La culture pour apprendre à vivre ensemble
Au XXIe siècle, les lieux d’émergence et de conservation des savoirs et des arts (bibliothèques, musées, hautes écoles…) se doivent de générer une synergie interdisciplinaire, propice à l’enseignement de la tolérance, du dialogue, du respect des droits humains et de la liberté d’expression. Tel sera le plaidoyer d’Ismail Serageldin, directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie, le mardi 24 mars, lors de la troisième grande conférence du 450e de l’UNIGE.
Pour Ismail Serageldin, il s’agit de réinventer les centres culturels, afin de préparer un chemin aux générations futures, un chemin qui les rende aptes à relever les défis de la révolution numérique et d’un monde en perpétuel mutation. Cette conférence est organisée en collaboration avec la Fondation Latsis.
| mardi 24 mars |
18h30 - Uni Dufour
Conférence en français
Ismail Serageldin et la diversité culturelle
Directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie et membre du Sénat égyptien, Ismail Serageldin défend avec ardeur l’importance de la science et de l’éducation pour la société. Parmi les sujets d’étude privilégiés de ce spécialiste des problématiques liées au développement durable figurent la biotechnologie, le développement rural ainsi que la microfinance. Ismail Serageldin a occupé plusieurs postes à la Banque mondiale, notamment celui de vice-président pour le développement environnemental et social durable. Titulaire d’un doctorat de l’Université de Harvard, il a publié plus de soixante ouvrages et monographies.
Morceaux choisis
«Aujourd’hui, nous vivons une folle aventure, qui transforme nos sociétés, emboîtant le pas à la mondialisation, et narguant les frontières politiques et les distances géographiques, ouvre le chemin à tout les acquis, tout le savoir, tout le temps à travers l’Internet. Pour nous, l’Internet est aussi bouleversant que l’imprimerie ne l’a été pour le Moyen Age. Peut-être même plus, car il nous oblige à changer notre manière de penser le temps.
Certes, tout le monde parle de la rapidité du changement, et de l’impact de la transformation technologique de ce siècle nouveau. En une vie – moins de 66 ans – les humains sont passés de l’impossibilité du vol mécanique à marcher sur la lune! Tintin l’a peut-être fait avant Armstrong, et Jules Verne l’avait certainement vu venir, mais la rapidité de cet essor technique est vertigineuse. Et le rythme s’accélère.»
«Une véritable culture mondiale, au-delà des tribalismes, des nationalismes et des culturalismes est à créer. Une telle universalité est-elle seulement possible? Quelle serait l'essence d'une civilisation mondiale? L’affaiblissement des Etats-nations et des cultures régionales permettra-t-elle, dans l'urgence actuelle, de favoriser l'émergence d'une nouvelle identité humaine? Permettra-t-elle de mieux définir la vocation fondamentale de l'homme? Comment promouvoir un ensemble de valeurs universelles sur lesquelles l'humanité tout entière pourrait s'entendre? Et d'ailleurs, comment garantir que l'idée même d'universel est bien universelle, c'est-à-dire également reçue par la diversité des cultures?»
«En ce début de troisième millénaire, nous nous trouvons dans un environnement multiculturel à la fois riche de promesses mais aussi porteur de conflits. Certes, la politique culturelle ne résoudra pas tous les problèmes de la société, la culture, en tant qu’instrument de communication privilégié, est un facteur essentiel à considérer soit pour la prévention de situations de conflit, soit pour assurer une meilleure cohésion sociale post-conflictuelle, un meilleur ‘vivre-ensemble’».
Extrait de «Information, Savoir et Sagesse», conférence donnée à Genève en novembre 2006.