Comment le «coaching» familial est devenu un enjeu politique et un marché

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Comment le «coaching» familial est devenu un enjeu politique et un marché

Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables programmes pour aider les parents à mieux élever leurs enfants. Si certains travailleurs sociaux pensent que l'aide à la parentalité passe par l'instruction des familles, une sorte de le leçon de savoir-faire, beaucoup d'autres croient au contraire qu'il ne faut surtout pas montrer aux mères comment faire mais se contenter de stimuler leur prise de conscience par l'échange d'expériences. «On n'apprend pas à être parent comme on apprend l'alphabet, assure une spécialiste, en revanche on peut apprendre à retrouver confiance en soi pour exercer ce rôle.» A la seule condition que cette aide ne soit pas obligatoire, s'empresse-t-elle de préciser, car «c'est comme l'alcoolisme, la contrainte ne sert strictement à rien si la personne n'est pas prête à accepter de se faire soigner. Inutile, donc, de déclencher la grosse artillerie, il ne faut faire que de la dentelle.» Autrement dit, continuer de proposer plus que d'imposer de l'aide aux parents, mais de façon plus significative, par un maillage plus étendu en régions, plus visible et aussi plus en amont, dès le plus jeune âge de l'enfant. Renforcer le rôle de la protection maternelle infantile (PMI) serait ainsi bienvenu, à en croire les experts. Un chantier que vient précisément d'engager le ministre de la Famille, Philippe Bas, dans sa réforme de la protection de l'enfance. Celle-ci prévoit également le renforcement des réseaux d'écoute des parents. * Spécialiste de la famille au service société du Figaro Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables programmes pour aider les parents à mieux élever leurs enfants. Si certains travailleurs sociaux pensent que l'aide à la parentalité passe par l'instruction des familles, une sorte de le leçon de savoir-faire, beaucoup d'autres croient au contraire qu'il ne faut surtout pas montrer aux mères comment faire mais se contenter de stimuler leur prise de conscience par l'échange d'expériences. «On n'apprend pas à être parent comme on apprend l'alphabet, assure une spécialiste, en revanche on peut apprendre à retrouver confiance en soi pour exercer ce rôle.» A la seule condition que cette aide ne soit pas obligatoire, s'empresse-t-elle de préciser, car «c'est comme l'alcoolisme, la contrainte ne sert strictement à rien si la personne n'est pas prête à accepter de se faire soigner. Inutile, donc, de déclencher la grosse artillerie, il ne faut faire que de la dentelle.» Autrement dit, continuer de proposer plus que d'imposer de l'aide aux parents, mais de façon plus significative, par un maillage plus étendu en régions, plus visible et aussi plus en amont, dès le plus jeune âge de l'enfant. Renforcer le rôle de la protection maternelle infantile (PMI) serait ainsi bienvenu, à en croire les experts. Un chantier que vient précisément d'engager le ministre de la Famille, Philippe Bas, dans sa réforme de la protection de l'enfance. Celle-ci prévoit également le renforcement des réseaux d'écoute des parents. * Spécialiste de la famille au service société du Figaro Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables programmes pour aider les parents à mieux élever leurs enfants. Si certains travailleurs sociaux pensent que l'aide à la parentalité passe par l'instruction des familles, une sorte de le leçon de savoir-faire, beaucoup d'autres croient au contraire qu'il ne faut surtout pas montrer aux mères comment faire mais se contenter de stimuler leur prise de conscience par l'échange d'expériences. «On n'apprend pas à être parent comme on apprend l'alphabet, assure une spécialiste, en revanche on peut apprendre à retrouver confiance en soi pour exercer ce rôle.» A la seule condition que cette aide ne soit pas obligatoire, s'empresse-t-elle de préciser, car «c'est comme l'alcoolisme, la contrainte ne sert strictement à rien si la personne n'est pas prête à accepter de se faire soigner. Inutile, donc, de déclencher la grosse artillerie, il ne faut faire que de la dentelle.» Autrement dit, continuer de proposer plus que d'imposer de l'aide aux parents, mais de façon plus significative, par un maillage plus étendu en régions, plus visible et aussi plus en amont, dès le plus jeune âge de l'enfant. Renforcer le rôle de la protection maternelle infantile (PMI) serait ainsi bienvenu, à en croire les experts. Un chantier que vient précisément d'engager le ministre de la Famille, Philippe Bas, dans sa réforme de la protection de l'enfance. Celle-ci prévoit également le renforcement des réseaux d'écoute des parents. * Spécialiste de la famille au service société du Figaro Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables programmes pour aider les parents à mieux élever leurs enfants. Si certains travailleurs sociaux pensent que l'aide à la parentalité passe par l'instruction des familles, une sorte de le leçon de savoir-faire, beaucoup d'autres croient au contraire qu'il ne faut surtout pas montrer aux mères comment faire mais se contenter de stimuler leur prise de conscience par l'échange d'expériences. «On n'apprend pas à être parent comme on apprend l'alphabet, assure une spécialiste, en revanche on peut apprendre à retrouver confiance en soi pour exercer ce rôle.» A la seule condition que cette aide ne soit pas obligatoire, s'empresse-t-elle de préciser, car «c'est comme l'alcoolisme, la contrainte ne sert strictement à rien si la personne n'est pas prête à accepter de se faire soigner. Inutile, donc, de déclencher la grosse artillerie, il ne faut faire que de la dentelle.» Autrement dit, continuer de proposer plus que d'imposer de l'aide aux parents, mais de façon plus significative, par un maillage plus étendu en régions, plus visible et aussi plus en amont, dès le plus jeune âge de l'enfant. Renforcer le rôle de la protection maternelle infantile (PMI) serait ainsi bienvenu, à en croire les experts. Un chantier que vient précisément d'engager le ministre de la Famille, Philippe Bas, dans sa réforme de la protection de l'enfance. Celle-ci prévoit également le renforcement des réseaux d'écoute des parents. * Spécialiste de la famille au service société du Figaro Il y a encore peu, être parent était une aventure. Aujourd'hui, ce serait un métier. Du moins à en juger par la multiplication des «écoles des parents» et de tous ces projets très en vogue d'«aide à la parentalité» qu'affectionnent des pouvoirs publics qui y voient depuis peu la panacée pour tous les maux liés à la délinquance. Pas un département qui ne compte aujourd'hui un de ces lieux d'apprentissage, où l'on vient pour «réinvestir son rôle de père ou de mère». Béquilles de parents à l'autorité bancale, ces heures d'échange et de soutien au sein des services sociaux ou des associations, pourraient même devenir obligatoires. C'est en tout cas la volonté récemment affichée par Ségolène Royal qui, parmi ses mesures chocs, a préconisé ni plus ni moins qu'une punition pour parents cancres en voulant leur imposer des «stages de parentalité» en cas de démission. Drôle de volte-face si l'on se souvient du tollé qu'a récemment provoqué à gauche le «contrat de responsabilité parentale» instauré par la droite, une mesure d'accompagnement pourtant moins coercitive. «Police des familles !», dénonçait alors le parti de Ségolène Royal qui voyait là une insupportable injonction éducative. Quoi qu'il en soit, le «coaching» familial semble être aujourd'hui non seulement un enjeu politique et social mais carrément un business en devenir. Déjà on ne compte plus les cédéroms disponibles dans le commerce, comme ce programme de formation qui propose de «renforcer les compétences» des familles ayant des enfants de 7 à 16 ans. A quand les redresseurs d'éducation qui interviennent à domicile contre une poignée d'euros ? La télé y avait déjà pensé. On se souvient de l'audience que tirait récemment M6 de sa «Super Nanny», tuteur cathodique qui intervenait dans les foyers pour rééduquer parents et enfants à la dérive. Tel un grigri brandi pour conjurer le mauvais sort des «trente piteuses de la famille» – nom donné par certains observateurs à la période 1975-2005 – la «parentalité» est désormais servie à toutes les sauces. L'évolution sémantique du terme parle d'elle-même. Autrefois simple définition de la qualité de parent, le mot – qui ne date que de 1985 – s'est ensuite vu accoler une kyrielle de préfixes pour répondre aux évolutions de la structure familiale : coparentalité, monoparentalité, homoparentalité, beau-parentalité, grand-parentalité, pluri-parentalités pour en citer quelques-unes. Au point de devenir aujourd'hui un vrai concept et même de décrire une «condition parentale», comme il y a une «condition ouvrière». Inventer un jargon pour lutter contre les maux c'est une chose, ne serait-ce que pour les identifier, mais toute l'affaire est-elle beaucoup plus que du vent ? Car au fond, peut-on apprendre à des parents à être parents ? A le (re)devenir, comme aiment à dire les travailleurs sociaux ? Certains spécialistes le croient très sérieusement. Surtout après avoir observé les comportements qu'a induits la crise des banlieues. L'implosion des cités a fait exploser le besoin des parents de revenir à leur rôle premier, et le souhait d'être soutenus par la collectivité pour y parvenir. Selon les apôtres de l'aide à la parentalité, comme le Mouvement mondial des mères (MMM) qui propose des groupes de paroles aux mamans des quartiers sensibles, ou encore la Fédération nationale des écoles des parents et des éducateurs (Fnepe), les bienfaits des stages d'écoute et d'échange sont bel et bien réels : retour à l'école après absentéisme, liens renoués entre famille et école, dynamisation de certains parents relais, prévention de mesure d'assistance éducative. C'est en tout cas ce qu'ont constaté deux rapporteurs de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) en 2004, après avoir fait une évaluation des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (Reaap), un maillage national créé lors de la conférence de la famille de 1998. Selon eux, les quelques 2 800 microprojets d'aide à la parentalité montés par an pour ce seul dispositif, touchant entre 130 000 et 200 000 familles, montrent une «évolution favorable des comportements familiaux». En Suisse, au Canada mais aussi et surtout en Suède, pays qui apparaissent comme des modèles en matière d'aide aux familles, les résultats sont probants, améliorations scolaires à l'appui. Il faut dire qu'ils n'ont pas attendu le glas de l'adolescence et de ses soucis pour mettre en place des dispositifs. Très en amont, ils se sont dotés de véritables
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