L'émission Strip Tease " Police et polissons", nous parle en fait de : baffothérapie. Un vrai euphémisme. Cette téléréalité de France 3 choque beaucoup de monde ; ce reportage sur les méthodes d’un commissaire municipal atypique, qui s'occupe d’adolescents à problèmes - ici un fumeur de cannabis d’une banlieue confortable - le policier n’hésite pas à insulter les ados, à les menacer et même à les frapper. Une méthode de prévention " la Baffothérapie" qui lui a valu, suite à l'émission, une mise à pied immédiate. Comment lire ce fait divers ? Un non-événement, un détail, des ronds dans l'eau ou un indicateur de notre société et de son évolution.
Police et polissons - Partie 1 1-7
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Un policier sanctionné après un reportage sur F3
Pour commencer, les agissements, d'Arnaud Libert, le héros de cette saga télévisuelle, ne sont pas isolés. Ils sont lisibles dans un enchaînement de faits de société: augmentation du sentiment d'insécurité, perte des repères éducatifs, diminution du soutien familial des parents, augmentation du stress de manière générale. Ces agissements, que saisit l'objectif, sont des comportements, clairement identifiables, nommés, et transférables. Ces comportements sont rassurant de par leur simplicité. Le reportage montre d'ailleurs que plusieurs membres de ce service de police municipale applique cette méthode éducative.
Ces comportements généralisables sont issu des approches américaines, que vous trouverez dans l'émission Eagle Academy Envoyé spécial du 30 mars 2007 voir l'extrait ci-dessous.
Les policiers tant en France qu'aux Etats-Unis, nous parlent de prévention. Que ce soit les Français ou les Américains, pour ces intervenants peut importe les moyens, ce qui compte c'est le résultat. Au fond, on pourrait aussi justifier les méthodes de "prévention" chinoises au Tibet.
Le comportement de ses représentants de l'ordre est choquant de par leur décalage et leur gravité. C'est clair. Mais aussi fondamentalement, parce qu ils ne sont plus des adultes modèles. Ils pensent qu'en copiant les comportements des ados, en injuriant, en menaçant, en frappant on obtiendra une résultat plus concret, généré par la peur et la force. Voici un représentant de l'ordre qui se comporte et déclare, dans une des vidéos, n'avoir aucune limites, pourtant il est l'agent même des limites. D'ailleurs, la manière de faire de ces "hommes comme les autres" (dixit les inconnus) est complètement hors de leurs compétences professionnelles. Ils agissent clairement sur le territoire pédagogique. Ce phénomène est-t'il si isolé?
Aujourd'hui, une campagne grand public en Suisse romande déclare " l'éducation est l'affaire de tous". Ce titre interroge pourtant, car c'est tellement l'affaire de tous, que, ce n'est bientôt plus celle des éducateurs. Bien plus, aujourd'hui c'est le commissaire de police, l'inspecteur, le criminologue, le politique, le thérapeute qui deviennent les références de l'éducation des adolescents. Il remplacent semble t'il avantageusement Pestalozzi, Freinet, Piaget, Dolto et compagnie. En conséquence, les médias lisent l'adolescence par le petit bout de la lorgnette, celui de la violence, de la minorité et de la délinquance. Pour expliquer les comportements adolescents, on prend l'angle de la psychiatrie ou de la répression. Peut-être que les éducateurs n'ont rien à dire sur le sujet qui soit télégénique?
L'émission "Police et polissons" se doit d'être regardés donc dans un contexte changeant, dans lequel se construit l'opinion aujourd'hui. Les enjeux sont importants, mais de grâce que les éducateurs sociaux se réveillent et communiquent sur leurs pratiques.
Pierre-Alain Luthi