux outils de communication en réseau intranet dans les entreprises comme le confirme Guittard :
« En résumé, les Forums Internet présentent une double caractéristique : ils sont à la fois des outils de recherche et de sélection d’informations, et des outils au service du travail collaboratif. Cet examen des raisons des succès relatifs des Forums Internet révèle, selon nous, un point capital : ces outils à travers leurs potentialités de diffusion et de partage d’informations sur le Web, d’émergences de plates-formes cognitives et de travail collaboratif offrent aux communautés virtuelles des moyens efficaces de se former et de se développer. » (2007, p. 257)